C'est tonique.
« On veut combattre le mal à la place où il se montre, et on ne s’inquiète nullement du point où il prend son origine, d’où il exerce son action ! ... D’où la brusquerie des réactions : hâtives, violentes, plastiquantes. » (Goethe)
« Ainsi certains qui n’ont jamais rien fait ; qui n’ont jamais réagi – ou si peu – devant la progression du mal ; qui l’ont peut-être favorisé dans son principe, accepté dans ses premières démarches, s’insurgent brusquement, estimant intolérable que l’incendie qu’ils ont vu s’allumer sans intervenir menace désormais leur confortable hébétude !
« Image toujours actuelle du sommeil dont les apôtres ne parviennent pas à sortir pendant que Jésus est en agonie et que Judas entraîne ses hommes.
« Le mensonge est odieux de ce piétisme qui se croit surnaturel parce que désincarné, et où la prière devient argument de négligence et de passivité. Attitude qui n’a tant de succès que parce qu’elle favorise un penchant naturel à la paresse, à l’effort court, violent peut-être, sans résultats durables et sérieux.
« Ne vous inquiétez pas – nous dit-on parfois – le résultat importe peu ! L’important est qu’ainsi vous gagniez le Ciel ! » Certes, dans la vie surnaturelle, la vie intérieure et de pur amour de Dieu, l’évidence temporelle d’un résultat importe peu puisqu’en cet ordre de choses, la fin directe, immédiate est de plaire à Dieu, et que le but est atteint dés lors qu’on s’y applique généreusement. Il n’en est plus ainsi au plan d’activités moins directement ordonnées à Dieu. Que penserait-on de la religieuse infirmière qui, sous prétexte qu’elle gagne aussi le ciel en tant que religieuse orante et fervente, ne s’inquiéterait pas de l’inefficacité habituelle des remèdes choisis et des soins prodigués ? Et qui oserait lui dire :
« Ma sœur, ne vous inquiétez pas de ce que les malades meurent comme à plaisir dés qu’ils vous sont confiés. Peu importe le résultat : l’important est qu’ainsi vous gagnez le Ciel » ?
Propos sinistre !
« Dieu sait l’attention, le soin, la générosité, le zèle que chacun sait consacrer au plus grand succès de ses affaires ! Mais qu’il s’agisse du sort de la société (dont dépend pourtant le bonheur durable des affaires privées), la routine, la négligence, l’irréflexion, l’inconséquence, la paresse deviennent la loi de ces hommes dont on admire, par ailleurs la sagesse et l’initiative. Passagers qui épongent l’humidité de leur cabine, mais qui refusent de s’intéresser au fait que leur navire sombre dans l’instant.
« Chrétiens qui se veulent excellents époux, excellents pères de famille, excellents employés, excellents paroissiens. Le monde peut compter sur eux ! Sauf leur Cité ! Sauf leur patrie ! »
Jean Ousset , in « L’Action », disponible ICI