En attendant une "Marche pour la vue", l'@afpfr mérite-t-elle un Bobard d'Or cette année pour ses #FakeNews ? A vous d'en décider en participant aux #BobardsDor. Votes en ligne ► bobards-dor.fr
A chacun de s'informer et de se faire un jugement ...
bienvenue sur Petrus Angel !
entrez !
A chacun de s'informer et de se faire un jugement ...
"La femme remonte, comme je l'ai déjà dit, à la plus haute antiquité. Elle a une très grande importance. Sans elle l'homme serait orphelin. Il vivrait comme un veuf. Au Café du progrès. En buvant du vermouth-cassis jusqu'à 2 heures du matin. Et en fumant des cigares bon marché. Son foie n'y résisterait pas. Ses doigts seraient jaunes de nicotine. Il mènerait une vie misérable, qui le conduirait rapidement au tombeau. Ses orphelins seraient inconsolables. Privés de bachot, et même d'études sérieuses, par de si tristes circonstances, ils fréquenteraient des compagnies douteuses. Ils vivraient de "hold up", de rapines, d'auto-stop. Ils se laisseraient pousser les cheveux jusqu'aux omoplates, et la barbe jusqu'au nombril. Ils fumeraient la marijuana. Ils se mettraient des colliers de fleurs. Ils se décalqueraient des pivoines sur le front et des femmes nues sur la poitrine. Ils s'assiéraient sur le bord des trottoirs, et ils joueraient de la mandoline dans les capitales étrangères. Et parfois même du banjo hawaïen. Avec la femme, au contraire, tout change."
Alexandre Vialatte, Chronique du Spectacle du Monde n° 86, mai 1969.
Les concurrents 2018
La cuvée de l’année s’annonce brillante avec comme candidats Les Inrocks, L’AFP (nommée pour pas moins de 4 bobards, et non des moindres !), La Croix, Le Monde, C8, Europe 1 et France Info. Notons parmi les favoris des internautes (un vote en ligne permet de choisir 3 bobards parmi les 14 présentés) “l’affaire Théo“, véritable fake news d’État impliquant toute la sphère politico-médiatique. La vidéo de son arrestation, diffusée par Europe 1 en janvier dernier, aura sonné le glas d’une intense campagne de presse.
Un autre grand favori concerne Yann Moix (voir son portrait : Yann Moix, toto écrivain) surnommé pour l’occasion “Yann Mhoax”, qui aurait soit-disant filmé des actes de barbarie commis à l’encontre des migrants par les forces de l’ordre à Calais. Double bobard, puisque Yann Moix enfonce le bouchon un peu plus tard en affirmant que « il y a, parmi les Afghans, des gens qui connaissent et Victor Hugo qui ont lu Victor Hugo en farsi, sur le bout des doigts, ils arrivent en France et on les frappe ! ». La journaliste et chroniqueuse Charlotte d’Ornellas souligne le fait que c’est une probabilité très faible, disons même quasi nulle :
« Taux d’alphabétisation en Afghanistan : 32% (UNESCO).
– Pourcentage de gens qui parlent français en Afghanistan : can you repeat the question (dans le « meilleur » des cas) ?
– Nombre d’œuvres d’Hugo traduites en dari : estimation manquante.
– Personnes (dans le monde entier) qui connaissent Victor Hugo « sur le bout des doigts » : 7 (estimation toute personnelle, je reconnais)
– Probabilité que Yann Moix ait croisé « des gens » — parmi les Afghans — qui connaissent Hugo sur le bout des doigts : . »
Citons parmi les autres bobards retenus le “Bobard point de vue” (Fabrice Valery et AFP) avec un bain de foule imaginaire pour Emmanuel Macron ; le “Bobard double dépêches” (AFP) avec une belle manipulation contre la Marche pour la vie ; ou encore le “Bobard frangipane” (AFP), portant sur la superbe “galette des roi (sic) et des reines” de l’Élysée.
Les votes sont ouverts jusqu’au 11 mars à minuit et seront suivis d’une “soirée de gala” ouverte au public le 12 mars au soir au Théâtre du Gymnase-Marie Bell, à Paris, à l’occasion de laquelle la salle pourra voter à main levée pour la meilleure fake news de l’année. Pour Jean-Yves Le Gallou, organisateur des Bobards d’Or, “les Bobards d’or combattent les mensonges des médias dominants. Ce sont, de loin, les mensonges les plus importants parce qu’ils sont colportés par des médias extrêmement puissants. Regardez le mensonge sur l’affaire Théo. Ce Congolais aurait été violé par des policiers. Cela s’avère totalement inexact, mais tous les médias en ont parlé. Ces grands médias officiels ont une puissance de mensonge considérable. Pour se défendre, ils ont trouvé la parade d’accuser les médias alternatifs. Cela ressemble à l’histoire de la paille et de la poutre.”
Nous sommes en 1980, Lee Strobel est journaliste au Chicago Tribune. Il a la passion des faits ; « ce qui ne se prouve pas n’existe pas ». . Avec sa femme Leslie, ils se revendiquent fièrement comme « athées ».
A la suite d’une rencontre, cette dernière va peu a peu se convertir et recevoir le baptême. Lee est scandalisé par cette « rupture ». Il va alors entreprendre de lui démontrer que Jésus n’est pas ressuscité. Il commence une profonde enquête, en mode « journalisme d’investigation » qu’il connaît bien. Patiemment, tous les paramètres et toutes les hypothèses de la crucifixion et de la résurrection sont étudiés : Jésus n’est pas ressuscité, il n’est pas mort en croix, il n’a jamais été mis au tombeau, etc…
« Jésus l’enquête » est un véritable « miracle cinématographique ».
Côté cinéma, c’est très moyen: un scenario linéaire et plat, des acteurs au jeu stéréotypé de série américaine et surtout un Lee Strobel (Mike Vogel) à la coiffure en mode années 70 d’un ridicule consommé. Parmi les dialogues on retrouve régulièrement la phrase clé des séries américaines : « Chéri, tu es sûr que ça va ? » et pour finir, c’est assez mal doublé.
Par contre, côté, éveil de l’intelligence à la foi, c’est magistral.
En effet, « l’enquête » livre peu à peu ses pépites qui rentrent dans l’âme du spectateur comme dans celle de Lee. Des preuves qui s’accumulent et vont amener le journaliste, contre toute attente, à la conversion. Et paradoxalement, l’absence de scénario bien ficelé, d’acteurs excellents, de photo superbe, de suspens inattendu… bref ce vide cinématographique, permet à toute la recherche de Lee de nous atteindre peu a peu, en douceur, sans effets mais aussi sans obstacle. On ne retient rien d’autre du film que l’essentiel : il est « certain » que jésus est bien mort en croix, qu’il a été mis dans un tombeau et que des centaines de personnes l’ont vu vivant après sa mort !
Le 8 mars a lieu la Journée internationale des droits des femmes.
Comme chaque année, nous aurons droit aux discours convenus sur la nécessaire lutte pour l’égalité entre les hommes et les femmes et la libération des femmes de l’oppression séculaire des hommes. Cette année, avec les « révélations » sur le harcèlement et les violences sexuelles à l’encontre des femmes, nos média se féliciteront certainement de cette libération. Dans cette atmosphère qui devient étouffante, nous nous permettons de faire un écart à la bien-pensance et au sérieux avec ce texte iconoclaste de la grande romancière Geneviève Dormann (1933-2015), publié dans Le Quotidien de Paris du 8 mars 1982 :
Journée des femmes, fêtes des femmes, vive les femmes ! Qu'on me permette de me méfier de la fête officielle qu'on est en train de nous donner. (…)
Et la journée des hommes, alors, quand aura-t-elle lieu ? Ce n'est pas parce que leurs voix sont moins nombreuses que les nôtres qu'il faut mépriser les exploités, les battus, les méprisés, les faiblards. Quand défendra-t-on les cadres décadrés, les chômedus et les demandeurs d'emploi, les époux de viragos, les fils de castreuses, les laissés pour compte, les fils-pères, les moches, les branques, les bande-mou, les priapeux, les alcoolos anonymes, tous les claqués du bureau, les déprimés, les comprimés, ceux qui ont les éponges mitées, la prostate qui prend l'eau, les nerfs en peau de fleur, les glandes invisibles à l'œil nu ? A quand la fête des retraités, des sous-traités ? Une journée des hommes, tiens, pour lesquels un ministre de la Condition masculine — mon ami Pierre-Yves Guillen serait parfait — pourrait proposer des mesures d'urgence, corollaires des mesures « féministes " de cheftaine Roudy. Des mesures pour rassurer ceux qui, de plus en plus, changent de trottoir dès qu'ils voient une nana se pointer. Je propose :
1. La création d'une réserve pour les derniers spécimen masculins polis, courageux et tendres.
2. Du temps libre pour que les malheureux, assommés de travail, puissent se faire faire des nettoyages de peau et des révisions dentaires (voir à la télé, lors des discours, la collection de croqueuses pourries assimilables aux remparts de Carcassonne avant restauration, les parodontoses galopantes, les gencives crues, les chicots vampiresques, grisâtres ou absents.)
3. Restitution de l'Académie française à l'usage exclusif des hommes pour que les vieux intellos qui ont bien mérité de la patrie puissent à nouveau s'amuser tranquillement entre eux, le jeudi.
4. Droit à la Sécurité sociale pour les hommes d'intérieur dont les épouses sont femmes d'extérieur.
5. Droit, pour un oisif, de toucher la retraite d'une conjointe travailleuse, après sa mort.
6. Obligation, pour les femmes qui font les mêmes études qu'eux, de subir le même handicap du service militaire, au lieu, comme aujourd'hui, de leur rafler les meilleures places, pendant qu'ils sont obligés de faire le parcours du combattant.
7. Cours du soir de psychologie féminine et de comportement où ils apprendront :
a) que la démagogie craintive (si à la mode) à l'égard des femmes n'attire pas forcément leurs faveurs ;
b/ qu'il est malpoli, quand on est président de la République ou député de s'adresser aux citoyens en disant « françai-zeuzéfrançais ", ce qui est une faute de syntaxe, un acte de sexisme puisque nous sommes tous des citoyens français, et un procédé antidémocratique par mention incongrue d'une différence.
8. Sévérité légale pour les violeuses de liberté qui, abusant de leur spécificité maternelle, oublieront exprès de prendre leur pilule ou de recourir aux services d'avortement gratuit, pour se faire épouser ou se faire allouer des rentes coquettes.
9. Recours légal possible contre les violeuses tout court qui abusent d'un homme en état de faiblesse : ivresse, cafard, dépression ou naïveté.
10. Possibilité de partager avec les femmes l'exercice de tous les métiers, même les plus déprimants comme celui de boueux (je n'ai jamais vu une boueuse) ou comme celui de croque-mort (il n'existe à cette heure, en France, aucune croqueuse de mort, ce qui est tout à fait anormal).
Ces justes et équitables mesures gouvernementales étant prises, il serait amusant de vérifier si la démagogie à l'égard des hommes ne serait pas plus rentable, électoralement, bien sûr, que celle qui se pratique actuellement, à l'égard des femmes. J'en suis persuadée, bien que nous dominions, en nombre, à 52 %.
Merci à EVR
La période de déclin civilisationnel que nous traversons suscite nombre de débats et d’ouvrages. L’Américain Rob Dreher préconise ce qu’il appelle le « pari bénédictin ». Mais oubliant le rôle médiateur du politique dans la diffusion des pratiques vertueuses, notamment par l’ancrage progressif des lois civiles dans le droit naturel, son radicalisme ne saurait assurer le « bien-vivre » auquel chacun aspire. Le modèle monastique est-il 100 % adaptable à l’homme de la Cité ?
"Est-ce la fin de notre civilisation ?" Voilà le thème sur lequel échangeront, le 25 janvier à Châlon-sur-Saône, Franz-Olivier Giesbert, Michel Onfray et Éric Zemmour, les deux derniers nommés étant de longue date qualifiés de déclinistes, ayant commis l’outrage d’alerter l’opinion sur la décadence de l’Occident. L’effondrement est tel, qu’il est dorénavant question de survie. À titre d’exemple, on peut citer Pierre de Lauzun, toujours intéressant, qui propose une analyse avant tout géopolitique des enjeux à venir dans un ouvrage intitulé Guide de survie dans un monde instable, hétérogène, non régulé (1). L’ouvrage de Rod Dreher, au titre aguichant pour les catholiques – Le pari bénédictin, Comment être chrétien dans un monde qui ne l’est plus (2) – aborde la question du déclin de l’Occident chrétien sous l’angle spirituel et donne des pistes pour y faire face. Nous constatons qu’à partir du moment où le bien-vivre, finalité de la cité, disparaît sous le rouleau compresseur de la modernité sécularisatrice qui déploie chaque jour plus loin ses tentacules destructrices, l’état de la dissociété incite à envisager la simple survie, seule voie apparemment accessible.
La difficulté réside toujours dans la juste appréciation d’une situation sans tomber dans l’optimisme béat ou dans la désespérance, deux travers produisant la même inhibition dans le domaine de l’action. La manière de concevoir le phénomène de déconstruction, de présenter l’étendue du mal à combattre et d’envisager les moyens pour y remédier ne sont jamais inopérants sur la vigueur et l’efficacité du combat. Ajoutons à cela que des moyens d’action similaires mais proposés dans des perspectives différentes n’auront pas les mêmes effets. Notre agir dépend en bonne partie de la manière dont nous pensons l’action, même intuitivement. À cet égard, l’ouvrage de Rod Dreher est exemplaire des dangers encourus si l’on ne prête pas attention aux tenants et aboutissants de l’analyse globale de l’auteur. Dans Le pari bénédictin, il propose de nombreux moyens d’action concrets auxquels nous ne pouvons qu’acquiescer : création d’écoles authentiquement chrétiennes et place centrale accordée à l’éducation, rejet du consumérisme et de la sécularisation, recours à la contemplation et l’absence de tiédeur dans la vie spirituelle, revitalisation des liens communautaires entre les chrétiens autour des églises, des monastères, etc. Bref, toutes choses excellentes et même de première importance aujourd’hui. Pourtant, les lecteurs de l’ouvrage l’ont sans doute remarqué, la pensée de l’auteur s’inscrit dans une perspective théologique qui risque de fausser le bien-fondé de certains des excellents moyens proposés.
En effet, au fil des pages, il apparaît clairement que l’enracinement du spirituel dans le temporel, c’est-à-dire la médiation du droit naturel (jamais évoqué) et par conséquent du politique, fait totalement défaut dans l’ouvrage. Ainsi, si la référence à la règle bénédictine adaptée au laïcat comme modèle de vie est fort louable, il convient tout de même de rappeler que celle-ci a été conçue pour des moines, se retirant du monde… Même s’il doit se protéger, lui-même et sa famille de l’esprit du monde, ce n’est pas le cas du laïc catholique.
Le champ politique semble par nature mauvais. Ainsi, conscient de la contradiction de plus en plus croissante entre les lois civiles et la loi divine, l’auteur explique que « dans les années qui viennent, il nous faudra probablement choisir entre être un bon Américain, un bon Français, etc. et être un bon chrétien » (3). Une telle affirmation laisse pantois. Difficile d’imaginer qu’il s’agisse d’une approximation terminologique. Or, celui qui se soumet aux lois iniques et collabore à leur application n’est ni un bon chrétien, puisqu’il met son salut en jeu, ni un bon citoyen puisqu’il n’agit pas en vue du bien commun. On cherchera en vain d’ailleurs une quelconque mention du bien commun temporel dans cet ouvrage. Cette absence de prise en considération de la médiation du politique dans la propagation des pratiques vertueuses, voire le rejet pur et simple du pouvoir politique comme instrument de combat contre la sécularisation, ressort également explicitement du passage suivant : «Aucune administration en place, si pro-chrétienne qu’elle affirme être, ne peut enrayer la tendance, prise depuis de nombreux siècles, à la désacralisation et à la fragmentation. L’espérer serait faire de la politique une fausse idole » (4). S’agit-il d’un simple constat de l’étendue de la subversion culturelle actuelle ou de l’affirmation du caractère profondément mineur du politique dans une perspective de charité chrétienne, contrairement à ce qu’a toujours affirmé l’Église catholique ? Nous penchons résolument pour la seconde solution. À dire vrai, tout cela n’a rien d’étonnant dans la mesure où l’on devine aisément à travers les propos de l’auteur l’affiliation, plus ou moins profonde, aux idées théologico-politiques du courant anglo-saxon radical orthodoxy, qui se caractérise par le rejet de l’ordre naturel et la négation subséquente du pouvoir politique.
Dans un contexte comme le nôtre, marqué par notre incapacité à peser sur le pouvoir, il est tentant d’abandonner l’action politique, au motif que ce n’est pas « opérant » aujourd’hui. C’est oublier que l’action est toujoursune tension vers quelque chose, et que ce qui est premier dans l’ordre des fins est souvent dernier dans celui de l’action. La juste connaissance de la fin ultime de l’action, en l’occurrence le rétablissement d’un ordre politique juste pour le bien spirituel du plus grand nombre de nos concitoyens, détermine l’opportunité de nos engagements présents. L’expansion du christianisme a été rendue possible grâce au monachisme certainement, mais également grâce à la conversion des chefs politiques et à l’assujettisse ment progressif des lois civiles au droit divin et naturel. En oblitérant délibérément notre nature politique, la « survie » communautaire, totalement faussée, tourne résolument le dos au « bien-vivre » de notre France à reconstituer, conformément à notre devoir de justice, animé par l’espérance, vertu théologale qui nourrit notre action.
JOËL HAUTEBERT
1. Pierre de Lauzun, Guide de survie dans un monde instable, hétérogène, non régulé, Terra Mare, 272 p., 18 €.
2. Rob Dreher, Le pari bénédictin, Artège, 376 p., 20,90 €.
3. Rod Dreher, p. 137.
4. Ibid., p. 127.
Les gros média se font l'écho de la nouvelle pétition en faveur de l'euthanasie.
Petit média, Petrus Angel se fait l'écho du manifeste de la SFAP:
La Société Française d'Accompagnement et de Soins Palliatifs publie un manifeste à signer en ligne :
«Quand on me présente quelque chose comme un progrès, je me demande avant tout s'il rend plus humain ou moins humain», George Orwell
Inlassablement les projets et propositions de loi, les tribunes et les pétitions viennent et reviennent encore réclamer la légalisation du droit à mourir. Inlassablement nous sommes sollicités, interrogés, auditionnés pour donner notre avis et exposer nos arguments.
Nous soignants et bénévoles de la Société Française d'Accompagnement de Soins Palliatifs (SFAP) fédérons 10 000 soignants et 6 000 bénévoles, en contact quotidien avec des milliers de personnes en fin de vie et leurs proches, sommes opposés à une telle législation :
- Elle viendrait à rebours de la révolution palliative en cours et des progrès sans cesse enregistrés dans le soulagement et l'accompagnement des personnes en fin de vie depuis 30 ans.
- D'expérience très peu de patients nous disent souhaiter mourir et bien moins encore nous le redisent lorsqu'ils sont soulagés et accompagnés. Une « liberté de mourir » qui serait motivée par une souffrance non soulagée ne serait pas un choix libre. Alors même que les recommandations pour la mise en œuvre de la Loi Claeys-Leonetti de 2016 ne sont pas encore publiées, il nous semble essentiel de ne pas accroître la vulnérabilité des personnes malades par des évolutions législatives permanentes.
- Une telle loi impliquerait de graves changements de notre pratique. Comment la transgression, même exceptionnelle, de l'interdit de tuer, pourrait-elle être sans effet sur ceux dont la mort approche et ceux qui les soignent? Une liberté donnée à un malade qui conduirait un soignant à donner la mort est-elle réellement l'exercice de l'autonomie?
Par ailleurs, nous refusons de nous laisser enfermer dans ce débat binaire qui réduit la question de la prise en charge des patients en fin de vie à celle de l'euthanasie. Nous voulons promouvoir les valeurs qui nous rassemblent et qui sont le cadre de référence des soins palliatifs. Elles donnent du sens à notre travail et sont autant de balises, utiles au quotidien comme en temps de crise dans un monde complexe et en constante évolution.
- Les valeurs professionnelles du soin. Des valeurs d'humanité, d’attention et de sollicitude envers les personnes qui souffrent et ceux qui les entourent, de respect du déroulement de la vie en préservant sa qualité jusqu'à la fin. Le contrat de confiance qui unit les soignés et les soignants interdit à ces derniers de faire du mal volontairement à autrui et plus encore de faire mourir.
Ces valeurs du soin et du non-abandon fondent le mouvement des soins palliatifs qui considère la mort comme un processus naturel et non comme le résultat d'un geste volontaire. Donner la mort n'est pas un soin.
- Les valeurs humaines de l’accompagnement. Des valeurs partagées par tous les acteurs, soignants ou bénévoles, simplement parce que l’autre, le souffrant, est une personne qui requiert écoute et présence.
- Les valeurs personnelles de nos adhérents : pour certains le respect de la vie, pour d’autres le refus de la toute puissance que serait le pouvoir ultime de donner la mort, pour d’autres encore une certaine humanité.
Toutes ces valeurs fondent un choix de société : Non pas une société ultra libérale de l’individu autonome, indépendant de tous, maîtrisant sa vie et sa mort mais une société de la solidarité et de l'interdépendance prête à secourir la fragilité, une société du Care."
Agnès Buyzin, ministre de la santé, a déclaré la guerre au vin sur France 2, le 7 février dernier, en le mettant sur le même plan que les autres alcools et donc un danger pour la santé publique. Bientôt verra-t-on sur les bouteilles de vin un bandeau noir :« Le vin est dangereux pour la santé »? Il faut réagir. Voici un magnifique plaidoyer en l’honneur du vin par le géographe Jean-Robert Pitte, membre de l’Académie des sciences morales et politique :
Au moment où progressent en France les tendances prohibitionnistes, en réponse aux dangers de l’alcoolisme qui touche en particulier les jeunes. (…) Le fait que les nouvelles générations boivent peu ou pas de vin et qu’elles recherchent plutôt les sensations fortes ou l’oubli dans les alcools forts et les stupéfiants est rarement évoqué; le vin subit donc un opprobre parfaitement immérité. C’est la raison pour laquelle il est (…) nécessaire de répondre à une question qui est au cœur de la culture de notre pays et, chaque jour un peu plus, de l’humanité entière: «Pourquoi aimer le vin?» (…)
Rien n’est plus sérieux que le vin puisqu’il est en correspondance profonde et intime avec notre excitante condition humaine. (…) Il est à notre économie ce que le pétrole est à d’autres, avec une qualité supplémentaire: celle de porter l’empreinte de notre culture, pour ne pas dire de notre génie, celle de nous ressembler. Depuis la haute Antiquité, le vin a tenu une place essentielle dans les civilisations du Croissant fertile dont nous sommes les héritiers et où il est apparu vers la fin du VIIe millénaire avant notre ère. De par ses effets euphorisants et doucement désinhibants qui permettent de prendre du recul face au pesant quotidien, il est devenu une boisson de culture qui a tout naturellement pris sa place au cœur des religions du Proche-Orient et de la Méditerranée. Dieu grec (Dionysos) et romain (Bacchus), signe de l’alliance avec Yahvé chez les Hébreux, le vin tient une place centrale dans le christianisme qui allie l’héritage biblique et celui de la Grèce au travers de l’Eucharistie. (…)
Plante à feuilles caduques dans une région du monde où les plantes à feuilles persistantes sont majoritaires, Vitis vinifera revêt un aspect extrêmement austère pendant l’hiver. Son débourrage et la pousse de son feuillage vert tendre au printemps sont spectaculaires. C’est pourquoi elle a très tôt été associée à la renaissance de la vie après la mort, thème majeur de la mythologie dionysiaque et de la théologie chrétienne.(…) Voir, sentir et goûter le moût qui commence sa fermentation en s’échauffant, puis en bouillonnant au plus fort du processus, comprendre les bons effets de la seconde fermentation dite malolactique, constater l’évolution différente de deux bouteilles du même vin à mesure qu’elles vieillissent: autant de motifs d’émerveillement(…). Le vin est bien l’une des expressions les plus vigoureuses et foisonnantes de la vie. Ce n’est pas par hasard qu’une feuille de vigne habille les parties vitales d’Adam dans de nombreuses représentations artistiques (…)
La grandeur d’un vin réside dans sa complexité et sa finesse, rarement dans l’exubérance. Compte tenu du nombre élevé de paramètres physiques et humains qui concourent à sa personnalité, c’est l’impression de rester au seuil d’un monde qui le dépasse qui émeut l’amateur (…). C’est cela qui rend le vin si nécessaire à l’humanité pour l’empêcher de sombrer dans le positivisme et l’orgueil. C’est pourquoi comprendre le vin exige de faire appel à toutes les sciences.(…)
Une autre de ses vertus touche à ses propriétés euphorisantes, anxiolytiques, désinhibantes, bien entendu lorsqu’il est consommé avec modération.(…) Il n’est pas besoin de s’étendre longuement sur les conséquences très positives de ces effets physiologiques. Des hommes et des femmes joyeux sont plus heureux de vivre, plus intuitifs, plus sociables, mieux à même d’éprouver de nobles sentiments et de les partager avec autrui. Le plaisir est indispensable à la vie. Le prédicateur oratorien Jean-François Senault l’écrivait en 1652 : «Ceux qui condamnent le plaisir sont obligez de condamner la nature et de l’accuser d’avoir commis des fautes en tous ses ouvrages. Comme le plaisir est utile au corps, il n’est pas moins utile à l’esprit.» En donnant confiance à celui qui le boit avec sagesse, en exhaussant son abnégation, sa sympathie, voire son empathie vis-à-vis d’autrui, le vin permet de mieux investir la totalité du potentiel de la condition humaine. La plupart des philosophies et morales du monde ont toujours enseigné qu’il fallait s’aimer soi-même pour pouvoir aimer l’autre et vice-versa : le vin y contribue clairement. (…)
Sa Sainteté le pape Benoît XVI ne se lasse pas de le répéter. Ses premières paroles après son élection au siège de saint Pierre le 19 avril 2005 avaient surpris: «Chers frères et chères sœurs, après le grand pape Jean Paul II, Messieurs les cardinaux m’ont élu moi, un simple et humble travailleur dans la vigne du Seigneur…». Il a récidivé le 29 juin 2011, lors de l’homélie prononcée au Vatican à l’occasion de (…) la 60e année de son sacerdoce. Il choisit de commenter la parole de Jésus: «Je ne vous appelle plus serviteurs mais amis! (Jn, 15, 15)» Et, à partir de celle-ci, il file une étonnante métaphore viti-vinicole: «La Parole de Jésus se place dans le contexte du discours sur la vigne. Le Seigneur associe l’image de la vigne avec la tâche confiée aux disciples: «Je vous ai institués pour que vous alliez et que vous portiez du fruit et un fruit qui demeure» (Jn 15, 16).(…) Quel est le fruit qui demeure? Eh bien, le fruit de la vigne est le raisin à partir duquel se prépare par la suite le vin.(…) Pour que parvienne à maturité un vin de qualité, il faut le foulage, le temps nécessaire à la fermentation, le soin attentif qui sert au processus de la maturation. Le vin fin est caractérisé non seulement par la douceur, mais aussi par la richesse de ses nuances, l’arôme qui s’est développé au cours du processus de maturation et de fermentation. N’est-ce pas déjà une image de la vie humaine et, selon un mode spécial, de notre vie de prêtre? Nous avons besoin du soleil, de la pluie, de la sérénité et de la difficulté, des phases de purification et d’épreuve, comme aussi des temps de cheminement joyeux avec l’Évangile. (…) Le vin est l’image de l’amour (…), le vin qu’on attend du raisin de qualité est avant tout une image de la justice.» (…)
Tous les textes anciens célèbrent les mérites du vin, mais aussi préviennent les hommes de ses dangers. Consommé sans retenue, il entraîne des effets dévastateurs sur les pensées et sur les actes des buveurs. L’islam, religion de précaution et de fort encadrement, a préféré éviter le risque et a choisi l’interdiction pure et simple… en ce bas monde, promettant aux justes des fleuves de vin au paradis d’Allah. C’est aussi le choix des gouvernements prohibitionnistes de certains pays protestants au XIXe et au XXe siècle. L’expérience démontre que la prohibition ne résout rien et qu’au contraire elle encourage la transgression, l’ivresse rapide et, finalement l’addiction alcoolique. (…) Il n’est pas admissible que le vin soit considéré par la loi comme une simple boisson alcoolisée et donc dangereuse. Il n’est pas raisonnable d’interdire de parler du vin à la radio et à la télévision. Les Français et l’humanité tout entière doivent être éduqués à la modération et à la responsabilité dans la consommation du bon vin, source d’optimisme et occasion de dialogue, merveilleuse introduction à la complexité et à la subtilité des réalités visibles et invisibles.(…) En 1957, Roland Barthes (écrira dans son livre Mythologies) : «Le vin est senti par la nation française comme un bien qui lui est propre, au même titre que ses trois cent soixante espèces de fromages et sa culture. C’est une boisson totem […]. Croire au vin est un acte collectif contraignant.» (…) La science du vin n’est donc pas seulement physique, chimique et biologique, mais aussi morale et politique et même davantage encore, puisque le vin est une véritable métaphore de la condition humaine.
(extraits de L’amour du vin, 2013, CNRS Éditions)
Merci à EVR
« Rien n'est aussi grand dans ma création que ces beaux jardins d'âmes, bien ordonnés comme en font les Français. Toutes les sauvageries du monde ne valent pas un beau jardin à la Française » (Les mystères de Jeanne d'Arc)
« Le bonheur de certains appartient, par un mystère de charité, à tout le monde. »
« Nous savons que le monde est en effet un texte, et qu'il nous parle, humblement et joyeusement, de sa propre absence, mais aussi de la présence éternelle de quelqu'un d'autre, à savoir son créateur. » (Le poète et le shamisen)
« C'est ce que vous ne comprenez pas qui est le plus beau. » (Le soulier de satin)
« Ce qui ouvre le cœur de Dieu, ce n'est point la lance, mais le cri d'un cœur affligé, car le royaume de Dieu souffre violence. »
« Nous sommes faibles, il est vrai, et de peu d'intelligence, nous sommes peu nombreux et l'erreur autour de nous est immense. Montrez-nous le père, dit Philippe et cela suffit. » (Poème sur St Philippe)
Lu ICI
« La bienheureuse bonne nouvelle apportée par l’Evangile, c’était la nouvelle du péché originel »
François d’Assise (traduction Isabelle Rivière).
Publié par Les amis de Chesterton
P.S. : 20 citations de Chesterton pour vous aider à retrouver la raison dans ce monde insensé
Le Carême a démarré cette semaine dans une certaine indifférence médiatique. Le «conseil des sages de la laïcité», nommé en janvier par Jean-Michel Blanquer, demande au ministre de « développer l'enseignement du fait religieux» à l'école et d’en faire une priorité. Par ailleurs, notre président Macron a l’ambition de réformer l’Islam de France. Une occasion de contribuer au dialogue entre Catholiques et Musulmans en lisant ce texte d’Annie Laurent, docteur d’Etat spécialiste du Moyen-Orient, sur les différences entre le Carême et le Ramadan.
EVR
L’homme étant âme et corps, l’âme a besoin des actes et des attitudes du corps pour s’engager. Cette réalité se vérifie notamment dans le sens à donner au jeûne que pratiquent chrétiens et musulmans. De profondes différences existent pourtant à ce sujet entre le Carême et le Ramadan, aussi bien quant à la forme des observances religieuses qui y sont requises que quant à la signification spirituelle de ces périodes.
Pour le Coran, la prescription du jeûne durant le mois de Ramadan (neuvième de l’année lunaire musulmane) émane de Dieu Lui-même (…) Le Dieu du Coran précise les modalités de ce jeûne : « Mangez et buvez jusqu’à ce que se distingue pour vous le fil blanc du fil noir, à l’aube. Ensuite, faites jeûne complet jusqu’à la nuit » (Coran 2, 187). Il s’agit, du lever au coucher du soleil, de s’abstenir de toute consommation de nourriture et de boisson, y compris de la moindre goutte d’eau, de tabac et de relations sexuelles, sous peine de « rupture illicite du jeûne ». (…)
Dès le coucher du soleil, tous les interdits cessent. Les musulmans se retrouvent alors pour « rompre le jeûne » autour d’un repas festif, l’iftar, auquel ils convient leurs parents, leurs proches et leurs amis (y compris des non musulmans). La fête peut durer tard dans la nuit, la nourriture est souvent abondante et comporte des mets de choix. Les musulmans prennent par ailleurs une collation tôt le matin, avant le lever du jour.
Les chrétiens sont, eux aussi, invités à jeûner durant le Carême, mais ce jeûne est une loi de liberté. La seule prescription formelle concerne le Mercredi des cendres et le Vendredi saint au cours desquels le jeûne est prescrit, ainsi que l’abstinence de viande tous les vendredis de Carême. Pour le reste, les chrétiens sont appelés à toutes les privations que leur conscience leur indique devant Dieu : l’alimentation et le tabac, bien sûr, mais aussi toute autre privation (sorties, télévision, cinéma, lectures, etc.) afin de « s’établir avec foi dans une attitude d’humilité pour accueillir l’action de Dieu et se mettre en sa présence » (Vocabulaire de théologie biblique de X.L. Léon-Dufour p. 609) et de laisser plus de place à la prière et à l’attention aux autres. En outre, la sobriété est requise et il n’est pas question de compenser le soir ce dont on s’est privé durant la journée.(…)
Le Ramadan manifeste la solidarité des membres de l’Oumma, la communauté des croyants. Celle-ci s’accompagne d’une surveillance étroite de chaque musulman. C’est pourquoi le Ramadan est le « pilier » le plus suivi. Même des musulmans non croyants jeûnent sous la pression sociale de leur entourage [voire de la police]. Cette surveillance s’exerce aussi dans les quartiers de villes françaises à forte concentration islamique. (…)
A l’inverse, le chrétien est appelé à jeûner dans le secret et à se comporter aux yeux du monde comme s’il ne jeûnait pas « pour que ton jeûne soit connu, non des hommes, mais de ton Père qui est là dans le secret ; et ton Père, qui voit dans le secret te le rendra » (Mt 6, 16-18).(…)
Dans le Ramadan, l’accent est mis sur l’exercice de la volonté et l’obéissance à Dieu qui en a commandé l’observance. Mais cet ordre est dépourvu de toute signification autre que la soumission qui est le sens même du mot « islam ».(…)
Le Carême est une réalité avant tout spirituelle et personnelle. C’est le temps du combat pour purifier l’âme, le temps durant lequel l’homme est invité à se souvenir de son état de pécheur, de sa vulnérabilité aux tentations. Il n’est en rien un exercice ascétique ou méritoire, mais un acte d’humilité de l’âme, un acte d’abandon confiant en l’amour de Dieu et en sa Parole. A Satan venu le tenter après un jeûne de 40 jours, le Christ répond : « Ce n’est pas de pain seul que vivra l’homme, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu » (Dt 8, 3 et Mat 4, 4). Autrement dit, le Carême est entièrement tourné vers la Semaine sainte et Pâques, le mystère de Dieu fait homme, « mort pour nos péchés et ressuscité pour notre justification » (Rm 4, 25).
(dans la Petite Feuille Verte de l’Association Clarifier du 9 mars 2013)
Örök tél (Hiver éternel), un film hongrois
jeudi 22 février 2018 à 20h
à l'Institut hongrois , 92, rue Bonaparte 75006 Paris
Réservation obligatoire : reservation@instituthongrois.fr | +33 1 43 26 06 44
À la fin de l’année 1944, la Seconde guerre mondiale va bientôt se terminer. Mais pour des millions de personnes, les véritables épreuves ne font que commencer. Outre les soldats et les prisonniers de guerre, des centaines de milliers de civils, de personnes âgées, de femmes et d’enfants ont perdu leur maison, leurs biens, leur liberté. Entre novembre 1944 et avril 1945, sur ordre de Staline, l’Armée rouge arrête 250 000 civils sur le territoire hongrois pour les envoyer dans des camps de travail soviétiques. Avec ce film, les réalisateurs des longs métrages « Demi-monde » et « L’ambassadeur de Bern », Attila Szász et Norbert Köbli, rendent hommage aux femmes innocentes déportées.
Entrée libre
Et si l’avenir était aux catholiques en politique ? Face aux absurdités et violences du monde moderne : du transhumanisme, à la grande pauvreté de la France périphérique, en passant par l’industrie agro-alimentaire détruisant notre santé, la GPA et la marchandisation de l’être humain, nous sommes contraints à la politique ! Des philosophes, comme Martin Steffens (*), professeur agrégé de philosophie, peuvent nous aider à penser notre action :
En 1965, lors de sa soutenance de thèse, Julien Freund (**) disait que la relation « ennemi-ami » est constitutive du politique. Son directeur, Jean Hyppolite, un socialiste, lui répondait : « Si ce que vous dites est vrai, que la politique consiste nécessairement à devoir faire avec la violence, la guerre, alors je préfère arrêter tous mes engagements politiques et aller cultiver mon jardin. » Julien Freund lui rétorqua : « Vous pouvez le faire, mais votre ennemi viendra vous chercher jusque dans votre jardin. » Nous voyons bien qu’il n’y a pas de lieu où nous cacher du monde – car cette cachette se trouvera dans le monde lui-même ! C’est donc vrai que nous sommes contraints à la politique. Nous pourrions en effet nous cacher dans nos « hôpitaux », dans la mission sociale, et nous serions à l’abri, dans le camp des gentils. Il ne faut certainement pas renier cette action sociale, qui a son efficacité et une grande importance, mais il faut valoriser aussi ceux qui sont capables d’autorité dans le champ politique, d’aller prendre les coups, de s’exposer, de dire « non » à certaines choses. Et il en va de même avec la personne qui est au pouvoir et qui doit prendre des décisions difficiles. Nous vivons dans une époque très « misarchiste », comme disait Nietzsche, c’est-à-dire qui méprise le pouvoir et son exercice. Nous avons tendance à penser que ces gens de pouvoir sont de toute façon des dominants, et qu’en tant que tels ce qu’ils font est facile à faire. Or, ce n’est pas si facile. Un père a par exemple le devoir de parfois punir son enfant : ce n’est pas pour jouir de sa domination, mais pour le servir. C’est une tâche très difficile. Je crois qu’en fait, si l’on intègre bien que gouverner c’est servir, et que c’est l’un des services les plus pénibles qui soit, c’est tout à fait noble et essentiel de vouloir occuper, donc rechercher, des postes de décision politique. Quand on dit « prendre le pouvoir », on pense à des dominants qui vont imposer leurs valeurs. Or exercer le pouvoir, c’est une crucifixion, un sacrifice. Si un chrétien sent qu’il peut le vivre comme cela, eh bien il doit y aller !
(…)
Il faut continuer à agir, mais en prenant de la hauteur. Jésus recommande de dire « que la paix soit sur cette maison ; et s’ils n’en veulent pas, qu’elle rejaillisse sur vous. » C’est une manière essentielle d’habiter notre action. Nous ne devons pas nous démoraliser, ou sombrer dans la rage, si nous n’avons pas gagné telle ou telle partie. Il y a une obligation d’annonce et de moyens, mais le résultat sur le temps court nous échappe en bonne partie, même si nous agissons avec compétence.
(…)
(Il ne faut) pas faire perdre de vue que la Cité de Dieu se construit aussi aujourd’hui et maintenant par tous les actes que l’on pose en vérité et en charité. Même ce qui est invisible aux yeux du monde, ce qui ne sert à rien, a une utilité si c’est posé en vérité et en charité. Tout se joue entre « anticiper » – ce qui peut rendre malade s’il s’agit de prendre la chose avant que la chose ne soit là (ce qui est l’étymologie du mot) – et le fait de se préparer à accueillir les temps qui viennent. Entre l’action et l’accueil, il y a peut-être une façon de prendre les choses sans tomber ni dans la désespérance, ni dans le volontarisme : il s’agirait d’être conscient qu’il se peut que tout aille de plus en plus mal, mais que de toute façon ce sera l’occasion d’aimer d’autant plus ce monde et vouloir s’en occuper.
(…)
Pour ne pas devenir cyniques, il faut souffrir de l’absurdité et de la violence du monde, mais en sachant que cette souffrance témoigne que nous ne sommes pas faits pour cette absurdité. Le christianisme renverse les catégories d’action, parce que c’est en souffrant que le Christ sauve le monde. Cela peut être très perturbant parce que, dans les catégories du monde, c’est en agissant que nous sauverons le monde. Cet exemple du Christ nous indique que si le chrétien prend toujours soin de souffrir pleinement de ce qui doit être l’objet de sa souffrance – par exemple que ce monde piétine la nature humaine et les trésors de la civilisation chrétienne -, s’il en souffre assez et qu’il met de l’énergie pour que le bien engendre le bien, il y a quelque chose qui se passe, et son action n’est pas vaine. Tout cela n’est pas vain si la souffrance ne conduit pas à la désespérance, qui est une manière de ne plus souffrir, et si l’action garde la distance suffisante avec la volonté de « toute-puissance » ou de « toute-maîtrise ». Dans cet état d’esprit, je crois que l’engagement des catholiques dans ce monde n’est pas vain. La civilisation technicienne pense que tout problème a sa solution, que toute souffrance a son remède. Ne croyons pas cela : tout n’est pas soluble sur cette terre. Pour le chrétien, pour tout problème, il y a la souffrance de ce problème-là, sa rumination et la possibilité de vivre avec ce problème, de vivre pleinement ce problème. C’est très inconfortable d’être chrétien parce que nous ne sommes ni dans le « faire absolument » de l’Occident technicien, ni dans le détachement fataliste de l’Orient méditatif. Et si nous avouons traverser actuellement un désert, il faut alors soigner les oasis qui nous permettent de vivre dans ce désert, sans jamais nous réconcilier avec lui. (…) La psychologie et les régimes totalitaires qui créent les tempêtes de sable sont là pour faire en sorte que nous vivions dans le désert en trouvant cela normal. Or le but est de vivre dans le désert et d’en souffrir, non pas de trouver cela normal. Et nous ne pouvons vraiment y vivre en souffrant que si nous avons des oasis, par exemple, l’amitié, la prière, l’art, etc. L’Eglise est à construire comme une oasis, comme lieu où l’on peut poser ses bagages, où l’on s’accueille dans sa différence sans se juger, mais sans non plus nous faire croire que nous ne sommes pas différents. L’Eglise est cette respiration, ce dimanche nécessaire pour initier une semaine de combats.
Extraits de l’entretien paru dans la revue Permanences en 2017.
(*) auteur de L’éternité reçue, Ed. Desclée de Brouwer, 2017
(**) Julien Freund (1921-1993), sociologue et théoricien du politique
Mardi gras est le dernier jour du Carnaval. Le mot italien provient du latin "carnis levare" ("ôter la viande"). Il fait référence aux derniers repas "gras" pris avant le Carême (on parlait au XVIIIe siècle de "Dimanche gras" ou de "Lundi gras" avant Mardi gras). Autrefois, cette saison correspondait, dans une société encore majoritairement agricole, à l'une des périodes les plus critiques. En effet, en février et en mars, les paysans puisaient dans leurs dernières réserves de nourriture stockées avant ou pendant l'hiver : la facilité à stocker œufs et beurre a favorisé - au même titre que pour la Chandeleur - la tradition consistant à préparer crêpes et gaufres pendant cette période.
Des rituels païens existaient dans la période proche de mardi gras : ils annonçaient ou célébraient la renaissance de la nature (durée du jour en progression, début du dégel, puis premiers bourgeons...). C'est cette réalité qui était traduite dans le calendrier romain, où le jour de l'an était fixé au 1er mars... D'ailleurs, il a fallu attendre le XVIe siècle pour le que jour de l'an soit fixé au 1er janvier ! Avec l'avènement de la chrétienté et la mise en place de la tradition du jeûne du Carême (au IVe siècle), la fête se transforme en période d'exubérance précédant les rigueurs de l'avant-Pâques.
Découvrez les derniers articles
de Petrus Angel...
Abolition de l'esclavage : par la République ?
Saint Petersbourg : la magie blanche
3 et 4 février à Paris : Journées du Livre Russe
Ces musulmans qui deviennent chrétiens
" Quand vous entendrez parler de guerres et de séditions... "
21 janvier 1793 : mort de Louis XVI
Depuis le VIIème siècle il n'y a plus d'esclave en France! D'une part la Reine Saint Bathilde, épouse du Roi Clovis II, alors Régente du Royaume, y interdit le commerce des esclaves. Elle-même, princesse de Saxe ayant été vendue comme esclave à York, dans son enfance. D'autre part, dans Institutions coutumières, (ed Loysel, livre I, art. 6), il est rappelé qu'un édit du 3 juillet 1315, de Louis X le Hutin, stipule que :
«le sol de France affranchit l'homme qui le touche ».
Encore un mensonge de l'histoire officielle, car ce n'est pas la Convention, qui en 1792 abolit l'esclavage en décidant d'accorder la citoyenneté aux hommes libres de couleur, mais bien le Roi Louis XVI qui promulgue, dès 1776, un édit condamnant fermement la possession d'esclaves sur le territoire français. Et la République se garde bien de nous rappeler que trois ans plus tard, le Roi va plus loin, puisque le 8 Mai 1779, Louis XVI abolit par ordonnance, le servage, le droit de suite et affranchit tous les « mains mortables » [les serfs] des domaines royaux, ainsi que les hommes de corps, les « mortaillables » et les « taillables ».
Encore un mythe mensonger destiné à draper la république d'habits respectables qu'elle ne mérite pas. Où sont la liberté, l'égalité et la fraternité quand on justifie l'esclavage ?
En effet, l'Assemblée Nationale de 1790 réaffirme par deux décrets, du 8 Mars et du 12 Octobre 1790, que l'esclavage est légal ; abolissant une liberté de plus en supprimant ainsi la réforme royale. L'Assemblée rejette ainsi la publication de Brissot Adresse à l'Assemblée Nationale pour l'abolition de la traite des Noirs.
Ce n'est que devant son impuissance face aux révoltes des esclaves des colonies qu'elle finit par abolir l'esclavage en 1794 et, comme par hasard, le 4 février ! La France est par l'action réformatrice de son Roi l'une des premières nations du monde à abolir l'esclavage et le servage.
Mais qui sait encore qu'à l'époque un esclave qui met le pied sur le sol du royaume devient automatiquement libre, ou "franc". Le serf dépend du seigneur, qui en échange de son travail, lui doit protection ; il est attaché à sa terre, mais on ne peut la lui retirer. Avec le temps, le servage disparaît, ne subsistant que sous des aspects secondaires, variant selon les endroits. Quant aux corvées, elles sont un impôt en nature et n'ont rien à voir avec l'esclavage. L'esclave est une "chose", un "bien meuble" (conception du droit romain reprise à la Renaissance), tandis que le serf n'a jamais cessé d'être une "personne", possédant la personnalité juridique. Tempéré par le Code noir de 1685, qui est un progrès pour l'époque, l'esclavage demeure aux colonies, et est effectivement confirmé en 1790. Ce qui est moins connu, c'est l'esclavage des Blancs aux Antilles, par d'autres Blancs, sous la forme de "l'engagement". Il existe tout au long du XVIIe siècle.
Lu dans le salon beige
C’était il y a trois siècles.
La volonté de fer du tsar Pierre le Grand faisait sortir la Venise du Nord des eaux : née en 1703, cette improbable ville flottante devenue la capitale des tsars fascine l’épaisseur de son histoire et par sa beauté. Le Figaro Hors-Série consacre à Saint Pétersbourg un numéro exceptionnel : découvrez le rêve de Pierre Ier devenu réalité sur les bords de la Neva, les caprices des tsarines de Tsarskoïe Selo, le mythe littéraire d’une ville exaltée tout autant que maudite par Pouchkine, Gogol, Dostoïevski, Anna Akhmatova…
Le dernier bal des Romanov à la veille de la révolution russe, les hypothèses les plus récentes sur l’assassinat de Raspoutine au palais Youssoupov, et la polémique de cet automne russe sur le fi lm Matilda, qui met en cause Nicolas II. Somptueusement illustré, à mi-chemin entre le récit historique et le beau livre, ce numéro double vous invite au plus époustoufl ant des voyages dans cette sublime ville d’art et d’histoire.