25 mars 2017
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Saint Gabriel archange, par Juan Correa de Vivar |
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Fiançailles de Notre Dame avec Saint Joseph |
De Dom Delatte, osb., pour la fête de l’Annonciation
La scène est à Nazareth, dans la Galilée. Une humble maison. Un ménage humble et pauvre : un artisan, son épouse vierge. Regardons. Là nous pouvons tout apprendre. Nazareth est l’école par excellence. Nous voyons le milieu et l’atmosphère où s’accomplissent les œuvres de Dieu : l’humilité, la pauvreté, la solitude, la pureté, l’obéissance.
Ce même archange Gabriel envoyé, dans l’Ancien Testament, pour renseigner Daniel sur le mystère des semaines d’années et la date de l’avènement du Messie, député à Zacharie pour lui apprendre que l’heure est proche, est maintenant envoyé de Dieu dans une ville de la Galilée, Nazareth, à une vierge du nom de Marie, épouse de Joseph, un rejeton de la famille de David.
Et ayant pénétré près d’elle, il dit : « Je vous salue, pleine de grâce… »
Ce n’est pas avec des paroles qu’il faut commencer. Aussi bien, les termes sacrés sont pleins, riches de signification profonde. C’est vraiment la joie qui est annoncée au monde, et depuis cette heure-là, il n’y a plus que du bonheur pour ceux qui acceptent l’Incarnation.
Cette créature surnaturelle qui s’éveille à la parole de l’ange, suffit à l’allégresse du temps et à celle de l’éternité. Le terme grec par « gratia plena », signifie une plénitude de grâce reçue par Notre Dame.
Et comme la grâce est la dot de l’âme et la condition de son union à Dieu, celle qui est pleine de grâce est pleinement à Dieu, pleinement avec Dieu ; elle est sainte non seulement par ses privilèges, mais par ses vertus. « Le Seigneur est avec vous ; vous êtes bénie entre les femmes ». L’ange ne dit rien de plus.
La salutation était plus large que toutes celles adressées dans l’Ancien Testament, l’attitude de l’ange infiniment respectueuse, la Vierge infiniment humble.
Joignons ensemble tous ces éléments et nous aurons la raison de la prudente réserve de Notre Dame. Lorsque l’on remarque qu’elle fut troublée à ces paroles de l’ange, cela veut dire qu’elle demeure indécise sur ce qu’elle devait répondre. Et, gardant le silence, elle recherchait, à part elle, ce que pouvait signifier une telle salutation. Encore une fois, elle est humble, elle est prudente : l’ange l’a abordée comme une reine, mais il n’a encore rien dit de son message divin. En face de ce silence, qui contenait une interrogation muette, Gabriel reprit la parole.
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Marie, Mère de Dieu, riches Heures de Simone de Varie |
Le "ne timeas" n’a pas pour dessein de bannir une crainte proprement dite mais seulement d’exclure même le trouble et l’indécision que nous venons de décrire.
Cette fois Notre-Dame est appelée par son nom : « Ne craigniez point, Marie, car vous avez trouvé grâce devant Dieu. »
La faveur de Dieu, la tendresse de Dieu qui est souveraine, qui est gracieuse, qui est active, s’est reposée sur elle. La même expression a été employée au sujet de Noé, qui bâtit l’arche du salut ; Noé trouva grâce devant le Seigneur (Gn 6 8). Mais il s’agit aujourd’hui d’une faveur plus haute, d’une arche plus sainte, d’un salut plus complet. La Sainte Vierge connaissait les Ecritures ; elle avait lu et médité, au chapitre 7 d’Isaïe, les mots mêmes que l’ange emploie maintenant. « Voici que la Vierge concevra et enfantera un Fils, et on l’appellera Emmanuel ». Voici, dit l’ange, que « vous concevrez dans votre sein et que vous enfanterez un Fils, et vous l’appellerez Jésus ». Le parallélisme était flagrant. Emmanuel, « Dieu avec nous », c’était l’équivalent de Jésus, « Dieu sauveur ».