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L'image de cette petite et riche enclave au coeur de l'Europe célèbre pour sa fondue, sa raclette, son chocolat, et enviée partout dans le monde pour ses stations de ski et ses lacs paisibles, miroirs où se reflètent des paysages et jardins bucoliques, serait-elle en train de changer? Que dire de sa flore humaine? Les Suisses auraient-ils subi des mutations biologiques accélérées pour célébrer le deux centième anniversaire de Darwin et sa théorie de l'évolution? Les Suisses, d'habitude si «pragmatiques», s'enflammeraient pour quatre minarets ? Seraient-ils tout simplement trouillards ou plutôt courageux ? Et s'ils étaient ni l'un ni l'autre? Se pourraient-ils qu'ils craignent tout simplement la montée fulgurante de l'islamisme politique partout dans le monde et en particulier en Europe ?
Une chose est sûre, les Suisses viennent de créer un précédent en assénant un coup de massue populaire à la gent politique. En effet, leur vote massif pour l'interdiction des minarets n'est pas tant une victoire de l'extrême droite qu'une défaite des politiques, incapables de recentrer le débat sur les valeurs fondamentales de la démocratie, à savoir la laïcité, l'égalité entre les hommes et les femmes et l'égalité des chances. Il est évident que ce suffrage traduit un écart de plus en plus profond entre le bon peuple et l'élite bien pensante qui avale, cette fois-ci bien difficilement, la pilule. Faut-il pour autant annuler le vote comme le réclame certains ? Et pourquoi ne pas changer de peuple ? Y a-t-on pensé ?
un point de vue de Djemila Benhabib, auteur de Ma vie à contre-Coran (vlb éditeur), récipiendaire du Prix des écrivains francophones d'Amérique et finaliste du prix du Gouverneur général 2009, in LE SOLEIL , journal québécois
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