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10 juin 2016 5 10 /06 /juin /2016 13:59
Renaud Dély Accueil  Vendredi 10 Juin 2016   
François Hollande compte bien sur l'Euro 2016 pour redorer son blason. Mais alors que le football n'est qu'un jeu, la politique ne devrait pas en être un. C'est là le drame. Accrochés à des artifices, comme des compétitions sportives, nos gouvernants tentent un temps de masquer leur impuissance aux yeux de ceux qui les ont élus, en enfilant le short. Au risque de finir, in fine, tout simplement en caleçon.
 
François Hollande. Liewig Christian-POOL/SIPA

Quand les discussions du café des Sports tiennent lieu de boussole politique, il y a urgence à s'inquiéter de l'état du débat public. Ainsi, il est des conseillers élyséens, des caciques socialistes, et même un ministre, Patrick Kanner, pour estimer que « le président pourra bénéficier [d'un] beau parcours » de l'équipe de France de football à l'Euro. Devant la crise sociale qui persiste, les syndicats qui tempêtent et le peuple qui gronde, l'intéressé a lui-même fui l'Elysée pour se réfugier l'espace d'une soirée non à Varennes, mais à Clairefontaine, le quartier général des Bleus. Rompant le pain avec ses 23 apôtres en survêt, François Hollande leur a délivré son ordre de mission : « Le pays peut être heureux avec vous, alors que nous vivons des difficultés. Nos compatriotes ont envie d'être heureux et fiers. Il faut leur donner ce qu'ils attendent de vous : un esprit collectif, une volonté de gagner ensemble. »

Misère du quinquennat... Ce que ni Jean-Marc Ayrault ni Manuel Valls n'ont réussi à impulser depuis 2012, c'est donc désormais à... Didier Deschamps de le réussir !

MISÈRE DU QUINQUENNAT. CE QUE NI JEAN-MARC AYRAULT NI MANUEL VALLS N'ONT RÉUSSI À IMPULSER C'EST À DESCHAMPS DE LE RÉUSSIR ! Mais faut-il s'étonner après tout qu'un président en short dans l'opinion remette son destin électoral entre les pieds de millionnaires en crampons ? Au-delà du triste sort de François Hollande, c'est l'ensemble de notre classe dirigeante qui est frappée depuis quelques années par cette« footballisation de l'intelligence et de l'espace public » qui alarme à raison le philosophe Robert Redeker. Cette dérive renvoie, selon lui, à « l'effondrement du niveau intellectuel du pays ». Elle illustre surtout la spectaculaire impuissance de nos gouvernants. Depuis trois décennies, ils contemplent la hausse du chômage comme la montée des eaux de la Seine, avec le même fatalisme de ceux qui ont baissé les bras face à ce qu'ils considèrent comme une calamité naturelle. Et ils s'en remettent à quelques artifices pour tenter de masquer, un temps, leur inutilité aux yeux de ceux qui les ont élus.

La première mise en scène de cet ordre remonte à la Coupe du monde 1998. La transfiguration d'un succès sportif en héroïsation politique d'une France « black-blanc-beur » par le tandem exécutif de l'époque, Chirac-Jospin, n'a pas eu d'effet plus durable que l'édification d'un village Potemkine au temps de Catherine II. Quatre ans plus tard, l'extrême droite accédait au second tour de la présidentielle, sombre perspective qui menace, hélas, de se reproduire l'année prochaine.

Le football n'est qu'un jeu et la politique ne devrait pas en être un. C'est là le drame.

La suite sur Marianne...

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