Sans doute, chacun de nous y songe, plus ou moins fréquemment, plus ou moins réellement, mais n'y échappe pas. (On y est bien forcé quand les rangs s'éclaircissent autour de soi.)
Mais à quoi bon mettre en commun nos peurs, nos dégoûts, nos espoirs, nos doutes, attendu que, si nous sommes livrés à nous-mêmes, les conclusions ne sauraient représenter que des hypothèses dont nous sentons bien, les premiers, la fragilité et qui sont surtout des moyens provisoires dont nous nous gratifions afin de nous supporter de de poursuivre ce dur chemin?
Pascal - il est difficile de réfléchir là-dessus sans recourir bientôt à lui - a exprimé en trois monosyllabes définitifs l'impuissance humaine à l'entr'aide mutuelle dans ce moment crucial:" On meurt seul". Ceux qui ont éprouvé, pour leur compte, l'ironie cruelle qu'il y a dans l'expression courante "assister les mourants", savent bien qu'il faut en convenir; les gestes, la présence, les veilles, tout ce que l'amour invente au chevet d'un moribond, ne comble tout de même pas le gouffre qui se creuse. Nulle part ne se vérifie davantage la vérité du constat de Rainer-Maria Rilke: " Pour ce qui est de l'essentiel, nous sommes indiciblement seuls."
...
Au fond, la mort n'est rien, c'est mourir qui est la grande affaire.