JEUX DE PIEDS
De là qu'on ne puisse plus ouvrir un journal, allumer la radio ou la télévision sans être submergé, bon gré mal gré, par un torrent d'informations touchant les faits et gestes de trente, ou vingt-trois, ou onze footballeurs, venus de tous les horizons, à qui reviendra l'honneur de s'exprimer le plus souvent avec leurs pieds, plus rarement avec leur tête, à l'occasion avec la main, au nom de la France… De là que l'on nous bassine avec les exploits sentimentaux de ces sympathiques jeunes gens pétant de santé et grassement payés qui ne savent que faire de leur temps, de leur argent et de leur corps. De là que les états d'âme, les choix, les silences et les discours d'un entraîneur fassent figure d'affaire d'Etat… Et je ne dis rien du déferlement d'enthousiasmes, de colères, de cris et de sottises médiatiques qui va nous tomber dessus…Trop c'est trop.
A Rome et à Byzance, les gouvernants avaient déjà perçu tout l'intérêt du processus de crétinisation et d'infantilisation qui détournait vers les arènes et l'hippodrome les attentes et les frustrations de leurs peuples. Du pain et des jeux. Le cirque est devenu planétaire. La recette n'a pas changé.
par Dominique Jamet , le 15/05/2010 sur lejsl