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18 avril 2020 6 18 /04 /avril /2020 11:28

 

Le confinement est prolongé jusqu’au 11 mai. Le pays est profondément touché par l’épidémie du  coronavirus. Ces temps sombres nous incitent à la réflexion. Le Cardinal Sarah, préfet de la Congrégation pour le culte divin, dans le texte ci-dessous, a des paroles que l’on aimerait tant qu’elles soient prophétiques.

 

Un virus, un virus microscopique, a mis à genoux ce monde qui se regardait, qui se contemplait lui-même, ivre d'autosatisfaction parce qu'il se croyait invulnérable.

La crise actuelle est une parabole. Elle révèle combien tout ce en quoi on nous invitait à croire était inconsistant, fragile et vide. On nous disait : vous pourrez consommer sans limites ! Mais l'économie s'est effondrée et les Bourses dévissent. Les faillites sont partout. On nous promettait de repousser toujours plus loin les limites de la nature humaine par une science triomphante. (…) On nous vantait un homme de synthèse et une humanité que les biotechnologies rendraient invincible et immortelle. Mais nous voilà affolés, confinés par un virus dont on ne sait presque rien. L'“épidémie” était un mot dépassé, médiéval. Il est soudain devenu notre quotidien. Je crois que cette épidémie a dispersé la fumée de l'illusion. L'homme soi-disant tout-puissant apparaît dans sa réalité crue. Le voilà nu. Sa faiblesse et sa vulnérabilité sont criantes.

Le fait d'être confinés à la maison nous permettra, je l'espère, de nous tourner de nouveau vers les choses essentielles, de redécouvrir l'importance de nos rapports avec Dieu, et donc la centralité de la prière dans l'existence humaine. Et, dans la conscience de notre fragilité, de nous confier à Dieu et à sa miséricorde paternelle. (…)

La grande erreur de l'homme moderne (est) de refuser de dépendre. Le moderne se veut radicalement indépendant. Il ne veut pas dépendre des lois de la nature. Il refuse de se faire dépendant des autres en s'engageant par des liens définitifs comme le mariage. Il considère comme humiliant de dépendre de Dieu. Il s'imagine ne rien devoir à personne. Refuser de s'inscrire dans un réseau de dépendance, d'héritage et de filiation nous condamne à entrer nus dans la jungle de la concurrence d'une économie laissée à elle-même. Mais tout cela n'est qu'illusion. L'expérience du confinement a permis à beaucoup de redécouvrir que nous dépendons réellement et concrètement les uns des autres. Quand tout s'effondre, seuls demeurent les liens du mariage, de la famille, de l'amitié. Nous avons redécouvert que, membres d'une nation, nous sommes liés par des liens invisibles mais réels. Nous avons surtout redécouvert que nous dépendons de Dieu. (…)

Avez-vous remarqué la vague de silence qui a déferlé sur l'Europe ? Brusquement, en quelques heures, même nos villes bruyantes se sont apaisées. Nos rues souvent grouillantes de monde et de machines sont aujourd'hui désertes, silencieuses. Beaucoup se sont retrouvés seuls, en silence, dans des appartements qui sont devenus comme autant d'ermitages ou de cellules monacales.

Quel paradoxe ! Il aura fallu un virus pour que nous nous taisions. Et tout d'un coup nous avons pris conscience que notre vie était fragile. Nous avons réalisé que la mort n'était pas loin. Nos yeux se sont ouverts. Ce qui nous préoccupait : nos économies, nos vacances, les polémiques médiatiques, tout cela nous est apparu secondaire et vain. La question de la vie éternelle ne peut manquer de se poser quand on nous annonce tous les jours un grand nombre de contagions et de décès. Certains paniquent. Ils ont peur. D'autres refusent de voir l'évidence. Ils se disent : c'est un mauvais moment à passer. Tout recommencera comme avant.

Et si, tout simplement, dans ce silence, cette solitude, ce confinement, nous osions prier ? (…). Et si, tout simplement, nous osions accepter notre finitude, nos limites, notre faiblesse de créature ?(…) Si nous refusons de croire que nous sommes le fruit d'un vouloir amoureux de Dieu tout-puissant, alors tout cela est trop dur, alors tout cela n'a pas de sens. Comment vivre dans un monde où un virus frappe au hasard et fauche des innocents ? Il n'y a qu'une réponse : la certitude que Dieu est amour et qu'il n'est pas indifférent à notre souffrance. (…) Je crois qu'il est temps d'oser ces mots de foi. (…)Le monde attend de l'Église une parole forte, la seule parole qui donne l'Espérance et la confiance, la parole de la foi en Dieu, la parole que Jésus nous a confiée. (…)

Habituellement, on évalue l'utilité d'une personne à son influence, sa capacité d'action voire d'agitation. Tout d'un coup, nous voilà tous remis à égalité. Nous voudrions être utiles, servir à quelque chose. Mais nous ne pouvons que prier, nous encourager mutuellement, nous supporter les uns les autres.(…)

Certains disent : plus rien ne sera comme avant. Je l'espère. Mais je crains plutôt que tout ne recommence comme avant car, tant que l'homme ne revient pas à Dieu de tout son cœur, sa marche vers le gouffre est inéluctable.

Nous mesurons en tout cas combien le consumérisme mondialisé a isolé les individus et les a réduits à l'état de consommateurs livrés à la jungle du marché et de la finance. La mondialisation, qu'on nous avait promise heureuse, s'est révélée un leurre. Dans les épreuves, les nations et les familles font corps. (…)

La crise actuelle démontre qu'une société ne peut être fondée sur des liens économiques. Nous prenons conscience de nouveau d'être une nation, avec ses frontières, que nous pouvons ouvrir ou fermer pour la défense, la protection et la sécurité de nos populations. Au fondement de la vie de la Cité, on trouve des liens qui nous précèdent : ceux de la famille et de la solidarité nationale. Il est beau de les voir ressurgir aujourd'hui. Il est beau de voir les plus jeunes prendre soin des anciens. Il y a quelques mois, on parlait d'euthanasie et certains voulaient se débarrasser des grands malades et des handicapés. Aujourd'hui, les nations se mobilisent pour protéger les personnes âgées.

On voit ressurgir des cœurs l'esprit de don de soi et de sacrifice. On a l'impression que la pression médiatique nous avait contraints à cacher la meilleure part de nous-mêmes. On nous avait appris à admirer les “gagnants”, les “loups”, ceux qui réussissaient, quitte à écraser les autres au passage. Voilà que soudain on admire et applaudit avec respect et gratitude les aides-soignantes, les infirmières, les médecins, les volontaires et les héros du quotidien. Tout d'un coup, on ose acclamer ceux qui servent les plus faibles. Notre temps avait soif de héros et de saints, mais il le cachait et en avait honte.

Serons-nous capables de garder cette échelle de valeurs ? Serons-nous capables de refonder nos cités sur autre chose que la croissance, la consommation et la course à l'argent ? Je crois que nous serions coupables si, au sortir de cette crise, nous replongions dans les mêmes erreurs. Cette crise démontre que la question de Dieu n'est pas seulement une question de conviction privée, elle interroge le fondement de notre civilisation.

Extraits de l’article de Valeurs Actuelles du 9 avril 2020

Merci à EVR. Et si vous faisiez suivre ?

 

Valeurs Actuelles N°4350 du 09 avril 2020 à télécharger sur iPad

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7 avril 2020 2 07 /04 /avril /2020 23:19

 

La pandémie du Coronavirus a obligé nos dirigeants à fermer les écoles et contraindre les familles à se confiner chez elles. De nombreux parents doivent apprendre à vivre 24 heures sur 24 avec leurs enfants. Et la tentation sera forte d’utiliser les smartphones, ordinateurs ou jeux vidéo comme babysitters !! Bref de mettre les enfants devant des écrans. Le docteur Michel Desmurget (*), directeur de recherche en neurosciences à l’Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale), alerte sur les impacts négatifs des écrans: troubles de la mémoire, agressivité, retards langagiers…

 

La consommation numérique des enfants n'est pas simplement excessive. Elle est hors de contrôle: presque trois heures quotidiennes à 4 ans, cinq heures à 10 ans et sept heures à l'adolescence ! Avant 6 ans, les études montrent que, dès dix minutes à un quart d'heure par jour, les écrans ont déjà un effet ! A cet âge, chaque minute est importante pour apprendre à marcher, compter, parler, se tenir debout, contrôler ses gestes. Les développements ultérieurs dépendent directement de ces apprentissages précoces. Il suffit, chez le jeune enfant, d'une exposition quotidienne moyenne de dix à trente minutes pour augmenter significativement le risque d'obésité et de retard intellectuel. Ce dont a besoin notre descendance pour bien grandir, ce n'est pas d'écrans, mais d'humain, de mots, de sourires, de câlins.(…)

Le langage, c'est les Lego de l'intelligence, l'attention en est la colonne vertébrale et le sommeil permet de remettre de l'ordre dans le système. Tous les écrans ébranlent de façon brutale ces trois piliers. Regardez l'effondrement du langage en une génération: c'est monstrueux ! Et les enfants des milieux défavorisés consomment quasiment deux fois plus d'écrans que les autres. Entre 7 000 et 10 000 études ont abordé l'impact des écrans. (…) Toutes convergent à montrer des influences négatives ! Certes, il vaut mieux mettre un gamin devant le programme de divertissement " Sesame Street" que de l'enfermer dans un placard... Mais, si vous le mettez avec des humains, il apprendra bien mieux.(…)

On l'abîme le cerveau de nos enfants en altérant son développement. On nous dit « tiens, on a une épidémie de dyspraxiques ». Certains, les vrais, si je puis dire, le sont indépendamment des écrans, mais on a tout un tas de gamins qui le sont devenus parce que leur cerveau ne s'est pas correctement câblé, par manque de sollicitation des fonctions motrices durant les premières années de la vie. (…)

Il faut vivre, nous dit-on, avec son temps. Mais le cerveau n'est pas fait pour ce temps. Il est génétiquement façonné pour l'humain. Le chercheur italien Pier Francesco Ferrari l'a montré en travaillant sur les neurones miroirs. Ce sont des neurones qui s'activent quand vous effectuez ou observez une même action: par exemple, si vous souriez, les neurones qui me servent à sourire vont s'activer. A un moment, Ferrari en a eu assez de faire des grimaces aux singes. Il a décidé de tourner une vidéo et de la mettre devant l'animal. Sauf que les neurones qui répondaient «en vrai» ne répondaient plus – ou bien très mal. C'est pareil chez l'homme. Un enfant qui entend deux ou trois fois un mot le retient. Avec la vidéo, il faut 30, 40, 50, 60 répétitions !(…)

A travers le programme "One Laptop per Child", où des ordinateurs et des tablettes ont été distribués, dès 2008, au Pérou ou en Ethiopie, les enfants (devaient apprendre) à lire mieux qu'avec un enseignant. Après étude, c'est un désastre. Les gamins n'ont pas utilisé l'écran pour aller consulter l'Encyclopedia Universalis en ligne, mais pour jouer aux jeux vidéo ou regarder des séries. Leurs résultats scolaires ont baissé.(…)

La meilleure des vidéos ne remplacera jamais un humain. Les cours en ligne du MIT et de Harvard sont bien faits. Mais une étude publiée dans Science montre que ces outils accroissent brutalement les inégalités sociales, car seuls les enfants favorisés, qui ont un capital humain important pour les aider, peuvent en tirer parti. L'université de Pennsylvanie a suivi les résultats de 1 million d'étudiants sur ses "mooc" [cours en ligne, NDLR]. Le taux d'abandon dépasse 90 %, avec des pointes supérieures à 99 % pour les cours les plus exigeants ! Après six mois d'usage des "mooc", l'université de San José a renoncé face à l'ampleur du désastre pédagogique. (…)

Est-ce qu'un gamin de 12 ans a besoin d'un smartphone ? Je n'en suis pas sûr. Ou alors un vieux téléphone à clapet pour provenir en cas de problème. Bien des études montrent les effets délétères des téléphones portables sur le développement cognitif et émotionnel. En revanche, aucune ne montre que des gamins qui n'ont pas de smartphone ont plus de problèmes d'insertion sociale, de dépression, de suicide, de réussite scolaire ou de sommeil. (…)

L’une des caractéristiques des jeux vidéo, c'est qu'il n'y a pas de transfert dans la vraie vie. Que "Minecraft" soit un divertissement sympathique et qu'un gamin l'utilise de manière occasionnelle, pourquoi pas. Mais il faut comprendre que ça prend du temps sur d'autres activités plus nourrissantes pour un cerveau en développement. (…).

Apprendre le français, les maths ou les langues avec un ordinateur, ça ne marche pas! Il faut de l'humain. Autre cas, utiliser un clavier pour apprendre à écrire se révèle très handicapant, notamment parce que le système visuel confond les lettres comme le «b» et le «d». Pour faire la différence, le cerveau a besoin de la main. Autrement dit, ce n'est pas parce que des outils sont utiles plus tard qu'ils sont utiles en phase d'apprentissage. Prenez la machine à calculer: je m'en sers, mais je sais compter. Si vous la donnez à un enfant qui doit comprendre le mécanisme de la base 10, elle lui pourrira la vie. (extrait de l’entretien donné au Point le 29 août 2019)

(*) : auteur de « La Fabrique du crétin digital », Seuil 2019

 

https://rcf.fr/sites/default/static.rcf.fr/imagecache/vignette_diffusion_small/radios/rcfnational/visuels/enfant_du_numerique.png

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7 avril 2020 2 07 /04 /avril /2020 16:40

Nous vivons une crise sans précédent. Un minuscule virus ébranle notre société. Quel enseignement en tirerons-nous ? Nos dirigeants seront-ils aussi peu conséquents qu’avec l’invasion migratoire ou l’offensive islamique ? Que ferons-nous de cette épreuve? s’interroge l’écrivain Sylvain Tesson, en analysant les fragilités de notre mondialisation et en voulant croire à un réveil de la vie intérieure.

Sylvain Tesson: «Que ferons-nous de cette épreuve?»

 

L’ultra-mondialisation cyber-mercantile sera considérée par les historiens futurs comme un épisode éphémère. Résumons. Le mur de Berlin tombe. Le règne du matérialisme global commence. (…) Le Commerce est grand, tout dirigeant politique sera son prophète, le globe son souk. L’humanité se connecte. Huit milliards d’êtres humains reçoivent le même signal. Le  Moldovalaque et le Berrichon peuvent désirer et acquérir la même chose. Le digital parachève l’uniformisation. La Terre, ancien vitrail, reçoit un nouveau nom maintenant que les rubans de plomb ont fondu entre les facettes: « la planète ». Elle fusionne, devient une entreprise, lieu  d’articulations des flux systémiques. La politique devient un management et le management gère le déplacement, pour parler l’infra-langage de l’époque. Un  nouveau dogme s’institue: tout doit fluctuer, se mêler sans répit, sans entraves, donc sans  frontières. Dieu est mouvement. Circuler est bon. Demeurer est  mal. Plus rien ne doit se prétendre de quelque part puisque tout peut-être de partout. Qui s’opposera intellectuellement à la religion du flux est un chien. Le mur devient la forme du  mal. Haro sur le muret ! Dans le monde de l’entreprise, il disparaît (règne de l’open space). En l’homme, il s’efface (règne de la transparence). Dans la nature, il est mal vu (règne alchimique de la transmutation des genres).  Les masses décloisonnées s’ébranlent. Le baril de pétrole coûte le prix de quatre paquets de cigarettes. La circulation permanente du genre humain est tantôt une farce: le tourisme global  (je  m’inclus dans l’armée des pitres). Et tantôt une tragédie (les mouvements de réfugiés). Une  OPA dans l’ordre de l’esprit est réalisée: si vous ne considérez pas ce qui circule comme le parachèvement de la destinée humaine vous êtes un plouc.

Et puis soudain, grain de sable dans le rouage. Ce grain s’appelle virus. Il n’est pas très puissant,  mais comme les portes sont ouvertes, il circule, tirant sa force du courant d’air. Le danger de sa  propagation est supérieur à sa nocivité. Dans une brousse oubliée, on n’en parlerait pas. Dans une Europe des quatre vents, c’est le cataclysme sociopolitique. Comme le touriste, le containeur, les informations, le globish ou les idées, il se répand. Il est comme le tweet: toxique et rapide. La  mondialisation devait être heureuse. Elle est une dame aux camélias: infectée.

L’humanité réagit très vite. Marche arrière toute ! Il faut se confiner ! Un nouveau mot d’ordre  vient  conclure brutalement  le  cycle  global. C’est une injonction stupéfiante car sa simple énonciation incarne ce que l’époque combattait jusqu’alors, et le fait de prononcer ces mots avant leur édiction officielle faisait de vous un infréquentable :« Restez chez vous !» La mondialisation  aura  été  le  mouvement d’organisation planétaire menant en trois décennies des confins au confinement. Du « No  borders» au « Restez chez vous ».

Il est probable que la « globalisation absolue » n’était pas une bonne option. L’événement majeur de cette crise de la quarantaine sera la manière dont les hommes reconsidéreront l’option  choisie, une fois calmé le « pangolingate ».(…)

On peut se contenter de dire que rien n’est nouveau. Pestes et choléras fauchent les hommes  depuis longtemps. L’Histoire, cette contradiction de l’idée de progrès, n’est que l’éternel retour  des désastres et des renaissances. Mais nous avons changé d’échelle.

Quand un système change d’échelle, il change de nature. Des drames similaires se produisaient avant le XXe siècle. Ils n’avaient pas cette puissance de volatilité. L’ampleur de la chose est un problème supérieur à la chose elle-même. La grippe espagnole a tué 3 % de la population  mondiale, mais en 1920, la  mécanique de la propagation n’avait pas été érigée en instrument de l’organisation globale. N’est-ce pas le principe de propagation qui permet le commerce mondial,  le  capitalisme financier, l’échange frénétique, l’uniformisation linguistique et culturelle.Pourquoi le  virus n’emprunterait-il pas le même courant ? (…)

Soit nous réussissons à faire (de cette vie confinée,) de cette traversée du temps retrouvé une expérience proustienne (mémoire, pastille à la bergamote, exercice de la sensibilité), soit c’est le  vrai effondrement: celui de soi-même.

Heinrich von Kleist dans Michael Kohlhaas donne une clef: « Du fond de sa douleur de voir le  monde dans un si monstrueux désordre, surgissait la satisfaction secrète de sentir l’ordre régner  désormais dans son cœur.» À chacun est offerte une occasion de faire un peu d’ordre en son cœur.Une inégalité immédiate se révèle. Certains ont une vie intérieure, d’autres non.(…)

Julien Gracq, dans En lisant en écrivant, donnait (une) indication thérapeutique : « Le livre ouvre  un lointain à la vie, que l’image envoûte et immobilise.» Vous voulez explorer vos confins ? Ouvrez des livres. Devant un écran,vous serez deux fois confinés !

Le temps est une substance. Il se modèle. Nous l’avions perdu, on le retrouve. C’est une grâce. La révolution écologique commence par une écologie du temps.

Nous autres humains du XXIe siècle partons très défavorisés dans le défi qui nous est imparti.  Car le nouvel ordre digitalo-consumériste nous a habitués à craindre le vide. La révolution digitale  est un phénomène hydraulique. Internet, pompe excrémentielle, remplit l’espace vacant à grand débit. Le tube a soif. Il faut que ça coule! Soudain le confinement impose une expérience du vide.  Il ne faut pas faire comme la connexion intégrale le préconise: remplir tout avec n’importe quoi.(…)

Le virus est une fleur du mal poussant au contact entre le monde intérieur et extérieur. S’il épargne l’intégrité de notre organisme, il révélera la solidité de notre âme. (…)

Que ferons-nous de cette épreuve ? Comme je suis naïf, je me dis que les passagers du  train  cyber-mercantile se livreront à un  aggiornamento. Les civilisations s’étaient fondées sur quelques principes: séparation, séclusion, distinction, singularisation, enracinement. Confinement, quoi. Quelques décennies ont balayé cela au nom  d’une  idéologie : le  globalisme égalitaire  préparatoire à la grande braderie. La propagation massive du virus n’est pas un accident. C’est une conséquence.

On se rend compte soudain d’évidences  oubliées. Énumérons-les. Rester chez soi ne veut pas dire haïr son voisin. Les murs sont des membranes de protection et pas seulement des blindages  hostiles. Ils sont percés de portes, on peut choisir de les ouvrir ou de les fermer. Lire ne veut  pas  dire s’ennuyer.

Autre découverte: l’action politique n’est pas morte. Nous pensions que l’économie régentait seule le parc humain. Les ministères des Affaires étrangères étaient devenus des chambres de  commerce (…). Soudain, réactivation de la décision d’État. Divine surprise ! Alors que nous  pensions la mondialisation «inéluctable» (c’est le mot favori des hommes politiques, blanc-seing de leur démission !), nous nous rendons compte que l’inéluctable n’est pas irréversible et que la nostalgie peut proposer de nouvelles directions !  Soudain, le  président annonce la fermeture des frontières de Schengen et confine sa  population. Il est donc possible de décider de décider. Devant la prétendue inéluctabilité des choses, le virus du fatalisme possède son gel hydroalcoolique: la volonté.

« En  marche ! » est finalement un merveilleux slogan, une fois accompli le demi-tour.

Extrait de l’entretien donné au Figaro le 20 mars 2020. L'entretien complet se retrouve ICI.

Merci à EVR.

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5 avril 2020 7 05 /04 /avril /2020 12:44

La révolte des gilets jaunes, le transhumanisme en germe dans les lois bioéthiques, la crise migratoire, sont autant de signes de la décadence de la modernité. La pandémie de coronavirus en est un de plus: elle ébranle l’idéologie progressiste des sociétés modernes et sa prétention à tout résoudre. C’est ce que nous explique le sociologue Michel Maffesoli, professeur émérite à la Sorbonne, dans l’article ci-dessous :

On ne dira jamais assez que nous assistons à la décadence inéluctable de la modernité. Fin d’un monde se manifestant, au quotidien, dans une dégénérescence (…) du mythe progressiste (…) Ce progressisme s’employait à justifier la domination sur la nature, à négliger les lois primordiales de celle-ci et à construire une société selon les seuls principes d’un rationalisme abstrait dont l’aspect morbide apparaît de plus en plus évident. Les réformes dites «sociétales» (mariage pour tous, PMA-GPA, etc.) en étant les formes caricaturales.
Le point nodal de l’idéologie progressiste, c’est l’ambition voire la prétention de tout résoudre, de tout améliorer afin d’aboutir à une société parfaite et à un homme potentiellement immortel.(…)
Ambition, prétention de tout maîtriser. (…) L’élite moderne: politiques, journalistes et divers experts, est contaminée par cette prétention quelque peu paranoïaque. Dans un avenir, plus ou moins proche, l’on arrivera à réaliser une société parfaite!
C’est bien cette conception (…) optimiste qui est en train de s’achever. Et, dans le balancement inexorable des histoires humaines, c’est le sentiment du tragique de la vie qui, à nouveau, tend à prévaloir. (…) Le tragique est aporique, c’est-à-dire sans solution. La vie est ce qu’elle est.
Plutôt que de vouloir dominer la nature, on s’accorde à elle. Selon l’adage populaire, «on ne commande bien la nature qu’en lui obéissant.» La mort, dès lors, n’est plus ce que l’on pourra dépasser. Mais ce avec quoi il convient de s’accorder.
Voilà ce que rappelle, en majeur, la «crise sanitaire». La mort pandémique est le symbole de la fin de l’optimisme propre au progressisme moderne. On peut le considérer comme une expression du pressentiment, quelque peu spirituel, que la fin d’une civilisation peut être une délivrance et, en son sens fort, l’indice d’une renaissance. Indice, «index», ce qui pointe la continuité d’un vitalisme essentiel!
La mort possible, menace vécue quotidiennement, réalité que l’on ne peut pas nier, que l’on ne peut plus dénier, la mort qu’inexorablement l’on est obligé de comptabiliser, cette mort, omniprésente, rappelle dans sa concrétude que c’est un ordre des choses qui est en train de s’achever. (…) Et ce réel c’est la mort de cet «ordre des choses» ayant constitué le monde moderne!
Mort de l’économicisme dominant, de cette prévalence de l’infrastructure économique cause et effet d’un matérialisme à courte vue.
Mort d’une conception purement individualiste de l’existence. (…)L’angoisse de la finitude, finitude dont on ne peut plus cacher la réalité, incite, tout au contraire, à rechercher l’entraide, le partage, l’échange, le bénévolat et autres valeurs du même acabit que le matérialisme moderne avait cru dépasser.
Encore plus flagrant, la crise sanitaire signe la mort de la mondialisation, valeur dominante d’une élite obnubilée par un marché sans limites, sans frontières où, là encore, l’objet prévaut sur le sujet, le matériel sur le spirituel.
Souvenons-nous de la judicieuse expression du philosophe Georg Simmel, rappelant que le bon équilibre de toute vie sociale est l’accord devant exister entre le «pont et la porte». Le pont nécessaire à la relation, et la porte relativisant cette relation afin d’accéder à une harmonie bénéfique pour tout un chacun.
C’est ce que j’ai appelé «Écosophie», sagesse de la maison commune. En termes plus familiers, il s’agit de reconnaître que «le lieu fait lien». (…) La glèbe natale retrouve une force et vigueur indéniables. Enracinement dynamique rappelant que, comme toute plante, la plante humaine a besoin de racines pour pouvoir croître, avec force, justesse et beauté! Ainsi face à la mort on ne peut plus présente, est rappelée la nécessité de la solidarité propre à un «idéal communautaire» que certains continuent à stigmatiser en le taxant, sottement, de communautarisme.
La mort de la civilisation utilitariste où le lien social est à dominante mécanique, permet de repérer la réémergence d’une solidarité organique. (…) Ce qu’avait (…) bien analysé Georges Dumézil en rappelant l’interaction et l’équilibre existant, à certains moments, entre les «trois fonctions sociales». La fonction spirituelle, fondant le politique, le militaire, le juridique et aboutissant à la solidarité sociétale. Ainsi, au-delà d’une suradministration déconnectée du Réel, c’est bien un tel holisme que l’on voit resurgir de nos jours. (…)
Le «tragique» (…) s’accorde à la mort. Il sait, d’un savoir incorporé, savoir propre à la sagesse populaire, vivre la mort de tous les jours.
Voilà en quoi la crise sanitaire porteuse de mort individuelle est l’indice d’une crise civilisationnelle, celle de la mort d’un paradigme progressiste ayant fait son temps. Peut-être est-ce cela qui fait que le tragique ambiant, vécu au quotidien, est loin d’être morose, conscient qu’il est d’une résurrection en cours. Celle où dans l’être-ensemble, dans l’être- avec, dans le visible social, l’invisible spirituel occupera une place de choix.

dans Le Figaro du 23 mars 2020

merci à EVR.

 

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29 mars 2020 7 29 /03 /mars /2020 18:01

" Chaîne-miroir de l’émission La France de Campagnol elle-même issue d’un livre paru chez Flammarion en 2012 et qui était sous-titré « à l’écoute de la France qu’on n’entend pas ».

Christian Combaz est romancier, écrivain, et ça s’entend. Il nous parle des gens simples, normaux, avec le ton d’un témoin et d’un artiste, pas celui d’un chercheur au CNRS.

Il est permis d’ajouter qu’il s’agit d’un écrivain authentiquement dissident, classé à droite depuis trente ans, officier des Arts et lettres mais qui gagne dix fois moins que le coiffeur de l’Élysée… Son site : http://christiancombaz.com ".

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20 mars 2020 5 20 /03 /mars /2020 09:41

Le Coronavirus ou Covid-19 a été qualifié de pandémie par l’organisation mondiale de la santé. Emmanuel Macron a solennellement décrété, ce jeudi 12 mars,  une mobilisation générale face à ce nouveau fléau dont nous ne connaissons, ni les origines ni les causes réelles de sa diffusion, ni même ses conséquences possibles. Ce que nous savons cependant, c'est que les pandémies ont, longtemps été considérées, à travers l'histoire, comme des châtiments divins, et que l'Église contre ceux-ci a toujours eu recours à la prière et la pénitence. Souvenons-nous–en ce temps de Carême- des paroles de saint Grégoire le Grand : « Que dirons-nous des terribles événements dont nous sommes témoins sinon qu'ils sont un présage d'un châtiment à venir ? Pensez donc à ce jour futur, chers frères, en tremblant ; changez de conduite, rompez avec vos habitudes coupables, vainquez de toutes vos forces les tentations du mal, et châtiez dans les larmes les péchés commis. » .

EVR

 

Les faits qui suivent se sont déroulés à Rome en 590. L'Italie était alors dévastée par les épidémies, la famine, les troubles sociaux et la vague destructrice des Lombards. Entre 589 et 590, une violente flambée de peste, les terribles lues inguinaria, après avoir dévasté le territoire byzantin à l'est et les terres franques à l'ouest, sema la mort et la terreur dans la péninsule et frappa la ville de Rome. Les citoyens romains virent cette épidémie comme un châtiment divin en réponse à la corruption qui régnait dans la ville.

La première victime que fit la peste à Rome fut le Pape Pélage II, mort le 5 février 590. Le clergé et le Sénat romain élurent Grégoire qui, après avoir été Préfet de Rome, était devenu moine à Monte Celio. Après sa consécration le 3 octobre 590, le nouveau Pape s'attaqua immédiatement au problème de la peste. Grégoire de Tours (538-594), contemporain de ces événements et qui en fut le chroniqueur, raconte que le Pape Grégoire, dans un sermon mémorable prononcé dans l'église de Santa Sabina, invita le peuple romain à suivre — contrit et pénitent — l'exemple des habitants de Ninive : « Regardez autour de vous : voici le glaive de la colère de Dieu, brandi au-dessus de toute la population. La mort soudaine nous arrache, en l'espace d'une seconde, à ce monde. En ce moment précis, oh — combien sont emportés par le mal — ici tout autour de nous — n'ayant même pas le temps de faire pénitence. »

Puis le Pape exhorta tout le peuple à lever les yeux vers Dieu, Qui permet de si terribles châtiments dans le but de corriger Ses enfants. Pour apaiser le courroux divin, le Pape ordonna une « litanie en sept Chœurs », c'est-à-dire une procession de toute la population romaine, divisée en sept cortèges, selon le sexe, l'âge et la condition. La procession se déplaça depuis les différentes églises romaines en direction de la basilique Saint-Pierre au Vatican, chantant des litanies en chemin. C'est l'origine de ce que l'on appelle aujourd'hui les grandes Litanies de l'Église, ou Rogations, que nous prions pour que Dieu nous protège contre les adversités. Les sept cortèges traversèrent les bâtiments de la Rome antique, pieds nus, à pas lent, la tête couverte de cendres. Tandis que la multitude traversait la ville, dans un silence sépulcral, la peste atteignit un tel point de fureur qu'en l'espace d'une heure, quatre-vingts personnes tombèrent mortes au sol. Cependant, Grégoire ne cessa pas une seconde d'exhorter le peuple à continuer de prier et insista pour que l'image de la Vierge peinte par saint Luc et conservée à Santa Maria Maggiore soit portée en tête de procession. (Gregorio di Tours, Historiae Francorum, liber X, 1, in Opera omnia, a cura di J.P. Migne, Parigi 1849 p. 528)

La légende dorée de Jacques de Voragine raconte que, à mesure que la procession avançait avec l'image sainte, l'air devenait plus sain et plus pur et le miasme de la peste se dissolvait comme s'il ne pouvait supporter la présence de l'image de la Sainte Vierge. Elle atteignit le pont unissant la ville au mausolée d'Hadrien, connu à l'époque médiévale sous le nom de Castellum Crescentii, quand tout à coup un chœur d'anges se fit entendre, entonnant le « Regina Caeli, laetare, Alleluja - Quia quem meruisti portare, Alleluja - Resurrexit sicut dixit, Alleluja ! » Grégoire répondit d'une voix forte : « Ora pro nobis rogamus, Alleluja ! » Et ainsi est née le Regina Caeli, l'antienne avec laquelle l'Église salue Marie Reine du Ciel, pendant le temps pascal, pour proclamer la Résurrection du Sauveur.

Après le chant, les Anges se disposèrent en cercle autour de l'image de Notre-Dame et Grégoire, levant les yeux, vit au sommet du Château, un Ange, qui, après avoir essuyé son glaive ruisselant de sang, le remit dans sa gaine, comme pour signifier que le châtiment était terminé.

Le Pape Grégoire I fut canonisé, proclamé Docteur de l'Église et entra dans l'histoire sous le nom de « Grégoire le Grand ». Après sa mort, les Romains se mirent à appeler le mausolée d'Hadrien « Castel Sant'Angelo » (Château Saint-Ange) et, en souvenir du miracle, placèrent au sommet du château, la statue de Saint Michel, Chef de la milice céleste, rengainant son épée. Aujourd'hui encore, au musée du Capitole, une pierre circulaire avec des empreintes de pieds est conservée qui, selon la tradition, aurait été laissée par l'Archange lorsqu'il se leva pour déclarer la fin de la peste. Le cardinal Cesare Baronio (1538-1697), considéré comme l'un des plus grands historiens de l'Église pour la rigueur de ses recherches, confirme l'apparition de l'Ange au sommet du château. (Odorico Ranaldi, Annali ecclesiastici tratti da quelli del cardinal Baronio, anno 590, Appresso Vitale Mascardi, Roma 1643, pp. 175-176)

Lu dans pierre-et-les-loups.net, LifeSiteNews du 28 février 2020.

 

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19 mars 2020 4 19 /03 /mars /2020 12:58

Le conseil de saint Jean Bosco en cas d’épidémie

                                      Alessandro Rota / Sputnik    À Milan, le 26 février 2020.

Alors qu’un dernier bilan fait état de plus de 119.000 personnes malades dans le monde et 4.300 morts, le coronavirus inquiète de plus en plus. Et si vous suiviez le conseil de saint Jean Bosco pour gagner en sérénité ?

Se laver les mains régulièrement, tousser dans son coude et ne pas se rendre dans un pays à risque, voilà les principales recommandations formulées par les autorités sanitaires pour limiter la propagation du coronavirus. À celles-là on pourrait en ajouter une autre d’ordre spirituel : avoir sur soi une image de la Vierge Marie et prier régulièrement.

Ce dernier conseil n’est autre que celui donné par saint Jean Bosco à Turin lors de l’épidémie de choléra qui a frappé la ville en 1854. Le prêtre italien avait alors demandé à des jeunes gens qu’il avait mandaté pour rendre visite aux malades de porter sur eux une image de la Vierge et de prier régulièrement. Aucun d’entre eux n’avait été contaminé. Si les deux épidémies ne sont absolument pas comparables, son conseil est toujours valable : agir humblement avec foi et se confier à la Mère de Dieu.

La rédaction d'Aleteia/avec I.Media | 11 mars 2020

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16 mars 2020 1 16 /03 /mars /2020 19:38

 

« On reconnaît le bonheur au bruit qu’il fait en claquant la porte. » Jacques Prévert

Nous étions heureux et nous ne le savions pas !

L’homme augmenté nous promettait l’immortalité.

L’Intelligence Artificielle laissait envisager toute une armée de petits robots pour répondre à nos moindres besoins. Plus besoin d’avoir des enfants pour assurer ses vieux jours.

Les avancées technologiques rendaient possible le rêve prométhéen de créer un homme selon nos désirs.

La bourse tutoyait les sommets.

Le principe de l’irréversibilité des avantages acquis gravait dans le marbre les acquis des Trente glorieuses alors que s’approchait le moment où l’on regretterait les Trente piteuses.

Le village mondial ne cessait de s’étendre et de rallier aux bienfaits de la société de consommation des populations chaque jour plus nombreuses.

La catastrophe imprévue

Patatras ! Un minuscule virus de quelques dizaines de nanomètres vient de mettre fin, brutalement, au rêve de paradis sur terre.

Peuples et gouvernants ont, aujourd’hui, la gueule de bois ! Le dogme du progrès continu de l’humanité vers plus de bien-être, et donc de bonheur, s’est évanoui emporté par un microscopique virus asiatique. Tous avaient sans doute oublié que « Les peupliers ne montent pas jusqu’au ciel » et aussi qu’ « On ne se moque pas de Dieu. » (Gal, 6,7)

Le paradigme dominant était à l’échange, la rencontre, le brassage, le métissage, la mondialisation, les voyages.

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15 mars 2020 7 15 /03 /mars /2020 23:09

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22 février 2020 6 22 /02 /février /2020 10:14

Les frasques de Benjamin Griveaux, ex-candidat à la mairie de Paris, ont suscité l’émoi de beaucoup d’« élites » bien plus choquées par l’atteinte à la vie privée causée par un activiste russe que par le manque de décence et de maturité de l’intéressé. Le respect de la vie privée est un fondement de nos libertés mais, comme l’écrit la philosophe, Chantal Delsol, membre de l’Institut, cela ne doit pas nous faire oublier le sens des responsabilités que l’on doit exiger de la part de nos dirigeants politiques.

Nous sommes bien contraints de nous interroger sur notre situation, qui permet ces perversités. Si nous ne parvenons pas à faire face et à trouver des réponses, nous n'aurons plus comme alternative que subir les avanies ou alors contrôler à la mode chinoise. Il est bien angoissant de rester suspendu entre la liberté dévergondée ou le despotisme.

Le lecteur qui n'a jamais vécu dans une toute petite ville doit tenter d'imaginer ce qu'est le Café du commerce dans des lieux isolés au milieu de nulle part. Le Café du commerce y est toujours plein. On y entend des paroles de bon sens, aussi des platitudes et aussi des insanités. Les acteurs y parlent peu du monde global, et s'intéressent davantage à leur monde particulier. Ils se penchent sur les histoires microscopiques de leur cité, analysent interminablement et répercutent des bruits qui vont enfler en se propageant. Ce n'est pas qu'il y ait là des gens particulièrement méchants, pas du tout. Mais quand on est éloigné des affaires générales, on s'occupe essentiellement des affaires particulières. On se passionne pour la vie privée des autres, on traque les petits spectacles de l'existence pour tâcher de savoir ce qui se trame derrière les volets clos, on interprète, et on répand les bruits. La vie intime des gens est ce qu'il y a de plus truculent, dans le lieu clos d'une toute petite ville qui ressemble à un paquebot. Et quand il s'agit de s'intéresser à l'existence privée des puissants, la curiosité est toujours là, mais l'envie plus encore. Les faits et gestes des puissants ne sont jamais plus décortiqués que dans le village.

Le monde des réseaux, c'est le Café du commerce étendu au pays tout entier. Le pays entier devient comme une toute petite ville, dans laquelle chacun se trouve à la merci d'ignorants qui se croient savants et de gens agressifs qui colportent des rumeurs assassines. L'affaire Griveaux est d'abord une simple affaire de Café du commerce. Désormais, même dans les grandes villes et grâce aux réseaux, nul ne peut plus échapper aux commérages qui font les délices et les poisons du village. On sait bien que depuis les origines, les villes ont toujours été le refuge de ceux qui désiraient enfin trouver un peu d'anonymat. Désormais, il est dérisoire de gagner la grande ville pour bénéficier de l'anonymat bienfaisant : il n'y a plus d'anonymat nulle part. On se demande comment nos intellectuels peuvent aspirer au «village global» : le Café du commerce au niveau mondial - quel cauchemar...

Cette affaire pose aussi la question de l'ordre moral que les sociétés occidentales postmodernes (…) sont en train d'instaurer. Car pour faire un buzz avec une vidéo, le coupable malfaisant a dû parier qu'elle était compromettante, et elle l'était en effet. Pourquoi s'offusque-t-on d'une vidéo à caractère sexuel adressée à une maîtresse, alors que nous ne vivons plus depuis longtemps sous le règne de la vertu, alors que nous sommes émancipés de toute contrainte ? (…) Il y a encore trente ans, en France, un élu pouvait tromper sa femme tranquillement devant ses électeurs, qui se félicitaient en riant sous cape d'avoir élu un coq de basse-cour. Aujourd'hui il ne s'agit pas, bien sûr, pour ceux qui s'indignent, de retourner aux fidélités chrétiennes, mais l'époque réclame l'adéquation rigoureuse du dire et du faire. Le mensonge ne passe plus. La transparence des réseaux s'engouffre dans cette brèche et l'amplifie. Faut-il qu'un personnage public soit vertueux ? Oui, en tout cas s'il fait de sa vertu un argument électoral. Il est devenu inacceptable de voir l'élu afficher sa famille pendant qu'il sort avec sa maîtresse. (…)

Tous les bas instincts se donnent rendez-vous dans les réseaux sociaux : ils sont anonymes et impunis. La rancœur s'y presse avec l’agressivité, et cette  façon de se rendre important quand on n’a pas d’autre motif de gloire. Ce n'est pas que les internautes, soient mauvais, encore une fois. Mais tout ce qu’ils ont de mauvais c'est là qu'ils peuvent l'exhaler. Même si l'on s'applique à tout faire pour protéger la vie privée et punir les coupables, on n'empêchera pas la facilité déconcertante, et multipliée, de ce genre de diffusion.

Dans les petites villes, chacun a pour souci principal de préserver sa vie privée, toujours menacée par mille regards qui s'ennuient. Le mieux est de fermer ses volets et de peu raconter à son voisin. Aujourd'hui, dans le malheureux Village global, il est très imprudent de diffuser des vidéos intimes sur les réseaux. Un élu, par définition objet de l'envie, risque mille fois plus que les autres. Pour lui, au temps des réseaux comme dans le village, l'indécence est meurtrière. C'est le prix à payer pour la liberté démocratique. Benjamin Griveaux aurait pu se douter qu'en cas de fuite, les électeurs ne seraient pas forcément séduits par ce type de mômeries, au moment où il se donne pour un père de  de famille respectable et responsable, donc capable de briguer le pouvoir. Personne n'a envie d'avoir un adolescent comme gouvernant. D'autant que les électeurs, on le sait, sont, plus que les élites, attachées à la décence.

Dans le village, le représentant du peuple a intérêt à demeurer vertueux, parce qu’il se sait observé de partout. Quant à l’œil panoptique du Village global, il suggère de lui-même la protection contre le cynisme : prudence et discrétion. Plus une société est libre, plus elle a besoin de décence et de responsabilité – le problème étant que la liberté sans frein incite à l’irresponsabilité, et c’est dans ce paradoxe cruel que nous nous trouvons présentement.

dans Le Figaro du 17 février 2020.

Merci à EVR.

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18 janvier 2020 6 18 /01 /janvier /2020 12:43

 

Selon le bilan démographique sur la population française 2019 de l’Insee publié mardi 14 janvier, les naissances baissent pour la cinquième année consécutive: 753 000 naissances, soit 6000 de moins qu’en 2018. La réforme des retraites qui préoccupe tout le pays n’évoque pas la démographie française. Et pourtant les naissances d’aujourd’hui feront les actifs de demain (*). Pour François Martin, diplômé de l'ESSEC, expert en développement sur les pays émergents, tout ce que l’Etat développe aujourd’hui en matière de réformes « sociétales » nous éloigne de la mise en œuvre de la bonne solution pour traiter la question des retraites :

 

Beaucoup de débats ont lieu (…) sur la question des retraites. Pourtant, aucun ou presque ne semble aborder l’essentiel : la question démographique.

(Derrière) la défiance des Français, (…) au-delà du fait que le chef de l’Etat, par des déclarations contradictoires, a sans arrêt entretenu le flou, ne permettant pas à l’opinion de savoir véritablement ce qu’il voulait faire, il y a peut-être aussi, au départ, une question qui est mal posée.

D’abord, le terme de retraite « par répartition » est mal choisi. Il faudrait plutôt dire « par investissement », puisque les cotisations payées par les actifs d’aujourd’hui ne servent pas à payer leurs retraites futures, mais bien celles des retraités d’aujourd’hui.

Aussi, vouloir mettre en place une réforme des retraites sans aborder la question de la démographie, c’est vouloir souffler sur un feu pour en augmenter la température, tout en y mettant de moins en moins de bois. Il n’y a pas besoin d’être un grand économiste, ni un grand démographe, pour se rendre compte que rapidement, le feu va s’éteindre.

Or, c’est précisément ce que l’on cherche à faire, en tentant de jouer sur les trois paramètres que sont la hausse des cotisations, la baisse des pensions (solutions que le gouvernement semble avoir écartées) ou bien l’augmentation de la durée du travail. Mais si notre population continue à vieillir, et vu l’allongement de l’espérance de vie, le poids des retraités augmentera encore et toujours par rapport au poids des actifs. Rapidement, il faudra à nouveau rallonger la durée du travail, et aussi jouer sur les autres paramètres, de sorte que la situation deviendra intolérable soit pour les actifs, soit pour tout le monde.

La question de la sexualité est donc essentielle, ce qui prouve une fois de plus à quel point elle est politique (c’est même la question politique par excellence), alors que d’aucuns veulent en faire une question privée.

Jusqu’à présent, toutes les civilisations de la terre ont survalorisé la sexualité reproductive au détriment de la sexualité récréative, considérant, à juste titre, que leur priorité stratégique tenait à la naissance et à l’éducation des futures générations. Pour des raisons qui tiennent essentiellement à la logique du marché, la modernité libérale a fait le contraire. Des comportements « libres » ont été promus, c’est-à-dire des comportements tournés vers la satisfaction des désirs individuels, plutôt que des comportements « responsables » tournés vers la satisfaction sage des désirs familiaux. La modernité libérale s’est évertuée à casser la logique naturelle et immémoriale de la chaîne affectif/sexuel/génital/éducatif, avec deux « explosions atomiques », deux révolutions sociétales majeures, l’une étant la « sexualité sans procréation » (lois Neuwirth et Veil), l’autre étant la « procréation sans sexualité » (loi dite de la « PMA pour toutes »).

En acceptant ces réformes et ces « avancées », faites au détriment de la sexualité « familiale », nos gouvernements ont fait une faute stratégique majeure. Ils n’ont plus accordé une priorité absolue à la sexualité reproductive pour la « fabrication » des futures générations, et ont relégué cette nécessité à la marge de notre projet social collectif. Ils ont cru naïvement que la survie future de notre nation et de notre civilisation pourrait découler de la puissance économique acquise par le développement du marché. Or ceci est un contresens stratégique, puisque la logique du marché – à cause des priorités données aux comportements individuels tournés vers la recherche de l’argent, du sexe, du pouvoir et du divertissement – tend à détruire les structures familiales susceptibles de générer et éduquer nos enfants. Mais quelle puissance collective pourrons-nous demain mettre en œuvre si nous n’avons pas pris la peine de former ceux qui devront l’activer?

Faute d’aborder la question des naissances, les débats actuels sur les retraites donnent l’impression de ces hamsters qui tournent sans fin dans des roues, sans jamais trouver quelque sortie. Tout ce que l’Etat développe aujourd’hui (abandon du soutien des familles, dénigrement du mariage, promotion du féminisme radical, des sexualités non reproductives de toutes sortes et de la sexualité de divertissement) nous éloigne de la mise en œuvre de la bonne solution.

Dès lors, ne reste qu’une solution: demain, ce seront les plus faibles qui « trinqueront ».

Contrairement à ce que nous promet le gouvernement la main sur le cœur, il baissera les pensions des petits retraités. C’est d’ailleurs à ça que la retraite aux points servira, puisque dans un système structurellement déficitaire, parce qu’on ne met plus de bois dans le feu, seule la baisse de la valeur du point permettra de rétablir les équilibres. Ce jour-là, on dira « nous sommes désolés, il le faut bien ! ». Les actifs, les protégés et les privilégiés détourneront pudiquement les yeux, pour ne pas voir nos vieillards mourir dans la misère… ou, qui sait, se voir proposer l’euthanasie ?

 

(dans Causeur du 2 décembre 2019)

 

(*): le rapport entre actifs et retraités est passé de 4 en 1960 à 1,7 aujourd’hui

 

Merci à EVR.

 

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1 décembre 2019 7 01 /12 /décembre /2019 20:15

Jacques Bainville dans "Les conséquences politiques de la paix" : « A des sommes prodigieuses de dévouement et de sacrifice répondent des abîmes d'ignorance. Grand est le nombre des hommes qui subissent, qui vivent, souffrent et meurent sans avoir interrogé. Petit le nombre de ceux qui cherchent à déchiffrer les causes pour lesquelles ils payent jusque dans leur chair. (…) D'ordinaire, en politique, les effets sont aperçus quand ils commencent à se produire, c'est-à-dire quand il est trop tard. Le principe de causalité, qui tourmente à peine les hommes, est encore plus indifférent aux peuples. (...) Pour que les conséquences apparaissent aux nations, il leur faut des catastrophes ou le recul de l'histoire. Elles se résignent à vivre entourées de forces invisibles, comme les génies des Mille et Une Nuits, qu'elles blessent sans le savoir et qui exigent des comptes tout à coup. »
 

Près d’un siècle sépare vos écrits de ceux de Jacques Bainville, pourtant, rien ne semble avoir vraiment changé, la grande majorité des hommes demeure cloîtrée dans un puits de méconnaissance et pire que cela, semble se complaire dans cet aveuglement…

Extrait d'un entretien lu ICI

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28 juin 2019 5 28 /06 /juin /2019 07:15
Comment l’usage du portable à table sape des moments importants

 

EATING,DINNER,IPHONE

Shutterstock

Par réflexe irrésistible ou pour tromper l'ennui, un Français sur trois utilise son smartphone pendant les repas, selon une étude récente réalisée par l’institut Kantar. Un geste de plus en plus banal qui n'est pas sans conséquence.

En fait, le smartphone, on le met à gauche ou à droite de l’assiette ? Ce nouveau couvert de table est un indispensable pour un tiers de Français, comme le démontre une étude de l’Institut Kantar. Au restaurant, chez des amis ou en famille, les écrans ne sont jamais bien loin. Il suffit d’un blanc dans la conversation, pour que les doigts activent le smartphone en vue de consulter textos et réseaux sociaux. Ce réflexe irrépressible de rester connecté même pendant les repas — censés être des moments de convivialité — est pratiquement une addiction pour la moitié des 18-34 ans. Pour cette génération, impossible d’imaginer de passer à table en mode « off ».
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12 mai 2019 7 12 /05 /mai /2019 18:58

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12 mai 2019 7 12 /05 /mai /2019 10:06

Devoir de mémoire.

''puis vint cette voix
environ l'heure de midi
au temps de l'été
dans le jardin de mon père''

A voir ICI

 

 
 
 
-2:04

 
 
 
 

 

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25 mars 2019 1 25 /03 /mars /2019 12:10

Soirée de lancement du nouveau Permanences

Vers un nouveau catholicisme social 

avec Guillaume de Prémare et Joseph Thouvenel

 

Mardi 26 mars

19h-20h (suivi d'un verre)

49 rue des Renaudes 

75017 PARIS 

 

Tel 01.47.63.77.86

 

 

Permanences / Nouveau catholicisme social - Soirée de lancement - Guillaume de Prémare

 

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18 mars 2019 1 18 /03 /mars /2019 10:11

Bel article d'Amaury - Grandgil sur son blog :

Relire Bernanos en nos temps incertains

Bernanos.jpgJ'ai fini par comprendre pourquoi les jeunes gens s'affirmant néo-réacs de droite aimaient bien se réclamer Bernanos. Il est réputé anti-franquiste, certains n'en démordent pas il serait passé à gauche, et il a écrit un livre, "les grands cimetières sous la lune", où il ne s'attaquerait qu'à Franco. Cela lui donne une utilité, avec lui pas besoin de passer son temps à se justifier d'être de droite ce qui est le sport favori de ces petits jeunes gens qui aiment bien conserver bonne réputation (Pour quoi faire ?) et qui aiment à se légitimer auprès des arbitres des élégances politiques (Pour quoi faire là aussi ?). Manifestement ils ne l'ont pas lu car dans l'ouvrage Bernanos en a autant contre les marxistes et toute la gauche dans son ensemble.

Il est toujours libre, jamais coincé dans un camp ou l'autre, englué dans une coterie, un milieu, des mondanités socialement consanguines. Les "marionnettistes" qui font parler les morts en seront pour leurs frais, tous ces gens qui s'improvisent "héritiers" de tel ou tel auteur.

 

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7 mars 2019 4 07 /03 /mars /2019 19:07

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20 décembre 2018 4 20 /12 /décembre /2018 13:35

 

 

Ichtus box : faire un don avec reçu fiscal et offrir le parcours Socrate : que faut-il dire aux hommes ? 200,00€ 100,00€

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"Je suis professeur et parent. Ce parcours a changé ma vie. Jacques Tremolet de Villers sous le mode de la conversation nous fait découvrir la richesse de la culture européenne et comment elle répond à nos attentes les plus profondes. Un grand moment de culture que l’on voudrait partager avec tous !" - Claire

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19 décembre 2018 3 19 /12 /décembre /2018 06:57
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Ichtus box : faire un don avec reçu fiscal et offrir le parcours passeurs d’hommes : comment être humain ?

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ICI AUSSI 

 

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6 décembre 2018 4 06 /12 /décembre /2018 16:00

Évêque de Myre (Asie Mineure) au IVe siècle, Nicolas aurait ressuscité des enfants mis au saloir par un méchant aubergiste. Ce saint est encore aujourd’hui très populaire en Russie, en Pologne, dans les pays germaniques ainsi qu’en Lorraine, en Alsace, en Belgique et aux Pays-Bas. Patron des enfants, il est connu dans ces pays sous les noms de Saint NicolasSankt NiklausSaint Niclaus ou encore Sinter Klaas.

En Belgique francophone, la Wallonie, en Flandre et dans le Nord de la France, il est aussi le patron des passeurs d’eau et des bateliers.

Le jour de sa fête, Saint Nicolas rencontre les enfants et distribue des bonbons aux plus sages… Les garçons reçoivent des cartes de Saint Nicolas (tout comme les filles ont pu recevoir des cartes de Sainte Catherine quelques jours plus tôt).

En Pologne, les enfants déposent la veille leurs chaussures à la porte de leur chambre. À leur lever, ils trouvent de petits cadeaux, surtout des bonbons et du chocolat. Ils reçoivent aussi un petit diable en fourrure de lapin, attaché à une fine branche dorée, symbole de punition. En Lorraine, dont il est le patron, ainsi qu’en Alsace, Saint Nicolas a coutume de parcourir les rues le jour de sa fête avec le père Fouettard. Le premier récompense les enfants sages, l’autre menace d’emporter dans sa hotte les enfants désobéissants. À Fribourg, en Suisse romande, la Saint Nicolas donne lieu à un grand défilé. Ces traditions ont pris aux États-Unis la forme du Père Noël (Santa Claus pour les Américains).

Vu ICI

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17 novembre 2018 6 17 /11 /novembre /2018 09:56
Bernanos ou l’enfant qui résiste à l’homme

 

Dans le cadre d'un colloque au sanctuaire de Pellevoisin (Indre) intitulé "Bernanos : la jeunesse, espérance et sainteté" qui se tient à l’occasion du soixante-dixième anniversaire de la mort de l’écrivain, Henri Quantin expose l’esprit d’enfance chez l’auteur de "Mouchette " : la fidélité à l’enfant qu’on a été consiste à ne pas faire taire cet appel de l’"esprit d’héroïsme", à résister par-dessus tout au désespoir.

Fouiller le portefeuille d’un mort n’est pas toujours crapuleux et peut être instructif. Que trouve-t-on dans celui de Bernanos ? De l’argent ? Il n’en eut pas beaucoup et chercha toute sa vie, du Paraguay à la Tunisie, un royaume où la finance n’étoufferait pas sa famille. Une carte de parti politique ? Impensable ! Lui qui voulait faire « ronfler [s]a fronde aux naseaux morveux du bœuf gras de la droite », refusait du même élan que la gauche lui tape sur le ventre « comme si nous avions violé ensemble les bonnes sœurs de Barcelone, ou fait ensemble nos petits besoins dans les ciboires ». Le portefeuille rassurera-t-il au moins le démocrate-chrétien en livrant une carte d’électeur ? Nouveau chou blanc : ce royaliste du Royaume de Dieu estimait que le vote républicain pourrait être remplacé sans dommage par un tirage à la courte-paille. Le plus instructif sera-t-il donc ce qui manque ? Les espaces vides suggèrent de fait la lucidité de Bernanos vis-à-vis de toutes les idoles de son temps et du nôtre : l’argent, les idéologies, la démocratie totalitaire.

L’hommage de la « Vierge rouge »

Pourtant, le contenu de ce portefeuille révèle aussi ce que l’auteur des Grands cimetières sous la lune voulut garder jusqu’au bout contre son cœur : une lettre de Simone Weil, écrite dix ans plus tôt, en 1938, pendant la Guerre d’Espagne : « Je ne puis citer personne, hors vous seul, qui à ma connaissance, ait baigné dans l’atmosphère de la guerre espagnole et y ait résisté. Vous êtes royaliste, disciple de Drumont — que m’importe ? Vous m’êtes plus proche, sans comparaison, que mes camarades des milices d’Aragon — ces camarades que, pourtant, j’aimais. »

Beau compliment fait à un ancien camelot du Roi par une « vierge rouge » d’origine juive qu’un rapport de police qualifia de « moscoutaire militante » ! Étendons l’éloge et voyons en Bernanos un résistant à tous les bains, affreusement glacés ou langoureusement tièdes, où il fût plongé. Son génie est d’avoir mené tous les combats de son siècle sans jamais sombrer ni dans la haine du guerrier assoiffé de sang, ni dans l’embourgeoisement de l’ancien combattant. C’est un homme qui fait face, parce qu’il n’oublie jamais de contempler la sainte Face, un prophète qui lutte dans les mêlées du monde qui passe, mais toujours en témoin de ce qui demeure. « Prisonnier de la sainte agonie », c’est un esprit libre au milieu des partisans de tout poil, qui tentèrent en vain de l’enrôler sous leurs bannières, mais qui ne purent se l’annexer qu’après sa mort.

L’homme qui a résisté

Bernanos, l’homme qui a résisté. Résister, plutôt que « faire de la résistance », formule qui sent un peu son « papy ». Il y a des résistants de la dernière heure. Bernanos, lui, résiste avant, pendant et après la guerre. Il n’a pas la naïveté de croire qu’il suffit de dénoncer le mal d’un camp pour être un homme de Bien. En 1937, il résiste à l’aveuglement clérical qui donnait raison sans examen aux évêques espagnols bénissant la supposée croisade franquiste, comme d’autres ont soutenu — soutiennent encore ? — des prêtres pédophiles. En 1945, il résiste de même à une paix trompeuse livrant le monde aux machines. Alors que d’autres fêtent encore le progrès qui libère, il pressent la naissance d’un nouvel asservissement, désormais fondé sur l’informatique et l’information. Dans le monde qui vient, note-t-il génialement, on sera au courant de tout et on ne comprendra rien. Au milieu de l’euphorie collective, il est un des seuls à oser la question : la Libération, pour quoi faire ?

Le chrétien Bernanos sait en outre que le Mal n’attaque pas que la civilisation, mais qu’il ronge tout homme comme un cancer sournois. La leçon unique de ce soldat du Christ est de se battre avec la même passion sur deux champs de batailles surnaturels : les conflits guerriers et politiques du siècle, les luttes intérieures où les assauts du Malin ne sont pas moindres. D’où cette clé de lecture qu’il donne en passant au père Bruckberger : « Mouchette, c’est la guerre d’Espagne. »

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22 octobre 2018 1 22 /10 /octobre /2018 05:02

 

François-Xavier Bellamy: "notre monde est une très belle occasion d'espérance", Emission sur RCF présentée par Stéphanie Gallet.

Le philosophe François-Xavier Bellamy vient de publier un essai remarqué, "Demeure : Pour échapper à l'ère du développement perpétuel" (éd. Grasset).

9782246815587-001-T.jpeg"LA PERTE DU MONDE ET DE LA RÉALITÉ DE NOS VIES"

La politique française (mais pas seulement elle) est dans tous ses états. Dans ce chaos médiatique et politique, quelque chose pourtant demeure. C’est la conviction de François-Xavier Bellamy. Echapper à l’ère du mouvement perpétuel. C’est la conviction forte qui ressort du dernier ouvrage de François-Xavier Bellamy. « Demeure » (éd. Grasset) propose au lecteur de déconstruire sa fascination pour le mouvement, pour le changement.

 

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17 octobre 2018 3 17 /10 /octobre /2018 07:06


 

C'était hier...    C’est arrivé le 22 octobre 1797

 

Mon cher Cyprien,

 

Tu me dis que vous avez fêté la Saint-Michel et que tu veux connaître l’histoire des paras.

Eh bien, tout d’abord, le 22 octobre 1797, c’est la naissance officielle du parachute. En 1796, le Français André-Jacques Garnerin réussit le parachutage d’un chien à partir d’un ballon. Il met alors au point un dispositif composé seulement de toile : le parachute. Il effectue son premier saut en ce fameux 22 octobre au-dessus du parc Monceau à Paris, en sautant d’une montgolfière à plus de 915 mètres de hauteur. Beaucoup plus tard, le parachute devient une arme militaire qui ne sera vraiment utilisée qu’à partir de 1935 et pendant toute la Seconde Guerre mondiale. J’en ai vu beaucoup en Normandie, souviens-toi, le jour du Débarquement…

Le père François Casta était aumônier parachutiste en Indochine en mars 1947. Et c’est à lui que revient l’honneur de préparer le dossier qui fera de saint Michel, l’archange vainqueur du dragon, le patron des troupes aéroportées parachutistes.

Pourquoi saint Michel est-il le patron des parachutistes, me dis-tu ? D’où vient cette tradition ?

>>>  Réponse...

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16 octobre 2018 2 16 /10 /octobre /2018 20:48

Dans sa jeunesse, il « fréquentait » la pègre marseillaise : « Christian Oraison, dit « le Grand Blond ». Si ce nom ne vous dit rien, sachez juste que cet homme, un caïd des Alpes-de-Haute-­Provence, a été abattu de plusieurs balles de 9 millimètres, une nuit d’août 2008, alors qu’il ­s’apprêtait à rentrer chez lui. Le « Grand Blond » avait été formé par ­Gaëtan Zampa, l’un des parrains du Marseille des années 1970. Et, fait beaucoup moins connu, c’était un proche de Christophe ­Castaner […]. « Oraison, c’était mon grand frère, mon protecteur. Il m’appelait l’étudiant », confirme le chef d’En marche, le parti présidentiel. À Manosque, on joue au poker dans un appartement au-dessus d’un petit bar, L’Oasis. Un repère de bandits. Dans cette atmosphère enfumée où l’on s’imbibe de whisky, les parties s’éternisent jusqu’au petit matin. « Le poker était un truc réservé à un milieu interlope », se souvient Castaner, qui, à l’époque, avait quitté le foyer familial. De ces années, il conserve quelques discrètes cicatrices, et le reconnaît : « J’ai été sur le fil du rasoir. »… »  (source)
 

D'autres déclarations ICI

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