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19 janvier 2011 3 19 /01 /janvier /2011 23:32

 

 Jean Dutourd, le ronchon jubilant
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Jean DutourdAuteurs de best-sellers adaptés au petit écran (Au bon Beurre), chroniqueur dans la presse populaire (France-soir), habitué des Grosses têtes où il alternait érudition jouissive et couplets enjoués de A Joinville-Le-Pont, académicien respectable  qui jubilait à se moquer de tout en commençant par lui-même, écrivain naturel et classique, d'une lecture aisée mais refusant la facilité, toujours surprenant et qui ne reculait pas devant les projets les plus ambitieux (la magnifique fresque des Horreurs de l’amour, sans doute son plus beau livre), Jean Dutourd, mort le 17 janvier à 91 ans, avait quelques solides raisons d’occuper une place privilégiée dans le cœur du public.

Eternel ronchon, membre fondateur du Club du même nom, provocateur né ne rechignant jamais à jouer le rôle du réac de service, ferraillant pour une âme française qu’il savait menacée d’avilissement voire d’extinction, il avait aussi les ennemis indispensables à l’homme de qualité, et ce gaulliste partagea avec Jean-Marie Le Pen l’honneur de voir son appartement éparpillé, façon puzzle, par une bombe, en 1978. De son œuvre surabondante, il expliquait volontiers qu’il voyait chacune de ses composantes comme un ticket de loterie : plus on en accumule, plus on a de chances de gagner le gros lot – ici, le livre gagnant qui vous vaudra la postérité. Quelque part entre Jules Romains et Marcel Aymé, son œuvre de moraliste continuera longtemps à fournir aux historiens un saisissant portrait d’un siècle aberrant, qu’il contemplait avec une précision d’entomologiste oscillant entre tendresse et stupéfaction.

 

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