Carlotta a sorti mercredi (26 juin) un film inédit en France de Yasujirô Ozu, Le Fils unique (Hitori musuko, 1936), premier long métrage parlant du grand cinéaste japonais qui, à l’instar de Chaplin aux Etats-Unis, résista longtemps aux sirènes du cinéma sonore et attendit cinq ans après l’apparition des films parlants au Japon pour en tourner un. L’une des scènes les plus étonnantes du Fils unique montre d’ailleurs le fils emmener sa mère au cinéma pour lui faire découvrir les merveilles de cette nouvelle attraction. Le film est une opérette allemande, dont on voit de larges extraits. La vieille dame s’endort devant un spectacle sans grand intérêt pour elle, provocant la consternation polie de son fils.
Cette scène souligne l’ironie d’Ozu devant le cinéma parlant, mais lui permet surtout de montrer le fossé d’incompréhension et de gêne qui s’est creusé entre une mère courage qui a tout sacrifié à la réussite de son fils, et un jeune homme sans qualité qui ne peut que constater le naufrage précoce de ses ambitions.
Tout commence par un prologue provincial, lui même précédé d’une citation à la fin du générique qui dévoile le thème du film : le drame de la vie débute par les relations entre les enfants et les parents. Constat pessimiste et pourtant lucide qui sera au cœur du Fils unique, accompagné d’un regard implacable sur la condition ouvrière au Japon dans les années 30, et la pauvreté qui frappe les couches populaires du pays.
En 1923, dans la province de Shinshu, une veuve travaillant dans une fabrique de soie décide d’envoyer son fils unique à Tokyo afin qu’il puisse acquérir une meilleure éducation. Treize ans plus tard elle se décide enfin à lui rendre visite et réalise qu’il ne mène pas la vie qu’elle a rêvée pour lui ...
Lu sur Arte.tv