Aujourd'hui, fête des mères (pour longtemps ?), fête de la Sainte-Trinité, et fête de Saint Philippe Néri.
Philippe, l’apôtre laïc de Rome
Durant la journée, St Philippe est aussi l’homme du « Forum », de la place publique, de la conversation. C’est un apôtre ardent.
La ville de Rome où St Philippe arrive en 1532 est un véritable chantier de reconstruction: le traumatisme du Sac de 1527 marque encore les esprits de manière très vive sans avoir produit tous les fruits de conversion qu’on aurait pu en attendre ! Tout reprend un peu comme avant et les mœurs des fidèles, jeunes en particulier comme des membres de la hiérarchie de l’Eglise demeurent païennes. Des palais se reconstruisent plus magnifiques encore !
Et c’est sans le savoir, sans le vouloir même, - car St Philippe vit sans projet peaufiné à l’avance- dans la fidélité à son inspiration intérieure qu’il va inventer sa manière à lui, toute particulière et toute originale d’entreprendre la nouvelle évangélisation de la société romaine de son temps.
« A la rencontre du paganisme renaissant et de ses séductions subtiles, il s’avancera sans autre arme que la séduction plus puissante encore de la pureté et de la vérité. » (Père Louis Bouyer, Un socrate romain). L’entreprise était délicate: mais avec une simplicité en apparence si désarmée, « sa scandaleuse méthode fera de lui l’apôtre victorieux de la Rome paganisée. ».
St Philippe laisse à tous l’accès immédiat de sa pensée et de son cœur. Il a le contact facile : « De la foule qui fait cercle, on l’appelle et il répond sans se lasser, à l’un d’un bon mot, à l’autre d’un geste complice de sa main diaphane. Il a un sourire tout prêt pour chacun et qui n’est le même pour personne» . Il va droit à cette jeunesse dont il se sent parent et qu’il sent perdue pour le Christ afin de lui faire voir l’incomparable beauté du Seigneur. « Le voici donc, comme Socrate encore une fois, semblant n’avoir jamais rien à faire que d’errer à travers le dédale des rues romaines. St Philippe n’enseigne aucune doctrine particulière, n’impose aucune pratique spéciale...c’est tout au plus s’il suggère. Mais on ne peut vivre quelque temps avec lui sans devenir autre qu’on était. De soi-même, on s’imposera les changements qu’il ne proposait même pas. Cet apostolat peu banal qui commence comme une simple amitié et qui finit de même, mais dans l’entre-deux toute la vie d’une âme s’est communiquée à une autre, c’est déjà le caractère qui restera le plus constant des méthodes oratoriennes pour autant qu’il y en aura jamais. ». Loin d’être une condamnation du paganisme, sa vie fut une assomption dans la purification de la grâce, du meilleur de son temps.
Philippe Néri, fondateur de l’Oratorio.
Toute cette expérience pastorale de St Philippe se retrouvera dans l’Oratorio, la grande œuvre de St Philippe Dans l’Oratorio, Philippe voudra communiquer aux siens son expérience spirituelle. Pour les garder libres dans le siècle comme il l’est, il transposera de manière habituelle et commune ce qui fut son expérience personnelle. C’est ce qui explique les moyens mis en œuvre pour les siens : les temps d’oraison et de prière silencieuse, la dévotion à l’Esprit Saint et à la Sainte Vierge, les pèlerinages aux saints, la vie fraternelle et joyeuse, ses prières jaculatoires qui disent son âme, les conseils ascétiques (en particulier la lutte contre l’amour-propre), la lecture de la vie des saints, des Pères du désert....l’échange sur le livre permettant à tous les participants de donner son avis et d’approfondir la vie spirituelle, la morale ou la doctrine et même les Laudes (poésies en langue italienne mises en musique) qui serviront à exprimer la joie qui déborde des cœurs habités par l’Esprit Saint.
Lisez ici l'article complet.