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26 février 2023 7 26 /02 /février /2023 10:49

 

La tension entre la Russie et l’Ukraine nous est montrée par nos grands médias comme une menace russe que les occidentaux essaient de juguler. Le président russe Vladimr Poutine est présenté comme un dictateur obtus qui n’entend rien et est prêt à déclencher une guerre. Tout le monde ne partage pas cette vision. C’est le cas de Nikola Mirkovic ,Franco-Serbe, diplômé de l' European Business School et auteur de L’Amérique empire (éditions Temporis, 2021, 332 p). Dans le texte ci-dessous, il présente les ambitions des Etats-Unis sur notre continent.

Les Anglo-Saxons ont toujours perçu la Russie comme un concurrent sur le continent européen, cela n’est pas nouveau. (…) Elle a une position stratégique sur notre contient qui, si ce dernier était mieux intégré, ferait des USA une île bien loin du plus grand centre démographique et économique du monde. C’est la grande crainte de Washington et la raison pour laquelle les Américains se battent pour que le continent eurasiatique ne se construise pas autour d’une Russie forte. Un des hommes les plus influents de la pensée impériale américaine, Zbigniew Brzezinski, avait bien souligné que « l’Eurasie reste l’échiquier sur lequel se déroule la lutte pour la primauté mondiale. » Les USA paniquent aujourd’hui car deux des plus grandes puissances eurasiatiques, la Russie et la Chine, lui résistent, se rapprochent et pourraient bien détruire le rêve du monde unipolaire orchestré par Washington. (…)

En 1990, avant même l’éclatement de l’URSS, le secrétaire d’État américain James Baker a promis aux Russes que l’OTAN n’avancerait pas « un pouce vers l’est » en échange de la réunification de l’Allemagne. Le Kremlin a accepté mais n’a pas obligé les US à transformer cette promesse en traité. Ce fut une erreur. Aujourd’hui, les bases de l’OTAN et les exercices de ses soldats ne cessent de se rapprocher des frontières russes. L’OTAN étant une organisation radicalement et officiellement antirusse, il est normal que les Russes s’inquiètent. C’est pour cela que Moscou a envoyé récemment deux propositions de traité aux États-Unis et à l’OTAN pour s’assurer qu’il n’y aurait plus de menaces contre elle. Washington, de son côté, veut fragiliser la Russie et déloger Vladimir Poutine qui est vu comme un frein majeur à l’expansion de l’empire américain. C’est pour cela que les USA, et leurs alliés de l’UE, infligent des sanctions économiques à n’en plus finir contre la Russie et que les médias dominants dépeignent systématiquement un portrait fallacieux et caricatural de la patrie de Dostoïevski.

En toile de fond, Washington veut prendre le marché des hydrocarbures de la Russie. La Russie représente en effet 30% du gaz importé par l’Europe. Washington veut ravir cette place pour nous exporter son gaz de schiste, qui est plus cher et extrait de manière beaucoup plus polluante. Les US veulent en outre empêcher la Russie de devenir une puissance européenne car si les pays Européens se rapprochent de la Russie, ils se rendront compte qu’ils n'auront plus besoin des USA : ni de leurs bases militaires, ni de leur ingérence dans nos affaires politiques, économiques et culturelles. Dans ce cas, les USA perdraient leur assise sur l’Europe, ce qui sonnerait le glas de l’empire.

Les États-Uniens craignent par-dessus tout le rapprochement entre la Russie et l’Allemagne. Pour le président du think tank américain Stratpol, George Friedman, «l’intérêt primordial des États-Unis, pour lequel [les États-Unis ont] mené des guerres pendant un siècle – la Première, la Seconde et la Guerre froide – a été la relation entre l’Allemagne et la Russie, parce que unis, ils sont la seule force qui pourrait nous menacer. » (…)

L’OTAN est un bateau ivre. C’est une organisation née de la fin de la Seconde Guerre mondiale et qui n’a plus de raison d’être depuis la chute de l’URSS. D’organisation de défense, elle est devenue une organisation d’attaque et s’est sinistrement illustrée en bombardant illégalement la Serbie en 1999 et en installant la charia en Libye en 2011. À l’intérieur même de l’alliance atlantiste, Grecs et Français d’un côté et Turcs de l’autre se regardent en chiens de faïence. (…) Aujourd’hui l’OTAN vient provoquer la Russie sur sa frontière, ce qui est de la folie pure. (…). L’OTAN est malade et il est urgent de la démanteler avant que son instabilité et sa démence ne la conduisent à commettre l’irréparable .(…)

Les USA savent que les Russes sont sérieux et qu’ils ont défini la ligne rouge à ne pas franchir. Si les US et l’OTAN continuent de provoquer la Russie, elle finira par riposter. Cela serait apocalyptique pour l’Europe aussi bien économiquement que socialement et militairement. La Russie a presque complètement délogé les USA de la Syrie, elle n’est ni l’Irak ni la Libye, et dispose d’armes hypersoniques que nous n’avons même pas.

Washington veut détruire la Russie pour les raisons que nous avons évoquées précédemment mais est-elle prête à déclencher une guerre qui pourrait devenir mondiale ? (…) Cette option terrifiante n’est pas une certitude et je pense que le bras de fer actuel va se terminer par un compromis. Pour autant je n’oublie pas que s’il y a bien une puissance sur terre qui a énormément profité des deux Guerres mondiales et des guerres fratricides entre Européens, ce sont bien les États-Unis. Il ne faut jamais l’oublier.

 

extrait de l’entretien donné à Front Populaire le 27 janvier 2022

Merci à l'ami Eric VR. RIP.

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