Pour se comprendre, la condition première est d'employer les mots dans le même sens. Keyserling cite quelque part Lao-Tseu qui dit à son empereur : "La première condition pour que l'ordre règne est la juste définition des choses. Quand les mots ne s'adaptent pas aux choses désignées, le peuple ne sait plus où mettre les pieds et c'est le désordre. " Je cite le sens, non la lettre dont je ne me souviens pas. (...) L'opinion se nourrit d'impressions, toujours détruites et renouvelées au vent des événements, et ne trouve une certaine stabilité que dans la magie verbale, dans le formalisme verbal d'autant plus efficace qu'il utilise des mots inconsistants, dépourvus de signification précise, comme démocratie, liberté, égalité, fascisme, république, état, classe, etc. Tout un vocabulaire passe-partout que les démagogues utilisent en maîtres, des mots chargés d'affectivité explosive, le seul moteur des foules. A la tête des foules, un âne suffit.
Jean Coulonval, "Synthèse et Temps nouveaux", 1979, Lille
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