Gérard Leclerc : Dès les premières années après la Seconde Guerre mondiale, on reprochait à Boutang de faire trop de métaphysique à propos de l’actualité immédiate. En même temps on lui reprochait d’avoir une vision évangélique de la politique, au service du Pauvre, dans une conception franciscaine de la monarchie et de l’Église. Philosophe, il s’était efforcé de construire une philosophie générale appliquée à la politique dans un petit traité intitulé De la politique comme souci (1948). Cette approche était nouvelle au sein de l’école d’Action française. Boutang déroutait d’autant plus que l’on pressentait déjà que sa philosophie trouvait son accomplissement dans une théologie.
Dominique Decherf : Boutang s’est toujours efforcé de relier l’action à la pensée et réciproquement. Une force de la nature physiquement, il était de plain-pied dans l’action sachant que l’histoire humaine est le lieu de la rédemption tant pour les nations que pour les personnes. Il était angoissé à l’idée que plus rien ne nous arriverait plus comme Français et comme chrétiens, que la France sorte de l’Histoire.