S’abstenir de « viande » le vendredi ne peut se comprendre que dans l’univers symbolique et allégorique du christianisme, dont la liturgie est le sommet et la partie la plus visible. Le baptisé vit non dans le monde, mais, pour reprendre les termes des Pères de l’Église, dans le « cosmos » ou la « création ». C’est une manière de dire que rien de ce qui est n’est sans lien avec le Créateur, le Dieu Trinité et son dessein d’amour pour son œuvre. Chaque geste, chaque parole, est inscrit dans cet univers, dans cette histoire. Tout fait sens.
Prenons un exemple dans la vie courante : le sommeil ne peut être réduit à ses propriétés physiologiques. Il est aussi une image de la mort et du péché, où l’homme est privé de toutes ses facultés. Le réveil devient alors image de la Résurrection. Le soleil n’est pas un simple ramassis d’atomes, mais un « signe » de la lumière divine. Etc.
Manger de la « chair », est un comportement humain ordinaire. Mais si le Christ « a pris chair de notre chair », pour se faire homme, ce comportement peut prendre valeur de signe.
Le jour de la semaine (a fortiori le Vendredi Saint, vendredi par excellence) qui commémore le sacrifice du Christ, les catholiques peuvent s’abstenir de manger de la « chair ». C’est une façon, non d’accomplir d’abord une action ascétique, mais de s’associer, jusque dans l’action la plus ordinaire de l’existence, au sacrifice du Christ.
Abbé Hervé Courcelle Labrousse
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