Comment le commerce russe se développe pendant le conflit ukrainien
Le commerce russe montre qu’isoler économiquement un pays est de plus en plus difficile dans une économie mondialisée et multipolaire.
Une étude du journal américain The New York Times révèle que le commerce russe s’est renforcé en 2022 et depuis le début du conflit en février, y compris avec l’Occident malgré les sanctions contre la Russie. Faire des politiques qui ne prennent pas en compte les réalités économiques conduit à des effets contraires à ceux désirés.
Cette situation illustre aussi que nous sommes désormais bien dans un monde multipolaire et que la scène internationale ne se résume plus aux décideurs occidentaux.
Le commerce de la Russie entre diversification et exportations plus lucratives
L’étude montre que les importations vers la Russie en provenance des pays occidentaux et même non occidentaux ont baissé en 2022. Ainsi, celles provenant d’Allemagne vers la Russie ont baissé de 51 %, celles des Pays-Bas de 52 % et celles d’Espagne 44 %. Par contre, les importations venant de Turquie et de Chine ont respectivement augmenté de 113 % et de 24 %. À première vue, la Russie se repositionne sur des pays qui ne la sanctionnent pas.
Néanmoins, l’évolution des exportations russes et plus précisément de leur valeur financière montre une situation différente.
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Vous y trouverez des articles passionnants, notamment :
Un entretien inédit avec Jean Sévilla : L'Histoire est toujours politique.
Benoît Dumoulin expose comment sauver l'Histoire pour ouvrir un avenir.
Faudra-t-il attendre qu'un ennemi nous désigne et nous submerge pour que nous, Français de bonne volonté, engagions une démarche de réconciliation autour d'un récit national qui puisse nous mobiliser vers un avenir commun ? Guillaume de Prémare tente de répondre à cette question.
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L’émotion suscitée par l’assassinat de la jeune Lola est légitime mais ne doit pas nous faire taire. Au contraire. C’est lui rendre justice que de pointer l’incurie qui a rendu ce drame possible. Questionner nos responsables politiques n’est pas de la « récupération », c’est un devoir.
« Il y aura un avant et un après Lola ». Pour une fois, je ne suis pas d’accord avec mon cher Gilles-William Goldnadel. Le coup de « rien ne sera plus comme avant », on nous l’a fait après chaque attentat islamiste. Et tout s’est désespérément révélé comme avant, ou presque : le même déni, les mêmes incantations sur le « vivre-ensemble », les mêmes foutaises rassurantes sur l’infime minorité islamiste qui seule poserait problème (assertion démentie avec constance par l’actualité et par toutes les études sur le sujet). Si les massacres de 2015, celui de la promenade des Anglais, la décapitation d’un professeur n’ont pas dessillé ceux qui refusent avec constance de voir ce qu’ils voient, ni conduit nos dirigeants à changer radicalement de logiciel face à l’islamisme, on peut craindre que le meurtre barbare d’une collégienne ne change rien à notre politique migratoire, en fait à l’absence totale de politique migratoire.
Pour le coup, je ne suis pas non plus d’accord avec l’ami Ivan Rioufol (dans ses « Carnets » du Causeur du mois de novembre) quand il affirme que nos dirigeants sont des brutes sans cœur. Ils ont du cœur, ils n’ont même que cela. Leur émotion n’était pas feinte. Mais l’émotion n’est pas une politique, comme l’a justement pointé Jonathan Siksou.[1] L’appel à compatir en silence visait surtout à interdire qu’on se posât des questions. Défense de réfléchir !
Bien sûr, on peine à imaginer la souffrance de cette famille et on n’ose même pas dire qu’on la partage – comment le pourrait-on ?
Par je ne sais quel étrange concours de circonstances, me voilà propulsé dans cet automne doux et poisseux du Paris de 2022. Une chose immonde s’est produite ici. Quand je dis immonde, c’est pour t’épargner les détails les plus scabreux de l’affaire, mais tout ce que je peux te dire c’est qu’il s’agit de l’un de ces événements qui révèlent au monde le visage du mal absolu. Ce rictus, tu sais, qui se reconnaît entre mille parce qu’il coche toutes les cases possibles de la souillure : la victime, son âge, le supplice, le fait que ce crime aurait pu être évité … Les gens sont sonnés ; comme dépassés par eux-mêmes. Il y a un trop qu’ils ne savent plus nommer.
Des détails pseudo-mystiques ont filtré mais dans une société où Dieu et le diable ont été renvoyés au rayon farces et attrapes, seule la science est désormais habilitée à répondre aux questions sans réponses. Comme d’habitude, on convoquera les troubles schizophrènes et psychotiques ; termes pseudo-scientifiques, fourre-tout païens impuissants à décrire la bête prenant le contrôle d’une âme. Du cerveau, on avoue ne comprendre que 10% du mystère mais au procès on convoquera un collège d’experts, en réalité, un concile d’hypothèses. Certains commencent déjà à évoquer le viol que la criminelle aurait subi durant sa propre enfance, ce qui, sans expliquer, pourrait aider à comprendre. Comprendre … Si tous les carencés affectifs de la Terre commettaient des actes pareils pour se renconstruire, il n’y aurait sans doute plus grand monde sur cette planète.
Tu le devines, ce dont je te parle ne fut pas un crime mais un holocauste, un sacrifice rituel, une immolation offerte aux ténèbres. Mais va leur parler de Satan et cela réveillera en eux le dernier homme de Nietzsche, celui qui se croyant affranchi du Mystère balaiera le tout d’un « Fables et superstitions ». Et il clignera de l’œil, cet athée débordant de certitudes en contreplaqué, ce grand rieur de tout ce qui pourrait faire regarder l’homme vers plus grand que soi ! Je te rassure, son ricanement, il n’osera l’appliquer aux rites du judaïsme parce qu’il y a le passé tragique, ni aux rites de l’islam parce qu’il y a la peur, ni à ceux du bouddhisme parce que cela lui arrive quand même parfois de bégayer une prière en sanskrit avant son yoga matinal ! Alors, il ira se consoler en moquant le Crucifié ; pleutrerie prévisible du lâche pansant ses failles en allant claquer le bigleux au fond de la cour.
Non, cher Fiodor, jamais l’idée du diable ne viendra effleurer ces esprits modernes si déliés. Jamais les Homais à fibre optique ne s’étaient aussi bien portés et pourtant, il faut les écouter quand ils vous parlent de tel guérisseur à pendule ou de tel autre poseur de pierres magiques capables de vous expulser un lumbago ou de vous connecter le plexus solaire avec le wi-fi d’un tronc d’arbre. Ils ricanent de tout ce qui pourrait évoquer le Mal mais s’aplatissent devant l’idée d’une vague énergie céleste, d’une éventualité de vortex cosmique, pédants rationalistes mais adorateurs imbéciles du premier trou noir grimé en soleil ! Assis en lotus, ils chercheront désespérément à aligner leurs chakras pour se faire traverser par je ne sais quel fluide céleste. C’est à croire qu’ils se rêvent en kebabs tournant sur des broches de feu invisibles. S’accroupir, respirer et se rêver en rien, le voilà, l’Everest métaphysique de ces hommes nouveaux pour qui lutter contre le diable en s’agenouillant devant Dieu s’apparente à la plus suprême des idioties. L’émotion retombera. Si tu savais comme les choses vont vite ici … Le poète disait : « La vraie malice du diable est de faire croire qu’il n’existe pas ». Nous y sommes. Je t’embrasse. Aliocha Karamazov. »
Source : Journal du Dimanche – JDD – du dimanche 21 au samedi 29 octobre 2022
Au commencement, je vous disais que le scandale de la création n’était pas la souffrance mais la liberté. J’aurais pu aussi bien dire l’Amour. Si les mots avaient gardé leur sens, je dirais que la Création est un drame de l’Amour. Les moralistes considèrent volontiers la sainteté comme un luxe. Elle est une nécessité. Aussi longtemps que la charité ne s’est pas trop refroidie dans le monde, aussi longtemps que le monde a eu son compte de saints, certaines vérités ont pu être oubliées. Elles reparaissent aujourd’hui comme le roc à marée basse. C’est la sainteté, ce sont les saints qui maintiennent cette vie intérieure sans laquelle l’humanité se dégradera jusqu’à périr. C’est dans sa propre vie intérieure en effet que l’homme trouve les ressources nécessaires pour échapper à la barbarie ou à un danger pire que la barbarie, la servitude bestiale de la fourmilière totalitaire. Oh ! Sans doute, on pourrait croire que ce n’est plus l’heure des saints, que l’heure des saints est passée. Mais comme je l’écrivais jadis, l’heure des saints vient toujours.
Les humains ne sontpasà la cause d’une « sixième extinction de masse » ;
L’Amazonien’est pas« le poumon du monde » ;
Le changement climatique n’aggravepasles catastrophes naturelles ;
Les incendies ontdiminuéde 25 % dans le monde depuis 2003 ;
La superficie des terres que nous utilisons pour la viande (l’élevage est la plus grande utilisatrice de terres) a diminuéd’une superficie presque équivalente à celle de l’Alaska ;
Ce sont l’accumulation de bois et la proximité des habitations des forêts,et non lechangement climatique, qui expliquent pourquoi il y a davantage d’incendies et de plus dangereux, en Australie et en Californie ;
Les émissions de carbone diminuent dans les pays riches depuis des décennies et ont atteint un pic en Grande-Bretagne, en Allemagne et en France au milieu des années 1970 ;
En s’adaptant à la vie en dessous du niveau de la mer, les Pays-Bas sont devenus plus riches et non pas plus pauvres ;
Nous produisons 25 % de nourriture en plus de ce dont nous avons besoin et les excédents alimentaires continueront à augmenter à mesure que le monde deviendra plus chaud ;
La perte d’habitat et l’abattage direct d’animaux sauvages sont des menaces plus grandes pour les espèces que le changement climatique ;
Le bois est bien plus dangereux pour les gens et la faune que les combustibles fossiles ;
La prévention des futures pandémies nécessite plus d’agriculture « industrielle » et non pas l’inverse.
Le barbecue est mâle, et c’est très mal, dit la survivante de la Stasi. Mais le vin l’est aussi, figurez-vous : notre chroniqueur l’a découvert en lisant le stimulant essai de Jean Szlamowicz, Les Moutons de la pensée. Revue de détail et suggestions œnologiques.
Les vendanges sont faites, et le mois du vin déferle dans les grandes surfaces. J’en étais à hésiter, pour mieux faire descendre la première blanquette de la saison, entre un Pouilly-Fumé de bon aloi (sauvignon de Loire à ne pas confondre, dit très bien Thomas Bravo-Maza dans Marianne, avec le Pouilly-Fuissé, bourguignon et chardonnay) et un blanc de chez moi — un Caldareddu par exemple. Mes soucis œnologiques m’éloignaient un temps de la linguistique woke, objet de mon dernier billet…
Du moins, je le croyais. Mais comme je lisais en même temps Les Moutons de la pensée, deJean Szlamowicz — cité dans ma précédente chronique, un homme qui pense bien —, je suis tombé sur le raisonnement abscons (un adjectif à retenir, il fait chic et évite de dire « con » tout court) d’un Manifeste pour un vin inclusif, de Sandrine Goeyvaerts, dont la quatrième de couverture est alléchante : « Le monde du vin est largement sexiste, classiste, raciste, LGBTphobe et validiste. La bonne nouvelle c’est qu’on peut tenter de comprendre ce qui nourrit ces inégalités pour y remédier ».
Plein de mots nouveaux ! Et encore, nous avons échappé à « grossophobe » — comme le signale élégamment Blanche de Mérimée, la graisse est la dernière frontière woke. Pensez, Yseult en diva de la chanson française aux Victoires de la musique l’année dernière, seul notre pays pouvait y penser. Désormais les stars se recrutent au poids : et comme pour les maharadjas autrefois, on leur offre leur poids en disques de platine…
Que dit notre éminente féministe inclusive, dont le Huffington a rendu compte sans beaucoup de distance ? « Dans l’image féminine du monde du vin, la femme, c’est une femme sans tête, c’est des bouts de femme, des bouts de corps, donc il y a un peu de chair par-là, un peu de cuisse par-là, mais c’est jamais une femme entière, c’est une femme passive, c’est une espèce de songe éthéré ».
« C’est jamais » : vous appréciez la syntaxe quasi mallarméenne de la dame. Tout cela parce que les œnologues, les tastevins et les cavistes parleraient de « rondeur » ou de « cuisse » à propos du vin. Ces concepts, note Jean Szlamowicz, sont souvent le fait d’amateurs peu éclairés qui se la jouent experts. Et, remarque-t-il, « pourquoi cuisse aurait-il à voir avec le corps féminin ? L’anatomie masculine connaîtrait-elle donc quelque déficience fémorale ? (…) La « sensualité » d’un vin renvoie à la richesse des sensations organoleptiques — et c’est bien ce qu’on recherche dans le vin. On ne voit pas en quoi cela construit le moindre discours sur les femmes — à moins d’en faire les détentrices exclusives de toute sensualité ». Et d’ajouter — on sent que cet homme boit du bon et même du meilleur : « Quant à la notion de rondeur, elle n’a rien à voir avec l’image d’une silhouette mais avec une sensation de volume en bouche ».
Le livre de Jean Szlamowicz déconstruit la déconstruction, analysant par exemple la prétention des « mathématiques queer » à « perturber les oppositions binaires : le codage informatique en 0 et 1 est éminemment suspect, quand on y pense, ce 0 qui ressemble à un trou, et ce 1 quasi phallique… » Et quand on pense que des siècles durant, les écrivains avant d’écrire se faisaient tailler une plume… On voit le type (mince, encore un mot sexiste !) de raisonnement des révisionnistes de la culture. Qu’on (flûte, encore un mot phonétiquement ambigu !) ne s’y trompe pas : ce qui paraît marginal a vocation à envahir notre langue, nos coutumes, et jusqu’au contenu de nos verres.
Le wokisme ne m’abîmera pas mon amour des grands flacons. Ces délires intersectionnels et inclusifs sont générés par une méconnaissance profonde de l’histoire de la langue, une ignorance totale de la nation française, et une méfiance des boissons alcoolisées qui me fait soudain penser que le vin est haram, chez ceux qui soi-disant n’en boivent pas.
Causeur, c’est un peu l’abbaye de Thélème chère à Rabelais. Non seulement nous avons des opinions différentes, mais nous avons des goûts œnologiques fort divers. Que j’aime les vins charpentés du Pic Saint-Loup (par exemple le rouge, syrah et grenache, du Domaine de l’Hortus) ne m’empêche pas de parler avec Elisabeth Lévy ou avec Gil Mihaely qui ont d’autres préférences.
Allez, buveurs très illustres et vérolés très précieux, comme disait Rabelais, buvez et n’attendez à demain : pensez que chaque goulée est une offense faite à Sandrine Rousseau et à ses épigones. Et à la bonne vôtre !
Jean Szlamowicz, Les Moutons de la pensée, Nouveaux conformismes idéologiques, Les éditions du Cerf, 2022, 220 pages, 20€.
Vladimir Spivakov a été l’un des plus grands violonistes russes, et il est devenu peu à peu l’un des plus grands chefs d’orchestre russes. Il est aujourd’hui le directeur artistique de l’Orchestre national philharmonique de Russie. Mardi dernier, il dirigeait un concert qui se terminait par la cantate Saint Jean Damascène de Sergueï Taneïev. La fin de l’œuvre est un chant quasi liturgique, pianissimo. Habituellement, dans ces cas-là, le chef ferme lentement le poing pour indiquer la fin. Mais là, regardez.
(Au fait, Vladimir Spivakov a été le signataire d’une pétition d’artistes russes contre la guerre en Ukraine. Non seulement il n’est ni en prison ni en exil, mais ses concerts sont retransmis en direct, or il dirige le plus prestigieux orchestre d’Etat, réunissant les meilleurs instrumentistes des orchestres moscovites.)
Ce n’est pas une question de discipline ou de droit. S’il en était ainsi, la règle pourrait être révisée. Le prêtre représente le Christ, Époux de l’Église. Il en va de la nature même du sacrement qu’il a reçu.
1. Les femmes ont tenu un grand rôle dans le Nouveau Testament et dans toute l’histoire de l’Église. Pourtant, aucune d’elles n’a jamais été ordonnée prêtre. En savoir +
2. L’enjeu de la question n’est pas la distribution des rôles sociaux, mais la signification du sacrement de l’ordre. Le prêtre n’est pas, avant tout, un animateur de communauté, mais le représentant du Christ, Époux de l’Église. En savoir +
3. Tout autre est la définition du pasteur chez les protestants ou les évangéliques. Il est donc normal que, chez eux, la fonction soit ouverte aux femmes autant qu’aux hommes. En savoir +
4. La perspective de l’ordination des femmes est particulièrement inactuelle, au moment où une idéologie conquérante veut que le droit ne tienne plus compte de la différence des sexes. En savoir +
5. La situation des femmes dans l’Église est promise à évoluer. Mais il vaudrait mieux ne pas s’obstiner dans une voie sans issue. En savoir +
Au sommaire :
- Un quinquennat mort-né ?
- Coronavirus : chroniques des années de peste
- La méthanisation, écologie ou escroquerie ?
- Avortement : une victoire pour les États-Unis au goût amer pour la France