Tout commence par un tableau, une composition sur le thème des Saintes Femmes au Tombeau que sa fille, Liane, doit réaliser à l’occasion de ses études à l’Ecole des Beaux-Arts. Désireux de l’aider dans la reconstitution historique du thème, Fernand Crombette ouvre sa Bible et tombe providentiellement sur le verset suivant : “Cependant, Dieu, notre Roi, dès avant les siècles, a opéré le salut au milieu de la terre” ( Vulgate, Ps. LXXIII, v. 12). Il s’arrêtât sur ce verset que tant de chrétiens ont lu sans y prêter attention.
Une pensée prend alors corps dans son esprit : si la Bible dit vrai, alors Jérusalem est au centre du monde… Il découvrit d’ailleurs plus tard, à l’occasion de ses recherches, que le prémontré, P. Placet, avait écrit, en 1668, un ouvrage intitulé ‘Où il est prouvé qu’avant le Déluge, il n’y avait point d’îles et que l’Amérique n’était point séparée du reste du monde’. En revanche, il connaissait la thèse de l’astronome allemand, Alfred Wegener, sur la dérive des continents[1]. Il se rend alors dans les bibliothèques puis à l’Université de Grenoble pour disposer des cartes géologiques et bathymétriques nécessaires et s’applique à reconstituer le continent primitif que les géographes appellent aujourd’hui pangée.
L’idée de Fernand Crombette – que l’on pourrait qualifier de géniale – fut de ne pas s’arrêter aux contours actuels des continents, variable selon le niveau des mers, mais de prendre en compte l’extrême bord du talus continental à la cote -2000 mètres, c’est-à-dire là où le fond marin change brusquement de pente pour aller rejoindre, à -4000 mètres, la fosse abyssale. Idée de génie puisque les forages sous-marins actuels confirment, 60 ans après, que le socle granitique continental, par-dessous les sédiments marins, s’arrête bien en ce point. Cette conception était aussi inspirée de la Bible puisque Fernand Crombette avait repris la thèse cosmogonique de Kant selon laquelle les ‘eaux d’en haut’, séparées par Dieu lors de la Création, formaient un anneau aqueux autour de la terre, anneau dont la chute progressive alimenta les quarante jours de pluie du Déluge.
Après avoir posé les hypothèses de son travail, Fernand Crombette reconstitue complètement, entre 1933 et 1945, le puzzle du continent primitif, avec les bancs et îles aujourd’hui dispersés sur le fond basaltique des mers ainsi que le chemin exact parcouru par chacune des masses continentales, dans la dérive. Le résultat confond l’imagination : le continent unique primitif avait reçu la forme régulière et harmonieuse d’une fleur à huit pétales dont Jérusalem occupait le centre.
Une vidéo qui permet de découvrir les cartes de ce Fernand Crombette ... Fou ou génie ?...