Pour un Chrétien, aller à Compostelle, c'est d'abord se rendre sur le tombeau d'un apôtre. C'est approcher au plus près les restes d'un homme qui a vécu plusieurs années auprès du Christ. C'est toucher du doigt une Histoire vieille de 2.000 ans qui a bouleversé à jamais l'humanité.
Souvenons-nous : Jacques était pêcheur avec son frère Jean, sur le lac de Tibériade. On ne sait ce que Jésus leur a dit, mais ils ont tout abandonné pour le suivre. Avec Pierre, ils étaient les apôtres les plus proches de Jésus, ceux auxquels a été donné le privilège de voir les miracles les plus fameux, ainsi que la transfiguration et l'agonie du Christ. Il existait parmi les apôtres un autre Jacques, appelé dans les Ecritures le frère du Seigneur et connu ensuite sous l'appellation de Jacques le Mineur, pour le différencier de notre Jacques le Majeur. Après la Pentecôte, qui lui donne le don des langues, Jacques s'en va prêcher en Hispanie. Son ministère porte peu de fruits et il revient vite en Palestine. Il y sera décapité par ordre du roi Hérode Agrippa en l'an 44. La légende rapporte ensuite que ses disciples chargèrent sur une barque le corps de leur maître et le conduisirent en Galice où ils l'enterrèrent. La sépulture tomba dans l'oubli durant huit siècles jusqu'à ce que, en l'an 813, des phénomènes surnaturels se produisent et qu'on redécouvre le tombeau de l'apôtre. Et ce fut le début de la formidable aventure compostellane. Jacques est un symbole dans l'Eglise puisqu'il fut le premier apôtre à mourir par le martyre. Il devenait encore plus fort mort que vivant. C'est pourquoi ses compagnons dirent à la reine Louve, en débarquant en Galice : « Le Seigneur t'envoie le corps de son disciple, afin que tu reçoives mort celui que tu n'as pas voulu recevoir vivant ».