Le 8 mars a lieu la Journée internationale des droits des femmes.
Comme chaque année, nous aurons droit aux discours convenus sur la nécessaire lutte pour l’égalité entre les hommes et les femmes et la libération des femmes de l’oppression séculaire des hommes. Cette année, avec les « révélations » sur le harcèlement et les violences sexuelles à l’encontre des femmes, nos média se féliciteront certainement de cette libération. Dans cette atmosphère qui devient étouffante, nous nous permettons de faire un écart à la bien-pensance et au sérieux avec ce texte iconoclaste de la grande romancière Geneviève Dormann (1933-2015), publié dans Le Quotidien de Paris du 8 mars 1982 :
Journée des femmes, fêtes des femmes, vive les femmes ! Qu'on me permette de me méfier de la fête officielle qu'on est en train de nous donner. (…)
Et la journée des hommes, alors, quand aura-t-elle lieu ? Ce n'est pas parce que leurs voix sont moins nombreuses que les nôtres qu'il faut mépriser les exploités, les battus, les méprisés, les faiblards. Quand défendra-t-on les cadres décadrés, les chômedus et les demandeurs d'emploi, les époux de viragos, les fils de castreuses, les laissés pour compte, les fils-pères, les moches, les branques, les bande-mou, les priapeux, les alcoolos anonymes, tous les claqués du bureau, les déprimés, les comprimés, ceux qui ont les éponges mitées, la prostate qui prend l'eau, les nerfs en peau de fleur, les glandes invisibles à l'œil nu ? A quand la fête des retraités, des sous-traités ? Une journée des hommes, tiens, pour lesquels un ministre de la Condition masculine — mon ami Pierre-Yves Guillen serait parfait — pourrait proposer des mesures d'urgence, corollaires des mesures « féministes " de cheftaine Roudy. Des mesures pour rassurer ceux qui, de plus en plus, changent de trottoir dès qu'ils voient une nana se pointer. Je propose :
1. La création d'une réserve pour les derniers spécimen masculins polis, courageux et tendres.
2. Du temps libre pour que les malheureux, assommés de travail, puissent se faire faire des nettoyages de peau et des révisions dentaires (voir à la télé, lors des discours, la collection de croqueuses pourries assimilables aux remparts de Carcassonne avant restauration, les parodontoses galopantes, les gencives crues, les chicots vampiresques, grisâtres ou absents.)
3. Restitution de l'Académie française à l'usage exclusif des hommes pour que les vieux intellos qui ont bien mérité de la patrie puissent à nouveau s'amuser tranquillement entre eux, le jeudi.
4. Droit à la Sécurité sociale pour les hommes d'intérieur dont les épouses sont femmes d'extérieur.
5. Droit, pour un oisif, de toucher la retraite d'une conjointe travailleuse, après sa mort.
6. Obligation, pour les femmes qui font les mêmes études qu'eux, de subir le même handicap du service militaire, au lieu, comme aujourd'hui, de leur rafler les meilleures places, pendant qu'ils sont obligés de faire le parcours du combattant.
7. Cours du soir de psychologie féminine et de comportement où ils apprendront :
a) que la démagogie craintive (si à la mode) à l'égard des femmes n'attire pas forcément leurs faveurs ;
b/ qu'il est malpoli, quand on est président de la République ou député de s'adresser aux citoyens en disant « françai-zeuzéfrançais ", ce qui est une faute de syntaxe, un acte de sexisme puisque nous sommes tous des citoyens français, et un procédé antidémocratique par mention incongrue d'une différence.
8. Sévérité légale pour les violeuses de liberté qui, abusant de leur spécificité maternelle, oublieront exprès de prendre leur pilule ou de recourir aux services d'avortement gratuit, pour se faire épouser ou se faire allouer des rentes coquettes.
9. Recours légal possible contre les violeuses tout court qui abusent d'un homme en état de faiblesse : ivresse, cafard, dépression ou naïveté.
10. Possibilité de partager avec les femmes l'exercice de tous les métiers, même les plus déprimants comme celui de boueux (je n'ai jamais vu une boueuse) ou comme celui de croque-mort (il n'existe à cette heure, en France, aucune croqueuse de mort, ce qui est tout à fait anormal).
Ces justes et équitables mesures gouvernementales étant prises, il serait amusant de vérifier si la démagogie à l'égard des hommes ne serait pas plus rentable, électoralement, bien sûr, que celle qui se pratique actuellement, à l'égard des femmes. J'en suis persuadée, bien que nous dominions, en nombre, à 52 %.
Merci à EVR