« Lorsque Staline avait terminé un discours, tout le monde surveillait ses voisins du coin de l’œil pour ne pas être le premier à cesser d’applaudir. » - Alexandre Soljenitsyne
L'Institut Éthique et Politique (IEP) en partenariat avec le Collectif des Maires Pour le Bien Commun (CMPBC), vous propose une nouvelle rencontre "Dialogues sur l'essentiel" Sur le thème de la Justice sous forme de dîner.
Le 23 mars à partir de 20h autour de la magistrateBéatrice BRUGÈREet de MaîtreFabrice Di VIZIOpour échanger sur le thème : Pour la refondation de la justice au service du bien commun".
Il reste quelques places, mais il faut s'inscrire ICI
Dernières nouvelles du Saint Suaire, par Véronique Jacquier
Un article du 4 novembre 2022
Alors qu’une exposition dans la cathédrale de Salamanque, en Espagne, propose depuis le 22 octobre une sculpture hyperréaliste du Christ à partir du linceul de Turin, l’historien Jean-Christian Petitfils offre, dans son nouvel ouvrage, une synthèse de toutes les connaissances actuelles sur le sujet.
Jean-Christian Petitfils, auteur du remarquable Dictionnaire amoureux de Jésus (Plon, 2015), porte depuis quarante ans un inextinguible intérêt au linceul de Turin. Son ouvrage, qui est le fruit de cet amas patient de connaissances, commence par explorer les mystères liés aux pérégrinations du suaire. Depuis Jérusalem, à l’époque de la mort du Christ en l’an 33 – puisque l’auteur est loin de réfuter l’hypothèse de l’origine de la relique –, jusqu’à la cathédrale de Turin où l’on peut vénérer aujourd’hui l’antique sergé de lin.
Le point de vue de Jean-Pierre Moreau, qui anime le site "Terrorisme pastoral" …
Fin de la guerre en Ukraine ?
Après Les mensonges de l’Amérique, voici la suite de l’analyse de Jean-Luc Baslé sur la guerre en Ukraine et les conséquences géopolitiques de ce conflit. Ancien directeur de Citigroup (New York) Jean-Luc Baslé est l’auteur de « L’euro survivra-t-il ? » (2016) et de « The International Monetary System : Challenges and Perspectives » (1983).
Les empires naissent, se déploient et meurent. Le conflit ukrainien annonce le crépuscule de l’Empire américain et l’avènement d’un nouvel ordre mondial dominé par l’Eurasie.
Des chars pour l’Ukraine : escalade ou mystification ?
La guerre en Ukraine n’est pas le fruit du hasard ou d’une agressivité soudaine et inexpliquée de la Russie, mais d’une politique délibérée des Etats-Unis dont l’objectif final est l’hégémonie mondiale.
Les Etats-Unis, le Royaume-Uni et l’Allemagne ont décidé de livrer des chars lourds à l’Ukraine ainsi que la Finlande, la Pologne et l’Espagne, soit au total 125 chars – un nombre bien inférieur aux 300 demandés par le général ukrainien Valeri Zaluzhny lors de son interview à The Economist en décembre dernier. Si on ajoute à cela le fait que les Leopard 2 allemands ne seront livrés que dans trois ou quatre mois, et que les M1 Abrams américains devront être fabriqués pour être livrés dans un an[14], que la formation des équipages est une question cruciale selon le général Mark Milley, chef d’état-major des armées américaines, et que la maintenance de ces matériels, requiert un personnel qualifié, comme l’explique Scott Ritter[15], ancien agent des services secrets américains, il est permis de se demander quel sera leur impact réel de ces chars, livrés en quantité insuffisante et sans appui aérien.[16] De l’aveu même du général Erich Vad, ancien conseiller militaire d’Angela Merkel, même 100 tanks Leopard 2 ne changeraient rien à la situation militaire.[17] Le colonel Douglas Macgregor, ancien conseiller du Pentagone, déclare pour sa part, après avoir rappelé la supériorité militaire de la Russie, que : « l’Ukraine est sur le point d’expérimenter une guerre à une échelle que nous n’avons pas connue depuis 1945 ».[18]
Si la Russie lance la campagne qu’elle prépare depuis plusieurs mois dans les semaines à venir, que les chars promis soient prêts au combat ou non, sa victoire est assurée. Les dirigeants occidentaux le savent. Que feront-ils ? S’ils livrent les F-16 que les Ukrainiens demandent, ou les missiles long-portée pour reconquérir la Crimée[19], ce sera un pas de plus vers l’escalade, avec le risque qu’elle comporte d’une confrontation directe avec la Russie. Face à cette alternative que redoute le monde, ne peut-on faire l’hypothèse suivante : ces livraisons ne seraient-elles pas un écran de fumée, une opération médiatique visant à convaincre les peuples occidentaux que leurs gouvernements ont tout fait pour venir en aide à l’Ukraine. Washington et Londres camoufleraient ainsi leur échec. L’Ukraine disparaîtrait alors des médias pour être remplacée par la Chine, ses visées expansionnistes, ou son traitement des Ouighours. C’est la politique de communication qui fut adoptée après l’humiliant retrait de Kaboul. Du jour au lendemain, l’Afghanistan disparut de la scène internationale. N’en sera-t-il pas de même pour Kiev ?
Dans cette guerre dont le but est d’affaiblir, voire de détruire, la Russie, la propagande a joué un rôle très important. Européens et Américains furent soumis à un battage médiatique[20][21] exceptionnel en novembre-décembre 2021 alors que Moscou essayait vainement de convaincre Washington d’aboutir à un accord pour éviter la guerre. Cette propagande hors normes conduit les nations européennes à accepter des mesures contraires à leurs intérêts fondamentaux !… Pierre de Gaulle,[22] petit-fils du général, s’est élevé contre cette absurdité. Emmanuel Todd,[23] lors d’une conférence à Sciences Po Bordeaux, a rappelé que l’agressé dans cette affaire était la Russie au travers d’une expansion injustifiée de l’OTAN qui place des missiles américains aux frontières de la Russie à sept minutes de Moscou.[24] Notons que son analyse rejoint celle de John Mearsheimer, professeur à l’université de Chicago.[25] La Rand Corporation – le groupe de réflexion du Pentagone – ne fait pas mystère de son désir de voir les États-Unis réévaluer leur politique vis-à-vis de l’Ukraine et de la Russie afin d’aboutir à un accord de paix.[26]
Ce n’est donc pas d’escalade dont il est question dans cette livraison de tanks, comme certains le craignent, mais de mystification, une mystification destinée à dissimuler un revers qui condamne une politique étrangère que les néoconservateurs poursuivent depuis qu’ils en ont pris le contrôle dans les années 90. L’offensive russe qui suivra la reddition de Bakhmout – dernier point fort ukrainien dans l’oblast de Donetsk – mettra la fin à la guerre en Ukraine.
Le jeune « Padre » Paul est l’aumônier des légionnaires, qui se dévoue à la tâche et aux hommes avec une scrupuleuse attention. Prêtant son oreille et son cœur à toutes les demandes, il n’en a pas moins conscience de ses limites, qu’il s’efforce de ne pas faire peser sur autrui. Il est sur le même pied que les hommes car en tant qu’aumônier, sans grade, il a le grade de son interlocuteur, soldat avec un soldat, officier avec un officier. Le film va constamment des servitudes de la vie militaires aux grandeurs de la foi chrétienne. Ne craignant pas pour sa vie, le Padre affronte l’image d’une mort plus douloureuse, celle, probable, de sa mère.
L‘admirable pertinacité de Cheyenne-Marie Carron à reprendre sans cesse la caméra pour de nouveaux films, en dépit des difficultés sans nombre qu’elle doit affronter comme unique scénariste, réalisatrice et productrice, lui permet d’atteindre, comme aujourd’hui avec ce portrait d’un Padre de la Légion, des hauteurs remarquables. Le film se compose surtout de dialogues du Padre avec des personnes elles aussi en profonde réflexion, comme un ancien prêtre légionnaire, un moine dans son cloître, un prêtre orthodoxe, ou la garde-malade de sa mère. Avec ce qui semble une vocation pour la compassion, Padre Paul sort bousculé des conversations, où il ne peut pas toujours cacher ses larmes. À la fin il a la joie de baptiser un enfant de légionnaire mais aussitôt il se love au pied d’une statue de la Vierge, en disant la célèbre prière de saint Charles de Foucauld, qui donne son titre au film. Lequel cesse alors d’être énigmatique pour devenir lumineux.
Le wokisme n’est pas une lutte absurde menée par des militants paranoïaques. C’est un phénomène à la fois neuf et ancien, une mode venue d’Amérique mais dont les racines sont françaises. C’est l’ultime assaut de cette haine de soi que la culture occidentale a toujours hébergée en son sein et qui menace notre civilisation et même l’humanité au sens large. Mieux connaître et comprendre le wokisme pour mieux le combattre et finalement le défaire : tel est l’objet de ce numéro de notre revue « Grands débats ». 108 pages
Nous publions régulièrement des papiers rectifiant les faits sur la Hongrie, la Pologne et d’autres pays d’Europe centrale, peu ou mal connus en France. Nous avons remarqué un essai de Yann Caspar sur les littératures de ces pays, Chroniques littéraires d’Europe centrale (éditions du Cygne) qui est une bonne introduction à une meilleure connaissance de cette zone et avons posé quatre questions à son auteur.
Quand les médias de grand chemin parlent de l’Europe centrale, c’est sous une forme souvent caricaturale, pour fustiger la Hongrie ou la Pologne, les autres pays étant terra incognita, pourquoi ce silence sur des pays pourtant si proches géographiquement et culturellement ?
C’est particulièrement le cas dans les médias français. Les Français ont une connaissance assez limitée de cette région, qui historiquement est plutôt une zone suscitant l’intérêt des Allemands. Si l’on ajoute à cela le penchant idéologique français à l’universalisme et l’incapacité des Français à comprendre d’autres formes de constructions collectives que celle de la nation française, l’Europe centrale n’est plus simplement une région difficile à appréhender mais carrément une énigme. Percer cette énigme, armé du seul logiciel français est impossible. De ce point de vue, les Allemands et les Anglo-Saxons ont un net avantage. Les premiers ont un rapport à la communauté politique plus axé sur la langue et l’ethnie, ce qui les rend plus aptes à comprendre les nations d’Europe centrale. Les seconds sont pragmatiques et traitent un problème en partant de la réalité du terrain. Tous les deux succombent moins à ce travers consistant à plaquer des concepts sur une région donnée.
À l’Ouest, on est soit anti-Orbán soit pro-Orbán, vent debout contre les « ultra-conservateurs polonais » ou séduit par « la Pologne fièrement catholique ». Dans tous les cas, on porte un jugement partant d’illusions idéologiques et faisant l’impasse sur des particularités historiques (…)
Néanmoins, il est vrai que ces différences d’approche ont tendance à s’estomper. Aujourd’hui, l’heure est à la simplification généralisée. C’est évidemment le cas lorsqu’il est question des cas hongrois et polonais. Tout ne devient que vulgaire idéologie, les faits et le recul historique passent au second plan, quand ils ne sont pas totalement négligés. Cela débouche sur des fantasmes en tout genre. Les uns accusent et vocifèrent. Les autres admirent et idéalisent. À l’Ouest, on est soit anti-Orbán soit pro-Orbán, vent debout contre les « ultra-conservateurs polonais » ou séduit par « la Pologne fièrement catholique ». Dans tous les cas, on porte un jugement partant d’illusions idéologiques et faisant l’impasse sur des particularités historiques : la spécificité des constructions nationales centre-européennes, le rapport aux empires, la dépendance économique et politique, la prise en étau géographique, les traces laissées par le socialisme, etc. Le fait que cette région fasse l’objet de tant de mythes témoigne surtout d’une paresse et d’une faillite intellectuelles de l’Europe de l’Ouest. Il faudrait avant tout que les Européens de l’Ouest balaient devant leur porte pour être en mesure de comprendre ce qui se passe ailleurs.
Quelle a été l’origine de cet ouvrage et votre méthode de travail ?
Précisément l’envie de jouer modestement un rôle de passeur de connaissances à destination des francophones. Ce sont essentiellement les hasards de mon arbre généalogique qui me fournissent des atouts pour tenter de tenir convenablement ce rôle. J’ai la chance de maîtriser trois langues (le français, l’allemand et le hongrois) sans avoir eu à les apprendre de manière fastidieuse. Cette facilité provoque en moi un sentiment de dette permanente. Une fois mes études terminées en France, il y a dix ans, je me suis installé à Budapest, où je vis toujours. Mes activités sont toutes liées à ce rôle de passeur et de pont entre l’Europe centrale et l’Europe de l’Ouest. Traduction, interprétariat, conseil, expertise, journalisme, etc. Ce livre est d’ailleurs né dans la cadre de projets journalistiques.
Je collabore depuis plusieurs années au Visegrád Post, un média spécialisé dans l’Europe centrale fondé et dirigé par Ferenc Almássy, lui aussi franco-hongrois. En 2018, l’idée nous est venue de proposer à nos lecteurs des contenus sortant un peu des sentiers battus. Ferenc et moi commencions alors un peu à être fatigués de ce ping-pong permanent et assez stérile entre « progressistes » de l’Ouest et « conservateurs » de l’Est. Nous y voyions hélas plus un jeu d’ombres que des réalités tangibles. Je me suis alors mis à écrire pour le Visegrád Post des chroniques hebdomadaires sur des classiques de la littérature centre-européenne. Ces textes se proposent de prendre du recul sur l’actualité et adoptent des angles de compréhension originaux. Certains ont été retravaillés pour la publication de ce recueil paru aux Éditions du Cygne, une maison dirigée par Patrice Kanozsai, qui, en sa qualité de Belge d’origine hongroise vivant à Paris depuis trente ans, a lui aussi à cœur ce rôle de passeur entre l’Europe de l’Ouest et l’Europe centrale.
Les auteurs et les œuvres chroniqués ont été choisis parce qu’ils permettent mieux que n’importe quel discours politique et idéologique de comprendre l’Europe centrale d’un point centre-européen. Ils sont le miroir de ce que les populations centre-européennes ont en elle.
Les auteurs et les œuvres chroniqués ont été choisis parce qu’ils permettent mieux que n’importe quel discours politique et idéologique de comprendre l’Europe centrale d’un point centre-européen. Ils sont le miroir de ce que les populations centre-européennes ont en elle. En réalité, tout ce qui fait la spécificité de cette région n’est pas si mystérieux que cela si l’on prend la peine de s’imprégner d’une bonne dose de sa littérature. Une explication et une analyse du texte de l’Hymne national hongrois permet par exemple de se faire une bien meilleure idée de la Hongrie que la lecture de tous les articles pro- et anti-Orbán réunis.
Quels sont les grands noms et les grands thèmes qui traversent votre livre ?
D’abord, l’incontournable Sándor Márai, un des écrivains hongrois les plus connus en France. Je m’intéresse à son rapport à la révolte de 1956, notamment en épluchant son journal qu’il a tenu monacalement pendant des décennies. On y découvre un visionnaire qui ne se fait aucune illusion sur l’autonomie de son pays. Dès 1945, il sent déjà un 56 en préparation et sait que ce sera un échec sanglant. De la même manière, le poète Endre Ady sentait déjà avant la Première Guerre mondiale la tragédie du traité de Trianon se dessiner. On touche là au cœur du rapport des Hongrois aux relations internationales : l’absence d’espoir et un pragmatisme total. Trianon et 56 ont appris aux Hongrois à s’abstenir de tout romantisme. On peut même aller plus loin : la défaite de 1526 face aux Ottomans et la partition qui s’en suivra marque une rupture irréversible dans le rapport des Hongrois aux grandes puissances. Toute la littérature hongroise est pleine de ces traumatismes et des enseignements à en tirer. Cela permet de comprendre le positionnement si décrié du gouvernement hongrois sur le conflit actuel opposant l’Ukraine à la Russie. La Hongrie sait qu’elle a tout à perdre et rien à gagner quand de plus grands qu’elle se mettent à s’agiter.
On touche là au cœur du rapport des Hongrois aux relations internationales : l’absence d’espoir et un pragmatisme total. Trianon et 56 ont appris aux Hongrois à s’abstenir de tout romantisme.
Il n’échappe à personne que la Pologne est de ce point de vue différente. Elle joue sa carte dans le conflit actuel. Il existe chez les Polonais une dose de romantisme et d’ambition de grandeur que l’on ne retrouve pas en Hongrie. Pour l’expliquer, je me penche sur la puissance d’un texte de 1828 du Polonais Adam Mickiewicz, Conrad Wallenrod. Un détour qui à mon sens éclaire le rapport des Polonais aux grandes puissances. Si l’on confronte cela aux textes hongrois chroniqués, on dispose de plus de clés de compréhension des actuels différends entre Varsovie et Budapest. Mais cette région centre-européenne a surtout de nombreux points communs. C’est une autre trame de ce recueil : la singularité historique de cette région d’Europe. Je conclus le recueil par une chronique sur les Trois Europes de l’historien hongrois Jenő Szűcs, que Fernand Braudel admirait. Un ouvrage essentiel pour saisir les particularités historiques, juridiques et politiques de cette région. L’ouvrage de Szűcs est dense et magistral : sur plusieurs siècles, il livre les éléments permettant d’isoler cette région et d’y identifier des lames de fond communes. L’œuvre de Szűcs est à lire et à relire, même si elle est d’un niveau d’érudition parfois décourageant.
D’autres chroniques d’apparence plus légère sont à mon sens tout aussi pertinentes pour cerner cette région : le traditionaliste Hamvas et son rapport au vin, qui en dit long sur le rapport des Hongrois à la dépression et à la jouissance, deux romans ayant pour décor la Bosnie ottomane, qui permettent de mieux peser les crispations identitaires balkaniques, le parcours du médecin hongrois Semmelweis conté par Louis-Ferdinand Céline, le brave soldat Švejk pour se faire une idée du ridicule du pouvoir habsbourgeois sur sa fin, etc. Il existe bel et bien dans cette région, à des degrés divers, une âme de survivants. C’est le principal message que j’ai voulu faire passer.
Comment se le procurer ?
En fuyant les grandes plateformes et en soutenant un petit éditeur indépendant, les Éditions du Cygne (editionsducygne.com), ou en le commandant chez votre libraire (13€).
Donner la mort peut-il être considéré comme un soin ?« Non », répondent en chœur treize organisations de santé « conscientes de l’injonction légale qui pourrait leur être faite demain » si la mort administrée devait devenir une pratique. Inquiets mais résolus, ces professionnels – médecins, infirmiers ou psychologues – publient un document de 27 pages au nom des « 800 000 soignants » que leurs associations disent représenter.
Le débat est-il joué d’avance ? Le président Macron souhaite faire évoluer le cadre de la fin de vie. La « convention citoyenne » dont il est à l’origine lui fournit une caution morale et démocratique. À la question : « l'accès à l'aide active à mourir doit-il être ouvert ? », 75% de ses 184 membres ont voté « oui » et 19% « non ». Le scrutin se déroulait au Conseil économique, social et environnemental (Cese), lui-même, comme le Parlement, majoritairement favorable à un changement de la loi.
Les soignants ne pouvaient pas en rester à l’opinion de citoyens tirés au sort. Acclamés à l’orée du covid mais éreintés par un hôpital en tension, ils refusent que leur métier soit transformé par l’assistance au suicide et l’euthanasie. « C’est comme si on allait nous donner un rôle de bourreau sans se soucier de ce que nous en pensons ! », s’écrie Maxence Gal, infirmier libéral. Leur tribune est « un appel qui sonne comme un avertissement au chef de l’État », écrit Le Figaro. Combien démissionneraient si la loi forçait les soignants à tuer leurs patients ? 69% quitteraient leur poste ou utiliseraient leur clause de conscience, selon un sondage Opinion Way réalisé en septembre pour la SFAP (Société française d’accompagnement et de soins palliatifs), acteur de premier plan de cette mobilisation.
Se donner la mort est une chose, se la faire donner en est une autre. Or, relèvent les organisations de santé, « aucun pays n’a légalisé une forme de mort administrée sans insérer dans le processus la participation d’un soignant, que ce soit pour réaliser l’acte lui-même (euthanasie), pour réaliser la prescription d’un produit létal (suicide assisté modèle Oregon) ou pour réaliser une évaluation et une validation de la demande (suicide assisté modèle Suisse) ».
Dans tous les cas, les soignants semblent donc piégés. Sauf que la question n’est pas nouvelle. Le droit à disposer de son corps les oblige depuis longtemps à pratiquer un acte non-médical plus engageant que l’euthanasie. L'IVG empêche un être humain de jouir à jamais de la vie, alors que le mourant l'abandonne après avoir vécu. L’IVG ne questionne pas non plus le désir de vivre du sujet (qui n’a pas d’existence légale). Quant au mobile compassionnel de la souffrance justifiant l'acte létal, elle n'entre même pas dans la problématique de l'IVG. Bref, l'avortement impose déjà aux soignants de telles concessions qu'il est compliqué pour eux de se prévaloir de l'éthique pour refuser l'euthanasie.
La situation est bien paradoxale : l’exécutif veut administrer la mort, alors que la souffrance n’a jamais été aussi bien traitée qu’aujourd'hui : si les « douleurs réfractaires » existent, « elles sont rares », observe même le docteur Estelle Destrée, interrogée dans le documentaire Mourir n'est pas tuer – enquête au cœur de la fin de vie. « Je préférerais m’ôter la vie » plutôt que de « faire le sale boulot », dit-elle même au journaliste Géraud Burin des Roziers.
De même, les pro-euthanasie présentent-ils « l'aide active à mourir » comme une promesse, alors que dans un État prélevant plus de la moitié de la richesse, le citoyen serait en droit d'exiger un niveau de service digne des soins palliatifs. La dimension anti-sociale de l’euthanasie n’est jamais abordée chez ceux qui usent et abusent du mot de « solidarité » pour les besoins de leur carrière politique.
Au Canada, un rapport parlementaire, cité dans Mourir n’est pas tuer, indique que « les coûts des soins pendant la dernière année de vie sont hors de proportion : ils représentent 10 à 20% du total des coûts de santé, alors que les personnes qui les reçoivent ne forment que 1% de la population. » Ce rapport conclut que l’élargissement de l’aide médicale à mourir (AMM) entraînera une réduction nette des dépenses de santé de l’ordre de 149 millions de dollars canadiens (103 millions d’euros).
Pour les professionnels en colère, un tel calcul annonce un monde kafkaïen, où la pression familiale et sociale conduira les personnes dépendantes ou fragiles à vouloir se tuer pour ne pas peser sur les autres. Et les soignants seront là pour les y pousser et y pourvoir. Mourir n’est pas tuer insiste sur cette rupture du serment d'Hippocrate.
La chose est complexe, cependant. Tourné aussi en Suisse et en Belgique, le documentaire montre d’autres soignants qui « aident à mourir » par générosité et compassion. Une réalité émerge à la fin : c’est dans la solitude que naît le besoin d’en finir. Ce qui veut dire que la relation, la présence, le sourire, l'écoute, le toucher – les autres en fait –, sont les signes de mon humanité et qu’en leur absence, il n'y a plus de raison de vivre.
Le cri d’alarme des soignants qui refusent l’euthanasie
La tension entre la Russie et l’Ukraine nous est montrée par nos grands médias comme une menace russe que les occidentaux essaient de juguler. Le président russe Vladimr Poutine est présenté comme un dictateur obtus qui n’entend rien et est prêt à déclencher une guerre. Tout le monde ne partage pas cette vision. C’est le cas de Nikola Mirkovic ,Franco-Serbe, diplômé de l' European Business School et auteur de L’Amérique empire (éditions Temporis, 2021, 332 p). Dans le texte ci-dessous, il présente les ambitions des Etats-Unis sur notre continent.
Les Anglo-Saxons ont toujours perçu la Russie comme un concurrent sur le continent européen, cela n’est pas nouveau. (…) Elle a une position stratégique sur notre contient qui, si ce dernier était mieux intégré, ferait des USA une île bien loin du plus grand centre démographique et économique du monde. C’est la grande crainte de Washington et la raison pour laquelle les Américains se battent pour que le continent eurasiatique ne se construise pas autour d’une Russie forte. Un des hommes les plus influents de la pensée impériale américaine, Zbigniew Brzezinski, avait bien souligné que « l’Eurasie reste l’échiquier sur lequel se déroule la lutte pour la primauté mondiale. » Les USA paniquent aujourd’hui car deux des plus grandes puissances eurasiatiques, la Russie et la Chine, lui résistent, se rapprochent et pourraient bien détruire le rêve du monde unipolaire orchestré par Washington. (…)
En 1990, avant même l’éclatement de l’URSS, le secrétaire d’État américain James Baker a promis aux Russes que l’OTAN n’avancerait pas « un pouce vers l’est » en échange de la réunification de l’Allemagne. Le Kremlin a accepté mais n’a pas obligé les US à transformer cette promesse en traité. Ce fut une erreur. Aujourd’hui, les bases de l’OTAN et les exercices de ses soldats ne cessent de se rapprocher des frontières russes. L’OTAN étant une organisation radicalement et officiellement antirusse, il est normal que les Russes s’inquiètent. C’est pour cela que Moscou a envoyé récemment deux propositions de traité aux États-Unis et à l’OTAN pour s’assurer qu’il n’y aurait plus de menaces contre elle. Washington, de son côté, veut fragiliser la Russie et déloger Vladimir Poutine qui est vu comme un frein majeur à l’expansion de l’empire américain. C’est pour cela que les USA, et leurs alliés de l’UE, infligent des sanctions économiques à n’en plus finir contre la Russie et que les médias dominants dépeignent systématiquement un portrait fallacieux et caricatural de la patrie de Dostoïevski.
En toile de fond, Washington veut prendre le marché des hydrocarbures de la Russie. La Russie représente en effet 30% du gaz importé par l’Europe. Washington veut ravir cette place pour nous exporter son gaz de schiste, qui est plus cher et extrait de manière beaucoup plus polluante. Les US veulent en outre empêcher la Russie de devenir une puissance européenne car si les pays Européens se rapprochent de la Russie, ils se rendront compte qu’ils n'auront plus besoin des USA : ni de leurs bases militaires, ni de leur ingérence dans nos affaires politiques, économiques et culturelles. Dans ce cas, les USA perdraient leur assise sur l’Europe, ce qui sonnerait le glas de l’empire.
Les États-Uniens craignent par-dessus tout le rapprochement entre la Russie et l’Allemagne. Pour le président du think tank américain Stratpol, George Friedman, «l’intérêt primordial des États-Unis, pour lequel [les États-Unis ont] mené des guerres pendant un siècle – la Première, la Seconde et la Guerre froide – a été la relation entre l’Allemagne et la Russie, parce que unis, ils sont la seule force qui pourrait nous menacer. » (…)
L’OTAN est un bateau ivre. C’est une organisation née de la fin de la Seconde Guerre mondiale et qui n’a plus de raison d’être depuis la chute de l’URSS. D’organisation de défense, elle est devenue une organisation d’attaque et s’est sinistrement illustrée en bombardant illégalement la Serbie en 1999 et en installant la charia en Libye en 2011. À l’intérieur même de l’alliance atlantiste, Grecs et Français d’un côté et Turcs de l’autre se regardent en chiens de faïence. (…) Aujourd’hui l’OTAN vient provoquer la Russie sur sa frontière, ce qui est de la folie pure. (…). L’OTAN est malade et il est urgent de la démanteler avant que son instabilité et sa démence ne la conduisent à commettre l’irréparable .(…)
Les USA savent que les Russes sont sérieux et qu’ils ont défini la ligne rouge à ne pas franchir. Si les US et l’OTAN continuent de provoquer la Russie, elle finira par riposter. Cela serait apocalyptique pour l’Europe aussi bien économiquement que socialement et militairement. La Russie a presque complètement délogé les USA de la Syrie, elle n’est ni l’Irak ni la Libye, et dispose d’armes hypersoniques que nous n’avons même pas.
Washington veut détruire la Russie pour les raisons que nous avons évoquées précédemment mais est-elle prête à déclencher une guerre qui pourrait devenir mondiale ? (…) Cette option terrifiante n’est pas une certitude et je pense que le bras de fer actuel va se terminer par un compromis. Pour autant je n’oublie pas que s’il y a bien une puissance sur terre qui a énormément profité des deux Guerres mondiales et des guerres fratricides entre Européens, ce sont bien les États-Unis. Il ne faut jamais l’oublier.
extrait de l’entretien donné à Front Populaire le 27 janvier 2022
Une étude magistrale qui nous parle, car elle traite des racines du mal.
Le terme désigne le service créé par Alexandre III pour lutter contre les mouvements révolutionnaires en Russie et en Europe. Remarquablement organisée, l’Okhrana joue de tous les registres ; elle espionne, infiltre avec une rare dextérité. Elle use de la perlustration (inspection systématique des correspondances détournées) et de la cryptologie. Comptant jusqu’à 35 000 correspondants bien payés, l’Okhrana sait tout sur tout, manipule, provoque un état de suspicion général chez les ennemis de l’autocratie. En revanche, le meurtre est peu pratiqué. Alexandre Sumpf s’est penché sur son agence de Paris, très active, jouissant de la bienveillance des autorités (la Russie est l’alliée de la France).
Il a étudié de près le cas d’Alexandre Zinoview (1889-1977), tout jeune révolutionnaire de 19 ans, repenti après un séjour éprouvant dans les geôles de l’Okhrana. Infiltré auprès de Vladimir Bourtsev, à Paris, très en vue comme polémiste et éditeur, il l’approche et rapporte tous les mois ce qu’il sait contre un « salaire » de 500 francs. Après la guerre, il mènera une vie artistique rangée qui fera sa réputation – on se penchera sur ses dessins, reproduits sur plusieurs pages. Seize séquences de son retournement. Dantesque. La filiation entre l’Okhrana et la police secrète soviétique est éclatante. Mais alors que l’Okhrana œuvrait dans les limites réglées par l’État, tchékistes, guépéistes et kagébistes, écartant toute contrainte, ajoutèrent l’élimination pure et simple des opposants.
Cette biographie au style limpide, écrite d'une plume si agile, se lit comme un récit haletant. Surtout, c'est un récit incarné. L'auteur a vécu, pérégriné, séjourné dans toutes les contrées où il a suivi le jeune chef aux élégances inouïes et brandissant ce fameux drapeau aux brûlures glorieuses qui s'est frayé un chemin d'ornières dans nos campagnes d'insurrection. Le livre que vous allez découvrir n'est pas une hagiographie. Comme le baron de La Tousche le dit très bien, « les grandes figures n'ont pas besoin d'apologies, encore moins de plaidoiries mensongères. » La vérité suffit à leur gloire. (Philippe de Villiers)