Vu sur Wikipedia, il y a quelques mois, un article sur le géopoliticien Pierre Hillard.
Depuis, sa page Wikipedia a été supprimée. Vous avez dit "liberté d'expression" ?
Extrait :
Thèses
Selon Pierre Hillard, le but de l'Union européenne n'est pas la création d'une Europe unie mais d'un bloc euro-atlantique avec l'Amérique du Nord. Il cite le cas de Richard de Coudenhove-Kalergi, un des premiers fédéralistes européens, qui affirmait déjà la volonté de créer une « Union atlantique », l'Angleterre faisant le pont entre l'Europe et l'Amérique. Il désignait l'ensemble comme une « Fédération à trois »3.
En raison du transfert de compétences politiques, économiques et monétaires à des blocs continentaux en voie d'unification (Union européenne, Union nord-américaine à l'instigation de Robert Pastor, Union des nations sud-américaines,Union africaine, Union eurasienne etc.), les États vidés de leurs substances sont appelés à se disloquer en raison de facteurs multiples (financiers, ethniques, économiques, etc.). Même les États-Unis, en raison de la création en cours de l'Union nord-américaine, sont appelés à éclater en plusieurs entités territoriales (cf. thèse d'Igor Panarine) de même que le Canada.
Ce processus en cours partout sur la planète permettra à des blocs continentaux débarrassés de leurs États de constituer l'architecture de la gouvernance mondiale.
"[...] A 23 ans, Cyrille rentre alors au séminaire pour sept ans d’études. Durant toute cette période, il est logé, nourri et blanchi et reçoit chaque mois une indemnité de 250 euros."C’est peu, mais ça nous apprend à discerner ce dont on a vraiment besoin et à avoir l’humilité de demander un coup de main quand on en a besoin."
Le sourire en coin, il enchaîne :
"En tout cas, il est certain que j’ai fait dégringoler les statistiques de l’école concernant le salaire à la première embauche."
Ordonné prêtre à 30 ans, Cyrille, qui en a aujourd’hui 33, est vicaire à l’église Notre-Dame-de-la-Gare, dans le 13e arrondissement de Paris. Un statut qu’il occupe 7 jours sur 7, 24 heures sur 24. Comme tous les autres prêtres, il ne perçoit pas de salaire à proprement parler puisqu’il ne dispose d'aucun contrat de travail. Dépendant du régime des cultes, il touche ce qu’on appelle un "traitement", établi sur la base d’un barème arrêté par les évêques. A Paris, cette somme intègre le versement de 20 offrandes de messes célébrées.
Le traitement de Cyrille s’élève à 1.111,92 euros net par mois. Il ne dispose d’aucune autre source de revenus.
"Cette somme est juste et amplement suffisante. Elle est en cohérence avec notre message évangélique : mener une vie simple et modeste, à l'exemple du Christ. C'est cette forme de vie qui nous rend disponibles et attentifs aux autres."
L'été n'est-il pas le moment idéal pour couper avec vos habitudes et laisser votre téléphone portable de côté ? Aleteia vous donne quelques conseils pour vous mettre en route.
Vous tressaillez dès que votre écran s’allume ? Votre cœur bat la chamade quand vous sentez votre smartphone vibrer dans votre poche ? Alors que le soleil d’été darde ses rayons brûlants sur votre corps malingre en quête de relâche, il est temps de décrocher. Faites donc une pause dans votre vie cyber-connectée pour vous connecter à autre chose. L’objectif n’est pas de jeter la technologie par la fenêtre, mais de la laisser au repos et de faire une pause dans l’utilisation sans fin des fonctionnalités de votre smartphone. Un jeûne de technologie dont les bienfaits sont reconnus (si si…). Qui sait ? Peut-être aurez-vous-même envie de la prolonger à votre retour ?
Facile à dire… mais compliqué à mettre en place. Qu’à cela ne tienne, Aleteia vous donne cinq conseils pour ne pas vous laisser mener par le bout du nez par votre téléphone. Des conseils de bon sens, certes, mais qu’il est toujours bon d’entendre.
Après la triple donation du Royaume de France faite devant notaire, le 21 juin 1429, qui fait de Jésus Christ le Roi de France, et de Charles VII le lieutenant de Dieu en France (étymologiquement le Tenant lieu de…), il reste un acte indispensable à réaliser : le sacre. C'est le moment où la personne du Roi devient Sacrée, où il reçoit les grâces de son nouvel état. Par le sacre, le Roi renouvelle en sa personne le pacte de Reims de la Noël 496.
L'évêque prononce les paroles : « Je te sacre Roi de France au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit. »
Sainte Jeanne d'Arc se jette alors aux pieds du Roi et s'écrie :
« Gentil Prince, maintenant est exécuté le plaisir de Dieu, qui voulait que vous vinssiez à Reims pour y recevoir votre digne Sacre, montrant que vous êtes le vrai Roi et celui auquel le Royaume doit appartenir ! »
Alors que la très médiatique Grande Boucle débute le 7 juillet, où sont donc les coureuses ? Le cyclisme féminin ne date pourtant pas d’hier. Même si l’opinion s’inquiétait pour leur santé ou leur réputation, les pionnières du cyclisme n’ont pas lâché le guidon depuis les premiers grands-bis.
Qu’on me rende impotent, cul-de-jatte, goutteux, manchot, pourvu qu’en somme je vive, c’est assez, je suis plus que content. « Ne viens jamais, ô Mort; on t’en dit tout autant. » (La Mort et Le Malheureux, I, 15)
« Enfant, je supposais que la gaieté était une bonne chose, mais je pensais aussi que c'était lâche de ne pas protester contre des choses qui étaient réellement mauvaises. Après un interlude de sophistication intellectuelle et de stériles antithèses, j'en suis venu à pouvoir enfin penser ce qu'alors je ne faisais que ressentir. Mais, ce faisant, j'ai compris que la protestation peut atteindre des paliers d'indignation proprement divine, et que la gaieté n'était que le pâle écho d'une joie bien plus divine... »
« Nous n'avons pas besoin d'une religion qui ait raison là où nous avons déjà raison. Ce dont nous avons besoin, c'est d'une religion qui ait raison lorsque nous avons tort. Pour ce qui est des modes contemporains, il ne s'agit pas d'avoir une religion qui nous accorde la liberté, mais (dans le meilleur des cas) de bénéficier d'une liberté qui nous permette d'avoir une religion. »
Le philosophe Robert Redeker, auteur de Peut-on encore aimer le football ?, analyse les dessous de l’engouement pour le foot : règne de la consommation, de l’argent etc. Il évoque aussi Neymar, Albert Camus, la footballisation du rugby et le club de Castres ! Et il livre un pronostic inattendu en exclusivité pour Boulevard Voltaire ! À regarder d’urgence pour la Coupe du monde ! Et pour le bac philo !
Vous avez écrit un livre aux Éditions du Rocher: Peut-on encore aimer le football ? Quand on vous lit, on a du mal à dire oui. Pourquoi affirmez-vous que c’est un régime totalitaire?
C’est un régime totalitaire dans la mesure où lorsqu’il y a une Coupe du monde, il est très difficile d’être à l’extérieur. Le temps et l’espace sont saturés, dans les médias, mais aussi dans la vie quotidienne, au boulot, en famille et à table. De quoi va-t-on parler? On va parler de cette coupe du monde. Bien entendu et heureusement, il n’y a ni goulag ni milice bottée pour jeter les récalcitrants dans quelque camp, mais vous verrez que ce sera si difficile de refuser le football qu’on vous traitera d’associal et de misanthrope.
Le football serait totalitaire dans la mesure où on n’aurait pas le choix, on pensera football, on vivra football et on ne sera qu’au football. Ne reprochez-vous pas au football au fond d’être une fin en soi, alors qu’en fait c’est un peu le triomphe du vide?
Disons que le football triomphe, car tout le reste s’effondre et disparaît. L’univers du sens s’effondre et disparaît de nos vies et de nos sociétés. C’est aussi la substitution de la consommation et de la publicité effrénées. On voit très bien que le football s’articule à la consommation. Pourquoi nous montre-t-on autant de football à la télévision et dans les médias ? Pour nous faire acheter. Non seulement pour nous faire payer des droits sur les chaînes à péages, mais aussi pour acheter des revues, des t-shirts, des barres chocolatées, etc. Le football sert de support à la consommation. Finalement, le stade vous conduit au supermarché.
Ce que vous semblez critiquer dans le football, ce n’est pas le sport en lui-même, mais plutôt l’univers qu’il y a autour, les bénéfices, le marché alternatif et les sommes monstrueuses dépensées.
Critiquer le football en lui-même, le jeu pour le jeu serait complètement ridicule. L’âme du jeu est d’ailleurs contraire à ce que nous propose le mercantilisme de la coupe du monde. L’âme du jeu est, au fond, la gratuité. On joue pour le plaisir, pour respirer, pour le bonheur, pour être et jouer avec les autres. On joue pour rien, peut-être même pas pour gagner. C’est l’âme et l’esprit du jeu. Lorsque le jeu devient un sport dans un système tout à fait mercantile, un système commercial, économique et planétaire, on voit qu’il a un tout autre objectif. L’objectif est alors de nous mettre dans la tête et dans le corps que les choses importantes sont la compétitivité, la réussite et la performance. Compétitivité, réussite et performance appartiennent au vocabulaire des politiques. Les politiques, en particulier notre président actuel, reprennent le vocabulaire footballistique. L’articulation entre les deux est très intéressante. On cherche, à travers le spectacle du football, une sorte de règle de conduite et de catéchisme. « Vas-y mon vieux, la France c’est ton équipe, il faut être compétitif, il faut en vouloir. » C’est la dépolitisation. Tout se passe comme si au sommet de l’État, lorsqu’on s’adresse à nous en faisant mine de s’adresser aux joueurs de l’équipe de France, on voulait que nous fussions aussi dociles que des joueurs immatures à l’âme adolescente malgré leurs 25 ans.
Est-ce le catéchisme du football que vous dénoncez ?
Neymar ne sait pas ce qu’est Paris. En arrivant à Paris, il pensait déjà au Réal. Je crois que Paris a un autre message à donner au monde. Jusqu’ici, Paris avait le charme de ne pas avoir d’équipe de football. C’était un charme très particulier, car aucune grande capitale n’était dans cette situation là. On nous a dit que Paris attendait Neymar comme un « messie ». C’est une sorte de messianisme. Je crois que c’est trahir l’esprit parisien que de mettre son messianisme dans un simple joueur de foot. J’aime le football, je n’ai rien contre la personne de Neymar qui est un bon joueur. Mais enfin, ce n’est que Neymar.
Vous vous êtes beaucoup intéressé à la figure d’Albert Camus. Cet écrivain est largement servi à toutes les sauces par tous les éditorialistes et journalistes qui veulent défendre le foot à tout prix. Camus parlait du foot avec beaucoup de conviction et de bienveillance. Vous dites :« ne faites pas dire à Camus ce que Camus n’a jamais dit. »
On veut faire dire à Camus qu’il aurait découvert dans le foot plus sur l’être humain que dans les livres, les études, la pensée et la réflexion. Ce n’est pas du tout ce qu’il a voulu dire et ce n’est pas du tout ce que signifie son propos. Il faut voir que le football de Camus n’est pas le football d’aujourd’hui que l’on veut justifier en se servant de Camus. Ce n’est pas le football spectacle, ce n’est pas le football pognon, ce n’est pas le football Wall Street. Si Camus avait connu le Mercato, cette sorte de foire à la viande humaine, cela l’aurait probablement dégoûté. Qu’est-ce que le football était pour Camus ? Il rapproche le football du théâtre. Il disait qu’il y avait deux moments dans la vie où il retrouvait l’innocence, lorsqu’il regardait un match de football et lorsqu’il était au théâtre. Pour Camus, le football est une fabrique d’innocence. Cela veut dire que le football vous libère du poids de l’Histoire du monde. L’innocence dans la philosophie existentialiste de Camus a un sens très très fort. Il ne s’agit pas du tout de justifier le football business. Camus ne l’aurait jamais justifié. Sa perspective est hautement plus littéraire et morale que celle que l’on utilise aujourd’hui en se référant à lui.
Le foot business que tous les spectateurs de Boulevard Voltaire connaissent sont des centaines de milliards d’euros de budget chaque année. La maladie qui touche le football va-t-elle selon vous toucher les autres sports ?
La footbalisation du rugby est malheureusement en marche. C’est sans doute lié à la catastrophe qui lui est arrivé, c’est-à-dire de devenir un sport professionnel. C’est évidemment la rapacité des médias qui l’a transformé en un sport professionnel. La footbalisation du rugby conduit à laisser à l’argent une importance de plus en plus grande. Le Mercato est maintenant arrivé dans le rugby. Certaines équipes comme Montpellier se constituent à coup de chèques très importants. Ils sont ridicules par rapport au football. Mais le rugby devient un sport de mercenaires, alors qu’il ne l’était pas. À Castres, il n’y a pas d’individualité. C’est le collectif et l’équipe. Castres, centré sur ce fondamental-là du rugby, a réussi à étouffer l’équipe de mercenaires. Dans une équipe de mercenaires, il n’y a que des individualités. C’est précisément le contraire. Il y a quand même un message politique dans la victoire de Castres. On peut dire que c’est la victoire d’une équipe de gens réticents à l’individualisme débridé et au progrès de l’individualisme dans le monde contemporain. L’équipe de rugby de Castres est quelque chose qui sort d’un âge que l’on ne pouvait penser et disparu.
L’individualité est le reproche principal que les experts font à l’équipe de France. Voyez-vous la France soulever la coupe du monde ?
Non, pas du tout. Si je suis raisonnable, je dois parier sur l’Allemagne, car c’est toujours l’Allemagne qui gagne. Mais j’aimerais que ce soit une équipe composée d’individualités aussi brillantes que l’équipe de France.
Georges Bernanos (1888,1948) a été mis à l’honneur cette semaine grâce à notre président. En effet, à l’occasion de sa visite au Vatican, mardi 26 juin, pour prendre possession de son titre de «chanoine honoraire de l’archibasilique de Saint-Jean-de-Latran », Emmanuel Macron a offert au Pape une édition rare d'un livre de Georges Bernanos traduit en italien, Journal d'un curé de campagne.
Le président aimerait-il autant le beau texte ci-dessous du grand écrivain ?
Plus j'avance en âge, plus s'impose à moi cette évidence qu'un chrétien n'est rien sans le Christ, même humainement, même au regard des hommes, que le don inimaginable que nous avons reçu sans l'avoir aucunement mérité a cette contrepartie terrible qu'en le trahissant nous tombons au-dessous des hommes les plus médiocres, que nous devenons des monstres, au sens étymologique du mot. Si les chrétiens sentaient profondément cette vérité redoutable, (…) ils comprendraient que le privilège inouï qui leur a été conféré leur interdit de se faire trop facilement juges de ceux auxquels, par une apparente mais déchirante injustice, il a été refusé. (…)
Le grand malheur de ce monde, la grande pitié de ce monde, ce n'est pas qu'il y ait des impies, mais que nous soyons des chrétiens si médiocres, car je crains de plus en plus que ce ne soit nous qui perdions le monde, que ce ne soit nous qui attirions sur lui la foudre. Quelle folie de prétendre nous justifier en nous vantant orgueilleusement de posséder la vérité, la vérité plénière et vivante, celle qui délivre et qui sauve, puisqu’elle reste impuissante entre nos mains, que nous demeurons misérablement sur la défensive derrière une espèce de Ligne Maginot hérissée de prohibitions, d'interdictions, comme si nous n'avions rien de mieux à faire que de garder la Loi, alors que notre vocation naturelle et surnaturelle est de l'accomplir !(…)
Je n'ai jamais été ce qu'on appelle si drôlement « un chrétien de gauche », je déplore qu'on ait trop souvent parlé de l'esprit révolutionnaire de l'Evangile, car cette expression est, pour le moins, équivoque ; je ne me sens nullement anarchiste, mais, à qui prétend me parler au nom de I‘Ordre, je lui demande d'abord de montrer ses titres. Mon obéissance n'est pas à qui veut la prendre, n'a pas mon obéissance qui veut. J'appartiens à la plus antique, à la plus illustre chrétienté de l'Europe et qui n'a jamais reçu ses maîtres du hasard mais des mains mêmes de Dieu, au nom duquel le successeur de saint Rémi de Reims les oignait et les couronnait avec l'onction du Sacre. Je n'ai pas le goût de détruire mais je ne suis pas né non plus pour conserver tout ce qu'on me donne à conserver, je ne me crois pas forcé de couver n'importe quel œuf, même si c'est un œuf de serpent. Notre vocation, à nous autres Français, n'est pas de conserver mais de servir.
Chrétiens, je dis que l'état présent du monde est une honte pour les chrétiens. (…) Au lieu de proclamer avec des trémolos, pour l'attendrissement des personnes sensibles, que les forces du Mal l'emportent partout, que le paganisme ressuscite, vous feriez mieux d'avouer humblement que votre Ligne Maginot n’a pas tenu, que vous avez laissé se rompre le front de la Chrétienté. Puisse-t-il se reformer un jour avec l'aide des héros et des saints de ma race, dans mon pays humilié !
Car la Chrétienté française n'est pas morte. Il y a chez nous, plus que partout ailleurs sans doute, des vrais chrétiens de Chrétienté. Que le grand reniement les ait dispersés, n'importe ! Ils savent ce qu'ils ont à faire, ils savent ce qu'ils veulent, ils veulent le royaume de Dieu. Ils ne se contenteront pas de l'attendre, ils le veulent, ils iront le chercher. Ils ne le veulent pas seulement pour eux-mêmes, ils iront le chercher pour les autres, ils ne croient pas qu’un chrétien soit tenu de faire son salut tout seul, en cachette, comme les avares comptent leurs sous (…).
Nous sommes les fils des cathédrales, (…) Nos cathédrales sont si hautes et si ouvertes que nous avons appris à ne pas craindre les courants d'air. Nous prenons le christianisme comme nous prenons la vie - les deux ne font qu'un -, nous le prenons comme un risque. Nous n'avons jamais souhaité d'être traités en nourrissons. Nous sommes de libres enfants du Bon Dieu qui ont le droit de manger à la table de famille, même s'il leur arrive parfois de casser les verres. Nous ne voyons pas d'abord dans le christianisme un système compliqué de défenses et de restrictions, nous savons tous très bien que le plus sûr moyen d'éviter les mauvaises pensées c'est d'en avoir de bonnes, que le détachement de soi, si difficile à réaliser par une savante gymnastique mentale, vient tout de suite à qui se donne aux autres, que l'esprit de pauvreté ne manquera jamais à ceux qui aiment les pauvres, les aiment pour eux-mêmes et non pour le profit spirituel qu'ils tirent de l'aumône car, enfin, Dieu nous invite à les honorer et à les servir, non à nous honorer et à nous servir en eux.
La Chrétienté française connaît ces secrets. Ce sont d'humbles secrets dont la possession ne peut faire envie aux Sages et aux Docteurs, des outils un peu rustiques, mais nous savons nous en servir, ils sont faits à nos mains, Ils sont à nous comme notre langage et, si j'ose dire, comme le vin de nos vieilles vignes.
article écrit en 1941, extrait de Ecrits de combat
A chaque président de la République son cadeau (plus ou moins de bon goût)
Pour sa première rencontre avec le pape François, Emmanuel Macron est venu à Rome avec un des plus beaux livres de Georges Bernanos – « Journal d’un curé de campagne » - sur l’Eglise et la vocation des prêtres. En échange, le Saint-Père a remis au natif d’Amiens une médaille de saint Martin, la désignant comme une manifestation de l’idéal politique de protection des pauvres : « Et nous sommes tous des pauvres », a-t-il ajouté à l’intention du président de la République française. Celui-ci a posé sa main sur l’épaule du Pape et les deux hommes se sont embrassés sur la joue en toute simplicité avant de se séparer.La suite...
Terres de mission : Laurent Dandrieu dénonce l’irénisme de l’Eglise sur l’immigration
Le 25 mai a eu lieu une disputatio, courtoise mais serrée, en la cathédrale de Rouen sur l’immigration sous le titre : Peut-on accueillir tout le monde ? Les protagonistes étaient le père Jean-Marie Carrière, jésuite, ancien président de Jesuit Refugee Service et Laurent Dandrieu, auteur de : Eglise et immigration. Le grand malaise. Après avoir présenté les deux positions en présence, Laurent Dandrieu commente le sondage auprès des catholiques rendu public par la Conférence des Evêques de France le 7 juin sous le titre : Changer notre regard sur les migrants : Mieux comprendre pour mieux accompagner. Laurent Dandrieu commente enfin les pérégrinations surmédiatisées de l’Aquarius.
Église et immigration : Mgr de Sinety accroît encore la confusion
De Jean-Pierre Maugendre, président de Renaissance catholique :
Vicaire général de Paris, ancien curé de Saint-Germain-des-Prés, Mgr Benoist de Sinety est un homme important. Présenté par La Croix comme le bras droit du nouvel archevêque de Paris Mgr Aupetit, il s’est fait connaître du grand public à l’occasion de l’homélie qu’il a prononcée lors des funérailles de Johnny Hallyday. Nous avons été heureux d’y apprendre que malgré sa vie, disons un peu chaotique, nous n’avions pas de souci à nous faire sur le sort posthume du défunt, non plus que sur le nôtre d’ailleurs, ce qui est toujours une bonne nouvelle.
Nous sommes des enfants gâtés
Modestement intitulée Il faut que des voix s’élèvent, et sous-titrée Accueil des migrants, un appel au courage, la copieuse épître – en fait un petit livre de 130 pages – de Mgr de Sinety a le mérite de la simplicité. Les catholiques français « petit club d’enfants gâtés…et cyniques » ont l’impérieuse obligation morale d’accueillir tous les immigrés qui se présentent à eux. Combien ? 1, 10, 100 millions ? Nul ne sait. Quand on aime, on ne compte pas ! Ceci parce que « chez l’individu, c’est l’éthique de conviction qui doit prévaloir » et parce que c’est le seul moyen de rester fidèle à « nos valeurs – liberté, égalité, fraternité » et à notre vocation de « patrie des droits de l’homme ». Voici une bien curieuse synthèse de l’Évangile. Cette obligation catégorique ne supporte ni limites ni réserves ! Mélange d’impératif moral kantien, par nature indiscutable, et de posture gaullienne : « L’intendance suivra » !
Cette statue du commandeur est cependant mise à mal par de fâcheuses omissions et d’étranges affirmations.
De fâcheuses omissions
Ainsi, les mots islam ou musulman ne sont pas employés une seule fois. N’est-ce pas, malgré tout, une partie de la difficulté ? De même, la réalité que constitue l’utilisation de ces flux de migrants par des terroristes islamistes n’est à aucun moment évoquée.
Mgr de Sinety ne tarit pas d’éloges sur la générosité de la chancelière Angela Merkel, accueillant en 2015, en quelques mois, un million de migrants. Il n’est fait aucune mention des 1500 agressions sexuelles commises par des clandestins la nuit du Nouvel An 2016, principalement à Cologne, ni de celles perpétrées par des réfugiés lors de festivals Pop en Suède en 2017. Depuis, madame Merkel a sensiblement révisé sa position.
Des prélats, et non des moindres comme le cardinal guinéen Robert Sarah, dénoncent cette immigration massive : « Vous êtes envahis par d’autres cultures, d’autres peuples, qui vont progressivement vous dominer en nombre et changer totalement votre culture, vos convictions, vos valeurs ». Les lecteurs de Mgr de Sinety n’en sauront rien.
On ne répétera jamais assez que l’arrivée massive d’immigrés dans nos pays européens est un fléau moral et politique sans précédent .Toute personne amoureuse de notre civilisation ne peut y être indifférente et doit réagir face aux propos de doux naïfs et rêveurs qui, sous couvert d’ouverture, ne veulent pas voir la réalité . Le professeur agrégé de philosophie, Thibaud Collin, s’en prend au dernier livre-plaidoyer pour les migrants de Mgr de Sinety (Il faut que des voix s'élèvent, Flammarion) :
« La fraternité est d'abord une rencontre. Grâce aux réfugiés, migrants, exilés, les Français ont une occasion exceptionnelle de redécouvrir la générosité et l'enthousiasme qui fait naître le service de l'autre. » Peut-on, après avoir refermé son petit livre, remercier Mgr Benoist de Sinety, vicaire général du diocèse de Paris, d'avoir été l'occasion de prises de conscience sur ce sujet complexe et sensible nommé trop simplement « les migrants » ? Il n'y a guère de sujets qui engendrent plus de passions et de polémiques dans notre pays. Il n'y a guère de sujets qui concentrent plus d'enjeux moraux, politiques, religieux, économiques et civilisationnels. Malheureusement, tous ceux qui aimeraient, grâce à cette lecture, mieux appréhender ces enjeux resteront sur leur faim. En 130 pages. Mgr de Sinety fait part de son indignation quant à la manière dont les migrants sont traités dans notre pays. On n'a pas à juger une telle indignation qui comme tout effet est par essence indiscutable. On peut cependant juger ce qu'elle engendre ; en l'occurrence ici un texte d'une indigence intellectuelle inquiétante. En effet il est manifeste que Mgr de Sinety éprouve une authentique compassion pour toutes ces personnes, certes irréductibles à toutes les catégories administratives et médiatiques. Comme toute personne, elles ont droit au respect de leur dignité. Mais est-ce à dire que la compassion doit devenir l'unique principe du jugement pratique ? Est-ce à dire que la dignité est un absolu relativisant toute différence de traitement ? (…) Or lorsqu'un affect envahit la raison et finit par la saturer, on tombe dans le moralisme. Tel est le cas ici. L'exercice du jugement pratique est comme court-circuité. Toutes les médiations de l'ordre humain sont écrasées dans une approche incantatoire qui cherche principalement à culpabiliser le lecteur de ne pas être à la hauteur des défis migratoires actuels.
On croit lire du Sartre accusant nombre de ses compatriotes d'être des « salauds ». II n'est pas impossible qu'à travers cet exercice cathartique l'auteur cherche lui-même à se libérer de ses « lourds remords ». Comme s'il s'agissait de se faire pardonner (par qui ?) une existence trop heureuse. (…)
Le livre de Mgr de Sinety manifeste inconsciemment et paradoxalement un mépris de classe. Il a une approche de la question des migrants qui s'enracine dans le traitement médiatique des récentes migrations depuis 2015, en faisant abstraction de sa profondeur historique et de son caractère civilisationnels et religieux. Ainsi l'islam n'est jamais nommé ni même évoqué en 130 pages. La situation de « la France périphérique », « l'insécurité culturelle », réalités courageusement analysées par des sociologues pourtant plutôt classés « à gauche », ne sont l'objet d'aucune discussion. On a l'impression que Mgr de Sinety voit les choses de Paris intra muros et se demande comment faire pour aider les migrants qu'il voit à la télévision mais qu'il croise aussi peut-être au coin de la rue. Ainsi raconte-t-il que des paroissiens de Saint-Germain-des-Prés ont décidé, au terme d'une réunion où il les a interpellés, de baisser le loyer de leur chambre de bonne. Bienheureuses personnes capables d'un tel geste. Il considère que nous sommes des nantis, des enfants gâtés, etc. Mais qui est ce « nous » ? II nomme certes quelques-unes des difficultés que connaît notre pays mais quand on les compare à la misère de l'Afrique, finalement de quoi se plaint-on ?
Ce livre repose sur une confusion entre les préceptes moraux négatifs (« tu ne commettras pas d 'adultère ») et les préceptes moraux positifs (« honore ton père et ta mère »).
Alors que les premiers doivent être toujours respectés quelles que soient les circonstances (aucune circonstance ne rend vertueux un adultère), les seconds sont à réaliser selon l'exercice de la vertu de prudence. Ainsi je ne peux déduire automatiquement du commandement les modalités de la prise en charge de mes parents âgés.
Mgr de Sinety aborde la question des migrants comme étant l'objet d'un impératif absolu abstraction faite de toutes circonstances. (…) Son exhortation (…) ne fera que conforter les belles âmes « droitdelhommistes » dans leur aveuglement et confirmera le jugement de tous ceux qui pensent que les clercs qui abordent aujourd'hui de tels sujets sont de doux rêveurs idéalistes. (…). Mgr de Sinety en assumant sa position comme relevant de « l’éthique de la conviction » offre un boulevard à ceux qui assument « une éthique de responsabilité ». Dualité éthique mortifère, car ce dont on a besoin c'est bien de jugements prudentiels posés au service du bien commun national et international.
A Tours, en 545, sainte Clotilde, reine. Grâce à ses prières, son époux Clovis, roi des Francs, accueillit la foi du Christ. Après la mort du roi, elle se retira pieusement près de la basilique de Saint-Martin, ne voulant plus être considérée comme reine, mais comme servante de Dieu. (le 3 juin au martyrologe romain, en France sa mémoire est reportée au lendemain).
le 30 mai 1431 : Jeanne d'Arc est brûlée vive sur la place du vieux marché à Rouen.
Jeanne d'Arc est condamnée à mort comme "relapse", c'est-à-dire retombée dans l'hérésie, sur la place du Vieux-Marché, à Rouen. Jeanne a réussi à délivrer Orléans assiégée par les Anglais et à faire sacrer Charles VII à Reims. Mais elle a été capturée par les Bourguignons à Compiègne et vendue aux Anglais pour 10 000 livres, puis confiée à Pierre Cauchon, évêque de Beauvais et leur allié. Le Roi ne fait pas un geste en sa faveur. Cauchon la condamne à être brulée vive lors d'un procès inique en 1431.
Elle est brûlée vive, le 30 mai 1431, place du Vieux-Marché à Rouen par le bourreau Geoffroy Thérage, après avoir été condamnée pour hérésie par un tribunal ecclésiastique.
«Ah! Rouen! Rouen! S'écrie-t-elle, j'ai bien peur que tu n'aies à souffrir de ma mort. » Soudain elle pousse un cri : « Maître Martin, prenez garde, descendez…, le feu. »
Le bourreau venait d'allumer les fagots par en bas. Ladvenu rejoint Ysambard au pied du bûcher, et ils ne cessent tous deux de parler à Jeanne à travers les flammes, de tenir le crucifix devant ses yeux. Cependant la fumée s'élève, le bois crépite
«Saint Michel! Saint Michel! Non, mes voix ne m'ont pas trompée, ma mission était de Dieu, Jésus! Jésus! » La douleur lui arracha un dernier cri d'angoisse : « De l'eau! De l'eau bénite! » Mais bientôt elle redit avec une énergie nouvelle : « Jésus! Jésus! Jésus! » Et elle meurt en criant : « Jésus! » »
Les saints dits "de glace" Mamert, Pancrace et Servais seraient depuis longtemps tombés dans l’oubli s’ils n’avaient pas été associés à des dictons bien connus aujourd’hui encore des jardiniers. Selon la tradition populaire, ils ont la réputation d'apporter le froid et la gelée, signature d'un ultime sursaut de l'hiver : "Les Saints Servais, Pancrace et Mamert : à eux trois, un petit hiver". Mais d’abord, qui sont ces fameux saints ? Mamert, évêque de Vienne et décédé en 475, a institué les Rogations (prières de demande liturgique), rite qui se déroule durant les trois jours précédant l’Ascension, en vue de préserver la campagne des calamités atmosphériques. Pancrace, martyr, né en 290 et mort à Rome durant la persécution de Dioclétien à l'âge de 14 ans, est le patron des enfants. Servais, né vers 300 et décédé en 384, fut évêque de Tongres en Belgique. Ils furent fêtés les 11, 12 et 13 mai par les catholiques jusqu’au concile Vatican II qui les a remplacés par Estelle, Achille et Rolande.
Nul ne connaît la date, même approximative, à laquelle ce dicton a été forgé. Il a vraisemblablement vu le jour au Moyen Âge, à une époque où la plupart des habitants ne disposait ni de montre, ni de calendrier, et bien entendu encore moins de statistiques chiffrées relatives aux risques de gel. Les fêtes des saints, annoncées par le prêtre à la messe du dimanche, constituaient les seuls repères précis permettant de juger de l’avancement des saisons. Or, la mi-mai apparaît comme un moment clef dans l’année, où les plantes, sortant de terre et les bourgeons débourrant, sont très fragiles vis-à-vis du gel. De fait, ces trois saints, que l’on invoquait afin qu’ils intercédassent auprès de Dieu pour que le temps fût propice aux cultures, furent placés dans cette zone du calendrier proche de la fin du printemps afin que leur supposée influence soit la plus efficace possible.
Au fil des siècles, le sens du dicton a évolué et ces trois jours de la mi-mai, initialement dévolus à des saints protecteurs, ont été perçus comme une période à haut risque de frimas destructeurs. Bon nombre de jardiniers sont, aujourd’hui encore, persuadés que ces saints de glace présentent des risques de gel supérieurs aux jours qui les précèdent et les suivent ! Mais qu’en est-il réellement ? Si on s’intéresse stricto sensu aux trois saints de glace des 11, 12 et 13 mai, la météorologie moderne a montré que ces jours-là n’étaient en moyenne, pas plus froids que les précédents. Ils correspondent cependant, pour certaines régions tout au moins, aux dates des gelées les plus tardives observées, c’est-à-dire une limite à partir de laquelle le gel n’est plus à craindre.
Fabrice Grimal a 37 ans. Diplômé de l’ESSEC, il dirige une start-up dans le domaine de la musique et il incarne cette nouvelle jeunesse qui ne croit plus dans nos institutions et qui s’intéresse aux mouvements d’idées alternatifs. Dans son livre, ce jeune « geek » livre une réflexion musclée sur la situation politique et sociétale française, en faisant le constat d’une paupérisation croissante des salariés et des entrepreneurs, et d’une baisse du niveau de vie des retraités qui ne peuvent plus aider leurs enfants ni leurs petits-enfants… Cela, d’un regard cruel du peuple à l’égard des élites qui sont discréditées et d’une absence de confiance à l’égard des institutions, y compris de la justice. Pour l’auteur, tous ces facteurs sont annonciateurs d’une révolution. Il pose l’hypothèse d’une révolution qui interviendrait en 2023, un an après l’élection présidentielle de 2022, qui verrait la réélection d’Emmanuel Macron…
Il est fêté, dans son diocèse de Rennes, le 19 avril, date où il fut arrêté à Zella-Melhis, et le 19 mars, dies natalis, par le Martyrologe Romain.
Marcel naît à Rennes le 6 décembre 1921 ; il est le second d'une famille de neuf enfants. À douze ans, il entre en apprentissage dans l'imprimerie où il travaille comme typographe. Il entre à la JOC (Jeunesse Ouvrière Chrétienne) où il tient à privilégier la vie spirituelle comme source de toute action, dans un monde ouvrier très déchristianisé. Devenu président de la section, il se dépense sans mesure pour assumer les responsabilités pratiques et surtout morales que cela implique.
En 1943, Marcel perd sa sœur dans un bombardement et se voit réquisitionné pour le STO (Service du Travail Obligatoire) : malgré son déchirement (il vient de se fiancer), il accepte de partir, d'une part pour éviter des représailles sur sa famille, d'autre part dans une perspective missionnaire : là-bas également l'apostolat est urgent.
Envoyé à Zella-Melhis, il travaille dans une usine de revolvers et loge dans un camp de 3000 ouvriers environ. Il surmonte une période de détresse et de découragement et organise peu à peu clandestinement la vie chrétienne du groupe. Ses activités le trahissent et il est arrêté le 19 avril 1944 parce que « trop catholique ». Transféré à la prison de Gotha avec les principaux dirigeants jocistes de Thuringe (ils seront douze), il est finalement envoyé successivement aux camps de concentration de Flossenburg (où fut pendu Dietrich Bonhoeffer) et de Mauthausen où il partage les effroyables souffrances de tous les déportés et pâtit avec eux de l'affolement des nazis devant les Alliés. Il travailla surtout à Gusen II, le pire des Kommandos.
Beaucoup de catholiques bon teint se sont réjouis ces dernières heures de la teneur du discours d’Emmanuel Macron au Collège des Bernardins où il était invité par la hiérarchie catholique de l’Eglise en France. Un président de la République qui ne se dresse pas dans l’opposition systématique à l’égard des croyants et qui tient même un langage de transcendance, voilà qui a plu et qui montre la réussite de cette opération de séduction. Mais le discours du Président mérite analyse sur plusieurs points – les « trois points » sur lesquels il attend l’Eglise et qui forment l’architecture de son propos. « Sagesse, engagement, liberté » : le trio n’est pas si mal trouvé, il évite de se montrer trop identique à celui, maçonnique, de la liberté, de l’égalité et de la fraternité. Mais surtout, ce discours d’un Macron qui se pique de philosophie arrive un moment où plus que jamais, l’Eglise semble prête à s’en rapprocher.
La grève perlée à la SNCF perturbe la vie de milliers de français. Ce conflit est révélateur du mal qui écartèle notre pays : d’un côté, une volonté de le « moderniser » en l’intégrant dans un mondialisme indéfini et de l’autre une nostalgie d’un service publique qui irriguait tout le territoire. L’écrivain Marin de Viry décrit, avec un humour féroce, la SNCF telle qu’il la vit au quotidien :
Trois forces de sens différents écartèlent le brave garçon que je suis, qui croyait avoir acheté ce qu'il appelait naïvement un billet de train. Et qui est en réalité quelque chose de beaucoup plus grand que ça.
Premier percept étrange: la direction de la SNCF voudrait avoir l'air moderne, voire contemporaine. (…) Des vaches paissent, je les double à 350 kilomètres à l'heure. Le monde paysan est statique, je suis mobile. C'est moi qui gagne. J'élimine le vieux monde d'un trait de train à grande vitesse. Ensemble, la SNCF et moi, nous créons un métapaysage pour élites filantes. On est des winners. Son marketing adopte les codes couleurs, les codes design, les codes sonores d'une classe affaires de compagnie aérienne. La ligne éditoriale de ses magazines TGV: gastronomie, entre terroir et high-tech. Culture. Architecture. (…avec) l'inévitable interview de l'entrepreneuse qui a cassé les codes d'un marché en digitalisant le réel (…) et en reconfigurant les relations entre l'offre et la demande sur des bases numériques situées dans le cloud. Les racines de son business sont dans le ciel, c'est comme on vous dit dans le magazine. Elle ouvre, elle invente, elle tisse des relations créatives, elle danse sur les nouvelles technologies, elle sourit. Elle est jolie en plus, mais il ne faut pas le dire: ce serait de la discrimination. La réussite correcte ne connaît que le mérite, mais les magazines consommateurs qui en parlent ne photographient que les jolies filles: allez comprendre. (…). Je n'ai pas acheté un billet de train, j'ai participé à un rite de mobilité globale des élites mondialisées. C'est justice que j'aie casqué à mort. Le percept le valait bien. Je ne vois plus du tout la différence entre le marketing de Louis Vuitton et celui de la SNCF. L'idée, c'est d'acheter quelque chose dont on est le seul à penser qu'il vous situe pour tout le monde au sein d'une élite merveilleuse. À côté de cette satisfaction narcissique totale de se sentir inclus symboliquement au sommet de la société, mon bête désir d'arriver à temps, au bon endroit, à un prix raisonnable et dans de bonnes conditions de confort est un marqueur de stupidité rétrograde. Dont je m'accuse au tribunal du progrès.
Deuxième percept : l'État français, bavard, fauché et dépourvu de sens de l'observation, s'immisce dans mes impressions de voyage. Bavard et fauché: pris dans la contradiction entre le tout-TGV et l'irrigation de l'ensemble du territoire, il fait des phrases sur la compatibilité des deux objectifs. Il y a sûrement un moyen de concilier tout ça, dit-il. Par exemple, en faisant un peu plus payer tout le monde et beaucoup plus ceux qui, assez méprisables pour ne pas habiter une grande cité, ont besoin de se déplacer. À ceux-là, on garantit une expérience consommateur tout autre, qui tient dans un euphémisme technocratique bien de chez nous: la rupture de charge dans un trajet multimodal. Comprenez: il faut prendre sa voiture pour aller à une station de bus qui vous amène au train et il suffira d'en changer à Bellegarde-sur-Valserine pour avoir l'honneur de capter le flux à grande vitesse des vrais clients, ceux qui foncent vers la Ville lumière en envoyant des tweets. Presque tous les plaisirs des pauvres sont interdits, notait Louis-Ferdinand Céline. Celui du voyage leur a été ôté il v a vingt ans. Mais l'état est aussi dépourvu de sens de l'observation: comment se fait-il que les installations des gares soient complètement pourries, les façades craquelées, abandonnées aux incivilités, fermées, de moins en moins bien desservies et que toute tentative de traversée de la France en train soit un puissant facteur d'achat d'un turbodiesel allemand? Cet état de fait est corrélé avec l'insatisfaction désormais exaspérée des voyageurs et personne ne l'aurait vu venir... sauf tout le monde. Cela fait vingt ans que l'arbitrage rationnel d'une famille qui voyage sur un axe fréquenté est en faveur de la voiture. La politique du rail en France: comment laisser tomber en ayant l'air de chercher la solution.
Troisième percept: la nostalgie du rail français me tire des larmes. En gros, les Français étaient transportés en train par des quasi-fonctionnaires républicains très à gauche, imprégnés d'une sorte de mystique du statut, défendu comme un morceau de la Sainte Croix par des syndicats motivés et organisés. Certes, cette tendance trop humaine à faire passer la défense et la conquête d'avantages discutables — comme tous les avantages — avant le confort de l'usager avait quelque chose d'un peu pesant. Mais enfin, le surmoi du service public régnait et la magie du voyage opérait. Je ne veux pas prétendre que tout était parfait, mais la qualité du voyage y était. La qualité, c'est-à-dire la marque des hommes qui exécutaient le service. Comme tout ce qui est vraiment bon, l'Europe va l'interdire, au profit d'une rationalité implacable dans laquelle il n'y aura plus de plaisir, mais des fantasmes californiens de créatures de moquette. Il y a dans le camembert et dans le voyage en train un destin commun: la disparition de leur caractère, et l'avènement de leur insipidité ridicule.
"Il se sentait intrinsèquement gendarme. Pour lui, être gendarme, ça veut dire protéger. Mais on ne peut comprendre son sacrifice si on le sépare de sa foi personnelle. C'est le geste d'un gendarme et le geste d'un chrétien. Pour lui les deux sont liés, on ne peut pas séparer l'un de l'autre. Arnaud est revenu à la foi de façon forte vers la trentaine.
Il était un mari très attentionné, comme toute femme rêverait d'en avoir. Il n'avait de cesse de s'améliorer, d'être le meilleur époux possible et de me rendre heureuse. Il me soutenait et m’emmenait vers le haut, toujours avec beaucoup de respect.
Nous formions un couple chrétien. Nous nous sommes longuement préparés au mariage religieux grâce au solide accompagnement des moines de Lagrasse. La célébration devait avoir lieu en Bretagne, car Arnaud y a ses racines. Il était d'ailleurs très proche de l'abbaye de Timadeuc, où il a fait de nombreuses retraites.
Les obsèques de mon mari auront lieu en pleine Semaine sainte, après sa mort un vendredi, juste à la veille des Rameaux, ce qui n'est pas anodin à mes yeux. C'est avec beaucoup d'espérance que j'attends de fêter la résurrection de Pâques avec lui."