A 24 ans, le grand Michel-Ange nous livre une représentation étonnante où le spirituel et l’artistique se mêlent étroitement. Le groupe du fils et de la Mère est exécuté avec une virtuosité qui nous surprend encore. Aucune hésitation dans l’exécution. La main de l’artiste pressent la pierre, ce marbre qu’il a choisi lui-même à Carrare, ce marbre amoureusement poli libère une des images les plus authentique du Mystère chrétien. Et pourtant, une difficulté s’impose à l’artiste : adapter le corps du Christ allongé à la forme de la Vierge assise. Mais Michel-Ange connaît son métier. Si nous regardons bien, la Vierge est beaucoup plus grande que le Christ. Sans ce subterfuge l’œuvre aurait été visuellement loupée. Très vite ce qui frappe, c’est l’abandon du corps du Christ sans aucune rigidité qui repose en paix avant la Résurrection.
La Vierge enveloppée dans un grand manteau est assise, le cadavre posé sur ses genoux, la jambe droite repliée, la jambe gauche suspendue, le bras droit pend, la main touche le drapé de la robe de Marie. La qualité de la transparence de la chair, de la souplesse des muscles, le rendu de la beauté physique du Christ en somme est inséparable de la sérénité , de la douceur et de la bonté que son visage exprime. Dieu « dort », faible sur les genoux de sa mère, dans une immobilité nonchalante.
La tête penchée, la Vierge d’une main soutient le buste de son Fils, l’autre s’ouvre dans un geste d’offrande. Elle pleure et adore en même temps la merveille que Dieu lui a donnée. La douleur a disparu de son visage. Son expression est calme et mesurée. Rien de théâtral. Elle garde en en son cœur transpercé tous ces évènements cruels abattus sur ce fils chéri. « Elle a vu Jésus tourmenté et flagellé pour les péchés de ses frères. Elle a vu ce tendre Fils mourant sans consolation, jusqu’au dernier soupir » . Elle l’a suivi dans sa Passion et souffert avec Lui debout au pied de la Croix. Marie a d’autant plus souffert qu’elle ne pouvait s’empêcher de penser : « De mort, O mon Dieu Vous n’en aviez pas. Pour sauver le monde... O douleur ! Là-bas, Ta mort d’homme, un soir, noire, abandonnée , Mon petit, c’est moi qui te l’ai donnée... » . L’amour sauveur du Christ a submergé sa Mère. L’âme du Christ est mêlée à celle de sa Mère dans un don de soi commun. Ils ne font plus qu’un. La Pieta vu d’en haut comme nous le laisse voir les fameuses photos de Robert Hubka s’inscrit dans un cercle imaginaire qui donne à cette œuvre sa grandiose cohérence.
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Les photos sont prises à l'exposition Hupka de l'abbaye de Hautecombe.