Si les propos du pape sur l’avortement sont violents, c’est pour éviter la violence des avortements eux-mêmes et de leurs conséquences. « Interrompre une grossesse, c’est comme éliminer quelqu’un. Est-il juste d’éliminer une vie humaine pour résoudre un problème ? Est-il juste d’avoir recours à un tueur à gages pour résoudre un problème ? » Les paroles du pape François prononcées mercredi 10 octobre lors de l’audience place Saint-Pierre, alors qu’il commentait le commandement « Tu ne tueras point » continuent de susciter des remous.
Le Pape poursuit : « Se débarrasser d’un être humain, c’est comme avoir recours à un tueur à gages pour résoudre un problème […] mais comment un acte qui supprime la vie innocente peut-il être thérapeutique, civil ou tout simplement humain ? »
De nombreux commentateurs reconnaissent au Saint Père le droit de rappeler la doctrine catholique. Mais c’est la « violence » du propos et particulièrement du terme « tueur à gages » qui semble avoir heurté.
Le Conseil national de l’ordre des médecins a jugé utile de réagir par la voix de son président, le docteur Patrick Bouet. D’après lui, les propos du pape sont « très durs sur l’avortement ». Il s’insurge que (je cite) « l’anathème soit ainsi jeté sur l’ensemble du corps médical, qui s’en retrouve stigmatisé ».
Mais le propos du Dr Bouet n’est-il pas lui-même un peu outrancier ? L’immense majorité des médecins ne pratique pas l’avortement et ne se sent probablement ni anathème, ni stigmatisé. Quant à ceux qui le pratiquent, s’ils ont la conscience en repos, ils seront peu ébranlés par les propos du Pape.
L’ordre des médecins dit ne pas pouvoir « tolérer que la souffrance physique, psychique et morale vécue par des femmes en détresse, parfois en grande souffrance quand elles ont recours à l’interruption volontaire de grossesse, soit niée ». Manifestement, l’ordre des médecins s’égare. On ne peut pas accuser les chrétiens de nier la souffrance des femmes, leur détresse. Ne sont-ils pas les premiers (les chrétiens) à chercher à soutenir ces femmes, à tenter de leur venir en aide, à rechercher des alternatives à l’avortement ? On le leur reproche si souvent…
Certes, on peut discuter le « tueur à gages » qui n’est sans doute pas « parole d’Évangile ». Mais c’est une parole qui vise à bousculer, à interpeller, une parole « tranchante comme le glaive ». Sans doute pas tout à fait inappropriée.
Tribune publiée en partenariat avec RCF Lille.
Lu sur Aleteia