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22 juin 2016 3 22 /06 /juin /2016 12:01

 

A quelques jours du référendum sur le maintien du Royaume-Uni dans l’Union Européenne, voici un extrait de l’entretien sur l’Europe que l’écrivain britannique, Roger Scruton, a donné  à Vincent Trémolet de Villers. Auteur de plus de trente livres, ce philosophe de l’esthétique publiera au mois d’octobre, De l’urgence d’être conservateur (How to be a Conservative)  aux Editions de l’Artilleur.

 

L’avenir m’inquiète, sortie de l’UE ou non. Si nous restons dans l’Union, nous risquons de recevoir encore des millions de migrants de l’Europe de l’Est, sachant que notre île est déjà le territoire le plus peuplé d’Europe. Si nous sortons de l’Union, nous aurons besoin de refaire toutes nos relations avec nos alliés en Europe. Nous serons responsables d’affaires réglées actuellement par les bureaucrates à Bruxelles et à Strasbourg. Ils étaient pour nous de précieuses victimes à blâmer. Pour la première fois en plusieurs décennies, nous serons obligés de nous blâmer nous-mêmes. Etre responsable, ce n’est pas évident. Mais finalement, il faut être courageux et saisir l’avenir. Pour cela, il y a un préalable nécessaire, un choix principal : la souveraineté nationale. (…)

 

Etre préparé pour « le tragique de l’histoire » veut dire être prêt à se défendre contre n’importe quelle incursion de l’extérieur. L’Europe envisagée par ceux qui ont signé le traité de Rome supposait la disparition des menaces extérieures, l’impossibilité de la migration toujours accélérée de peuples, l’inexistence de l’islamisme radical, l’inutilité des frontières. Bref, rien n’est prévu pour affronter les défis actuels. Et c’est cela, le problème. Nous sommes gouvernés par un traité vieux de soixante ans, signé dans une situation qui n’a rien à voir avec la nôtre, par des gens morts, sous l’influence d’idées en décalage avec le monde actuel. Voilà pourquoi nous ne sommes pas préparés pour les vraies crises. Tout ce que nous éprouvons aujourd’hui montre que de Gaulle avait raison de vouloir établir l’Union européenne comme une Europe des nations. Dans une vraie crise, seule la nation fondée sur la souveraineté du peuple peut trouver les ressources pour surmonter les difficultés. Mais c’est la vision de l’utopiste Jean Monnet qui a emporté le morceau, sans vraiment savoir à quoi cela pourrait nous mener. Le traité de Rome, avec ses erreurs fatales comme la liberté de circulation des individus, empêche les nations européennes de s’adapter aux conditions actuelles.(…)

 

Le modèle multiculturel a été imposé en Europe par des gens plus ou moins hostiles à l’identité traditionnelle de leurs pays respectifs. Ce qu’ils ont présenté comme un accueil aux nouveaux arrivés était, le plus souvent, un rejet de leur propre héritage. C’est pour cette raison que ceux qui ont résisté ont été dénoncés comme racistes et xénophobes - une façon de les exclure du débat. Maintenant, tout le monde cherche à retrouver l’identité perdue, mais personne ne sait où il faut la chercher. On peut dire « Je suis Charlie », mais l’on sait, au fond, que c’est assez absurde de s’identifier à un journal satirique dont les seules vraies lettres de créances sont signées par des assassins islamistes. La vraie identité est celle qui rend digne de servir et de lutter. C’est quelque chose qui croît pendant la guerre, et s’affaiblit pendant la paix.(…)

L’histoire du multiculturalisme a été une histoire de mensonges - moyen par lequel les classes officielles ont caché aux peuples ce qui se passait dans leur propre pays. Il a fallu attendre aujourd’hui pour que les statistiques françaises admettent qu’il existe un pourcentage conséquent d’élèves musulmans dans les écoles françaises. Il a fallu attendre aujourd’hui pour que les politiciens soient prêts à dire que la tolérance que nous avons voulu étendre aux musulmans n’a pas de contrepartie et que ceux qui en profitent, les prêcheurs dans les mosquées, ne sont tolérants en rien. Pourtant, on ne peut toujours pas parler ouvertement de l’islam et de son effet sur l’esprit des jeunes sans risquer d’être accusé « d’islamophobie » - maladie étrange qui s’est diffusée inexplicablement dans tous les pays de l’Ouest le jour du 11 septembre 2001.(…)

 

■ Propos recueillis par Vincent Trémolet de Villers. Le Figaro magazine du 13/05/2016

Merci à EVR.

 

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