Non pas envie de rentrer, de retrouver l’actualité, les images, les bavardages, les experts qui expliquent, les politiques qui expliquent, les journalistes qui expliquent. Se confronter à l’insécurité physique, économique. Voir se délabrer un peu plus le pays et ses institutions, pas envie. Sentir l’irrépressible progression de Daech, les chrétiens d’Orient, les migrants, la déforestation, le réchauffement du climat, la disparition des espèces menacées, la protection des bonobos, la malbouffe, l’huile de palme, Vincent Lambert, les manipulations génétiques, le capitalisme frénétique, le commerce de fœtus du Planning Familial et… toujours François Hollande, Manuel Valls, Taubira, pas envie ! Ben non, pas envie de rentrer pour retrouver tout ça alors qu’avec trois pieds de tomates, deux poules, un peu de soleil, de rosé frais et de l’amitié, la vie en août s’écoule joyeusement. Le lait de la ferme, les légumes du voisin, les poissons du retour de pêche, les coquillages ramassés, Papa et son barbecue maçonné en vieilles pierres et Maman et ses deux après-midi jardinage chapeau de paille de toujours pour tailler trois rosiers chétifs, nous font croire un instant à l’âge d’or de la douceur autarcique. En août nous croyons qu’il suffit qu’un ado avec un vieux t-shirt « Manif pour tous » sonne, au 15 août, les cloches de la chapelle de la propriété familiale en l’honneur des chrétiens d’Orient pour que le monde change. Allons, nous tous, le repos c’est bien mais le quiétisme, au-delà de l’hérésie, c’est l’ennui garanti ! Au boulot. Évidemment que nous avons envie de rentrer : il y a tellement de choses à faire. C’est notre temps à nous catholiques. Il y a une chrétienté à rebâtir et c’est maintenant… Bon courage.
Selon une tradition populaire de Rome, Pasquin était un tailleur de la cour pontificale au XVe siècle qui avait son franc-parler. Sous son nom, de courts libelles satiriques et des épigrammes (pasquinades) fustigeant les travers de la société étaient placardés sur le socle d’une statue antique mutilée censée le représenter avec son compère Marforio à un angle de la Place Navona et contre le Palais Braschi.
Vous, je ne sais pas, mais moi, j'adore les soirées électorales.
20 h 00 – Les résultats clignotent sur les écrans. Le journaliste en chef, avec la mine gourmande et importante de celui qui sait avant tout le monde, annonce les résultats globaux ; il égrène formations politiques et pourcentages. Dans le studio, les « personnalités » – traduction : gens connus pour une quelconque raison le plus souvent étrangère à leur personnalité – installées autour de la table attendent de prendre la parole. Il faut quelques minutes pour disséquer à grands coups de serpe les chiffres qui s’alignent, avant, enfin, de libérer les chevaux, comme un départ à l’élastique un dimanche aux courses.
Ils sont tous là, les ténors – traduction : faux chanteurs en quête de voix ! – des partis : la cérémonie peut commencer, comme celle d’avant, comme celle d’encore avant, comme celles de toujours. Pourquoi n’enregistre-t-on pas une bonne fois pour toutes la soirée électorale type ? On nous la repasserait à chaque occasion, à chaque élection, comme Le Gendarme de Saint-Tropez tous les mois d’août !