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Jeff Koons est entre-temps devenu l'un des artistes les plus chers du monde. La mutation s'est faite à l'occasion des transformations d'un marché de l'art qui, autrefois réglé par un jeu subtil de connaisseurs, directeurs de galeries, d'une part, et connaisseurs, de l'autre, est aujourd'hui un mécanisme de haute spéculation financière entre des maisons de vente, Sotheby's ou Christie's par exemple, et de nouveaux riches sans grande culture et sans goût. Jeff Koons se présente aujourd'hui non plus tout nu mais vêtu sévère comme un gentleman de la City, un attaché-case à la main.
La consécration est venue par Versailles. On l'y expose, on l'y célèbre, on l'y loue, demain on l'y vendra peut-être. Jeu spéculatif à l'accoutumée : on gage des émissions très éphémères et à très haut risque par une encaisse or qui s'appelle le patrimoine national.
Laissons cela. Ce qui m'arrête dans ce phénomène, c'est qu'il s'inscrit dans une longue série de faits semblables : pas moyen de voir une exposition de Courbet sans qu'on vous inflige des photos d'un artiste contemporain d'un pubis velu pour vous rappeler que les dames autrefois n'étaient pas rasées. Pas moyen de visiter une exposition au Musée d'Orsay sans se voir imposer la vision d'un abstrait ou d'un minimaliste qui vous convaincra que Böcklin ou Cézanne n'avaient jamais fait, les malheureux, que les annoncer. Pas moyen enfin de méditer devant des retables du XVe siècle sans s'écorcher au passage aux cornes d'un animal «dragonnesque» imaginé par un Jan Fabre. Le Louvre a vendu son nom. Encore fallait-il qu'il fît la preuve que ce nom, comme Bulgari ou Prada, est devenu la griffe de produits de haute modernité…
Jeff Koons n'est que le terme extrême d'une longue histoire de l'esthétique moderniste que j'aimerais appeler l'esthétique du décalé. Le mot «décalé» est apparu dans la langue il y a sept ou huit ans. Rien d'intéressant qui ne soit «décalé». Une exposition se doit d'être «décalée», une œuvre, un livre, un propos seront d'autant plus goûtés qu'ils seront «décalés».
Décaler, ça veut dire ôter les cales ; on décale un meuble - et il tombe, on décale une machine fixée sur son arbre, et elle devient une machine folle, on décale un bateau, et vogue la galère… Une nef des fous, en effet.
Mais des propos décalés qui font tache dans l'harmonie d'une conversation provoquent l'attention. Jeff Koons à Versailles ou l'acmé du décalage. En langage populaire, on dirait «débloquer»… Le décalage, c'est la version populaire de la déconstruction derridéenne, tout comme les graffitis sur les monuments, autre phénomène apparu il y a une quinzaine d'années, en sont la version sauvage.
Ça vient de loin en effet : «Beau comme la rencontre fortuite d'une machine à coudre et d'un parapluie sur une table de dissection.» Duchamp : les moustaches mises à la Joconde. Mais Duchamp n'y voyait guère plus qu'une plaisanterie d'humoriste normand. Vinrent les surréalistes et leur sérieux de pions. Collages, mots en liberté, liaisons libres, écrits automatiques, apparentements choquants… Jeff Koons à Versailles, c'est Breton et Péret à qui le directeur de lieux remettrait l'ordre national du Mérite pour mise à niveau du patrimoine ancien.
Le monde à l'envers donc. L'âne qui charge son maître de son fardeau et qui le bat, le professeur traduit en justice pour avoir giflé l'élève qui l'insultait, le bœuf découpant son boucher au couteau, les objets de Koons déclarés «baroques» appendus dans les galeries royales. Fin d'un monde. Fête des fous et des folles, comme à l'automne du Moyen Âge.
Tout cela, sous le vernis festif, a un petit côté, comme à peu près tout désormais en France, frivole et funèbre, dérisoireet sarcastique, mortifiant. Sousle kitsch des petits cochons roses, la morsure de la mort. Sous la praline, le poison.
L'objet d'art, quand il est l'objet d'une telle manipulation financière et brille d'un or plaqué dans les salons du Roi-Soleil, a plus que jamais partie liée avec les fonctions inférieures, et les valeurs symboliques qu'on leur prête. Les glaces et les portraits d'apparat de Versailles n'avaient pour fin que de célébrer le culte exclusif d'un roi. L'image de culte est faite de l'or d'une société. Mais contre son or, la société contemporaine ne peut plus rien échanger de vital et, si elle adore une image, comme les objets kitsch de Jeff Koons, c'est pour pouvoir danser devant elle. L'or de bon aloi se change alors en ce qu'on sait de malodorant.
On rêve à ce que Saint-Simon, dans sa verdeur, aurait pu écrire de ces sculptures «dondonesques» et entortillées, désormais déposées à Versailles. Elles lui eussent rappelé peut-être la mauvaise plaisanterie du duc de Coislin : «Je suis monté dans la chambre où vous avez couché ; j'y ai poussé une osse selle au beau milieu sur le plancher… »
Vu à la télé …
Invité de l’émission de télévision de La Cinq « Ripostes », de Serge Moati, ce dimanche 2 novembre, Noël Mamère a évoqué avec sympathie Barak Obama, comme ancien éducateur social, et élève de Saul Alinsky , auteur du manuel de l’animateur social.
Noël Mamère aurait pu nous donner un extrait de ce livre.
Celui-ci par exemple :
"Qu'on me pardonne d'avoir au moins une pensée pour le premier révolutionnaire de toutes nos légendes, de notre mythologie, de notre histoire, le premier révolutionnaire que l'homme ait connu, qui se soit rebellé contre le pouvoir établi et l'ait fait de façon si efficace qu'il a pu au moins créer son propre royaume, Lucifer."
(en V.O. ici par ex. http://www.theisticsatanism.com/politics/Alinsky.html )
(tiré du manuel de l'animateur social; repris dans la revue "Faire", tendance rocardienne du Parti socialiste).
schtroumpfé sur http://lesalonbeige.blogs.com/my_weblog/
le Schtroumpf Internet officiel : http://www.schtroumpf.com/home-fr
info ou rappel : CE SOIR
Gérard Leclerc, journaliste et écrivain , auteur de "L'amour en morceaux" (voir ci-dessous) , "Le bricolage religieux" , "Avec Bernanos" , etc. sera au CLC :
Pour ouvrir son cycle de conférences 2008-2009, Ichtus aura le plaisir d’accueillir :
Gérarc Leclerc
Journaliste et écrivain
Dieu, le retour.
Le renouveau du fait religieux.
Jeudi 23 octobre 2008 à 20h30
« Culture Lecture Civilisation »
49, rue des Renaudes 75017 Paris
(M° Ternes ou Pereire).
A l’issue de la conférence, Gérard Leclerc répondra aux questions des participants.
tél. 01.47.63.77.86 courrier@ichtus.fr www.ichtus.fr
Il y a mieux à faire que du bricolage religieux et il faut se garder de ces camelots insidieux qui dévalorisent la quête de l'essentiel en nous promenant dans le supermarché des religions. Ceux-là occupent tous leurs efforts à nous expliquer comment les hérésies sont intéressantes, comment s'abandonner à tous ces phénomènes inédits (en fait archaïques), à ces tourbillons plus fascinants que notre monothéisme austère. Ils nous refont le coup de Circé la magicienne. Contre la menace de dissolution de la personne, seul nous importe le ressaisissement qui se produit lorsqu'à l'intime de l'intime ("intimior intimo meo", dit Augustin) se fait entendre l'appel d'un Dieu qui ne nous trompe pas. Éditions du Rocher, collection Colère, Janvier 2002, |
Qu'est-ce que l'amour ? Ne sachant pas toujours aimer, l'individu a parfois tendance à prendre l'intensité de ses émotions pour de l'amour. L'obsession actuelle du " tout sexuel ", du moins dans les représentations sociales, montre à quel point la pulsion est privilégiée, au détriment de la qualité relationnelle. Or, le temps et l'approfondissement de soi-même sont nécessaires pour accéder au véritable sens de ce lien durable, fondement symbolique et structure élémentaire de la société.
Après les bouleversements issus de Mai 68, qu'en est-il aujourd'hui de l'amour ? A l'heure du Pacs, quelle place reste-t-il à la relation homme-femme, rapport premier, originel, qui se prolonge et s'incarne dans l'enfant ? A la lourdeur des sociétés d'antan, où la vie privée était enchaînée aux contraintes du collectif, a succédé ce que Milan Kundera appelle " l'insoutenable légèreté de l'être ". Comment caractériser la rupture qui s'est produite ? A quel point était-elle inévitable ? A quelle instabilité affective et sociale nous a-t-elle menés ?
Pour répondre à toutes ces interrogations, l'auteur nous entraîne à travers la littérature, l'histoire, la philosophie et la théologie, dans une passionnante enquête sur la nature et le sens de l'amour. Face à notre présent incertain et fragile, il cherche, en fin connaisseur de l'histoire des idées, à comprendre pourquoi et comment nous en sommes venus à vivre dans une société où l'amour est en morceaux. Prenant à rebrousse-poil un certain nombre d'idées toutes faites, cet ouvrage montre que l'amour est cette construction d'un " vivre ensemble " plus décisif que le temps et ses ruines, et qui permet d'instituer la vie.
"L'amour en morceaux" de Gérard Leclerc Presses de la renaissance
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Ma paroisse est une paroisse comme les autres. Toutes les paroisses se ressemblent. Les paroisses d’aujourd’hui, naturellement. Je le disais hier à M. le curé de Norenfontes : le bien et le mal doivent s’y faire équilibre, seulement le centre de gravité est placé bas, très bas. Ou, si vous aimez mieux, l’un et l’autre s’y superposent sans se mêler, comme deux liquides de densité différente. M. le curé m’a ri au nez. C’est un bon prêtre, très bienveillant, très paternel et qui passe même à l’archevêché pour un esprit fort, un peu dangereux. Ses boutades font la joie des presbytères, et il les appuie d’un regard qu’il voudrait vif et que je trouve au fond si usé, si las, qu’il me donne envie de pleurer.
Ma paroisse est dévorée par l’ennui, voilà le mot. Comme tant d’autres paroisses ! L’ennui les dévore sous nos yeux et nous n’y pouvons rien. Quelque jour peut-être la contagion nous gagnera, nous découvrirons en nous ce cancer. On peut vivre très longtemps avec ça.
Bernanos, in "journal d'un curé de campagne"
Le mystère et l'éclat. Pastels du musée d'Orsay
Philippe Saunier, conservateur au musée d'Orsay
et commissaire de l'exposition, présente
Le mystère et l'éclat. Pastels du musée d'Orsay
Vidéo en français de 3mn28
http://www.musee-orsay.fr/fr/accueil.html
L'itinéraire d'un jeune prêtre chétif et maladroit, confronté à la solitude, au mépris et à la misère intérieure de ses paroissiens, mais qui brûle d'une force toute surnaturelle. "Sa naïveté aura raison de tout, et il mourra tranquillement d'un cancer."
"J'aime ce livre comme s'il n'était pas de moi. Il me semble que je frappe un grand coup sur les âmes. Je vois se lever peu à peu devant moi un visage inoubliable que je me tue à essayer de peindre avec toute ma foi et mon amour" Bernanos.
Maxime d'Aboville : Formé chez Jean-Laurent Cochet après un passage à la Birmingham theatre school et au Studio Alain de Bock, il a notamment joué des pièces de Tchekhov, Feydeau et Courteline. En 2007, il fonde la Cie des Duellistes.
au Chat Noir à Paris ce dimanche 26 octobre à 17h30 : http://www.billetreduc.com/24392/evt.htm
Quand le jeu sur le langage et sur les apparences prend le pas sur la vraie vie... Une comédie furieusement cruelle!
"Cathos et Magdelon éprouvent un impérieux désir de savoir. La culture est en effet le seul moyen pour deux jeunes filles issues de la moyenne bourgeoisie d'exister dans la société et dans le monde. Dans Les Précieuses ridicules, l'émancipation des femmes passe par les livres ; mais la vision que donne Molière de cet affranchissement est satirique, voire cruelle. L'intrigue, centrée sur une duperie mentale et un quiproquo sur les personnes, révèle en effet toutes les ambiguïtés de la connaissance."
au théâtre du Nord Ouest http://theatredunordouest.com/
La béatification aujourd'hui des parents de sainte Thérèse est le fruit d'un long parcours. En 1941, les lettres de Zélie sont publiées et la font connaître. En 1946, les parents Martin acquièrent une notoriété mondiale avec la publication d'Histoire d'une famille, du P. Stéphane Piat, franciscain, traduite en plusieurs langues. L'année 1957 voit l'ouverture des procès de Louis et de Zélie. En 1971, les deux causes sont réunies en une seule et étudiées à Rome. En 1994, Jean-Paul II signe les décrets d'héroïcité de leurs vertus, en tant que laïcs, père et mère de famille, les proclamant « vénérables ».
Le 10 juin 2003, le cardinal Tettamanzi, archevêque de Milan, reconnaît un miracle attribué à Louis et Zélie. Pietro Schiliro né le 25 mai 2002 avec de graves problèmes respiratoires passe 40 jours entre la vie et la mort. Ses parents décident de faire baptiser leur enfant en danger de mort imminente. Le père carme qui le baptise suggère aux parents de prier les parents Martin qui ont perdu 4 enfants. Le 29 juin, jour de la St Pierre, c'est l'annonce de l'amélioration imprévue du nouveau-né. Le 27 juillet, Pietro est rendu à ses parents, en parfaite santé. Le dossier médical comportant 1 400 pages est envoyé à Rome. Cette guérison est reconnue comme miracle le 3 juillet 2008, par Benoît XVI.
Cette béatification montre que la sainteté n'est pas l'exclusivité des religieux et religieuses, les couples y sont également invités. Sainte Thérèse de l'Enfant-Jésus et de la Sainte Face, Docteur de l'Eglise, a écrit :
"Le bon Dieu m'a donné un père et une mère plus dignes du ciel que de la terre".
la suite ....http://www.lesalonbeige.blogs.com/
Le prix Humanisme chrétien 2008 à Sophie Lutz
Le prix de l'humanisme chrétien 2008, décerné par l'Académie d'éducation et d'études sociales (AES), est attribué à Sophie Chevillard-Lutz pour son livre Philippine, la force d’une vie fragile (Ed. de l'Emmanuel). L’AES tient à couronner un ouvrage « novateur et formateur, accessible au plus grand nombre, et répondant aux valeurs de tradition sociale et d’humanisme chrétien ».
Sophie Chevillard-Lutz raconte l'histoire de Philippine, sa petite fille polyhandicapée. Dès avant sa naissance, les médecins détectent chez elle une très grave lésion cérébrale, qui ne lui permettrait pas de vivre et la vouait à l'avortement. Une hypothèse que récusent immédiatement ses parents. Contrairement à tous les pronostics, Philippine va survivre, restant cependant dans un état de grande dépendance, celui d'un tout-petit entre trois et six mois. La communication avec elle se limite à l'esquisse d'un sourire dans ses moments de bonheur.
Dans son livre, explique Jean Vanier dans sa préface, "Sophie Lutz montre comment l'accueil de la fragilité de Philippine transforme peu à peu la vie de ses parents et les rend plus humains et comment le "scandale" du handicap peut être source de vie".
En lui décernant son prix annuel, l'AES souhaite attirer l’attention sur les questions philosophiques, éthiques, sociales complexes soulevées par les personnes handicapées, questions qui apparaissent au fil du témoignage bouleversant et pudique de la maman de Philippine.
Face à ce mal terrible qu’est le poly-handicap, Sophie Lutz témoige :
« J’aime Philippine et je déteste le mal qui la touche. Je ne veux pas me tromper d’ennemi... Je ne veux que l’aimer. Elle est innocente. Je suis donc révoltée non pas que Philippine existe, ou même soit vivante, mais qu’elle soit abîmée. Je rapproche cette révolte de celle que l’on peut ressentir devant une catastrophe naturelle. La nature a des dysfonctionnements absurdes. Le mal et la mort existent, et je n’y peux rien. L’absurdité ne peut faire naître que la révolte, parce qu’il n’y a pas d’explication. Or je ne pense pas que la vie soit absurde. Le mal est absurde. »
Où se situe la réalité de la vie humaine ? :
« Avoir, savoir, pouvoir : toutes choses qui peuvent faire oublier le principe de réalité, ce qui est. Philippine ne possède pas, ne sait pas, ne peut pas. Elle m’oblige à vivre non pas dans l’illusion, mais dans la réalité, à être moi-même avant tout. Elle m’oblige à me poser la question si difficile de la connaissance de soi : « Qui suis-je ? » Philippine est mon Socrate... Je suis obligée de repasser au crible tout ce que je suis, ce que je pense, ce que je rejette ce que j’aime, ce que je fais, ce que je veux faire de ma vie. »
On l’aura compris ce témoignage décapant renouvelle le regard de chacun d’entre nous face à sa propre réalité et à celle de l’autre, si différent soit-il. Et c’est la valeur éducative de cette réflexion capitale que ce prix veut retenir : c’est un livre à proposer à chaque jeune qui se pose les questions essentielles sur l’être humain, sa dignité et le sens de sa vie.
Depuis 1922 l’Académie d’éducation et d’études sociales (AES) promeut toute forme d’action soutenant l’éducation et les applications possibles des enseignements sociaux chrétiens.
Pour commander le livre : cliquez ici
http://www.libertepolitique.com/le-fil/55-france/4870-le-prix-humanisme-chretien-2008-a-sophie-lutz
17 octobre 2008
Face à l‘écroulement de la Babel capitaliste
« Votre chronique est bien religieuse », m’écrit, en forme de reproche amical, cette lectrice qui se présente comme patriote et agnostique. « Il n’y en a que pour l’Eglise et ses problèmes. Le politique ne vous intéresse plus. Pourtant c’est elle qui dessine dans le temps notre avenir… » J’abrège l’argument mais je retiens la substance, car le reproche, ou la remarque, vaut la peine qu’on y réponde.
Voyons les choses de notre temps, au simple plan de notre temps, à condition que ce soit possible, car comment dissocier, dans la vie en vrai, celle des personnes comme celle des nations, le naturel du surnaturel, le temps de l’éternité ? Tout y est trop lié. Mais, par un effort de l’intelligence, faisons abstraction de la plus haute part du réel – la part invisible, et tenons-nous aux seules choses visibles. Il est évident que l’Eglise de Rome est, aujourd’hui, à la fin de l’année 2008, la seule institution qui manifeste, en acte, un avenir humain possible. Les foules de Paris et de Lourdes ont montré un visage de ferveur, de jeunesse, d’espérance, qui, au sens politique, est une force. Aucun mouvement, aucun parti, aucune école de pensée, aucune autre religion, en France, ne peut prétendre à une manifestation aussi tranquille d’une existence aussi certaine, et d’une aussi paisible continuité. La page de Wolinski, dans le numéro de Paris Match, qui rendait compte de la visite du Pape, disait tout de cette situation, à ses yeux, nouvelle. Un vieux militant communiste de la fête de l’Huma, regardait avec un œil d’envie sa petite-fille arrivant de l’esplanade des Invalides, et le dialogue entre l’ancêtre désabusé et l’enfant plein d’enthousiasme signait le basculement des générations. La définition de l’être, le message essentiel et fort viennent d’un seul côté, celui de l’Eglise catholique, de l’Eglise de Rome, de l’Eglise de toujours. A-t-on mesuré l’ampleur du bouleversement ? Comme tous les grands événements, il passe inaperçu, même aux yeux de ceux qui en sont, modestement, les témoins et les acteurs. Pourtant, il est capital d’en prendre conscience. Nous vivons, non une révolution contraire, mais bien une contre-révolution, j’entends par là, la fin du régime des idéologies révolutionnaires – libéralisme, socialisme, communisme – et le renouveau de la doctrine aristotélicienne et thomiste, philosophie du bien commun et du droit naturel. Aux Bernardins, l’élite de la culture française, toutes origines et toutes opinions confondues, reçoit la leçon du professeur Jospeh Ratzinger : « Quaerere Deum », seule la recherche de Dieu est mère des arts, des lettres, du chant et des lois. Mais ce professeur n’est pas qu’un docteur enseignant. Il est Pape, chef de l’Eglise, et quelques instants plus tard, à Notre-Dame, le lendemain aux Invalides, le surlendemain à Lourdes, il parle à ses fils, aux fidèles, à la hiérarchie des évêques qui mène son troupeau, et il le conduit, leur donnant les règles de leur action. Cette Eglise, dont il est le Chef, est vraiment une société, naturelle en même temps que surnaturelle, temporelle, et, donc, forcément, dans le plus haut sens du mot, politique. Le constat est le même, pour l’agnostique et pour le croyant. Il se pourrait même qu’il fût plus fort encore aux yeux de l’agnostique. Car le croyant, enfant choisi, fils prodigue, est aussi souvent un enfant gâté qui a tellement reçu qu’il ne voit plus les bienfaits, les merveilles au sein desquelles il vit comme habituellement. Son Dieu est à sa portée, au Tabernacle, dans l’Eucharistie, dans les sacrements. Sa prière le met dans la familiarité de la Cour céleste, des anges et des saints. Il passe au travers des misères de ce temps comme un Prince au-dessus de la foule des manants. Mais l’agnostique, lui, reste plus attentif, plus étonné, au sens fort, à la vue de ce fait, qui est aussi un bienfait, de cette force, qui est aussi une lumière, de cette douceur, qui est fécondité, de cet enseignement qui se fait action. Et il se dit : si le monde, si une nation a un avenir, cet avenir se dessine dans le sillage de cette lumière. D’ailleurs, il n’y en a pas d’autre. Les « Lumières » qui ont prétendu lui faire concurrence, ont périclité. Où était la franc-maçonnerie ? Où étaient les laïcards ? Où étaient les marxistes ? Et le credo libéral qui croyait s’en tirer, en privilégiant dans un matérialisme pratique, le culte de l’argent, a fait faillite de façon spectaculaire.
Après la crise des idéologies, voilà la crise financière ! Le Pape dénonce les idoles, au premier rang desquelles, il y a l’argent. Et l’argent s’effondre. L’argent idole montre son vrai visage, qui est le vide. Plus rien ne vaut rien. Comme un château de cartes sous la main d’un enfant, les puissants sont défaits de leurs trônes. La main de Marie est-elle derrière cette réalisation fascinante des versets redoutés du Magnificat ? « Deposuit potentes de sede »… « Les financiers qui mènent le monde » ne se mènent plus eux-mêmes. Qui sourit, aujourd’hui, en tendant les bras ? Le Pape. Qui grince des dents en appelant désespérément un secours qui ne peut pas venir ?
« Les idoles d’argent qu’ils se sont élevées/ s’écrouleront un jour sur leur base de sable. /Et la nuit tombera sur leurs formes rêvées… », disait le poète martyr.
Contemplons les images d’aujourd’hui : la chute, en cascade, de ceux qui prétendaient régner sur un univers enfin uniformisé sous la loi de leur profit, et, semper idem, serein, transparent, souriant, le Vicaire de Jésus-Christ semant la charité et l’espérance. Ne nous trompons pas de chemin. Ne nous trompons pas d’époque. Le monde qui croule n’est pas le nôtre, mais celui qui renaît déjà, au milieu des décombres est le royaume dont nos petits-enfants seront les princes.
Il n’est pas impossible, à voir l’état du monde que cette transition ne se passe pas sans douleur. Les bruits de bottes, roulements de chars, démonstrations de force qui se multiplient sur fond de crise financière mondiale sont des signes avant-coureurs que nous ne connaissons que trop bien. La lumière du voyage pontifical était peut-être une consolation préalable, pour que nous sachions quand viendra l’heure des ténèbres, que la Croix est toujours glorieuse.
Il n’est pas impossible, non plus, que l’écroulement de la Babel capitaliste ne fasse pas plus de bruit que n’en fit l’écroulement du monstre soviétique. Nul ne le sait. Dieu le sait.
Mais ce qui n’échappe pas, même aux yeux des agnostiques clairvoyants, c’est le retour de la grande constante de notre histoire : tourmente ou déprime, orage ou simple passage nuageux, misère subite ou simple récession, guerre nucléaire ou série d’embuscades, la vie, l’amitié, la sociabilité élémentaire seront autour des monastères, des cathédrales, des églises et des paroisses. Le curé de campagne, le prêtre de paroisse, le prieuré du canton sont les premières nécessités sociales, politiques, culturelles et économiques de la France qui vient.
Jacques Tremolet de Villers , « Présent » n° 6685 du Mercredi 1 octobre 2008
Zélie et Louis Martin
Les saints de l'escalier
Par Henri Quantin - Alice Quantin
Editions du Cerf, Collection « Communion des saints »
On connaît mal la vie des parents de Thérèse de Lisieux. Ils furent liés par un amour fou, passionnés par l'éducation de leurs cinq fille et bouleversés par la mort de quatre enfants. Leur existence est un témoignage d'une indéracinable et joyeuse espérance. Thérèse écrivait d'ailleurs : « Le bon Dieu m'a donné un père et une mère plus dignes du Ciel que de la terre. » Zélie et Louis Martin ont progressé dans la sainteté en traversant les étapes que rencontrent les couples modernes : ils se marient tard, s'inquiètent de la réussite de leurs affaires, sont soucieux de l'éducation de leurs enfants et sont terrassés par les maladies contemporaines : le cancer pour Zélie et une maladie neuro-psychiatrique pour Louis. Thérèse rêvait de rejopindre le Christ par l'ascenseur de l'amour. Zélie et louis Martin ont ralié le ciel plus lentement, dans l'effort, par l'escalier de service. À la fois grave et plein d'humour, rédigé par un couple d'aujourd'hui sur un couple d'hier, ce livre réinvente l'art de l'hagiographie.
Il fallait qu'un bâton de chaise fût bien fait. C'était entendu. C'était un primat. Il ne fallait pas qu'il fût bien fait pour le patron, ni pour les connaisseurs, ni pour le client du patron. Il fallait qu'il fût bien fait lui-même, en lui-même pour lui-même, dans son être même.
Une tradition venue, montée du plus profond de la race, une histoire, un absolu, un honneur voulaient que ce bâton de chaise fût bien fait. Toute partie dans la chaise, qui ne se voyait pas, était exactement, aussi parfaitement faite que ce qu'on voyait.
C'est le principe même des cathédrales. ( http://petrus.angel.over-blog.com/article-6847109.html )
Loin de s'enfermer dans un ghetto, l'Eglise se manifeste au grand jour, se pose face à la cité et aux philosophes. Elle est comme fouettée par sa jeunesse et sa vitalité. Elle ne redoute pas l'affrontement, bien au contraire, car, victoire ou défaite, elle y trouve toujours son compte. (...) Les chrétiens mènent la vie quotidienne des gens de leur temps. Ils habitent les mêmes villes, se promènent dans les mêmes jardins, fréquentent les mêmes lieux publics -bien qu'on les rencontre moins souvent aux thermes et au théâtre -, empruntent les mêmes routes, sont passagers des mêmes navires (...) Pour les adeptes du Christ, il n'y a point difficulté à marier le Ciel et la Terre, car le geste le plus banal est à leurs yeux chargé de signification. Liaison avec le monde visible, mais en même temps rupture, au nom du monde invisible, d'où une situation inconfortable de présence et d'éloignement, de partage et de solitude, de sympathie et d'affrontement.
A.Hamman, in La vie quotidienne des premiers chrétiens.
à Valenciennes
de Vélasquez aussi
La reddition de Breda, au Prado de Madrid
C'est une merveille à examiner de près.
Il s'agit d'un drame, la bataille fait encore rage
dans le fond gris du lac ;
la composition est remarquable, particulièrement bien équilibrée.
Notez la somptuosité du paysage en arrière plan, qui est sensationnel.
Remarquez les expressions des visages, le gars qui est au-dessus de la queue du cheval qui regarde vers nous, le personnage à gauche qui est distrait.
Et surtout les deux personnages centraux. Celui qui tend la clé, le vaincu, et celui qui, en armure noire, l'accueille. Remarquez la beauté de son visage, et pourtant ces gars se sont battus jusqu'à s’entretuer. Il y a des morts et des blessés. Ce ne sont plus des adversaires ni des ennemis : ce sont deux hommes qui se regardent avec bienveillance. Comparez cela avec la photo de la reddition de l'Allemagne à Reims : il est certain que cela démontre deux styles de civilisation. Même si toutes les redditions ne se sont pas passées comme celle de Breda, il est significatif que ce soit justement celle-là qui soit pour ainsi dire montrée en exemple par le peintre qui trouve digne qu’on en fasse mémoire : encore un signe de civilisation.
la suite ici : http://www.ichtus.fr/article.php3?id_article=314
"Cet exceptionnel tableau historique destiné au Salon des Royaumes du Palais de Buen Retivo commémore la bataille de Breda. La scène se passe au moment où Justin de Nassau, chef des troupes hollandaises, remet les clés de la ville à Ambroglio Spinola, commandant de l’armée espagnole. Ce dernier dans un geste de suprême élégance, empêche le vaincu de s'agenouiller. Cette composition extrêmement complexe, donne cependant une impression d'instantanéité. Pourtant chaque détail est rendu avec une précision parfaite, les tissus, les ors, les plumes des chapeaux etc... Les deux groupes qui se font face, constitue une véritable galerie de portraits. La profondeur de la scène est rendue par une succession de plans, par une gamme variée d'effets lumineux. " (in "Grand Alpha de la peinture", n° 29).