DISPARITION - Comédien charismatique dans un répertoire riche de vingt-cinq ans de Comédie-Française, il s'est éteint mardi soir à l'âge de 93 ans.
«J'ai été comblé, j'étais né pour être comédien», répétait volontiers Jean Piat qui avait raconté sa riche vie, début 2016, au théâtre des Bouffes parisiens dans Pièces d'identité, un spectacle de son cru sous la direction de Stéphane Hillel. L'acteur au beau regard bleu célébrait alors ses 73 ans de carrière en évoquant les auteurs qu'il avait servis. Outre Françoise Dorin, sa compagne, Beaumarchais, La Fontaine ou Guitry, ancien «cancre» comme lui. Au même moment, il sortait chez Flammarion un livre au titre malicieux: «Et...vous jouez encore!». «Je ne sais pas quoi faire d'autre...», glissait-il en souriant.
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Sur la scène de la Comédie-Française, il a été le Cyrano de Bergerac d'une génération, et pour le petit écran Robert d'Artois, l'écarlate baron des Rois maudits. Deux rôles qui ont donné ses lettres de noblesse à ce comédien à la séduction naturelle. Bretteur émérite capable de redonner du souffle à la moindre épopée, il a accumulé les rôles de charmeur espiègle et bondissant.
Né le 23 septembre 1924, à Lannoy, dans le Nord, il se souvient d'une réplique dite à l'école de Hem, à l'âge de 4 ans sur une scène, encouragé par sa famille. «Je ne me suis pas dit: “Je vais faire du théâtre. Mon père m'avait conseillé de faire quelque chose de sérieux comme fonctionnaire…». Élève du lycée Janson-de-Sailly à Paris, il se lie d'amitié avec Alain Decaux qui fréquente le même lycée et lui propose de le rejoindre pour jouer Knock à la salle des fêtes du lycée. Jean Piat a 17 ans et joue au football. À 20 ans, il rejoint les tournées Baret et prépare son entrée au Conservatoire d'art dramatique. Il est admis en octobre 1944, dans la classe de Béatrix Dussane, sa «seconde mère», avec laquelle il travaille les emplois de premier comique, de grands valets comme on disait à l'époque. «J'ai signé mon premier contrat à 18 ou 19 ans, c'était pour Le Monsieur de cinq heures, une pièce de boulevard de Maurice Hennequin. Je jouais un barman dans le premier acte et un flic dans le second!»
La suite de l'article de Nathalie Simon (dont vidéos)