Le Coronavirus ou Covid-19 a été qualifié de pandémie par l’organisation mondiale de la santé. Emmanuel Macron a solennellement décrété, ce jeudi 12 mars, une mobilisation générale face à ce nouveau fléau dont nous ne connaissons, ni les origines ni les causes réelles de sa diffusion, ni même ses conséquences possibles. Ce que nous savons cependant, c'est que les pandémies ont, longtemps été considérées, à travers l'histoire, comme des châtiments divins, et que l'Église contre ceux-ci a toujours eu recours à la prière et la pénitence. Souvenons-nous–en ce temps de Carême- des paroles de saint Grégoire le Grand : « Que dirons-nous des terribles événements dont nous sommes témoins sinon qu'ils sont un présage d'un châtiment à venir ? Pensez donc à ce jour futur, chers frères, en tremblant ; changez de conduite, rompez avec vos habitudes coupables, vainquez de toutes vos forces les tentations du mal, et châtiez dans les larmes les péchés commis. » .
EVR
Les faits qui suivent se sont déroulés à Rome en 590. L'Italie était alors dévastée par les épidémies, la famine, les troubles sociaux et la vague destructrice des Lombards. Entre 589 et 590, une violente flambée de peste, les terribles lues inguinaria, après avoir dévasté le territoire byzantin à l'est et les terres franques à l'ouest, sema la mort et la terreur dans la péninsule et frappa la ville de Rome. Les citoyens romains virent cette épidémie comme un châtiment divin en réponse à la corruption qui régnait dans la ville.
La première victime que fit la peste à Rome fut le Pape Pélage II, mort le 5 février 590. Le clergé et le Sénat romain élurent Grégoire qui, après avoir été Préfet de Rome, était devenu moine à Monte Celio. Après sa consécration le 3 octobre 590, le nouveau Pape s'attaqua immédiatement au problème de la peste. Grégoire de Tours (538-594), contemporain de ces événements et qui en fut le chroniqueur, raconte que le Pape Grégoire, dans un sermon mémorable prononcé dans l'église de Santa Sabina, invita le peuple romain à suivre — contrit et pénitent — l'exemple des habitants de Ninive : « Regardez autour de vous : voici le glaive de la colère de Dieu, brandi au-dessus de toute la population. La mort soudaine nous arrache, en l'espace d'une seconde, à ce monde. En ce moment précis, oh — combien sont emportés par le mal — ici tout autour de nous — n'ayant même pas le temps de faire pénitence. »
Puis le Pape exhorta tout le peuple à lever les yeux vers Dieu, Qui permet de si terribles châtiments dans le but de corriger Ses enfants. Pour apaiser le courroux divin, le Pape ordonna une « litanie en sept Chœurs », c'est-à-dire une procession de toute la population romaine, divisée en sept cortèges, selon le sexe, l'âge et la condition. La procession se déplaça depuis les différentes églises romaines en direction de la basilique Saint-Pierre au Vatican, chantant des litanies en chemin. C'est l'origine de ce que l'on appelle aujourd'hui les grandes Litanies de l'Église, ou Rogations, que nous prions pour que Dieu nous protège contre les adversités. Les sept cortèges traversèrent les bâtiments de la Rome antique, pieds nus, à pas lent, la tête couverte de cendres. Tandis que la multitude traversait la ville, dans un silence sépulcral, la peste atteignit un tel point de fureur qu'en l'espace d'une heure, quatre-vingts personnes tombèrent mortes au sol. Cependant, Grégoire ne cessa pas une seconde d'exhorter le peuple à continuer de prier et insista pour que l'image de la Vierge peinte par saint Luc et conservée à Santa Maria Maggiore soit portée en tête de procession. (Gregorio di Tours, Historiae Francorum, liber X, 1, in Opera omnia, a cura di J.P. Migne, Parigi 1849 p. 528)
La légende dorée de Jacques de Voragine raconte que, à mesure que la procession avançait avec l'image sainte, l'air devenait plus sain et plus pur et le miasme de la peste se dissolvait comme s'il ne pouvait supporter la présence de l'image de la Sainte Vierge. Elle atteignit le pont unissant la ville au mausolée d'Hadrien, connu à l'époque médiévale sous le nom de Castellum Crescentii, quand tout à coup un chœur d'anges se fit entendre, entonnant le « Regina Caeli, laetare, Alleluja - Quia quem meruisti portare, Alleluja - Resurrexit sicut dixit, Alleluja ! » Grégoire répondit d'une voix forte : « Ora pro nobis rogamus, Alleluja ! » Et ainsi est née le Regina Caeli, l'antienne avec laquelle l'Église salue Marie Reine du Ciel, pendant le temps pascal, pour proclamer la Résurrection du Sauveur.
Après le chant, les Anges se disposèrent en cercle autour de l'image de Notre-Dame et Grégoire, levant les yeux, vit au sommet du Château, un Ange, qui, après avoir essuyé son glaive ruisselant de sang, le remit dans sa gaine, comme pour signifier que le châtiment était terminé.
Le Pape Grégoire I fut canonisé, proclamé Docteur de l'Église et entra dans l'histoire sous le nom de « Grégoire le Grand ». Après sa mort, les Romains se mirent à appeler le mausolée d'Hadrien « Castel Sant'Angelo » (Château Saint-Ange) et, en souvenir du miracle, placèrent au sommet du château, la statue de Saint Michel, Chef de la milice céleste, rengainant son épée. Aujourd'hui encore, au musée du Capitole, une pierre circulaire avec des empreintes de pieds est conservée qui, selon la tradition, aurait été laissée par l'Archange lorsqu'il se leva pour déclarer la fin de la peste. Le cardinal Cesare Baronio (1538-1697), considéré comme l'un des plus grands historiens de l'Église pour la rigueur de ses recherches, confirme l'apparition de l'Ange au sommet du château. (Odorico Ranaldi, Annali ecclesiastici tratti da quelli del cardinal Baronio, anno 590, Appresso Vitale Mascardi, Roma 1643, pp. 175-176)
Lu dans pierre-et-les-loups.net, LifeSiteNews du 28 février 2020.