Jonathan Pageau: « La messe purement virtuelle va mener à la destruction des églises de nos villages »
FIGAROVOX/GRAND ENTRETIEN - Pour le sculpteur orthodoxe Jonathan Pageau, le fait de considérer les messes comme «non-essentielles» est une erreur dont la cause est notre paradigme matérialiste et dont une des conséquences sera d’achever de vider les petites églises.
/image%2F1446516%2F20201122%2Fob_540357_messe-virtuelle-a8d.jpg)
« La question se pose: pourquoi suivre la messe de sa petite communauté quand nous pouvons regarder sa messe à Paris dans une grande église avec une belle chorale ? » 49906146/kebox - stock.adobe.com
Jonathan Pageau est un sculpteur d’icône orthodoxe et responsable du site «The Symbolic World».
FIGAROVOX. - En France, mais également au Royaume-Uni, les messes dans les églises sont désormais interdites. Une messe virtuelle n’est-elle pas un contre-sens dans une religion de l’Incarnation?
Jonathan PAGEAU. - Le fait de se réunir dans un endroit central, de regarder ensemble dans une direction commune, d’être unis de plusieurs façons, en présence, en geste, en chanson, ou en confession n’est pas anodin. Traditionnellement, les églises avaient une place centrale dans les villages et les villes, proches de la place publique et d’autres lieux de rassemblement.
C’était l’endroit où la congrégation du peuple se faisait à son plus haut niveau. L’image de la messe et son aspect participatif et communal, surtout le fait d’être rassemblé au nom de quelque chose qui nous dépasse devient une manifestation tangible de la raison et la façon dont nous existons en tant que société.
Nous avons essayé dans les derniers siècles de remplacer l’aspect transcendant par un aspect nationaliste ou par d’autres idéologies politique ou psychologiques, mais nous voyons bien que ces remplaçants factices n’ont pas su se maintenir. Le principe qui nous unissait autrefois donne place à la force centrifuge.
Le prêtre ou le pasteur dans une petite communauté ne peut pas être en compétition avec les grands prêcheurs chrétiens du monde.