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le 25 août 1944 : libération de Paris.
Le consul de Suède Raoul Nordling et le président du Conseil municipal de Paris Pierre Taittinger réussissent à convaincre le général von Choltitz, gouverneur militaire de Paris, de ne pas détruire Paris, malgré les ordres d'Hitler. Von Choltitz fait donc évacuer l'armée allemande deux semaines plus tôt; seuls 2000 soldats allemands, dépourvus de matériel lourd, restent dans la capitale. Il accepte aussi de libérer 3 245 prisonniers politiques.
Paris aurait donc pu être libérée sans qu'une goutte de sang fût versée.
Mais comme partout en France, la "Résistance" tient à créer un climat insurrectionnel afin de se débarrasser des "notables" et cadres traditionnels de l'Etat français. Voici le témoignage de Geneviève de Galard, l'exceptionnelle infirmière du camp retranché de Dien-Bien-Phu :
« Le jour de la Libération, le 25 août 1944, dès que nous avons appris que Leclerc était dans Paris et que De Gaulle allait arriver sur les Champs-Élysées, nous sommes partis, ma sœur et moi, vers la place de l'Étoile. Nous nous abritions sous les porches lorsque les tireurs des toits entraient en action, avant de nous précipiter à nouveau vers notre destination. J'étais toute fière d'être enfin arrivée au pied de l'Arc de Triomphe mais ma joie fut soudainement gâchée. J'étais sidérée par l'attitude de Parisiens qui insultaient le conducteur d'un camion allemand, dont le camarade, mort, gisait appuyé sur son épaule … Plus loin, des passants insultaient des femmes aux cheveux rasées qui passaient sur un autre camion, et qui étaient accusées d'avoir reçu chez elles des combattants ennemis. De leurs visages émanaient une telle haine que cela me faisait mal. J'avais dix-neuf ans et je découvris soudain la haine et l'intolérance. (Une Femme à Dien Bien Phu, p. 34)
Voici le témoignage du Père Bruckberger, aumônier des Forces Françaises Libres :
« Le déchaînement populaire est hideux. L'image que j'en garde est hideuse. À trente ans de distance, elle me soulève le cœur : des femmes tondues, la croix gammée peinte au goudron sur le crâne, exposées nues aux crachats et à la dérision de la populace ! Des gens sans défense arrêtés de la manière la plus arbitraire, sans mandat, par des garçons qui jouaient aux petits soldats avec de vraies armes et qui se sentaient forts de la terreur qu'ils inspiraient. […]
Le fait est que le sentiment de solitude et de petit nombre qui nous avait si souvent accablés pendant l'occupation avait fait place à un immense étonnement : jamais nous ne nous serions crus si nombreux dans la résistance. […] [Le parti communiste] siégeait et hurlait à la mort dans toutes les cours de justice. Il exerçait un affreux chantage et une surenchère dans laquelle les démocrates chrétiens se laissèrent entraîner. Au cours de cette époque sinistre, le ministère de la Justice fut constamment détenu par un démocrate-chrétien qui avait toujours peur de ne pas en faire assez. Les gens étaient condamnés avant d'être jugés, ou plutôt la sentence était portée d'avance, la comparution devant un tribunal n'était plus qu'une parodie de justice, une cérémonie vide et sacrilège. » (Tu finiras sur l'échafaud, pp.387-388)
Quant à Pierre Taittinger, il est immédiatement arrêté par le "Comité parisien de Libération", et emprisonné pendant plusieurs mois. Libéré, il est déchu de ses droits civiques et déclaré inéligible.
Le général Leclerc reçoit devant la gare Montparnasse, la capitulation des troupes allemandes. Le soir même, le général De Gaulle s'installe au ministère de la Guerre en qualité de chef du gouvernement provisoire pour y faire sa fameuse allocution :
"Paris ! Paris outragé ! Paris brisé ! Paris martyrisé ! Mais Paris libéré !".
Du grand cinéma à la hauteur de l'évènement.
D'autres "25 août" sur Le Salon Beige.