Au programme : silence, prière, méditation de scènes de l’Évangile et topos de l’accompagnateur, pendant cinq, huit ou trente jours de retraite. Rébarbatif ? Pourtant, chaque année, des centaines d’adolescents et de jeunes adultes choisissent ce type de retraite, temps privilégié de prière et de discernement. Certains y reviennent même…
Avec deux retraites à son actif et la prochaine déjà planifiée, Guillaume en rit : «Quand on a choppé le virus, difficile de s’en dépêtrer !» Étudiant en droit de 26 ans, il y retourne afin d’«éclairer certains pans de ma vie ; le Seigneur donne la bonne direction. J’en sors plus converti à chaque fois».
Éprouvée il y a quatre siècles auprès des jeunes gens désireux d’entrer dans la Compagnie de Jésus, la méthode de saint Ignace reprend les bases de la foi de façon pédagogique, en quatre temps (cf. encadré «Quatre éléments du cheminement»). Une plongée dans l’Évangile, qui montre l’amour du Seigneur pour la Création. Et souligne que l’homme est fait pour Dieu et pour l’éternité.
Aujourd’hui encore, ce rappel n’est pas un luxe et donne une colonne vertébrale. «Même dans des milieux privilégiés, comme parmi les lecteurs de Famille Chrétienne, une formation globale de la foi fait souvent défaut», souligne, espiègle, le Père Guy Vénard. Ce prêtre Coopérateur paroissial du Christ Roi (CPCR) donne des Exercices spirituels en Bretagne depuis vingt-cinq ans.
Jean-Paul II assurait même que «les Exercices sont une expérience presque nécessaire, particulièrement lors de certains moments délicats de la croissance, si nous voulons que les jeunes demeurent chrétiens». Le Père Vallet, fondateur des CPCR, en fut un exemple vibrant. À 20 ans, déboussolé par certains courants de pensée, l’étudiant espagnol traverse une crise profonde dans sa foi. Quatre ans plus tard, il se convertit lors d’une retraite prêchée : «Les Exercices m’ont ressuscité à la vie de l’Esprit», écrira-t-il. Il renonce à sa carrière d’ingénieur et entre chez les jésuites. Jeune prêtre, il élabore une retraite de cinq jours qui résume les Exercices ignatiens normalement développés en un mois. Avec un but nouveau : faire des hommes de vrais chrétiens.
«On adhère avec plus de fermeté, approuve Guillaume, issu d’une famille catholique, scout à Poitiers. Notamment grâce à l’approche sensible qui aide à mettre le doigt sur l’essentiel.» En effet, certains Exercices spirituels engagent à découvrir l’Évangile autrement, par le biais de l’imagination. Bénédictin de l’abbaye Saint-Joseph-de-Clairval à Flavigny, le Père Emmanuel-Marie explique ce recours inattendu : «Saint Ignace prend en compte toutes les capacités de l’homme, y compris la puissance imaginative. Alors qu’on essaie d’entrer en prière, elle peut nous emmener n’importe où, à un match de foot ou à la piscine ! Or, si nous la canalisons nous pouvons en tirer parti».
Selon les scènes évangéliques, le retraitant est donc invité à se projeter parmi la foule en Galilée, à écouter le Christ qui enseigne, à humer le parfum répandu sur ses pieds par la pécheresse ou à ressentir l’allégresse de la Résurrection, comme la chaleur du feu en hiver…