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4 avril 2025 5 04 /04 /avril /2025 09:28

Il est six heures.
La France se réveille.
Elle s’étire, baille, cherche son café et, dans un réflexe pavlovien, allume France Inter.
Car rien ne saurait mieux accompagner la digestion d’une tartine mollement beurrée qu’un concert d’indignations bien peignées.
Ici, pas de surprise, pas d’accident sémantique, pas de dérapage incontrôlé.
Tout est calibré avec la précision d’un métronome suisse sous Lexomil.
La pensée y est livrée en bocaux hermétiques, pasteurisée pour éviter toute contamination avec le réel.
L’auditeur peut alors se rendormir, confiant : tout va mal, mais heureusement, il écoute la seule radio qui sache qui blâmer.
Le chroniqueur entre en scène.
Son rôle ?
Dérouler l’évangile du jour.
Il commence par une grimace appuyée – c’est ainsi que l’on signale l’ampleur du désastre.
Puis, il s’adonne à une dissection méthodique de l’ignominie ambiante : il y a trop d’hommes, trop de riches, trop de voitures, trop de viande, trop de passé, et franchement, ça commence à bien faire.
La chronique humoristique succède au sermon.
L’humour, jadis insoumis, s’y décline en un art subtil de la révérence.
On rit, bien sûr, mais toujours dans la bonne direction.
On tourne en ridicule l’indéfendable – c’est-à-dire l’ennemi désigné par le cahier des charges.
Un rire encadré, sécurisé, garanti sans aspérité.
L’auditeur peut rire sans risque : jamais France Inter ne le mettra face à une pensée dissidente, de peur qu’un rictus mal orienté ne le précipite dans l’abîme du doute.
Le débat du jour démarre.
D’un côté, un sociologue engagé.
De l’autre, un expert militant.
Entre eux, un modérateur conquis d’avance.
Les avis divergent subtilement :
l’un veut taxer à 75 %,
l’autre propose 90 %.
Le pluralisme est sauf.
Et l’on finit, toujours, sur une touche musicale.
Un artiste rebelle, subventionné par l’État, entonne un réquisitoire courageux contre le système qui le nourrit.
L’auditeur ferme les yeux, bercé par la douce mélopée du consensus.
France Inter a encore rempli sa mission : il peut dormir tranquille, quelqu’un pense pour lui.

Lu sur le profil LinkeIn de François Vannesson.

 

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commentaires

C
merci pour ce moment de rigolade
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