Ce livre est la publication d’une thèse de doctorat canonique en théologie, dirigée par le P. Philippe-Marie Margelidon, o.p. et soutenue en 2015 à l’Institut Saint-Thomas d’Aquin (Institut Catholique de Toulouse).
Le frère Bohineust a bien voulu accorder au Rouge & le Noir un entretien fleuve sur la vertu d’obéissance.
R&N : Comment Saint Thomas définit-il la vertu d’obéissance ?
Fr. Hugues Bohineust : Saint Thomas inscrit la vertu d’obéissance dans le domaine de la justice. Celle-ci règle nos rapports avec les autres et nous pousse à rendre à autrui ce qui lui est dû. L’objet de l’obéissance est l’accomplissement d’un précepte, émanant de quiconque a autorité. En quoi y a-t-il ici un devoir de justice ? Pour le comprendre, il faut observer que l’autorité est au service d’un bien commun. Le bien commun est notre bien, et nous ne pouvons l’atteindre qu’en accomplissant le précepte. Il est donc tout à fait raisonnable d’obéir, et c’est même une nécessité de justice, dit saint Thomas. L’obéissance ne contrarie donc pas la liberté mais la suppose. Obéir est une chose moralement bonne, qui fortifie notre liberté et notre agir dans son inclination au bonheur.
L’histoire des idées montre qu’il s’est établi dans le passé un divorce entre la morale et le bonheur. En réalité, une saine conception de la liberté engendre une morale du bonheur. En effet, nous ne choisissons pas d’être heureux. Nous recevons au contraire la liberté comme un talent à développer. Et le rôle des vertus est précisément de fortifier et d’éduquer cette liberté, de perfectionner ainsi notre agir dans la poursuite du vrai, du bien, et finalement du bonheur.