Sortez couverts !

 

L'offensive du Général Hiver

Vous avez dit réchauffement climatique ?

« Records de froid sur la France. » « Alerte blanche. » « L'Europe grelotte. » « Un froid polaire. » « Du jamais vu depuis trente ans. » « Le thermomètre n'est jamais descendu aussi bas. » « - 20,6° à Brétigny-sur-orge (Essonne). » « Vague de froid. » « Neige et verglas: les naufragés de la route. » « Jamais autant de neige depuis 23 ans. » Etc.

Tous les « gros » médias qui, en décembre deruier, tartinaient sur le sommet. de Copenhague - où il faisait d'ailleurs un froid glacial - supposé trouver des solutions au réchauffement climatique qui menacerait la planète, paraît-il, y vont de leurs titres et de leurs commentaires façon ère glaciaire. D'où les raisons de ma polaire...

Et encore n'évoquent-ils là, nombrilisme hexagonal (et parfois européen exige), que l'offensive du général Hiver dans nos régions. Mais la même vague de froid - et parfois puissance 10 - frappe les Etats-Unis et la Chine donnés par ailleurs comme les grands responsables du supposé réchauffement climatique.

Bloqué, il y a quelques jours sur la Nationale 12, pris entre un 15 tonnes réduit à l'impuissance et autant d'automobilistes transformés en bonbonnes de neige, je râlais bien sûr. Mais je jubilais aussi. A l'idée de tous cascatastrophistes qui façon Arthus-Bertrand et autres Nicolas Hulot nous courent sur l'haricot avec leurs délires écolos, confinés dans un grand silence et dans leurs douillettes demeures heureusement chauffées à l'électricité (nucléaire), au gaz ou au bois (et parfois aux trois à la fois)...

Pour prolonger cette. réflexion, je ne saurais trop vous conseiller la lecture du livre d'Emmanuel Garnier, qui vient dc paraître, Les Dérangements du temps (Plon). Et sous-titré: « 500 ans de chaud et froid en Europe ». On nous y explique que la certitude qu'ont nos contemporains de vivre un « changement » climatique, ne date pas d'aujourd'hui. Bien avant le Global Warming (« le réchauffement climatique » ) dont on nous rebat les oreilles lesquelles, pour l'heure, sont plutôt enclines aux engelures, nos ancêtres ont connu des épisodes parfois très chauds. Dont l'intensité fit reculer les glaciers alpins à des niveaux inférieurs à ceux d'aujourd'hui. Et, même au beau milieu de ce qu'on appela le « petit âge glaciaire », l'Europe fut confrontée à des vagues de chaleurs doublées de sécheresses mettant en péril la survie des populations.

Emmanuel Garnier, qui consacre depuis quatre ans ses recherches à l'histoire du climat au sein du Laboratoire des sciences du climat et de l'environnement, intervient comme responsable ou collaborateur de plusieurs programmes nationaux sur l'étude de l'évolution du climat. Il écrit (en donnant des dizaines d'exemples): « Les événements extrêmes qui focalisent tant l'attention de l'opinion publique aujourd'hui faisaient déjà partie du quotidien des sociétés anciennes. »

On redécouvre - avec bonheur ! - malgré les petits inconvénients que cela génère - que l'hiver il fait froid. Et que cet été, il risque de faire chaud. Incroyable, n'est-ce pas? Pour l'heure, quoiqu'il en soit, sortez couverts !

Alain Sanders, in Présent du 12 janvier 2010

 une autre recension ici : sudouest