ÉDITORIAL
Troubles et divisions dans l’Église, par Christophe Geffroy
ACTUALITE Fiducia supplicans : plus de questions que de réponses, par Élisabeth Geffroy Fiducia supplicans : réactions dans le monde, par Pierre Louis Fiducia supplicans : quelle obéissance ? par le Père Max de Longchamp
Michel Onfray et la question du Christ, par l’abbé Paul Roy
En finir avec le mythe Teilhard de Chardin, par Denis Sureau
ENTRETIEN
Pellevoisin : une apparition pour notre temps, entretien avec Père Laurent Flichy et Sylvie Bernay
DOSSIER NOS LIBERTES MENACEES ?
Pourquoi aimons-nous moins la liberté ? par Élisabeth Geffroy
Libertés : où en sont les États-Unis, par Daniel J. Mahoney
En quoi consiste la vraie liberté, par François-Xavier Putallaz
De la liberté à la servitude, par Olivier Rey
Sommes-nous en régime libéral ? par Pierre Manent
La censure dans le débat public, par Mathieu Bock-Côté
Multinationales et libertés ? par Pierre Vermeren
Écologie et tentation liberticide, par Pierre de Lauzun
VIE CHRETIENNE
L’oblature bénédictine, par un moine du Barroux
Question de foi Revenir à la raison, par l’abbé Hervé Benoît
1000 Raisons de croire Leçon de foi d’une favela, par le Père Xavier Bizard
CULTURE
Faut-il abroger le Concordat en Alsace-Moselle ? par Benoît Dumoulin
Notes de lecture, par Patrick Boykin, François Daguet op, Benoît Dumoulin, Christian Gouyaud, Jacques de Guillebon, Patrick Kervinec, Annie Laurent, Étienne Masquelier, Pierre Mayrant, Denis Sureau et Anne-François Thès
De verbe et de chair Simone Weil, mystique chrétienne, par Henri Quantin
Musique Le piano de Ravel, par Hervé Pennven
Cinéma Si seulement je pouvais hiberner & Making of, par François Maximin
Sortir Ruines, par Constance de Vergennes
À un clic d’ici, par Léonard Petitpierre
Et pour les jeunes…, par Isabelle Le Tourneau
Un livre, un auteur, entretien avec Sylvie Perez
Brèves
Rencontre Alberto Maalouf, par Marine Tertrais
CONTRE-CULTURE
La persécution des chrétiens dans le monde, par Jacques de Guillebon
Adam et Eve : Le début d’une grande famille ! D. Toulemonde
Arche de Noé : Un témoignage inédit, R.Tiso
L’Arche de Noé, G. Loshadkina
L'étrange prophétie du saint Curé d'Ars, J.-C. Crémieux
Une rupture affligeante, D. Michalopoulos
D’ici ou d’ailleurs… Du côté des livres…
‘Je vous exhorte tous à ne pas simplement passer outre, sans vous arrêter, devant ce que tient en réserve l'Écriture sainte. Vous n'y trouverez pas un seul mot, qui ne renferme une grande abondance de pensées; car c'était l'Esprit de Dieu qui inspirait les bienheureux prophètes; voilà pourquoi les paroles, écrites sous la dictée de l'Esprit, renferment tant de trésors cachés.’ Saint Jean Chrysostome, Homélies. Tome V, Hom. XXI sur la Genèse.
Illustration de couverture : Icône : Vierge à l’enfant
L’islam constitue aujourd’hui un enjeu majeur pour la France sur son propre sol ; défi structuré par l’immigration musulmane et la réislamisation du monde musulman.
La France a été confrontée très tôt au surgissement de l’islam dans l’histoire. 632 : mort du prophète Mahomet. 732 : Charles Martel. Un siècle… Le premier contact substantiel entre l’islam et la France fut donc la guerre… Plus tard, ce seront les croisades, auxquelles la France apporta une contribution décisive, fournissant prédicateurs et guerriers. Cependant, le fil de l’histoire de France n’est pas principalement structuré par le conflit avec l’islam. À compter de la Renaissance, notre pays entretient des liens privilégiés avec le monde musulman, particulièrement avec l’alliance entre François Ier et le sultan Ottoman Soliman le Magnifique en 1536. En contrepartie, la France sera protectrice des chrétiens d’Orient. Il s’agissait alors de contrarier nos concurrents Habsbourg. L’alliance durera plus de deux siècles et demi. Plus tard, Bonaparte se montra fort amical après la campagne d’Égypte, se présentant même comme « digne enfant du Prophète ».Retour des tensions au XIXe siècle avec la réaction aux razzias des Barbaresques en Méditerranée. Les Français prennent Alger en 1830. Commence alors l’histoire coloniale de la France au Maghreb.
Une histoire coloniale qui résonne particulièrement aujourd’hui puisqu’une importante immigration maghrébine – d’abord de travail puis de peuplement avec le regroupement familial – s’est opérée après la décolonisation.
Aujourd’hui, au-delà des dimensions géopolitiques, la relation entre la France et l’islam se joue principalement sur le territoire français et elle est structurée par l’immigration. Au cœur de la problématique : l’intégration. Chaque nouvelle génération semble moins bien intégrée que la précédente, phénomène inédit dans l’histoire française des migrations. Rien de tel ne s’est produit avec les immigrés européens. La donne est cette fois substantiellement différente : se pose désormais incontestablement la question religieuse. Y a-t-il un lien entre ces difficultés d’intégration et l’islam ?
Dans les années 1980, le problème de l’intégration n’était pas principalement religieux, mais davantage lié aux conditions sociales. De fait, la contestation des « beurs » et les premières
émeutes des banlieues ne comportaient pas de dimension religieuse évidente, du moins aucune revendication de ce type. Leurs parents vivaient en France un islam populaire et coutumier de manière globalement paisible et les « beurs » semblaient plutôt en voie de sécularisation. Ils exprimaient un mal-être social et culturel qui traduisait davantage un désir d’être considérés comme les autres plutôt que vus comme différents.
Le mouvement de réislamisation
Cependant, les années 1990 vont changer la donne, avec le tournant de la réislamisation du monde musulman. L’islam connaît depuis lors un revivalisme principalement alimenté par le wahabisme et les Frères musulmans. Désormais, l’une des explications majeures du défaut d’intégration est religieuse. Des petits-enfants et arrière-petits-enfants d’immigrés sont en pleine quête identitaire et trouvent dans l’islam – non pas l’islam coutumier de leurs aînés mais l’islam réislamisé dans une stricte orthopraxie et un littéralisme eschatologique centré sur la notion de conquête – la substance essentielle de leur identité. Le système d’intégration français n’est pas en panne, c’est avec l’immigration musulmane qu’il ne fonctionne plus. Les causes ne sont pas d’abord endogènes, liées aux conditions sociales – même si ces dernières aggravent le phénomène –, elles sont avant tout exogènes, liées aux mutations contemporaines de l’islam. L’un des axes stratégiques des tenants du revivalisme musulman est d’empêcher l’assimilation des diasporas musulmanes pour les agréger à l’Oumma, c’est-à-dire à la communauté musulmane transnationale. Et la stratégie fonctionne, s’appuyant notamment sur les ressentiments victimaires (discrimination, islamophobie, etc.) et les marques de décadence culturelle et religieuse des sociétés occidentales.
S’ajoute à cela une immigration plus récente, avec son lot de clandestins et de réfugiés, qui vient aggraver la difficulté. Il faut toutefois nuancer le propos : il est incontestable qu’une partie de la jeunesse musulmane est intégrée. Il est vrai également qu’une partie de la population musulmane aimerait s’intégrer davantage et est attirée par certains aspects de notre civilisation. Cependant, elle est soumise à une pression socioreligieuse de plus en plus forte pour rester agrégée à l’Oumma.
Le risque de la fragmentation
Un triple risque existe aujourd’hui : le risque de fragmentation socioreligieuse, le risque de fragmentation territoriale et le risque sécuritaire, notamment lié au jihad. C’est un fait : une partie du jihad mondial se déroule sur notre sol, aujourd’hui de manière encore sporadique, mais demain peut-être – c’est même hautement probable si nous ne réagissons pas fermement – avec une intensité qui pourrait faire tourner toute cette histoire à la tragédie. Nous avons souhaité, dans ce numéro de Permanences, mettre particulièrement en lumière, avec deux grands témoins, les aspects les plus décisifs de l’enjeu : la compréhension, avec Florence Bergeaud Blackler de la stratégie de conquête islamique conduite par les Frères musulmans ; et la compréhension, avec le maire de Montfermeil, Xavier Lemoine, du caractère impératif de tenter l’impossible pour gagner à la cause française la « majorité silencieuse » de ces musulmans ordinaires, aujourd’hui tiraillés entre leur aspiration à vivre paisiblement en France et la pression socioreligieuse qui entend les séparer définitivement de la communauté nationale.
Permanences N°592 : Demain la guerre… Un peu tardivement, la présentation du numéro de Janvier, 2023
Le cheval de Troie transporté dans la ville, vers 1760, Giovanni Battista Tiepolo, Londres, National Gallery
La guerre pointe un peu plus que le bout de son nez, à un horizon géographique relativement proche. Nous voici, avec les pays de l’alliance atlantique, en opposition frontale avec une grande puissance atomique. La dissuasion nucléaire joue son rôle
et le risque d’extension du conflit ukrainien semble aujourd’hui relativement faible. Cependant, le monde est entré dans une période de gros temps. L’invasion de la Russie par l’Ukraine manifeste le passage d’une crise larvée à une crise ouverte, et vient relégitimer l’OTAN. Les souverainistes qui défendent l’indépendance géopolitique de la France, notamment vis-à-vis des USA, doivent bien tenir compte de cette nouvelle donne.
Dans l’entretien qu’il a accordé à Permanences (lire pages 29 à 38), Jean-Baptiste Noé, rédacteur en chef de la revue de géopolitique Conflits, souligne qu’aujourd’hui, « toutes les guerres se font en coalition » et que, de toute évidence, « la France ne ferait pas la guerre seule ».Il formule ainsi le défi qui se pose à nous en termes de souveraineté : Le problème, ce n’est pas le principe de la coalition, c’est d’être un élément indépendant dans la coalition, et non un élément soumis. Le véritable enjeu de souveraineté que soulève l’OTAN pour la France n’est pas le principe même de son appartenance à l’alliance atlantique, mais sa capacité à garder une autonomie géopolitique. Assurément, nous ne pouvons plus raisonner comme si la France avait les capacités d’assurer seule une guerre de haute intensité ; et nous devons bien penser notre géopolitique en tenant compte du fait qu’une guerre directe est possible… Alors, demain la guerre ? Nul ne peut répondre avec certitude à cette question, mais il est raisonnable d’affirmer que le tragique est de retour dans l’Histoire. L’Occident avait peut-être cru trop vite pouvoir oublier cette dimension permanente de la condition historique des peuples et des nations, imaginant, à tort, un futur triomphe de son universalisme, lequel ouvrirait un temps de paix universelle. Jean-Baptiste Noé considère que, à rebours de ce rêve, nous assistons au « retour des identités face aux ambitions et prétentions universelles »…
Comment est née notre civilisation ? En se réappropriant en permanence l’héritage de la Grèce et de Rome. Des institutions politiques à la littérature, des sciences aux arts plastiques, de la philosophie au christianisme, l’héritage classique de l’Europe est un trésor inépuisable. Le Figaro Histoire retourne dans un dossier spécial aux sources de notre culture. Les meilleurs spécialistes y expliquent comment le Moyen Age et la Renaissance ont puisé dans les œuvres du passé pour s’en nourrir et rivaliser avec elles. Ils explorent les multiples domaines où le legs des anciens façonne encore notre univers intellectuel comme notre vie quotidienne. De Charlemagne à Michel-Ange, de Dante à Jacqueline de Romilly, ils font revivre les passeurs de savoir entre l’Antiquité et nous.
A l’heure où l’été s’annonce sous le signe d’une nouvelle sécheresse, Le Figaro Histoire dresse un panorama des changements climatiques qui ont bouleversé l’humanité depuis le paléolithique. Côté cinéma, il revient sur Jeanne du Barry, le film que Maïwenn consacre à la dernière favorite de Louis XV. Parmi ses reportages, il vous fait visiter les coulisses de la reconstruction de la flèche de Notre-Dame, qui commence à s’élever de nouveau dans le ciel de Paris.
Au sommaire :Lettre de la rédaction Joseph et la ville du Roi Soleil, par F. CROMBETTE
Réflexions autour du vocabulaire médical de Luc l’Evangéliste, par F. JULLIE Egypte et botanique, par ABBE PLUCHELes ordres d’Allah, par M. DUVAUCHELDitié de Jehanne d’Arc, par C. DE PISAN D’ici ou d’ailleurs… Du côté des musées… Courrier des lecteurs
Avec votre CATALOGUE 2023 ! Disponible sur demande à cesheadm@wanadoo.fr
Illustration de couverture : Agneau aux sept sceaux – Autel du Cœur Sacré de Jésus, Ploeuc-sur-Lié (22).
Le wokisme n’est pas une lutte absurde menée par des militants paranoïaques. C’est un phénomène à la fois neuf et ancien, une mode venue d’Amérique mais dont les racines sont françaises. C’est l’ultime assaut de cette haine de soi que la culture occidentale a toujours hébergée en son sein et qui menace notre civilisation et même l’humanité au sens large. Mieux connaître et comprendre le wokisme pour mieux le combattre et finalement le défaire : tel est l’objet de ce numéro de notre revue « Grands débats ». 108 pages
Don de soi, silence et solitude à l’écart des folies du monde : et si les moines avaient « inventé » un autre bonheur ? Aux antipodes du consumérisme effréné et de la culture zapping des réseaux sociaux, les moines et religieuses intriguent et fascinent. Dans son dernier hors-série, Valeurs actuelles, auxquels les moines ont ouvert leurs portes, se plonge dans ce “monde parallèle” qui attire, chaque année, de plus en plus de retraitants. De l’histoire de saint Benoît et des moines bâtisseurs des origines aux plus beaux monastères et abbayes actuels, des tragédies traversées (Templiers, Révolution, religieuses pendant la guerre 14-18…) à leur grand retour aujourd’hui,
132 pages en forme de « beau livre » magnifiquement illustrées et agrémentées, entre autres, de textes d’Alphonse Daudet, Georges Bernanos, Jean Raspail, Denis Tillinac et François d’Orcival.
Disponible en kiosque et sur boutique.valeursactuelles.com
Le numéro 591 de Permanences est enfin disponible !
Histoire et politique : je t'aime, moi non plus...
Vous y trouverez des articles passionnants, notamment :
Un entretien inédit avec Jean Sévilla : L'Histoire est toujours politique.
Benoît Dumoulin expose comment sauver l'Histoire pour ouvrir un avenir.
Faudra-t-il attendre qu'un ennemi nous désigne et nous submerge pour que nous, Français de bonne volonté, engagions une démarche de réconciliation autour d'un récit national qui puisse nous mobiliser vers un avenir commun ? Guillaume de Prémare tente de répondre à cette question.
Il est encore temps de vous abonner à notre revue Permanences ici
Et si ce n'est pas déja fait , de vous inscrire à notre cycle de conférences : les Mardis d'Ichtus qui débutent le 15 novembre avec des invités de prestige....
Au sommaire :
- Un quinquennat mort-né ?
- Coronavirus : chroniques des années de peste
- La méthanisation, écologie ou escroquerie ?
- Avortement : une victoire pour les États-Unis au goût amer pour la France
Entretien - Bagarre pour une armée, par le colonel Chateau-Jobert. Entretien avec Mickaël Savigny (propos recueillis par la rédaction)
Politique française
- La France en reprend pour cinq ans. au moins (par Olivier Destouches)
- Macron « maqué » avec McKinsey : l'envers du décor de « la Firme » (par Louis Gravêthe)
Actualité - L'Ukraine dans la matrice mondialiste (par Pierre Hillard)
Économie
- Comment améliorer la santé des Français tout en réduisant le déficit du budget (par Pascal Renardet)
Le mondialisme en marche
- Enjeux de la « souveraineté numérique » (par Philippe Lauria)
Histoire religieuse - Il y a cinquante ans mourait Claire Ferchaud (par Claude Mouton-Raimbault)
Le dossier du mois
- Mars-juillet 1962 : l'agonie de l'Algérie française. Appelé à servir l'Algérie française (par Jacques Boisard)
Actualité religieuse - La Ciase et la disparition du droit de l'Église (par Paul-André Maur)
LECTURE ET TRADITION
Entretien - Faire resplendir le vrai par le beau. Entretien avec Quentin Moreau, éditeur
C’est un exemple de plus du couvercle qui pèse de plus en plus sur la liberté d’expression. L’hebdomadaire Rivarol – dont chacun peut penser tout à fait ce qu’il veut, y compris beaucoup de mal – est privé d’aides à la presse.
Une tribune dans Le Monde le 7 mars 2022.
C’est une pétition signée d’historiens, de personnalités diverses que nous évoquerons plus loin qui a entraîné cette mesure. Une trentaine de personnes considéraient que cette « propagande salit le travail des historiens ». La pétition remarque pourtant que la commission paritaire des publications et agences de presse (CPPAP) réunie en 2018 avait accordé son imprimatur au journal et renouvelé les avantages qui résultent du numéro d’immatriculation : TVA à taux réduit (2,1% au lieu de 20%), tarifs postaux préférentiels et accès aux aides à la presse.
Tout journal qui appartient à la catégorie des publications d’information politique et générale (IPG) et qui couvre en principe tout le champ de l’actualité y a droit. La pétition, qui demandait l’annulation de l’immatriculation du journal en tant qu’IPG, ajoute « pour autant que ces informations tendent à éclairer le jugement des citoyens ». Mais qui sera l’arbitre des élégances pour déterminer les « bonnes informations » qui vont « éclairer le jugement des citoyens » ? Les signataires de la pétition ?
Le président de la République est souvent présenté comme un pur opportuniste, exprimant la quintessence du vide. À rebours de cette thèse, l’universitaire Frédéric Rouvillois estime qu’Emmanuel Macron porte une véritable doctrine, dans la droite ligne du comte de Saint-Simon, mêlant un socialisme à fois égalitaire et élitaire à une idéologie du mouvement qui vise à liquider les anciennes permanences. Il a également donné à voir un personnage volontiers messianique, faisant penser, toutes proportions gardées, au Maître de la terre décrit par R.H. Benson dans son fameux roman. Madeleine Dory nous rappelle les principales caractéristiques de cette œuvre au parfum eschatologique. La dimension autoritaire du personnage n’est pas à négliger non plus. Marie Dumoulin montre comment cinq années de macronisme ont fait reculer les libertés publiques. Enfin, la parole est donnée à cinq personnalités pour dresser un bilan synthétique du quinquennat.
VERS LA LIQUIDATION
Héritier de Saint-Simon, Emmanuel Macron entend liquider les permanences de l’ancien monde pour faire entrer la France dans un monde radicalement nouveau. Élu pour cinq années supplémentaires, ce personnage hors-norme mérite que l’on se penche sérieusement sur lui.
Emmanuel Macron a été réélu président de la République le dimanche 24 avril 2022, avec un score de 58 % des suffrages exprimés. Cette large victoire ne doit pas cacher une réalité plus nuancée : il a recueilli les suffrages de seulement 38,5 % des inscrits. Emmanuel Macron n’ouvre donc pas son second mandat conforté par un plébiscite populaire, mais dans une situation de statu quo : les fractures françaises sont toujours là, et il est aujourd’hui celui qui a su en tirer le meilleur parti. Pendant cinq ans, qu’il s’agisse de la révolte des Gilets jaunes ou de la pandémie de COVID, il n’a pas cherché à réduire ni apaiser ces fractures mais, au contraire, à cliver, à diviser, pour s’assurer l’allégeance d’un socle minoritaire suffisamment solide pour gouverner et être réélu.
Tirant les leçons de cette élection, le journaliste de L’Opinion Jean-Dominique Merchet souligne cependant la fragilité de ce socle minoritaire :
Nous assistons à la naissance d’une sorte de parti unique de gouvernement derrière Emmanuel Macron. […] Cela signifie qu’il n’y a désormais plus d’alternance possible au sein du système politique traditionnel. Très affaiblis, les partis de gouvernement et les catégories sociales qui les soutiennent n’ont plus d’autre choix que de fusionner derrière un chef. Ce parti unique de gouvernement est soutenu par ce que différents auteurs nomment le bloc central, élitaire ou bourgeois. Ce bloc sociologique n’est pas majoritaire dans la société, mais il gouverne seul. C’est le parti de l’ordre. Aucun autre bloc n’est majoritaire. […] Sa seule ligne possible : moi ou le chaos. Cela peut marcher un temps…
L’antienne « moi ou le chaos » suffira-t-elle à assurer sa victoire aux législatives ? Habituellement, les législatives qui suivent la présidentielle sont un vote de confirmation. Cependant, cette hypothèse est plus fragile aujourd’hui qu’il y a cinq ans et l’Assemblée nationale pourrait ne pas dégager de majorité. Une telle hypothèse présenterait l’avantage de redonner au Parlement un rôle décisif, ouvrant la possibilité d’un certain contre-pouvoir face au syndrome de toute-puissance autoritaire qui caractérise Emmanuel Macron. Ce ne serait certainement pas inutile, notamment quand on considère combien les libertés publiques ont été malmenées pendant cinq ans, comme le démontre Marie Dumoulin dans ce numéro de Permanences (lire pages 27 à 32).
Éradiquer toute forme d’héritage
Mais si monsieur Macron obtient une majorité absolue, il n’aura aucun frein. Où cela nous conduira-t-il ? Dans ce numéro de Permanences, nous avons cherché à cerner davantage le personnage : est-il seulement un opportuniste doué pour les calculs politiques ou a-t-il une véritable substance qui éclaire le chemin sur lequel il entend mener la France ? Pour répondre à ces questions, nous avons interrogé Frédéric Rouvillois (lire pages 9 à 22), professeur agrégé de droit public et spécialiste de l’histoire des représentations politiques. Auteur d’un essai intitulé Liquidation – Emmanuel Macron et le saint-simonisme[1], l’universitaire situe clairement le président français dans la filiation de Saint-Simon :
Sur toutes les grandes questions politiques, il y a une parenté avec la tradition saint-simonienne, autrement dit avec cette utopie du mouvement, avec ce socialisme industrialiste et élitaire qui apparaît avec son inventeur, le comte de Saint-Simon, au tout début du XIXe siècle. […] Cette pensée utopiste et socialiste s’apparente avec ce que développe aujourd’hui notre jeune président philosophe.[…] Emmanuel Macron n’est pas seulement un opportuniste et un pragmatique : il a réfléchi au politique, il a une cohérence idéologique qui lui permet d’expliquer où il veut conduire la France.
Pour Frédéric Rouvillois, nous retrouvons chez Emmanuel Macron « l’idée du saint-simonisme qui combine un égalitarisme radical et une méritocratie républicaine très poussée. Pour que chacun possède selon son mérite, il faut s’attaquer à la notion d’héritage ». C’est ainsi qu’Emmanuel Macron serait mû par une volonté – en plus de diluer la France dans l’utopie européenne – de liquider, à terme, tous les héritages, non seulement matériels mais encore culturels, sociaux, anthropologiques, historiques, pour nous faire entrer dans un monde radicalement nouveau. Frédéric Rouvillois explique le sens de cette liquidation : « En choisissant le terme “liquidation”, j’ai voulu exprimer les deux sens du terme : fluidifier toute chose et, pour y parvenir, liquider le monde d’avant, supprimer les barrières et les repères qui construisaient l’humain et la société. Il faut en quelque sorte liquéfier pour liquider. »
Frédéric Rouvillois évoque également le côté séducteur et mystérieux, voire mystique, d’Emmanuel Macron, un peu comme « une sorte de faux messie ». Et il aborde les craintes que le personnage engendre dans une partie de l’opinion, avec cette idée que sa réélection pourrait mener à une sorte de cauchemar dystopique. Frédéric Rouvillois se réfère à cet égard au fameux personnage du roman de Benson, Le Maître de la terre, même si son propos n’est certainement pas de comparer le Président à l’Antéchrist ! Pour en savoir davantage, nous avons demandé à Madeleine Dory de nous présenter cette œuvre (lire pages 23 à 26), qui anticipe de manière saisissante les temps modernes et éclaire la dimension eschatologique de l’histoire concrète des hommes. Voici qui nous aidera peut-être à comprendre le parfum d’apocalypse qui se diffuse dans l’air du temps, à ce moment de l’histoire qui apparaît comme un possible point de bascule.
Elle est celle par qui le Salut arrive. Celle qui fut choisie entre toutes pour une mission unique : permettre à Dieu de s’incarner en portant son Fils. Par son « oui » à l’ange de l’Annonciation, la Vierge Marie ouvre une brèche dans l’histoire de l’humanité, et permet le rétablissement de l’alliance entre Dieu et les hommes. Après ses numéros sur Le roman de la Bible et Jésus-Christ, cet inconnu, Le Figaro Hors-série se penche sur la figure de celle que l’Eglise catholique reconnaît comme la Mère de Dieu. En partenariat avec l’Ecole biblique et archéologique française de Jérusalem, ce numéro exceptionnel réunit biblistes, archéologues, historiens et théologiens pour passer le cas de Marie au crible de l’histoire. Quelle fut sa véritable mission dans le plan divin et quel rôle joua-t-elle dans la vie du Christ ? Comment se déroula sa vie ? Que penser des apparitions mariales ? Comment la figure de Marie a-t-elle inspiré les artistes ? Quelle est l’histoire du Je vous salue Marie, du Magnificat, du Salve Regina ? Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur Marie, dans un numéro magnifiquement illustré par les plus grands peintres, sculpteurs ou maîtres verriers.