Faites-en l’expérience auprès de vos jeunes relations et amis : au premier regard, cette scène d’intimité familiale, appartenant d’évidence à une époque révolue, séduit leur regard, touche leur coeur mais n’évoque chez la plupart d’entre eux aucune réminiscence religieuse ! Pourtant, même s’il est vrai que Murillo n’a pas cru bon de souligner, par des auréoles couronnant chacun des personnages représentés, leur éminente sainteté, un strict minimim de culture occidentale ou française aurait dû leur permettre de reconnaître immédiatement, sous le pinceau de Murillo, le thème tant de fois traité de la Sainte Famille !
Tragique ignorance qui trahit deux fois ce petit chef d’oeuvre du XVIIe siècle espagnol. Murillo a trente-deux ans lorsqu’il commence ce tableau et, pour lui comme pour ses contemporains, il n’est nul besoin d’auréoler ses trois personnages pour que chacun retrouve immédiatement, dans l’élégance de leur dignité et l’évidence de leur profonde union, la famille par excellence, même représentée dans les atours et le décor familier de leur époque. Sainte Famille « moderne » en quelque sorte pour les contemporains de Murillo.
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