Pourquoi cette encyclique "économique" commence-t-elle par un discours sur la charité ?
On peut s’étonner que cette encyclique dont on attendait des lumières sur les questions économiques et les effets de la mondialisation, dont la publication a été retardée pour tirer les leçons de la crise bancaire, on peut s’étonner qu’elle commence par un exposé substantiel sur la gratuité, sur le don et sur la charité.
C’est que, dit l’encyclique dès son introduction (CV.5) "la Doctrine sociale de l’Eglise répond à cette dynamique de la charité reçue et donnée." et cette formule très dense implique ce qu’exposait déjà le Catéchisme de l’Eglise Catholique, en ses n° 1936 et 1937 :
1936 - "en venant au monde, l’homme ne dispose pas de tout ce qui est nécessaire au développement de sa vie corporelle et spirituelle. Il a besoin des autres..." les richesses et les talents ne sont pas distribués selon l’égalité.
Et à l’art. 1937, le catéchisme donne la parole à Sainte Catherine de Sienne à qui le Créateur a révélé ceci : "de même que Je ne donne pas toutes les vertus également à chacun... quant aux biens temporels, pour les choses nécessaires à la vie humaine, je les ai distribuée avec la plus grande inégalité et je n’ai pas voulu que chacun possédât tout ce qui lui est nécessaire pour la vie de l’âme et du corps, pour que les hommes aient ainsi l’occasion, par nécessité, de pratiquer la charité les uns envers les autres...j’ai voulu qu’ils eussent besoin les uns des autres et qu’ils fussent mes ministres pour la distribution des grâces et des libéralités qu’ils ont reçus de moi."
C’est là toute l’explication de la vie sociale et économique : les hommes vivent en société parce qu’ils ont besoin les uns des autres, parce que chacun a des talents différents et vit de dons reçus d’autrui ; cette communication des biens des uns aux autres est l’acte propre de la charité ; "l’amour, dit Saint Ignace dans ses Exercices Spirituels consiste dans la communication mutuelle des biens".
Ainsi le boulanger qui dispose du "talent" de savoir faire du pain exerce sa charité en faisant du pain pour le quartier, et ce n’est pas parce que je paye le pain dont j’ai besoin que cela dénature son acte de charité : aussi, en prenant mon pain, je lui dis merci ; d’autre part, et il a lui même besoin d’argent pour vivre et continuer à faire du pain, peut-être à améliorer ses méthodes et ses qualités, c’est pour cela que je le paye, ce dont lui-même me dit merci ! De part et d’autre, nous avons exercé la charité en communiquant à qui en a besoin les dons que chacun possède.
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