A terme – et voilà qui est d’une immense gravité – morale, ordre et police se confondent.
Fait d’époque, sans doute !
Fait de civilisation, certainement.
Naguère encore la société était “policée”. Elle possédait ses “policiers” spontanés, si j’ose dire, ayant recours au sens étymologique. C’était par exemple le père, le chef aux mérites acquis et reconnus, le prêtre enfin…
L’ordre n’était pas tellement imposé que consenti et vécu et tirait sa légitimité dernière d’une transcendance…”.
L’ordre tirait sa légitimité dernière d’une transcendance” !!!
Observation capitale !
Autant dire que la légitimité de l’ordre reposait sur un certain nombre de certitudes que seul l’esprit pouvait atteindre, défendre, proposer.
Or, aujourd’hui, c’est au plan de l’esprit, au plan même des idées et des doctrines que tout est d’abord contesté, ébranlé, récusé.
Comment tout le reste ne s’effondrerait-il pas !
Le crime est puni par la loi, mais non l’apologie du crime.
“Un soldat qui insulte un officier ou refuse d’obéir est traduit en conseil de guerre, écrit Gustave Thibon, mais on a représenté à la Comédie Française – théâtre subventionné par l’Etat – une pièce où les chefs militaires sont traînés d’un bout à l’autre dans la boue.
Alors qu’on châtie les pourris, on laisse en paix ou on récompense ou on décore les pourrisseurs”.
Il faut avouer qu’il y a là une inconséquence… Une inconséquence grave. Une inconséquence corruptrice… Parce qu’elle atteint l’homme dans ce qu’il a d’essentiel, de fondamental : sa nature même d’animal raisonnable.
L’homme est tel, ou n’est pas.
S’il l’est, il appartient à sa nature… aux principes mêmes de sa morale d’animal raisonnable que pour l’être vraiment il conforme ses actes à sa raison.
D’où le mot de Pascal : “Travaillons à bien penser, c’est le fondement de la morale”.
Car si la façon de penser importe peu, peu importe aussi la façon d’agir.
Autrement dit : pas de crime d’action si l’on ne pose au moins le principe des “crimes” de pensée.