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13 février 2021 6 13 /02 /février /2021 08:58

La République française a du mal à avoir des rapports apaisés avec la religion. En 1905, elle voulut se séparer de l’Eglise Catholique et aujourd’hui, elle propose une loi pour lutter contre les velléités qu’a l’islam de se séparer d’elle ! (*). A vouloir nier que l’homme est un animal religieux, nos politiques sont dans une impasse. Le texte ci-dessous extrait de l’ouvrage «Immigration et nationalité » (**) rédigé par un groupe de travail d’Ichtus (***) propose une voie non idéologique pour sortir de cette crise.

Si le fait religieux est dominant, il ne faut pas le mettre entre parenthèses, de peur de choquer celui-ci ou celui-là. Il faut oser le dire, et déjà un grand pas est fait lorsque, sans crainte ni hypocrisie, la crudité du problème est affichée. Il y a choc des cultures et des religions. Il y a confrontation. Il peut y avoir coexistence... il peut même y avoir rencontre.

A condition que, préalablement, les choses soient claires et qu'aucun syncrétisme vague ne soit cherché. C'est mensonge pour tout le monde, et ces fausses unions ou vagues tolérances n'aboutissent, lorsque les faits et les passions les font éclater, qu'à l'effusion de sang. Savoir ce qu'est l'Islam... et savoir combien il est différent du christianisme. Et donc savoir ce qu'est —  vraiment — le christianisme.

L'Etat ne veut pas (…) dire aujourd’hui que l'identité nationale française est chrétienne. Il est ligoté par le dogme du laïcisme. Mais rien n'interdit aux chrétiens de porter ce témoignage. Leur Eglise leur demande de renouveler le tissu social à la lumière de l'Evangile. Ils sont les premiers concernés. Le même Evangile les invite à ne pas mettre la lumière sous le boisseau et à être le sel de la terre. A eux de l'être pleinement et avec surabondance. C'est le témoignage le plus certain de la véritable identité française. Devant un défi aussi total que celui de l'Islam, le chrétien est le mieux placé pour répondre sans procéder à des réductions dangereuses. Il ne s'agit pas pour lui de réduire l'Islam. Il s'agit de le dépasser... et de montrer combien il peut être dépassé. (…)

La chose n'est pas réservée aux seuls chrétiens. La philosophe Simone Weil n'avait pas attendu d'être sur le chemin du christianisme pour déclarer qu'il fallait enseigner la philosophie chrétienne et même la théologie dans les classes de l'école publique en France, si l'on voulait que les petits Français comprennent leur culture.

Il n'est pas nécessaire d'être croyant catholique pour être français, mais il est très difficile — voire impossible — d'être pleinement français si on ne respecte pas — en la connaissant — l'Eglise catholique. (…)

On n'a pas le droit d'attenter à ce que l'homme porte de plus respectable dans sa conscience, qui est sa liberté religieuse ; mais également le respect par les étrangers de ce qui fait la croyance commune des nationaux.

"L'homme est un animal politique", disait Aristote. Il est aussi un animal religieux. Ce besoin religieux, pour avoir été étouffé par les idéologies matérialistes des XIXè et XXè siècles, ressurgit aujourd'hui avec une vigueur proportionnelle à cet étouffement. (…)

La seule voie digne de l'homme est celle du respect. Celle qu'indiquait Péguy : "Croire sincèrement ce que l'on croit, mais croire aussi que l'autre croit sincèrement ce qu'il croit", et non pas "s'abstenir de croire pour ne pas gêner celui qui ne croit pas ".

Un seul système qui n'est pas de vile compromission, mais au contraire un système de courage et de vérité, nécessité que l'on soit soi-même, ne serait-ce que pour ne pas tromper l'autre.

Et donc le premier devoir pour les Français, pour les chrétiens, ceux que les musulmans appellent les "roumis", c'est-à-dire les Romains, c'est d'être pleinement et authentiquement romains... et de savoir le témoigner.

Pour convertir ? Peut-être. C'est affaire de grâce divine et d'apostolat. En tout cas, au plan qui nous occupe – social, politique et culturel – pour imposer le respect... et donc plus qu'une coexistence pacifique, une sociabilité.

Toute la question de l'intégration, de l'assimilation, de l'immigritude ou du désir d'être français est là : la France impose-t-elle encore le respect ?

Il faudrait, pour cela, que les Français commencent par respecter la France. Qu'ils aient conscience de sa dignité et de sa beauté, et qu'ils y soient fidèles !

Il faudrait qu'ils se convertissent à la France, sinon à l'Eglise.

D'où la nécessité d'une véritable apologétique culturelle à l'intention des Français – et des autres. Mais des Français d'abord, car ce sont les premiers à en manquer.

Au fond, la question des étrangers n'est jamais chez eux. Que l'étranger soit étranger – et donc dérangeant – c'est normal. Sinon il ne serait pas ce qu'il est. Le danger vient lorsque les nationaux ne savent plus qui ils sont, car l'étranger perd alors son point fixe et ne peut plus se déterminer que par rapport à son pays d'origine. C'est le national alors qui devient l'étranger, le marginal, sans que pour autant l'étranger soit chez lui sauf à devenir conquérant.

Ainsi l'enjeu culturel de la question de la nationalité remet les Français devant leur être profond. L'histoire dit que dans toutes confrontations avec l'Islam, la France n'est sortie avec honneur et bienfaisance que lorsqu'elle a imposé le respect. Beaucoup moins par la violence des armes, comme on le dit souvent, que par la justice, le respect de la parole donnée, la générosité dans la victoire et la dignité dans la défaite, la patience, la force morale.

L'exemple suprême est le rayonnement du roi saint Louis pendant ses années de prison. Alors qu'il est vaincu, malade, et son armée défaite, il devient, de sa prison, l'arbitre du monde musulman comme il avait été l'arbitre de l'Europe.

Si beaucoup d'immigrés ne manifestent plus aujourd’hui l'envie de s'assimiler, c'est qu'ils ne voient plus à quoi – à quoi de grand, à quoi de noble, à quoi de digne et de respectable – ils s'assimileraient.

La respectabilité ne se fabrique pas à coups de grands discours et de tirades sur les Droits de l'Homme. Elle découle de l'exemple que donne un peuple. Quand le défi à ce peuple est lancé comme il l'est aujourd'hui – ce n'est plus seulement : "que dis-tu de toi-même ?" mais : "que dis-tu de ton Dieu ?" – ce peuple est condamné à le relever ou à mourir.

S'il le relève, il peut retrouver ainsi le meilleur de lui-même. (…)

Au vu des questions d'immigration, il ne s'agit pas aujourd'hui de répéter : "La France aux Français", mais de travailler à rendre les Français à la France. Seule manière d'amener les étrangers à respecter cette France, qu'il ne leur sera pas difficile ensuite d'aimer et de servir.

La question est posée aux immigrés, bien sûr ! Mais d'abord aux Français. A nous d'y répondre.

 

 (*) : Samuel Pruvot à Radio Notre Dame le 5 février

 (**) : édition Dominique Martin Morin, 1990, 93 p

 (***) : œuvre au service de l’action des catholiques dans la Cité afin de les aider à exercer leurs responsabilités en fonction de la place qu’ils occupent dans la société.

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Merci à EVR.

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