Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Recherche

9 octobre 2021 6 09 /10 /octobre /2021 23:02

   

par Maryvonne Gasse

mercredi 6 octobre 2021

 

Sainte Élisabeth de Hongrie soignant les malades, par Pierre-Auguste Cot, vers 1883, musée des Beaux-Arts de Béziers.

© Vincent de Groot – CC by-sa

Faisant la part entre légende et vérité, Dominique Sabourdin-Perrin brosse un saisissant portrait de sainte Élisabeth de Hongrie (1207-1231), par son héroïcité dans l’adversité et son audace dans la charité.

Faisant la part entre légende et vérité, Dominique Sabourdin-Perrin brosse un saisissant portrait de sainte Élisabeth de Hongrie (1207-1231), par son héroïcité dans l’adversité et son audace dans la charité. De lignée prestigieuse, sainte Élisabeth de Hongrie compte plusieurs saints parmi ses aïeux dont saint Étienne, fondateur de la Hongrie et une tante, sainte Edwige, duchesse de Silésie. Mais ce qui fait d’Élisabeth une des figures féminines éminentes du Moyen Âge, c’est l’éclat de sa propre sainteté, tant dans son amour conjugal que dans sa vie caritative.

Six années de bonheur

Mariée à l’âge de 14 ans à Louis IV de Thuringe, le couple vit six années de bonheur au cours desquelles ils auront trois enfants. «  Son mariage fut profondément heureux. Élisabeth aidait son mari à élever ses qualités humaines à un niveau surnaturel, et lui, en échange, protégeait sa femme dans sa générosité envers les pauvres et dans ses pratiques religieuses  », atteste Benoît XVI, lors d’une audience générale citée dans le présent opus.

Mais, dès le temps de ses fiançailles, sa religiosité indispose son entourage. «  C’est à travers son habillement et son comportement que, dès l’adolescence, la princesse manifeste ostensiblement son désir de plaire à Dieu, multipliant les actes de mortification, soulevant critiques et polémiques  », note l’auteur. Douée d’un caractère vif et d’une foi ardente, elle résiste à Sophie de Bavière, sa future belle-mère et à quelques nobles qui la verraient mieux au couvent qu’à la cour, au point d’envisager la rupture de ses fiançailles. C’est sans compter sur Louis dont le cœur est épris : «  Laisse parler les gens. Je dis que je l’aime et que je ne possède rien en ce monde qui me soit plus cher  », répond-il à l’échanson qui l’a averti de la situation.

Veuve à 20 ans

Intrépide dans la charité, Élisabeth déborde de générosité et casse les codes. En l’absence de Louis, alors qu’elle est enceinte, ne laisse-t-elle pas le lit conjugal à un lépreux, au désespoir de Sophie de Bavière ? Mais Louis prend encore son parti, ayant reçu la grâce d’une vision intérieure où le Christ en croix reposerait dans le lit. Engagé dans la sixième croisade, le landgrave meurt en septembre 1227, laissant la jeune veuve dévastée de chagrin, attendant son troisième enfant. Il avait 24 ans, elle en a 20.

Au lieu de trouver du réconfort dans sa belle-famille, elle se voit empêchée de poursuivre ses œuvres caritatives. «  Le conseil de famille, gardien de la dynastie, ne souhaite plus qu’elle continue à mener la vie autorisée par Louis et lui supprime la libre disposition des revenus de ses domaines, au prétexte qu’elle dilapide l’argent et ruine le landgraviat de Thuringe  », résume l’auteur.

Sœur de la Pénitence

Résolue à obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes, Élisabeth s’enfuit dans le plus grand dénuement. Sans ressources, elle confie son fils à un oncle et ses filles à des religieuses. Pour survivre, elle file la laine, fidèle à la prière : «  Jésus lui apparaissait face à face et la réconfortait en compagnie d’une multitude de saints », selon les témoins de ses extases. Les rumeurs sur sa situation remontent jusqu’à Grégoire IX qui l’assure de son soutien, ce qui lui permet de rentrer en possession de sa dot et d’engager la construction d’un hôpital. Sous la robe grise des Sœurs de la Pénitence, elle va se donner sans compter auprès des malades, des mourants, des indigents. Consumée d’amour, elle meurt à 24 ans.

— 

Élisabeth de Hongrie. Princesse de la charité, par Dominique Sabourdin-Perrin, éd. Salvator, 2021, 185 p., 20 €.

 

 

Partager cet article
Repost0

commentaires