Merci à EVR pour cet article :
Il ne faut pas oublier que la révolte des gilets jaunes est aussi une révolte fiscale. La taxe sur les carburants voulue par le gouvernement a été la goutte qui a fait déborder le vase. Les manifestants considèrent le montant des impôts excessif, trop lourd, trop illisible, pas assez juste. Le prélèvement à la source mis en place depuis le début de l’année est aussi révélateur d’une conception infantilisante dans lequel le salarié aura de plus en plus de difficulté à savoir ce que lui coûte le « système social français ». Le grand débat national qui va être mis en place remettra-t-il à plat notre système de prélèvement des impôts ? Il serait alors bon de s’inspirer du Philosophe Philippe Némo, auteur de Philosophie de l’impôt (PUF 2017)
En France, le taux des prélèvements obligatoires a augmenté spectaculairement en une cinquantaine d'années, passant de 10 % à 50 % du PIB. C'est là un événement considérable et sans précédent historique, sur lequel il est grand temps de réfléchir. Et, dès lors que cette croissance démesurée de l'Etat est susceptible de modifier profondément la société et l'homme lui-même, les analyses économiques ou sociologiques ne suffisent plus, il faut une réflexion philosophique. Quand on prive les gens du contrôle de la moitié de ce qu'ils produisent, on les prive de la moitié de leur liberté. On fait un grand pas en avant sur ce que Friedrich August von Hayek a appelé la «route de la servitude». Le problème est que ce changement sociétal effrayant s'est opéré sans bruit, sans objections intellectuelles, l'opinion étant hypnotisée par les idéologies socialisantes prêchées pendant toutes ces décennies dans notre pays.
Philippe Némo, Le Figaro Magazine du 22 novembre 2018