Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Recherche

11 novembre 2020 3 11 /11 /novembre /2020 10:38

A l'occasion du 11 novembre ...

Charles Péguy fut le premier à s’engager de son plein gré, à l’âge de 41 ans, et fut l’un des premiers à mourir : le 7 septembre, à la tête de sa troupe dans le premier combat de la guerre, à la veille de la grande bataille de la Marne.

Charles Péguy

Son dévouement est compréhensible. Péguy était un écrivain et un grand poète, engagé à son époque et dans son pays, en faveur de la vérité et de la justice, et un polémiste à un degré héroïque dans ses célèbres « Carnets de la Quinzaine ». A cet égard, Daniel Rops (à la suite de Barrès) souligne que ce qui caractérise Péguy était « une pensée héroïque ». Et il ajoute : « Son existence n’avait d’autre sens que d’être une protestation constante et héroïque contre tout ce dont nous devenons complices, dès que nous le supportons » [1] Gide lui-même est d’accord quand il dit que la clé de la leçon de Péguy est l’héroïsme. Son insurrection n’a cessé de s’abattre sur les maux qui dégradent les hommes : « la politique de l’opportunisme » qui écrase l’enthousiasme pour la justice (par exemple dans « l’affaire Dreyfus » qui finit par être prise comme prétexte), et « l’argent » qui domine le monde, et la « misère » qui découle de ces façons injustes de s’imposer, avec des conséquences de rébellion et de désespoir. Notre auteur a combattu ces maux de toutes ses forces et, de plus, avec une capacité innée de chef. L’un de ses amis les plus proches, Lotte, parle de « l’autorité mystérieuse et involontaire » qu’il exerçait sur ses camarades, et l’attribue à sa vie intérieure et spirituelle très profonde [2] .

La suite ...

Retrouvez le 11 novembre sur Petrus Angel.

Partager cet article
Repost0
7 novembre 2020 6 07 /11 /novembre /2020 13:31

Reçu d'EVR.

 

Lundi 2 novembre à 11 heures, les enseignants ont été appelés à observer une minute de silence en classe en hommage à Samuel Paty, le professeur assassiné par un islamiste le soir des vacances de la Toussaint. Cet assassinat a –à nouveau - mis en relief la difficulté qu’a l’éducation nationale à intégrer dans la communauté nationale une population issue de l’immigration. Jean-François Chemain (*), docteur et agrégé en histoire du droit, enseignant dans un lycée en Zep (zone d’éducation prioritaire) durant dix ans en région lyonnaise, connaît bien le sujet. Dans le texte ci-dessous, il nous fait partager sa vision positive mais lucide sur notre système éducatif.

 

J’ai fait mon collège en banlieue lyonnaise, à Villeurbanne, où, dans les années 70, il y avait déjà une forte immigration maghrébine et cela m’a marqué. Or l’intégration des enfants d’immigrés est aujourd’hui en panne et laisse le terrain à un communautarisme où le mépris le dispute au ressentiment. Situation préoccupante, surtout quand ce communautarisme prend la forme du radicalisme le plus violent. Comment certains de ces jeunes débordant de vie en viennent-ils à avoir des pulsions de mort ? Je crois que l’éducation nationale a un rôle à jouer dans la réussite de l’intégration.(…)

Comme le disait Simone Weil : « Il faut donner à la jeunesse quelque chose à aimer et ce quelque chose c’est la France »… Croyez-moi, ces jeunes n’attendent que ça. J’obtiens d’excellents résultats en évoquant Jeanne d’Arc ou Napoléon, fortement minimisés dans les programmes. A l’évocation du dernier carré de la garde à Waterloo, les yeux brillent de fierté. Donnons-leur de bonnes raisons d’aimer notre pays ! Même si dans leur famille ou leur pays d’origine ils entendent toutes sortes de clichés négatifs sur notre histoire – mais la faute à qui ? –, il n’en demeure pas moins que leurs parents ont, à un moment donné, choisi la France. C’est de cette histoire qu’ils attendent qu’on leur parle. Malheureusement, ce n’est pas le projet de ceux qui, au contraire, s’appliquent à déconstruire le roman national en imposant par les programmes un regard critique et distancié sur la France car il faudrait faire accéder notre jeunesse à une conscience supérieure, cosmopolite et mondialisée. Mais la mère de toutes les violences, c’est précisément celle qu’on lui inflige en refusant d’étancher sa soif d’aimer et de connaître. Dans ces quartiers, on risque de produire des citoyens frustrés.(…)

En banlieue, beaucoup se définissent par rapport à l’islam. Il y a les convictions mais il y a aussi un fait sociologique : la grande majorité étant de confession musulmane, l’islam est une culture populaire qui homogénéise et structure l’environnement. C’est très net au moment du ramadan quand ceux qui ne le font pas sont regardés de travers. C’est que cette majorité religieuse n’imagine sincèrement pas que l’on puisse ne pas croire en Dieu ni même que l’on puisse venir d’une autre culture. Aussi faut-il montrer des signes d’appartenance. D’où de nombreux européens « de souche » qui se disent musulmans. (…)

L’école s’est donné pour but d’éduquer les enfants afin d’en faire de bons petits républicains… Mais ce n’est pas avec des programmes édulcorés qu’on va leur donner le goût de notre pays. De même, quelques heures de morale laïque ne suffiront pas à faire d’une population très ancrée dans son identité culturelle et religieuse d’origine, un peuple unifié autour des « valeurs » promue par l’Education nationale. L’ambition est démesurée ! Certains tombent des nues en découvrant que certaines familles n’ont de cesse de déconstruire ce que leur enfant apprend à l’école. Dans les quartiers populaires, tel Sisyphe, le professeur doit recommencer le lendemain ce qu’il croyait acquis la veille. (…)

(Le discours sur la laïcité est inadapté auprès de la jeunesse des quartiers populaires)  car il est complètement à côté de la plaque. (…) La laïcité, ce n’est pas le combat de l’état pour se libérer de la tutelle de l’église mais exactement l’inverse. Ce combat n’a pas 200 ans mais 2000 ans. Si nous sommes effectivement dans un pays laïc, c’est d’abord parce que ce pays est chrétien, et particulièrement catholique. La laïcité n’est donc pas neutre. D’ailleurs les principes dits « républicains » qu’elle veut imposer sont très largement issus du message évangélique : partage des richesses, accueil des étrangers, reconnaissance et expiation de ses fautes… Sauf que la gauche qui s’en réclame veut les appliquer sans référence à Dieu et les rendre obligatoires sous peine de sanctions pénales ! C’est ce que j’appelle une forme d’augustinisme politique… Pour résumer, contrairement à ce qu’on dit, la laïcité n’est pas une logique de neutralité religieuse mais un principe chrétien. On ne la fera pas accepter tant qu’on ne l’aura pas définie avec précision et vérité.  (dans Politique Magazine 8 septembre 2015)

Je ne sais pas si l’assimilation est possible, je ne sais même pas si elle est souhaitable... Faut-il à tout prix se ressembler ? La France « une et indivisible » est une utopie jacobine... (…) Ce que je découvre au contact de mes élèves, c’est que je peux aussi changer à leur contact, qu’ils peuvent m’aider à comprendre certaines choses, qui viennent d’eux. L’amour permet tout, il est comme un feu qui purifie et unifie. L’erreur de l’Education Nationale est de croire qu’on peut faire adhérer intellectuellement à des idées aussi froides que convenues... Nous allons être obligés de découvrir que la raison et les grands discours sont impuissants à relever le défi qui se pose à nous ; il y faudra beaucoup d’humilité et de foi, pour que le miracle se produise. Parce qu’un miracle, il va bien en falloir un ! (dans Lerougeetlenoir .org 14 mars 2015)

 

(*) : auteur de Kiffe la France (Edition Via Romana, 2011, 235 p) et Une autre histoire de la laïcité (Edition Via Romana, 2013, 240 p)

 

Zoom – Jean-François Chemain : les valeurs de la France (11/12/2017) on  Vimeo

 

Partager cet article
Repost0
3 novembre 2020 2 03 /11 /novembre /2020 12:07

Quels sont les besoins fondamentaux de l'âme humaine ? Réponse avec la philosophe Simone WEIL. 

Son texte se trouve dans "L'enracinement". On le trouve en accès libre ICI.

Une présentation se trouve LA.

Les besoins de l'âme : extrait de L'enracinement, Simone Weil, Livres,  LaProcure.com

 

Partager cet article
Repost0
3 novembre 2020 2 03 /11 /novembre /2020 09:51

Essayiste et fondateur de l’association et de la revue Casseurs de pub, Vincent Cheynet est depuis 2003 l’un des principaux promoteurs, en France, d’une écologie politique et radicale. avec La Décroissance, journal qu’il dirige, il a libéré le sentiment insurrectionnel qui sommeillait en nous tous. Vincent Cheynet est un homme discret. il ne donne jamais d’entretiens, surtout pas à des journalistes opérant pour des médias propriétés de marchands d’armes ou d’affairistes. C’est un puriste et, disons-le une bonne fois pour toutes, il a été l’un des principaux inspirateurs de cette revue. Cinq ans plus tard, nous avons voulu lui donner la parole. Extraits.

La question du numérique est aujourd’hui extrêmement importante. Comment s’organiser contre ?

En fuyant tant que possible tous les écrans, par exemple en lisant des bonnes revues et des livres sur du vrai papier ! Un conseil de lecture : La cyberdépendance : Pathologie de la connexion à l’outil internet du psychiatre Philip Pongy, sorti l’année dernière. « Le capitalisme est passé maître dans l’art de tout récupérer, y compris ses opposants les plus virulents. Prôner la convivialité sur Twitter, c’est renforcer la Silicon Valley. Parler décroissance à la télé, c’est servir la société du spectacle », lisait-on dans vos colonnes. On pourrait surtout ajouter que collaborer aux grands médias français c’est servir les intérêts des 10 millionnaires qui les possèdent.

La suite...

Partager cet article
Repost0
29 octobre 2020 4 29 /10 /octobre /2020 18:43

A terme – et voilà qui est d’une immense gravité – morale, ordre et police se confondent.

Fait d’époque, sans doute !

Fait de civilisation, certainement.

Naguère encore la société était “policée”. Elle possédait ses “policiers” spontanés, si j’ose dire, ayant recours au sens étymologique. C’était par exemple le père, le chef aux mérites acquis et reconnus, le prêtre enfin…
L’ordre n’était pas tellement imposé que consenti et vécu et tirait sa légitimité dernière d’une transcendance…”.
L’ordre tirait sa légitimité dernière d’une transcendance” !!!

Observation capitale !

Autant dire que la légitimité de l’ordre reposait sur un certain nombre de certitudes que seul l’esprit pouvait atteindre, défendre, proposer.
Or, aujourd’hui, c’est au plan de l’esprit, au plan même des idées et des doctrines que tout est d’abord contesté, ébranlé, récusé.

Comment tout le reste ne s’effondrerait-il pas !
Le crime est puni par la loi, mais non l’apologie du crime.

“Un soldat qui insulte un officier ou refuse d’obéir est traduit en conseil de guerre, écrit Gustave Thibon, mais on a représenté à la Comédie Française – théâtre subventionné par l’Etat – une pièce où les chefs militaires sont traînés d’un bout à l’autre dans la boue.
Alors qu’on châtie les pourris, on laisse en paix ou on récompense ou on décore les pourrisseurs”.

Il faut avouer qu’il y a là une inconséquence… Une inconséquence grave. Une inconséquence corruptrice… Parce qu’elle atteint l’homme dans ce qu’il a d’essentiel, de fondamental : sa nature même d’animal raisonnable.
L’homme est tel, ou n’est pas.

S’il l’est, il appartient à sa nature… aux principes mêmes de sa morale d’animal raisonnable que pour l’être vraiment il conforme ses actes à sa raison.

D’où le mot de Pascal : “Travaillons à bien penser, c’est le fondement de la morale”.

Car si la façon de penser importe peu, peu importe aussi la façon d’agir.

Autrement dit : pas de crime d’action si l’on ne pose au moins le principe des “crimes” de pensée.

Ne manquez pas la suite ...

Partager cet article
Repost0
23 octobre 2020 5 23 /10 /octobre /2020 08:56
Partager cet article
Repost0
19 octobre 2020 1 19 /10 /octobre /2020 22:48

« Je me permettrai (…) de revenir sur ce type si parfaitement représentatif, en un sens de l’ordre de la civilisation des machines, l’aviateur bombardier. (…) le brave type qui vient de réduire en cendres une ville endormie se sent parfaitement le droit de présider le repas de famille, entre sa femme et ses enfants, comme un ouvrier tranquille sa journée faite. « Quoi de plus naturel ! » pense l’imbécile, dans sa logique imbécile, « ce brave type est un soldat, il y a toujours eu des soldats ». Je l’accorde. Mais le signe inquiétant, et peut-être fatal, c’est que précisément rien ne distingue ce tueur du premier passant venu, et ce passant lui-même, jusqu’ici doux comme un agneau, n’attend qu’une consigne pour être tueur à son tour, et, devenant tueur, ne cessera pas d’être un agneau. Ne trouvez-vous pas cela étrange ? Un tueur d’autrefois se distinguait facilement des autres citoyens, non seulement par le costume, mais par sa manière de vivre. Un vieux routier espagnol, un lansquenet allemand, ivrogne, bretteur et paillard, se mettaient, comme d’eux-mêmes, en dehors, ou en marge de la communauté. Ils agissaient ainsi par bravade sans doute, mais nous savons que la bravade et le cynisme sont toujours une défense, plus ou moins consciente, contre le jugement d’autrui, le masque d’une honte secrète, une manière d’aller au-devant d’un affront possible de rendre terreur pour mépris. Car le routier espagnol, le lansquenet allemand se jugeaient, eux aussi, de simples instruments irresponsables entre les mains de leurs chefs, mais ils n’en étaient pas fiers. Ils préféraient qu’on les crût plutôt criminels que dociles. Ils voulaient que leur irresponsabilité parût venir plutôt de leur nature, de leurs penchants, de la volonté du bon Dieu, auquel ils croyaient en le blasphémant. Le bombardier d’aujourd’hui, qui tue en une nuit plus de femmes et d’enfants que le lansquenet en dix ans de guerre, ne souffrirait pas qu’on le prît pour un garçon mal élevé, querelleur. « Je suis bon comme le pain, dirait-il volontiers, bon comme le pain et même, si vous y tenez, comme la lune. Le grincement de la roulette du dentiste me donne des attaques de nerfs et je m’arrêterais sans respect humain dans la rue pour aider les petits enfants à faire pipi. Mais ce que je fais, ou ne fais pas, lorsque je suis revêtu d’un uniforme, c’est-à-dire au cours de mon activité comme fonctionnaire de l’Etat, ne regarde personne. »

Je répète que cette espèce d’homme diffère absolument de celle où se recrutaient jadis les aventuriers, les soudards. Elle est mille fois plus dangereuse, ou, pour mieux dire, afin de n’être pas injuste, son apparition et sa propagation parmi nous est un présage inquiétant, une menace. L’espèce des soudards demeurait nécessairement peu nombreuse. On ne trouve pas, à chaque coin de rue, de ces risque-tout, de ces hors-la-loi – la guerre moderne, d’ailleurs, s’en accommoderait mal ; les fameux miquelets seraient plutôt aujourd’hui, en Amérique du Nord, des gangsters ou des policiers… Il est prouvé aujourd’hui que la Civilisation des Machines, pour ses besognes les plus sanglantes, peut trouver des collaborateurs dans n’importe quelle classe de la société, parmi les croyants ou les incroyants, les riches ou les pauvres, les intellectuels et les brutes. Trouvez-vous cela très rassurant, imbéciles ? Moi, pas. Oh ! sans doute, les bombardier démocrates, dites-vous, exécutent une besogne de justice. Mais les bombardiers d’Italie, par exemple, à l’époque de la guerre d’Ethiopie, ne pouvaient nullement prétendre exécuter une besogne de justice. Ils ne s’en recrutaient pas moins dans les mêmes milieux décents, bien-pensants. Et rappelez-vous, rappelez-vous un peu !… Parmi les justiciers démocrates aujourd’hui en Amérique, comme en Angleterre, n’auriez-vous pas trouvé alors un grand nombre d’amis et d’admirateurs de Mussolini ! M. Churchill lui-même ne comptait-il pas alors parmi eux ? Imbéciles ! Voilà longtemps que je le pense, si notre espèce finit par disparaître un jour de cette planète, grâce à l’efficacité croissante des techniques de destruction, ce n’est pas la cruauté qui sera responsable de notre extinction et moins encore, bien entendu, l’indignation qu’elle inspire, les représailles et les vengeances qu’elle suscite ; ni la cruauté, ni la vengeance, mais bien plutôt la docilité, l’irresponsabilité de l’homme moderne, son abjecte complaisance à toute volonté du collectif. Les horreurs que nous venons de voir, et celles pires que nous verrons bientôt, ne sont nullement les signe que le nombre des révoltés, des insoumis, des indomptables, augmente dans le monde, mais bien plutôt que croît sans cesse, avec une rapidité stupéfiante, le nombre des obéissants, des dociles, des hommes qui, selon l’expression fameuse de l’avant-dernière guerre, « ne cherchaient pas à comprendre ». » Imbéciles ! Imbéciles ! Etes-vous assez parfaitement imbéciles pour croire que, si demain, par exemple, l’impérialisme russe affrontait l’impérialisme américain, les bombardiers de l’une ou de l’autre nation hésiteraient une seconde à remplir de nouveau leur tâche ? Allez ! Allez ! imbéciles ! nous n’en resterons pas là. Les mêmes mains innocentes se feront demain dans la paix, avec la même indifférence professionnelles, les humbles servantes de l’Etat contre les inconformistes de mon espèce, les mal-pensants. « Que voulez-vous ? Je n’en suis pas responsable », voilà l’excuse-type, valable pour n’importe quel cas. Des milliers de braves gens de mon pays l’ont entendue tomber de la bouche du policier ou du gendarme de Vichy, pendant l’occupation allemande. Ces policiers, ces gendarmes étaient leurs compatriotes, souvent même leurs anciens camarades de guerre, n’importe ! Pétain se nommait le Chef de l’Etat, et l’Etat, dont les imbéciles croient dur comme fer que le rôle est de les élever, ou de les nourrir, de les instruire, de les soigner dans leurs maladies, de les entretenir dans leur vieillesse et finalement de les enterrer, a tous les droits. Que Pétaient fût devenu Chef de l’Etat par une véritable escroquerie et dans les conditions les plus déshonorantes pour un militaire, c’est-à-dire à la faveur de la déroute, le policier ou le gendarme ne s’embarrassaient nullement de ce détail. Au fond, l’immense majorité des hommes modernes est d’accord sur ce point. Le Pouvoir légitime est celui qui tient les cordons de la bourse, et par conséquent dispose des fonds nécessaires pour les entretenir, eux et leur progéniture. Si les chiens raisonnaient, ils ne raisonneraient pas autrement en faveur de celui qui leur donne la niche et la pâtée. « Ne te fâche pas, disait le gendarme de Vichy à son compatriote, je m’en vais te livrer à la police allemande, qui après t’avoir scientifiquement torturé te fusillera, mais que veux-tu ? Le Gouvernement m’a donné une situation, et je ne peux nullement pas risquer de perdre cette situation, sans parler de ma petite retraite future. Allons ! ouste ! Il ne faut pas chercher à comprendre ». La preuve que ce raisonnement est tout à fait dans le sens et l’esprit de la vie moderne, c’est que personne ne songe aujourd’hui à inquiéter ce policier ou ce gendarme. Lorsque ce brave serviteur de l’Etat rencontre le Général de Gaulle, il le salue, et le Général lui rend certainement son salut avec bienveillance. »

Georges Bernanos, La France contre les robots

Lu sur Reveil-Mutin

Georges Bernanos, La France contre les robots - Le blog de Robin Guilloux

Partager cet article
Repost0
17 octobre 2020 6 17 /10 /octobre /2020 10:44

Deux émissions de Franck Ferrand sur Marie-Antoinette - Vendéens & Chouans

16 octobre 1793 : Marie-Antoinette est guillotinée

Franck Ferrand sur Europe 1 - Un jour dans l'Histoire

vu ICI

Les valeurs de la République ?

Partager cet article
Repost0
17 octobre 2020 6 17 /10 /octobre /2020 08:06

Le long entretien entre l’hôte de l’Élysée et deux journalistes complaisants, voire admiratifs, était une opération de communication. Un chef d’État n’a pas à rentrer dans des détails ou des commentaires visant à faire croire à une empathie pour « les jeunes » ou à l’intérêt qu’il porte aux gestes quotidiens. Si l’heure est grave, il doit en exposer les enjeux aux Français et tracer une route : quinze minutes suffisaient pour annoncer et justifier le , la demi-heure supplémentaire était du délayage. Cette présidentialisation outrancière du régime a une cause : la fragilité psychologique de M. Macron, sans doute mécontent des sondages plus favorables que les siens de son ex-Premier ministre. Le choix du nouveau, terne à souhait, et son cantonnement dans un rôle ingrat et des tâches subalternes doivent le rassurer et satisfaire son ego après une émission en pleine lumière médiatique.

L’épidémie est, certes, un sujet important mais il ne devrait pas être obsessionnel au point d’inoculer, dans la société française, un climat permanent de terreur. La satisfaction intime que semble ressentir le chef de l’État à instaurer les urgences, l’une après l’autre, et à s’immiscer dans la vie privée des personnes, de même que les vannes qu’il ouvre de plus en plus largement pour déverser un argent public virtuel, puisé dans un déficit récurrent et une dette sans fond, témoignent d’une dérive qui nous éloigne d’un État démocratique, celui où, sous le contrôle du peuple souverain et de ses représentants, les libertés fondamentales sont préservées et la dépense publique (l’argent des contribuables) gérée avec mesure et responsabilité.

Or, c’est la démesure, celle qui identifiait les tyrans selon les Grecs anciens, qui marque la présidence actuelle. Parce qu’un pouvoir trop isolé du peuple, au sommet d’un État trop lourd, n’a rien vu venir, n’a rien prévu ni préparé, depuis de longs mois les Français payent la note, avec des restrictions de leurs libertés, avec une détérioration de leur économie, avec des pertes d’emplois considérables. Absence de masques proclamés inutiles, insuffisance des tests, saturation des hôpitaux, confinement mortel pour une économie où le tourisme est essentiel ; puis déconfinement raté, tests surabondants et inefficaces multipliant les faux positifs, sans permettre l’isolement immédiat ; et maintenant, nouveau risque de submersion du système hospitalier : les discours présidentiels tendent à masquer une politique chaotique et décevante dans un pays qui se croyait exemplaire pour la santé de ses habitants.

Les chiffres du printemps étaient mauvais pour la France, avec un taux de létalité élevé (18,5 % des cas confirmés au 24 juin) qui témoignait d’une stratégie sanitaire désemparée. Ceux d’aujourd’hui ne les approchent pas et l’on peut s’interroger sur la peur entretenue par le pouvoir : soit la leçon de la « première vague » n’a pas été retenue et les moyens hospitaliers sont toujours insuffisants ; soit nos dirigeants trouvent dans cette politique univoque, le climat qu’elle nourrit, et les freins à la contestation qu’elle entraîne, bien des avantages, notamment celui d’empêcher la contestation populaire, de contraindre l’opposition à l’union nationale, de brouiller comme d’habitude sous ce régime la préparation des élections, en l’occurrence les régionales.

L’échec du traçage, l’inefficacité des tests, les polémiques stériles sur le traitement conduisent tardivement notre pays à une stratégie à la fois plus floue sur le plan médical (tester, alerter, protéger) et plus coercitive avec l’instauration d’un couvre-feu peu convaincant pour empêcher la circulation du virus mais qui tue à coup sûr un art de vivre à la française et les entreprises qui le déploient dans nos villes.

Christian Vanneste sur Boulevard Voltaire

Partager cet article
Repost0
8 octobre 2020 4 08 /10 /octobre /2020 07:19

FIGAROVOX/TRIBUNE - La gestion de la pandémie a souffert d’une centralisation excessive, observe Ludovic Trolle, président de l’Institut Montalembert, laboratoire d’idées centré sur la doctrine sociale de l’Église. Ils appellent à davantage respecter le principe de subsidiarité afin de libérer et responsabiliser les acteurs locaux.

« Par subsidiarité, nous entendons le principe anthropologique selon lequel la responsabilité de chaque personne et de chaque groupe s’exerce au plus bas niveau d’autorité compétent ». 

Il ne s’agit donc pas d’une délégation de pouvoir de la part des autorités, plus ou moins libéralement accordée, mais d’une chaîne de délégations issue de la société d’en bas qui transfère à l’échelon supérieur la responsabilité des questions qui dépassent ses capacités. Cette société subsidiaire est à la fois libératrice et protectrice. Elle suppose que l’État se centre sur ses missions régaliennes et que les corps intermédiaires de toute nature (familles, entreprises, associations, collectivités locales…) trouvent leur pleine liberté d’initiative et de responsabilité, avec l’aide (subsidium) et non le contrôle de l’administration.

Et puis quand des pans entiers de la société appellent à une vie collective plus respectueuse de la planète, un retour à une dimension moins bureaucratique et centralisée de l’organisation sociale, plus proche des réalités locales, cela participerait à cette prise de conscience écologique. Oui, l’écologie sérieuse qui rejoint les aspirations populaires les plus sincères est subsidiaire en tant qu’elle part du bas, du réel, du concret, et de l’existence.

Par où commencer ? Les grandes réformes en France ont tendance à être pensées depuis le haut, ce qui est sans doute la raison de leurs succès très relatifs, quand les montagnes n’accouchent pas d’une souris. Ou alors elles naissent dans l’extrême violence, par nécessité. C’est donc aux corps intermédiaires qu’il conviendrait de réfléchir et de proposer la mise en œuvre d’une libération progressive, responsable et solidaire des acteurs de l’éducation et de la culture, de l’économie, de la santé, des collectivités territoriales… à condition de ne pas considérer les corps intermédiaires, ainsi que le président Macron a tendance à le faire, comme des représentants de telle ou telle catégorie de Français (les syndicats, les élus…), ou comme des circonscriptions administratives, mais comme les acteurs eux-mêmes du travail des Français.

La crise sanitaire a montré les limites d’un État omnipotent, gouvernant par la crainte, sous la tutelle des experts. Contraint de se « réinventer », l’État tourne en rond. Quand le Premier ministre appelle l’administration à « écouter les territoires », il demeure dans le logiciel contrôleur de l’État gestionnaire. La France ne retrouvera l’espérance que dans une société réellement subsidiaire, bâtie sur la confiance.

La gestion de la crise sanitaire a beaucoup fait parler. Dans un chaos incertain, on a vu le fossé se creuser entre les tâtonnements d’une autorité publique centralisée et la mobilisation périlleuse des citoyens pour assumer les nécessités du quotidien et faire vivre le pays. En voulant se faire acteur de toutes les situations, l’État a montré les limites d’un pouvoir en première ligne qui reçoit de plein fouet les inquiétudes et les souffrances de chacun.

Pourquoi, par exemple, s’être obstiné dans la logique d’une médecine administrative suspendant la liberté de prescription des médecins généralistes, en première ligne dans la lutte contre la Covid ? Si le choc récessif en France a été le pire de tous les pays du G7 (-12,5% contre -6,8% en RFA ou 5,7% aux États-Unis), c’est en partie à cause de sa gouvernance, accuse le très officiel Conseil d’analyse économique (CAE): «La défiance entre les acteurs, le caractère uniforme des mesures économiques, la culture de la norme…»

Pour neutraliser l’opposition de droite, la manipulation de la sémantique des « territoires ». Pour calmer son aile gauche, précipiter au cœur de l’été l’adoption d’une loi de transgression bioéthique dont les Français ne voient vraiment pas l’urgence.

S’est installée la perception d’un État mettant en place un « meilleur des mondes tutélaire », ce que Foucault appelait une biopolitique : quadrillage du territoire, isolement des individus, diffusion inlassable d’une morale hygiéniste qui s’en prend aux conduites. Le manque de clarté, l’insincérité du discours, la stratégie de la menace et du contrôle permanent, y compris de la parole, donnent le sentiment que le pouvoir politique fondait davantage son autorité sur la peur, comme s’il avait peur lui-même, que sur l’appel à la responsabilité de tous au service de l’avenir de la nation tout entière.

L’État ne sait plus proposer une morale du dépassement

Confronté à une crise économique gravissime, mais aussi à une crise de société et un État lui-même piégé par sa volonté d’être « efficace » ainsi que le temps qui se réduit, le ministère Macron-Castex surjoue la carte des « territoires» en tentant l’impossible: gérer l’administration en quantifiant ses résultats, déconcentrer les services de l’État mais sans aucun transfert de compétences ni de moyens aux collectivités locales. « En supprimant les recettes locales, l’État central rétablit une forme de tutelle sur les collectivités locales dont les ressources dépendront de plus en plus de sa seule décision » s’insurge l’AMF.

Pour neutraliser l’opposition de droite, la manipulation de la sémantique des « territoires ». Pour calmer son aile gauche, précipiter au cœur de l’été l’adoption d’une loi de transgression bioéthique dont les Français ne voient vraiment pas l’urgence. Surtout, en fixant comme cap prioritaire la relance économique financée par la dette et un emprunt sous contrôle européen, le gouvernement demeure dans le logiciel de l’État gestionnaire incapable de libérer les énergies. Il ne sait plus proposer une dynamique morale du dépassement apte à transcender les égoïsmes entretenus par une culture de l’assistanat, du consumérisme sans limite et du relativisme moral.

L’état ne sait plus proposer une dynamique morale du dépassement apte à transcender les égoïsmes entretenus par une culture de l’assistanat, du consumérisme sans limite et du relativisme moral.

Alors que les informations les plus contradictoires continuent de pleuvoir sur la réalité de l’épidémie, il nous faut sortir durablement de la spirale de la défiance. Notre défi est de réunir la puissance du collectif et la libération des aspirations individuelles les plus légitimes dans une vision commune de l’homme et de la société dont nous sommes les héritiers. Il est notable de constater que les pays qui ont su faire bloc pour maîtriser le pic de la pandémie, sont ceux qui ont fait appel à leur histoire, en assumant leur souveraineté, en s’appuyant sur les familles et sur l’engagement des acteurs de terrain.

La voie de la société subsidiaire

La voie que nous proposons est celle d’une société subsidiaire, assise sur la liberté responsable de la société civile. Elle seule établira la confiance en donnant à chaque citoyen autorité sur les décisions qu’il est en mesure de prendre dans tous ses cadres de vie, y compris les « territoires » qu’il faudrait commencer par définir comme des communautés.

Que faut-il entendre par subsidiarité ? Le sens du mot est galvaudé qui est le plus souvent compris à l’envers, comme dans le cadre des institutions européennes. Par subsidiarité, nous entendons le principe anthropologique selon lequel la responsabilité de chaque personne et de chaque groupe s’exerce au plus bas niveau d’autorité compétent, dans le cadre d’une communauté politique unie par des valeurs partagées et poursuivant un bien commun. Tant que l’État persiste à vouloir garder la main pour « adapter le pays à la mondialisation », la grande ambition macronienne, en s’obstinant dans une vision de la subsidiarité descendante et non ascendante, on n’avancera pas.

Quand le nouveau Premier ministre, Jean Castex annonce un « nouveau pacte social » en « ouvrant des concertations avec les partenaires sociaux », on est toujours dans le modèle de la délégation con-descendante, même s’il affirme que « tout ne peut pas se décider depuis Paris ». L’avenir dira s’il est prêt à provoquer un « big bang » territorial autrement que comme la dilution locale du centralisme bureaucratique, rebaptisé « déconcentration ». Tant que l’État persiste à vouloir garder la main pour « adapter le pays à la mondialisation », la grande ambition macronienne, en s’obstinant dans une vision de la subsidiarité descendante et non ascendante, on n’avancera pas.

Un État fort, mais limité

C’est à la société civile et aux acteurs économiques particulièrement, de prendre l’initiative pour affronter la crise et redonner espoir. Les laboratoires d’idées doivent affronter le défi de la « subsidiarisation » de la nation. L’IEPM, pour sa part, accompagnera la réflexion commune en travaillant à la déclinaison très pratique de la subsidiarité dans les secteurs clés des territoires, de la santé, de l’éducation et de la culture, de l’économie. L’écologie elle-même, réalité transversale par définition, ne réussira comme dynamique de transformation sociale que comme l’expression d’une mise en œuvre réaliste et nécessaire du principe de subsidiarité, qui la sortira de la logique du moralisme idéologique globalisant, parfaitement stérile.

La subsidiarité d’une société libre et respectueuse de la dignité des personnes exige un État fort, mais limité.

Cette prise en main de la société civile suppose que l’État se libère de sa volonté de contrôle permanent en retrouvant sa pleine autorité dans ses fonctions régaliennes (justice, sécurité intérieure et extérieure, diplomatie, monnaie), en se donnant les moyens requis nécessaires, à la hauteur de ses missions. La subsidiarité est le contraire de la dépendance et de l’assistanat. L’autorité n’est pas là pour se substituer, ni même pour déléguer, mais pour veiller à ce que chacun puisse prendre sa juste part dans l’édification de la maison commune. La subsidiarité d’une société libre et respectueuse de la dignité des personnes exige un État fort, mais limité.

N’ayez pas peur !

Quand le pape Jean Paul II apostrophait les peuples avec son « N’ayez pas peur ! », il portait l’expérience d’un homme qui avait lutté contre les politiques engluées dans leurs certitudes. Pour lui, la véritable vertu de la politique était l’espérance : savoir dire non aux déterminismes politiques incapables de faire confiance. L’enjeu d’aujourd’hui après la pandémie sera d’assumer notre liberté responsable, aussi bien personnelle que collective. Le droit à la subsidiarité est inséparable d’une démocratie vertueuse, fondée sur la liberté des personnes. Ce droit, il faut le reconnaître, est tout sauf acquis. Une inscription du principe de subsidiarité réel « ascendant » dans la Constitution serait un signe fort. La formule d’états généraux proposé par l’essayiste Édouard Tétreau pourrait servir de cadre au renversement copernicien dont la France a besoin pour reconstruire une espérance politique.

Ludovic Trollé est président de l’Institut Montalembert, dont le conseil scientifique est composé de Philippe de Saint-Germain (coordinateur du conseil scientifique), Général Frédéric Beth (géopolitique), Pierre de Lauzun (économie, finance), Jean-Noël Dumont (éducation), Julie Faure (culture), Christophe Billan (institutions), Bertrand Vergely (éthique), Adrian Pabst (politique), Stanislas de Larminat (écologie).

Source

Partager cet article
Repost0
26 septembre 2020 6 26 /09 /septembre /2020 11:22

La "tenue républicaine" de Jean-Michel Blanquer divise le gouvernement -  Quotidien avec Yann Barthès | TMC

Jean-Michel Blanquer, le ministre de l'Éducation nationale, a exhorté, le 21 septembre dernier, les collégiens et lycéens à porter "une tenue républicaine". Cela faisait suite à la prolifération dans nos écoles de tenues légères et provocantes portées par certaines jeunes filles. La pression du politiquement correcte a empêché notre ministre de parler en clair de tenue décente …

Mais ne boudons pas notre plaisir et profitons-en pour relire ces paroles limpides du pape Pie XII (1876-1958) sur le vêtement et la mode.

 

Trois exigences commandent la nécessité du vêtement : l'hygiène, la pudeur et la dignité de la personne.

L'exigence hygiénique du vêtement concerne principalement le climat, ses variations et d'autres agents extérieurs, comme causes possibles d'inconvénient ou de maladie.

Tout aussi évidente, comme origine et but du vêtement, est l'exigence naturelle de la pudeur, entendue soit dans sa signification la plus large, qui comprend également la juste considération pour la sensibilité d'autrui envers des objets répugnants à la vue ; soit surtout comme protection de l'honnêteté morale et bouclier contre la sensualité désordonnée.(…) La pudeur, étant donné sa signification strictement morale, quelle que soit son origine, se fonde sur la tendance innée et plus ou moins consciente de chacun à défendre contre la cupidité générale d'autrui un bien physique personnel, afin de le réserver, avec un prudent choix de circonstances, aux sages buts du Créateur (…)

La troisième finalité du vêtement, dont la mode tire plus directement son origine ; elle répond à l'exigence innée, sentie surtout chez la femme, de donner du relief à la beauté et à la dignité de la personne (…)

Pour éviter de restreindre l'ampleur de cette (…) exigence à la seule beauté physique et, plus encore, pour soustraire le phénomène de la mode à l'ardent désir de séduction comme sa première et unique cause, le terme dignité est préférable à celui d'embellissement. Le souci de la dignité de sa propre personne provient manifestement de la nature et est par conséquent légitime.

En faisant abstraction du recours au vêtement pour cacher les imperfections physiques, ce que la jeunesse lui demande, c'est ce relief de splendeur, qui chante le joyeux thème du printemps de la vie et facilite, en harmonie avec les préceptes de la pudicité, les prémisses psychologiques nécessaires à la formation de nouvelles familles ; tandis que l'âge mûr entend obtenir du vêtement approprié un aspect de dignité, de sérieux et de joie sereine.

Dans tous les cas où l'on cherche à accentuer la beauté morale de la personne, la coupe du vêtement sera de nature à éclipser presque la beauté physique dans l'ombre austère où elle se cache, pour détourner d'elle l'attention des sens et concentrer au contraire la réflexion sur l'esprit. (…)

L’Église ne blâme (…) pas et ne condamne pas la mode, quand elle est destinée à la juste dignité et au juste ornement du corps ; toutefois, elle ne manque jamais de mettre les fidèles en garde contre ses faciles égarements.

Cette attitude positive de l’Église dérive de motifs bien plus élevés que ceux purement esthétiques et hédonistes adoptés par un retour de paganisme. Elle sait et enseigne que le corps humain, chef-d’œuvre de Dieu dans le monde visible, lequel est au service de l'âme, fut élevé par le divin Rédempteur à la dignité de temple et d'instrument du Saint-Esprit et doit être respecté en tant que tel. Sa beauté ne devra donc pas être exaltée comme une fin en elle-même, encore moins de façon à avilir cette dignité acquise.(…)

Il est toujours ardu d'indiquer par des règles universelles les frontières entre l'honnêteté et l'indécence, parce que l'évaluation morale d'une parure dépend de nombreux facteurs ; toutefois ce qu'on appelle la relativité de la mode par rapport aux temps, aux lieux, aux personnes, à l'éducation n'est pas une raison valable pour renoncer « a priori » à un jugement moral sur telle ou telle mode, lorsqu'elle dépasse les limites de la pudicité normale. (…)

Le langage de l'habillement, comme Nous l'avons déjà indiqué, est d'autant plus efficace qu'il est plus fréquent et compris par quiconque. La société parle, pour ainsi dire, par le vêtement qu'elle porte ; par le vêtement, elle révèle ses aspirations secrètes et elle se sert de lui, au moins en partie, pour édifier ou détruire son avenir.

Mais le chrétien, qu'il soit auteur ou client, se gardera de négliger les dangers et les ruines spirituelles, semés par les modes immodestes, spécialement en public, en raison de la cohérence qui doit exister entre la doctrine professée et la conduite même extérieure.

Il se rappellera la pureté élevée que le Rédempteur exige de ses disciples, même dans les regards et dans les pensées ; et il se rappellera aussi la sévérité manifestée par Dieu contre les fauteurs de scandales. À ce propos, on peut rappeler la page vigoureuse du prophète Isaïe, où est prophétisé l'opprobre réservé à la ville sainte de Sion pour l'impudicité de ses filles (Isaïe 3,16-24).(…)

Sans vouloir aucunement ramener à des formes dépassées par le temps — qui, du reste, reviennent plus d'une fois comme nouveauté dans la mode — mais seulement pour confirmer la valeur permanente de la sobriété, Nous voudrions inviter les artistes d'aujourd'hui à contempler, dans les chefs-d’œuvre de l'art classique, certaines figures féminines de valeur esthétique indiscutable, où le vêtement, inspiré de la pudicité chrétienne, est un digne ornement de la personne, avec la beauté de laquelle il se fond comme en un unique triomphe d'admirable dignité. 

Pie XII, extraits du Discours au Congrès de l'Union latine de haute couture, 8 novembre 1957

Merci à EVR qui a déniché ce texte.

Partager cet article
Repost0
28 août 2020 5 28 /08 /août /2020 09:25

Mgr Ginoux : “Un courant laïciste, avec une idéologie agressive, veut arracher l’âme de la France”

Mgr Ginoux : “Un courant laïciste, avec une idéologie agressive, veut arracher l’âme de la France”

Le site Riposte catholique a traduit une partie de l’entretien accordé par Mgr Ginoux, évêque de Montauban, au média italien La Nuova Bussola. Extraits :

En France l’Etat est propriétaire des Cathédrales (1 par diocèse) construites avant 1905 (Loi de Séparation de l’Eglise et de l’Etat). Selon cette loi les églises paroissiales (construites avant 1905) sont la propriété des communes. Les propriétaires ont donc le devoir d’entretenir ces bâtiments pour permettre leur utilisation en toute sécurité. Mais des courants forts venus d’une mentalité laïciste s’efforcent de passer outre cette obligation, soutenant que l’Etat ne doit pas financer l’entretien des édifices du culte.  De plus la présence importante de l’Islam qui construit des mosquées est un prétexte pour ne pas « favoriser » une autre religion. L’égalitarisme apparaît comme un impératif pour ne pas entretenir les églises catholiques.

Il faut donc être patient et revenir souvent à la charge pour obtenir le nécessaire. De plus en plus, lorsque des édifices ou des chapelles présentent un risque pour les usagers il est plus facile de les fermer que de trouver les fonds nécessaires à leur restauration (…)

Le Président de la République a évoqué la Cathédrale Notre-Dame comme un trésor de la culture. Ce n’est pas faux mais c’est d’abord et avant tout l’expression de la foi chrétienne de nos ancêtres et de ces siècles qui ont façonné la France, c’est-à-dire les « racines chrétiennes » de notre pays. On a pu dire que « les cathédrales sont le miroir de la France » car s’y retrouvent la vie des hommes et leur rencontre avec le Dieu qui se fait homme. Il est certain qu’un courant laïciste, avec une idéologie agressive, veut arracher ainsi l’âme de la France (…)

Les actes contre les lieux de culte catholiques, les prêtres (Père Hamel) et les attaques physiques et morales se sont multipliés ces dernières années et sont peu réprimés par la justice. On rappelle souvent que « l’Eglise doit pardonner » ! Il y a longtemps que la France n’est plus « la fille aînée de l’Eglise » ou alors c’est une fille qui oublie ses origines. Nous sommes dans un temps de déchristianisation forte où la tradition chrétienne n’irrigue plus la culture contemporaine. Les jeunes pour la plupart sont totalement ignorants de la religion de leurs pères. Ils peuvent donc être entraînés vers des impasses mortifères (…)

Monseigneur Rey a raison d’affirmer que la société française se durcit sous l’influence du laïcisme qui dénonce tout ce qui paraît favoriser le catholicisme et sous l’influence d’un courant islamique qui veut imposer sa présence. Le laïcisme a fait interdire des affichages anti-avortement ou empêché des conférenciers de s’exprimer dans certains endroits (Sciences-Po à Paris). Ces jours-ci un député dans son discours à l’Assemblée Nationale estime qu’un évêque n’a pas le droit d’exprimer une opinion sur les projets de lois. Les signes religieux comme les croix ne peuvent pas être portés dans la fonction publique. En revanche le voile islamique s’est imposé largement, les produits hallal ont des rayons très importants dans les grandes surfaces qui, comme les médias, font de la publicité spéciale pour le Ramadan. La société est de plus en plus marquée par la présence de l’islam (…)

C’est sans aucun doute par les médias que les attaques sont les plus fortes car ces attaques se présentent comme la vérité. Pour le cas du cardinal Barbarin les médias tiennent à rappeler l’affaire Preynat pour évoquer le scandale qui a frappé le cardinal. Nous savons que les médias peuvent tuer quelqu’un et nous l’avons vu largement sur le terrain politique. Ils sont aussi la cause de beaucoup de peurs : la peur des médias paralyse beaucoup de responsables dans l’Eglise (…)

 

Partager cet article
Repost0
5 août 2020 3 05 /08 /août /2020 07:58

 

« Ils ont tout accepté, tout, tant qu’ils pouvaient prolonger leur misérable vie un jour de plus » (C.S. Lewis, Tactique du diable, 1942)

– Et comment as-tu fait pour amener autant d’âmes en enfer à l’époque ?

– Grâce à la peur.

– Oh, oui. Excellente stratégie : vieille et toujours actuelle. Mais de quoi avaient-ils peur ? Peur d’être torturés ? Peur de la guerre ? Peur de la faim ?

– Non. Peur de tomber malade.

– Mais personne d’autre ne tombait malade à l’époque ?

– Si, ils tombaient malades.

– Personne d’autre ne mourait ?

– Si, ils mouraient.

– Mais il n’y avait pas de remède à la maladie ?

– Il y en avait.

– Alors je ne comprends pas.

– Comme personne d’autre ne croyait ou n’enseignait sur la vie éternelle et la mort, ils pensaient qu’ils n’avaient que cette vie, et ils s’y accrochaient de toutes leurs forces, même si cela leur coûtait leurs affections (ils ne s’embrassaient plus, ne se saluaient plus, ils n’ont eu aucun contact humain pendant des jours et des jours !) ; leur argent (ils ont perdu leur emploi, dépensé toutes leurs économies, et pensaient encore avoir de la chance parce qu’ils n’avaient pas à gagner leur pain !) leur intelligence (un jour, la presse disait une chose et le lendemain elle se contredisait, pourtant ils croyaient à tout !), leur liberté (ils ne sortaient pas de chez eux, ne marchaient pas, ne rendaient pas visite à leurs proches… C’était un grand camp de concentration pour prisonniers volontaires ! Ahahahahah !). Ils ont tout accepté, tout, tant qu’ils pouvaient prolonger leur misérable vie un jour de plus. Ils n’avaient plus la moindre idée que c’est Lui, et Lui seul, qui donne la vie et la termine. Ça s’est passé comme ça ! Ça n’avait jamais été aussi facile.

(Merci à Ratatouille)

Lu ICI

 

 

 

Partager cet article
Repost0
26 juillet 2020 7 26 /07 /juillet /2020 11:21

Le parcours de Jeanne d'Arc. • Villes Mariales • Batailles • Villes Johanniques •

La Triple Donation • Mai : le mois de Marie et de Jeanne •

Liste alphabétique / parcours chronologique

Cliquez sur la carte !

Partager cet article
Repost0
21 juin 2020 7 21 /06 /juin /2020 17:08

Lettre ouverte aux femmes à l’occasion de la fête des pères 2016

Pere-de-famille

Vous qui souhaitez avoir une famille, une vraie, vous qui souhaitez avoir un mari et un père pour vos enfants, un vrai, vous êtes peut-être concernées par ces quelques lignes. Mais le sujet étant complexe, avant de l’aborder, permettez-moi de faire un rapide état des lieux.

L’absence des pères au sein des foyers est une blessure si grande et si fréquente que le corps enseignant a dû débaptiser leur fête, devenue la fête des parents, la célébration de ceux qui s’aiment… ou autres digressions qui donnent une idée très claire de la dissymétrie et du déséquilibre entre les mères toujours au pinacle et les pères de plus en plus inexistants.

Aujourd’hui, la gent masculine n’est pas particulièrement «  à la fête »… Virilité décriée, jeunes garçons déroutés… Mâles inhibés, complexés, certes gentils, mais dévirilisés et incapables d’entreprendre… Fanfarons qui veulent faire croire que… Mâles frustrés de leur autorité, etc., les cas de mal-être ne manquent pas. Néanmoins, le bon père de famille existe aussi.

La suite ...

Partager cet article
Repost0
21 juin 2020 7 21 /06 /juin /2020 15:00

Partager cet article
Repost0
21 juin 2020 7 21 /06 /juin /2020 14:32

21 juin 1429

Partager cet article
Repost0
17 juin 2020 3 17 /06 /juin /2020 23:00

Partager cet article
Repost0
9 juin 2020 2 09 /06 /juin /2020 15:08

On se demande pour quelles raisons Emmanuel Macron a bien pu choisir Sibeth Ndiaye comme secrétaire d’Etat porte-parole du gouvernement.

Je ne le crois pas assez cynique pour l’avoir nommée parce que c’est une femme noire, il ne serait pas capable d’un pareil coup tordu, ce qui équivaudrait, par exemple, à choisir un ministre de la culture parce qu’il serait homosexuel! Ces manœuvres communautaristes et bassement électoralistes seraient indignes d’un président de la République ayant souhaité que figurent les œuvres du général de Gaulle sur sa photo officielle et qui a fait ajouter une croix de Lorraine sur le logo de communication de l’Elysée.

Je ne le crois pas assez immoral pour l’avoir désignée parce qu’elle savait mentir dans les grandes largeurs – qu’on se souvienne de son: «J’assume de mentir pour protéger le Président ». Un chef de l’Etat qui a choisi L’Immoraliste  de Gide pour accompagner le général de Gaulle sur une photo de lui et de son bureau envoyée dans toutes les mairies de France ne saurait couvrir une pareille infamie.

Je ne crois pas non plus que ce soit parce qu’elle fume comme un sapeur sur son lieu de travail et tient élégamment sa clope au bord des lèvres comme Jean Gabin dans un film de Jean Grémillon.

La suite de l'article de Michel ONFRAY

DES NOUVELLES DU RADEAU DE LA MEDUSE - La semaine vue par Michel ...

 

Partager cet article
Repost0
30 mai 2020 6 30 /05 /mai /2020 18:46

    Le procès de Jeanne d’Arc révèle le cadre naturel de la vocation surnaturelle de la jeune fille 

-         Quels sont votre nom et votre surnom ?
-         En mon pays, on m’appelait Jeannette et, après que je fus venue en France, on m’appela Jeanne. Du surnom je ne sais rien.
-         Quel est votre lieu d’origine ?
-         Je suis née au village de Domrémy, qui fait un avec le village de Greux. C’est au lieu-dit Greux qu’est la principale église.
-         Quels étaient les noms de vos père et mère ?
-         Mon père s’appelait Jacques d’Arc – ma mère, Isabeau.
-         Où fûtes-vous baptisée ?
-         En l’église de Domrémy.  


En ce 21 février 1431, dans la chapelle royale du château de Rouen, devant l’évêque qui s’appelait Pierre Cauchon, et 42 assesseurs, plus Jean d’Estivet, le promoteur, comparait celle qui deviendra cinq siècles plus tard la sainte de la Patrie (Jeanne a été béatifiée en 1909 puis déclarée sainte en 1920), patronne secondaire de la France.  Cet interrogatoire judiciaire que les vertus de la procédure ont conservé, révèle l’origine de Jeanne, les racines naturelles de cette unique fleur surnaturelle : nom, lieu d’origine, père et mère, paroisse.  

.... par  Jacques Trémolet de Villers, avocat français au barreau de Paris, écrivain et journaliste

La suite du texte ....    et la conférence audio (15 mn) ....

Partager cet article
Repost0
30 mai 2020 6 30 /05 /mai /2020 10:35

La croix processionnelle dormait dans la paroisse Saint-Nicolas de Pont-Saint-Pierre (27). Elle fait ce samedi 30 mai, jour anniversaire de la mort de Jeanne d’Arc, son grand retour à Rouen, pour le centenaire de sa canonisation.

Le matin du 30 mai 1431, vers 9 heures, Jeanne d’Arc est emmenée sur une charrette vers la place du marché de Rouen.  Après avoir été entendue en confession et avoir reçu la communion, une centaine d’hommes escortent la Pucelle de dix-neuf ans vers le bûcher. En chemin, le chanoine Loyseleur qui l’avait piégé pendant son procès est pris de remords. Il veut monter et crie pardon mais il est violemment écarté. Ensuite, l’historien Adrien Harmand raconte que « Jeanne est hissée sur le bûcher. À ses instances, on est allé lui chercher la grande croix de la paroisse Saint-Sauveur qu’elle tient étroitement, embrassée en pleurant. Elle ne la quitte que pour la lier à l’estache [poteau] qui surmonte le très haut tas de bois. Pendant qu’on la lie, elle continue ses louanges et lamentations envers Dieu et les saints, invoquant ses louanges et lamentations envers Dieu et les saints, invoquant spécialement saint Michel »

 

« J’ai brûlé une sainte »

Isambard de La Pierre, le prêtre qui accompagne la future sainte sur le bûcher, raconte à l’occasion de son procès en réhabilitation : « Elle m’avait prié de descendre avec la croix, une fois le feu allumé, et de la lui faire voir toujours. Ainsi je le fis. ».

HA / Aleteia

Maître Jacques Trémolet de Villers, président de l’Association des amis de Jeanne d’Arc et auteur de nombreux livres très documentés à ce sujet poursuit le récit : « Après avoir prononcé six fois le nom de Jésus, elle le crie une dernière fois, et sa tête retombant sur son épaule indique qu’elle est morte. Le greffier rapporte que tout le monde pleurait, même l’évêque Cauchon. Le plus marqué reste son bourreau, qui confiera peu après que “jamais l’exécution d’aucun criminel ne m’a donné tant de crainte que l’exécution de cette pucelle”. Après avoir jeté dans la Seine le cœur de la jeune fille, qu’il n’avait réussi à brûler par aucun moyen, malgré l’huile, le bois et le feu rajoutés, il dira même : “Je crains fort d’être damné, car j’ai brûlé une sainte.” » Le curé d’Heudicourt qui assista à l’horrible scène est tout aussi ému et témoigne : « Pendant l’exécution, maître Jean Alépée, alors chanoine de Rouen, était à mes côtés. Il pleurait que c’était merveille et je lui entendis dire : “Plut à Dieu que mon âme fut au lieu où je crois être l’âme de cette femme”. »

 
600 ans plus tard

Selon l’inventaire dressé par le ministère de la Culture, propriétaire de l’objet, la croix de procession est une pièce d’orfèvrerie en bois recouverte de cuivre et de verre, datant probablement du XVe siècle. Une transcription apparaît sur lequel on peut lire : « IHS MA / Donnes par moy Simon Langlois, prêtre demt à Paris, 1600. » Après avoir été conservée dans l’abbaye de Fontaine-Guérard de Pont-Saint-Pierre à quelques kilomètres de Rouen, elle repose jusqu’à aujourd’hui dans la paroisse de Pont-Saint-Pierre, dans l’Eure. L’église Saint-Sauveur de Rouen ayant été pillée par les calvinistes au XVIe siècle, l’objet a été mis à l’abri dès cette époque.

La croix devait être exposée en grande pompe pour les fêtes johanniques de Rouen, prévues pour ce mois de mai 2020. 

La suite...

Partager cet article
Repost0
16 mai 2020 6 16 /05 /mai /2020 09:46

 

« Les Français pourront partir en vacances en France en juillet et août », a déclaré Edouard Philippe, le Premier ministre, jeudi 14 mai, lors de la présentation du plan de soutien au secteur du tourisme. La crise du coronavirus a tellement anesthésié nos concitoyens que plus personne n’est choqué qu’un gouvernement décide des déplacements de sa population. Ceci dit, réjouissons-nous que des millions de compatriotes soient forcés de découvrir cet été les merveilles de leur magnifique pays. Pour nous donner l’eau à la bouche, voici ce très beau de l’écrivain Jacques Laurent (1919-2000) :

 

Ce qui singularise la France c'est la grâce admirable de ses transitions intérieures. L'élan latin n'y vient jamais buter tout bêtement dans l'élan germanique. Le Nord ni le Sud ne s'affrontent. Ce qu'il y a de plus originalement français c'est l'intercession réussie par la France entre races, traditions, et paysages de l'Europe.

Ce pays a été civilisé par sa moitié méridionale et gouverné par sa moitié septentrionale. De cet échange il est sorti un style, qui est unique. Pourquoi la France a-t-elle été civilisée par le Sud ? Parce que notre civilisation vient de Rome, relais d'Athènes. Pourquoi a-t-elle été gouvernée par le Nord ? Parce que l'ennemi était au nord. Pendant des millénaires, l'Artois et la Champagne ont servi de débouchés à une formidable pression originaire du centre de l'Asie. La bataille des Champs Catalauniques et la bataille de la Marne sont d'une même guerre soutenue par les habitants d'un pays que son relief avait militairement desservi au point de le rendre enviable : les Alpes et les Pyrénées lui offraient leurs remparts là où il n'en avait que faire alors qu'il était nu, mou au nord et à l'est, là où l'assaut barbare était permanent.

Si la France, stratégiquement vulnérable, a vécu, c'est par un effort de la volonté. Les frontières de l'Angleterre sont celles que la mer lui a faites. Sa silhouette est une œuvre de la nature. La France est l'œuvre des hommes. Elle s'est fait une tête au nord de la Loire, là où il y avait péril en la demeure. Et pour résister aux coups que l'on était trop tenté de lui asséner tant à l'Est que dans le Nord, elle a acquis et maintenu de terribles vertus belliqueuses qui lui étaient aussi nécessaires que ses fortifications sur la Meuse et qui firent d'elle une nation aussi portée sur les armes que la Prusse. Mais imaginez une Prusse dotée d'un arrière-pays qui baignât dans la Méditerranée, imaginez une Prusse qui eût raffolé des arts autant que de la guerre ! Mille ans d'histoire durant lesquels la France n'a cessé de faire effort pour se rassembler pièce par pièce, s'étayer en améliorant ses frontières, lui ont permis de défier victorieusement la pression qui, d'est en ouest, poussait l'humanité depuis les steppes jusqu'aux Pyrénées.

Le sens de l'Histoire eût voulu que la France n'existât pas, qu'elle fût balayée, tronçonnée, qu'elle demeurât informe et dépendante ; n'ayant cure du sens de l'Histoire, ses rois la fabriquèrent à contre-courant, minutieusement et, d'une civilisation qui était latine, d'une invasion constante qui était germanique, ils lui tirèrent une humeur compliquée où le Nord et le Sud s'équilibrent. Cet équilibre constitue le fait dominant de la société française.

Ce mélange n'a pas abouti à la naissance d'un peuple où se seraient simplement combinés des caractères germains et des caractères latins ; de leur association est sorti un caractère original.

Et puisque j'en suis à montrer en quoi la France ressemble et ne ressemble pas au reste de l'Europe, voici un paradoxe : c'est parce que la France ressemble plus à l'Europe qu'aucun autre pays qu'elle lui ressemble moins. En la France seule un cinéaste peu enclin aux grands voyages peut trouver facilement des décors naturels qui conviennent à un scénario qui se déroule soit en Grèce, soit en Espagne, soit en Italie, soit en Angleterre, soit en Autriche, en Russie ou en Suède. Cela est une singularité que l'on n'a pas assez remarquée : autour des Baux de Provence, c'est vraiment la Grèce, entre Nice et Arles, que d'Italie ! En forêt de Fontainebleau ou dans la plaine picarde, que d'extérieurs pour tourner la retraite de Russie ! Combien de références à l'Espagne quand on a passé la Garonne ! De Brest à Dunkerque, combien de cadres britanniques ou baltiques !

Les Anglais ont été les premiers touristes parce qu'ils aimaient la bruyante douceur des bords méditerranéens, tout comme les excès neigeux des montagnes et étaient obligés d'aller les chercher hors de chez eux, alors qu'un Français, les ayant chez lui, n'en cherche à l'étranger que des prolongements, des variations plus ou moins prévues sur un thème qui lui est familier. On sait à quel point la culture allemande s'est abreuvée aux sources grecques, a fouillé l'Histoire antique, chanté l'amour de la Méditerranée. Mais les Allemands, s'ils voulaient pèleriner aux sources, devaient avant de s'élancer vers la Méditerranée se munir d'un passeport ou d'un tank. Pour nous cette mer originelle n'est pas un rêve exotique. Nous avons droit en même temps à la lumière latine et aux brouillards anglais.

D'être la seule à rassembler les facettes de l'Europe, la France tire une spécificité.

Le Français en reçoit une disposition à se sentir encore chez lui quand il se promène à l'étranger tout heureux de retrouver l'Auvergne en Grèce, le Dauphiné en Yougoslavie, la Beauce en Hongrie.

Cette parenté du paysage français avec ceux de l'Europe incline depuis longtemps les Français à la fois à se sentir parents de tous les habitants de l'Europe et à se savoir uniques, puisqu'il est unique qu'un pays reflète un continent et le reflète en l'organisant à sa manière, à travers une multitude de transitions talentueuses.

(sous le pseudonyme de Cecil Saint-Laurent, dans La France que j’aime , éditions Sun, 1964)

Merci encore à EVR.

 

La France que j'aime...", Cécil Saint-Laurent, 1964 - Artzamendi

Partager cet article
Repost0
10 mai 2020 7 10 /05 /mai /2020 11:13

 

C'est Wikipedia qui le dit :

La Fête nationale de Jeanne d'Arc et du patriotisme est une fête nationale officielle en France, instituée en 19202, célébrée chaque année lors du deuxième dimanche du mois de mai, jour anniversaire de la libération d'Orléans le  par l'armée française, sous le commandement de Jeanne d'Arc.

(...) 

Au cours des siècles, et principalement à partir du xixe siècle, la figure historique de Jeanne d'Arc a été reprise par de nombreux auteurs pour illustrer ou cristalliser des messages religieux, philosophiques ou politiques. Dans le domaine politique, elle est devenue un symbole national français lors de la guerre franco-allemande de 1870 puis est reprise par de nombreux partis et figures politiques qui vont du parti socialiste jusqu'à l'extrême-droite. Dès 1894, Joseph Fabre proposa une fête annuelle de Jeanne d'Arc baptisée « fête du patriotisme »3.

Elle est instaurée par la loi du 2, adoptée à l'unanimité par la Chambre des députés et le Sénat, sur proposition du député et écrivain Maurice Barrès, quelques semaines après la canonisation de Jeanne d'Arc.

Célébrations officielles[modifier | modifier le code]

La célébration est toujours en vigueur et fait partie des douze journées nationales organisées chaque année par le ministère de la Défense4. Une cérémonie militaire a lieu traditionnellement devant la statue équestre de Jeanne d'Arc sur la place des Pyramides, à Paris5.

A Orléans, une grande fête est organisée chaque année, réunissant les autorités militaires, religieuses et civiles6.

 

Statue équestre de Jeanne d'Arc sur la place des Pyramides à Paris[1].

Retrouvez Jeanne sur Petrus Angel

Partager cet article
Repost0
8 mai 2020 5 08 /05 /mai /2020 10:16

Nous venons de célébrer le 1er mai, la fête du travail, alors que bon nombre de nos concitoyens sont contraints à une activité réduite, au chômage partiel. Confinés, beaucoup, vivent mal cette période calme et trouvent le temps long. C’est une occasion pour vous faire partager ce texte de l’écrivain et essayiste Simon Leys (1935-2014), qui, en réaction face à l’activisme des temps modernes, fait l’éloge de la paresse :

 

L'autre jour, nous sommes allés rendre visite à de vieux voisins qui, ayant récemment pris leur retraite, se sont installés à la mer. Comme je les complimentais sur les loisirs illimités dont ils devaient maintenant jouir, ils me répondirent sur un ton quelque peu défensif que, dans leur nouvelle situation, ils se trouvaient en fait beaucoup plus occupés qu'au temps de leur vie professionnelle. Maintenant, nous expliquèrent-ils avec fierté, ils avaient tellement d'activités et d'obligations, qu'il leur avait fallu établir un strict emploi du temps. Et, effectivement, l'horaire de la semaine était affiché dans la cuisine, sur la porte du frigo : on y lisait les heures respectivement allouées aux classes de yoga, au groupe de randonnées, au bowling, au club culinaire et gastronomique, au bingo, au golf, aux activités d'artisanat artistique (dans ce dernier domaine, les assiettes peintes qui décoraient leurs murs faisaient regretter que la maîtresse de maison n'eût pas opté plutôt pour une judicieuse inactivité).

Chesterton avait déjà confessé son étonnement devant pareille attitude : « Il y en a qui grognent quand ils voient quelqu'un qui n'a rien à faire ; il y en a d'autres, plus incompréhensibles encore, qui grognent quand ils n'ont eux-mêmes rien à faire. Offrez-leur de merveilleuses heures, de merveilleuses journées complètement vides, et ils gémissent devant tant de vide. Faites-leur don de la solitude — ce qui est aussi un don de liberté — et ils la rejettent, ils s'empressent de la détruire avec quelque effroyable jeu de cartes, ou en tapant sur une petite balle... Je ne puis réprimer un frisson quand je les vois qui gâchent leurs vacances conquises à grand effort, en faisant quelque chose. Pour ma part, jamais je n'aurai suffisamment de rien-à-faire. »

Pierre Reverdy a remarqué : « Il me faut tellement de temps pour ne rien faire, qu'il ne m'en reste plus pour travailler. » Ceci est d'ailleurs une excellente définition de l'activité poétique, laquelle est elle-même le fruit suprême de la vie contemplative. Bien sûr, nous devons reconnaître les mérites de Marthe qui s'occupe des besognes ménagères, mais nous savons bien que c'est Marie qui a choisi la meilleure part, simplement en demeurant assise aux pieds du Seigneur. Ce que l'opinion commune flétrit sous le nom de paresse reflète en réalité un jugement plus sûr et requiert plus de caractère que la fuite facile dans l'activisme.

La Bruyère le disait déjà : « Il faut en France beaucoup de fermeté et une grande étendue d'esprit pour se passer des charges et des emplois, et consentir ainsi à demeurer chez soi, à ne rien faire. Presque personne n'a assez de mérite pour jouer ce rôle avec dignité, ni assez de fond pour remplir le vide du temps, sans ce que le vulgaire appelle des affaires. Il ne manque cependant à l'oisiveté du sage qu'un meilleur nom, et que méditer, parler, lire et être tranquille s'appelât travailler. »

Depuis l'Antiquité, on a toujours considéré que le loisir était la condition première de toute existence civilisée. Confucius a dit : « Consacrez au gouvernement les loisirs de l'étude, et consacrez à l'étude les loisirs du gouvernement. » (…)

Ces vues ont persisté dans la culture occidentale jusqu'à l'époque moderne. Samuel Johnson ne faisait qu'exprimer une évidence de bon sens lorsqu'il observait que «tout progrès intellectuel est un produit du loisir ». Mais un siècle plus tard, Nietzsche notait déjà l'érosion du loisir civilisé sous la pression de ce qu'il considérait comme une délétère influence américaine : « Il y a quelque chose de barbare, caractéristique du sang peau-rouge dans cette soif américaine de l'or. Leur furieux besoin de travailler — qui est un vice typique du Nouveau Monde — est en train de barbariser par contamination la vieille Europe, et engendre ici une extraordinaire stérilité spirituelle. Déjà nous devenons honteux de notre loisir ; une longue méditation nous cause presque du remords..."Faites n'importe quoi, mais ne restez pas à ne rien faire" : ce principe est la corde avec laquelle toutes les formes supérieures de culture et de goût vont se faire étrangler... On en arrivera au point où plus personne n'osera céder à une inclination pour la vie contemplative sans en ressentir du repentir et de la honte. Et pourtant, jadis c'était le contraire qui était de règle : un gentilhomme, que les circonstances obligeaient à travailler, s'efforçait de dissimuler cette humiliante nécessité, cependant que l'esclave travaillait avec le sentiment que son activité était essentiellement méprisable. »

Aujourd'hui, par un paradoxe ironique, le Lumpen-proletariat est condamné aux loisirs forcés d'un chômage chronique et dégradant, cependant que les membres de l'élite éduquée, dont les professions libérales ont été transformées en démentes machines à faire de l'argent, se condamnent eux-mêmes à l'esclavage d'un travail accablant qui se poursuit jour et nuit, sans relâche – Jusqu'à ce qu'ils crèvent à la tâche, comme des bêtes de somme écrasée sous leur fardeau.

in Le bonheur des petits poissons , éditions JC Lattès , 2008

Merci à EVR.

imprime article401 : Simon Leys (Pierre Ryckmans)

Partager cet article
Repost0
27 avril 2020 1 27 /04 /avril /2020 08:27
Un grand blanc

Par Éric Fottorino
18/03/2020

 

C'EST PARTI COMME EN QUARANTAINE. Même si c’est une quinzaine pour commencer. Quinzaine du blanc. Je veux dire d’une forme de silence après la sidération. Un grand blanc. Celui qui vient quand justement les mots ne viennent pas. En tendant l’oreille, j’ai compris que les hôpitaux appliquaient les « plans blancs ». Des dispositifs d’urgence déjà mis en vigueur lors des attaques terroristes de 2015. Les établissements de l’AP-HP (Assistance publique-Hôpitaux de Paris) sont mis en alerte face aux situations exceptionnelles. La pandémie en est une. On déprogramme les opérations qui peuvent attendre. On rappelle des personnels médicaux. On réquisitionne des lits. On priorise les malades – quel mot sinistre, prioriser, quand il s’agit de choisir entre des souffrants. On dresse des tentes dehors pour effectuer des tests sur les patients les plus atteints. En attendant un hôpital militaire de campagne en Alsace, comme une ironie de l’histoire, pour bien signifier que la guerre fait rage.

À nous simples citoyens, on recommande la défense passive. Des soignants au contraire, on exige un engagement de chaque instant. C’est le paradoxe de ce combat. Le fardeau repose sur très peu d’épaules. Pour nous autres, l’écrasante majorité, résister c’est rester assis. Ne bouger qu’en cas de nécessité. 

Hier matin avant l’heure du confinement, les quais de Seine étaient bondés. Beaucoup de familles avec enfants, comme pour un ultime bol d’air en provision, en prévision de la longue apnée. Puis les douze coups de midi ont fait s’égayer la foule – pas si gaie, en réalité –, telle un troupeau résigné. L’après-midi les rues étaient désertes. Un seul magasin ouvert dans la longue et si commerçante rue Lafayette. Une boutique de réparation d’ordinateurs. 

Un grand blanc s’est abattu sur la capitale. Un silence si lourd que mon amie Sophie M., penchée à son balcon de Belleville, a pu entendre au loin une mère parler à son enfant. Elle percevait distinctement ses paroles, comme si elle avait marché auprès d’elle dans la rue. En temps normal le trafic recouvre tout. Mais plus rien n’est normal. Maintenant on se guide à la voix, d’où l’importance de se parler. En fin de journée, allez savoir pourquoi, l’envie d’un verre m’a pris en voyant des images de la Seine près d’Alma-Marceau. J’ai reconnu l’enseigne d’un café familier. Le Grand Corona.

https://le1hebdo.fr/

Partager cet article
Repost0