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6 janvier 2012 5 06 /01 /janvier /2012 11:04
Corpus Christi en 2001. Piss Christ, cet été en Avignon. Le spectacle de Romeo Castellucci sur le concept du visage de Dieu, récemment. Aujourd’hui Golgotha Picnic : le Christ se roule dans la matière fécale, tandis que de la plaie de son côté sortent des billets de banque. Le Crucifié est traité de « chien de pyromane », de « messie du sida »… Ces polémiques, mettant aux prises la création contemporaine subventionnée, et la figure du Christ bafoué, se multiplient et font la pâture des journaux.

Imaginez que vous remplaciez le visage de Jésus par la représentation d’un être cher, vous mesureriez le traumatisme que représente la vision de ces scènes profanatoires qui souillent la face de Celui en qui nous mettons notre amour. Ces blasphèmes sont une offense aux plus « petits », une violence gratuite qui leur est imposée. A nos propres péchés qui défigurent le visage de Jésus, s’ajoutent ici la moquerie et la dérision. Les mêmes caricatures faites sur la symbolique juive ou sur Mahomet auraient provoqué un tollé compréhensible. Certains ne s’étonnent guère de cette « discrimination positive » et à géométrie variable.

Ces agressions ne datent pas d’aujourd’hui. Elles ont commencé il y a 2000 ans sur la colline du Golgotha. Plus que toute autre religion, le christianisme a été vulnérable en ces représentations, à la différence de l’islam où il n’y a pas de portrait du prophète, ou du judaïsme qui interdit la figuration de Dieu. Dans la religion de l’Incarnation que nous professons, Dieu épouse la fragilité humaine, et le Christ insulté a pris le risque d’exposer son visage à ces provocateurs. Parce qu’il est « iconophile », le christianisme ne peut donc pas se dispenser d’endurer les agressions concernant les images de Jésus, figure centrale de notre foi dans laquelle se synthétise le message chrétien.
Ces créations artistiques, pour lesquelles on accorde souvent une attention médiatique surdimensionnée, si l’on prend en compte la médiocrité du spectacle (et qui misent sur le goût du scandale), interrogent la conscience morale des artistes. La dérision religieuse systématique met en péril le vivre ensemble. Toute liberté ne se définit-elle pas comme emportant en elle-même la liberté de l’autre, et donc du respect de sa conscience ?
Certains s’étonnent des réactions des catholiques, taxés « d’ultra-conservateurs » ; comme si à la limite, on voulait interdire aux chrétiens offensés, d’user de la même liberté d’expression pour se défendre, que celle dont ont bénéficié les artistes pour créer et exposer leurs œuvres, à renfort de subventions publiques, en oubliant au passage le principe de la sacro-sainte tolérance...

 ... la suite...

Mgr Dominique Rey, La Nef N°233 de janvier 2012

 
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