Jean-Pierre Coffe, le célèbre animateur de télévision et chroniqueur gastronomique, est décédé mardi 29 mars. Il pourfendait avec talent la malbouffe. Cela nous donne l’occasion de nous souvenir du Docteur Paul Carton (1875-1947), maintenant oublié, auteur de nombreux ouvrages, où il défendait notamment une alimentation saine. Pour lui, une mauvaise hygiène (alimentation, cadre de vie, activités physiques, mentales, sociales, professionnelles...) était bien souvent la cause de nos maladies. Voici un extrait de son livre La cuisine simple (1925).
Parmi les facteurs matériels de la santé, le plus important est celui qui concerne les apports alimentaires destinés à réparer les pertes chimiques et vitales des tissus. Si l'on mange trop ou si l'on ne mange pas assez, si l'on se nourrit d'aliments trop toxiques ou si l'on néglige de consommer certains produits indispensables, on finit par tomber malade ou par pléthore ou par dénutrition ou par intoxication ou par carence, mais toujours par cause alimentaire. Des désordres digestifs s'ensuivent d'abord (dyspepsie, dilatation d'estomac, congestion du foie, jaunisse, constipation, diarrhée, hémorroïdes), puis des troubles de l'état général et des émonctoires (migraines, faiblesse incitative, fièvre, état grippal, rhumes, angines, éruptions) qui préparent la venue des maladies déclarées. Donc, avant de subir les assauts d'une pneumonie ou d'une fièvre typhoïde ou d'une appendicite ou d'une scarlatine, etc., on reçoit d'abord des avertissements répétés du côté des voies digestives et de l'état général, qui devraient donner l'éveil sur l'imperfection de la conduite alimentaire et hygiénique et inciter à la corriger, plutôt que de combattre aveuglément les bienfaisants symptômes avertisseurs, à l'aide de médicaments qui ne font que masquer le mal, sans enlever ses causes.
A côté de cela, il peut arriver que des individus restent en état de santé et même parviennent à un âge très avancé tout en commettant les pires erreurs de régime alimentaire, de même que l'on peut observer des gens qui vivent vieux et sans grandes maladies tout en se livrant à l'ivrognerie, mais ce sont là des cas exceptionnels de résistance. Ils tiennent à ce qu'il s'agit presque toujours de personnes particulièrement robustes, issues d'une lignée campagnarde récente qui peut momentanément faire les frais du surmenage digestif. Toutefois, même en pareil cas, le mal accompli n'en porte pas moins ses mauvais fruits. Au lieu de frapper l'individu, qui débordait de résistance, il atteint sa race et il la fait décliner et dégénérer. A la deuxième génération apparaissent les manifestations d'arthritisme digestif et humoral que nous venons de signaler et à la troisième, les affections d'usure chronique accourent : insuffisances glandulaires et scléroses multiples (qui constituent l'essence de l'arthritisme invétéré), diabète, albuminurie, tuberculose, cancer, folie, idiotie. Et alors, une famille, solide au début, finit par s'éteindre dans la misère physiologique pour avoir, pendant deux ou trois générations, gaspillé ses réserves de vigueur, en abusant des boissons alcooliques ou encore des viandes, des poissons, des sucreries, de la cuisine forte, des aliments riches, des produits concentrés, dénaturés, frelatés et surexcitants.
Le caractère lui-même est à la merci du régime. L'alcool rend fou. L'abus des boissons fermentées, du café, du thé, du sucre, du tabac, agite et déséquilibre. La viande en excès rend brutal et passionné. Au contraire, la nourriture pure, douce et peu concentrée que fournit le régime végétarien favorise le rééquilibre mental et l'harmonie du caractère.
(…) Si les hommes acceptaient de se nourrir, avec sagesse, d'aliments doux et purs, la bonne santé et la paix régneraient parmi les nations. (…)
Se nourrir sainement, en sachant choisir les aliments utiles, composer des menus logiques et les cuisiner sans complication implique la réalisation des vertus primordiales d'ordre, de simplicité, de régularité et de discipline qui sont à la base de la santé matérielle et du progrès spirituel, car c'est en s'exerçant à la perfection sur les plus petites choses que l'on devient apte à triompher de difficultés importantes et à accomplir de grands progrès.
Merci à EVR.
