Pourquoi donc relancer le débat sur le projet de loi de bioéthique à l’Assemblée nationale ? Il manifeste un désaccord si abyssal ! Députés et sénateurs n’ont pas réussi à s’entendre. Deux visions s’affrontent. Hélas, le véritable dialogue paraît impossible, voire non souhaité.

En effet, la majorité de l’Assemblée refuse d’entendre le Sénat. Ces députés maintiennent leurs options sans prêter attention aux arguments des sénateurs. Or, l’existence des deux Chambres est gage de démocratie, grâce au dialogue entre elles. Il suppose qu’on accueille les arguments de l’autre pour y réfléchir, et qu’on cherche ensemble la meilleure voie en s’étant accordés sur une compréhension de l’être humain. Le non-dialogue conduit au déni de démocratie. Cela engendre un grave abus de pouvoir. Il est dangereux de gouverner seul, sans altérité.

Quelles sont ces deux visions ?

L’une a pour pierre angulaire la dignité humaine et son respect inconditionnel. Elle inspire le « modèle français de bioéthique » depuis 1994. À l’aune de ce respect, sont évaluées les possibilités techniques dans le domaine biomédical. Si la dignité est partagée par tous, la recherche du bien commun est vitale afin que chacun puisse se développer selon cette dignité, sans discrimination aucune. Au nom de la justice et du bien commun, une attention est prioritaire pour que le soin soit accordé aux personnes fragilisées par l’infertilité ou la maladie.

L’autre promeut les désirs individuels au nom de l’égalité, quelles que soient les différences objectives des situations, ce qui s’apparente davantage à un égalitarisme entre tous. C’est en vue de la réalisation de ces désirs que sont examinées et promues les techniques. La distinction entre les personnes atteintes d’infertilité et les autres n’a plus de raison d’être, puisque seuls leurs désirs sont considérés.

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