Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Recherche

18 janvier 2023 3 18 /01 /janvier /2023 20:05


Peut-on avoir à ce point tranché la question du sort à réserver à l’embryon humain, qu’on veuille élever l’IVG au rang de droit constitutionnel ? Il faut pour promouvoir un tel droit se rendre hermétique à toute forme de doute ; or refuser ici le doute, c’est une faute contre la pensée, et contre toute la tradition philosophique occidentale.

La constitutionnalisation de l’IVG nous a été présentée comme un « coup politique » à mettre au crédit de La France Insoumise. Il faut dire que, quand un parti politique cherche désespérément une façon d’exister, il essaie de « faire des coups ». Il est alors tout à fait conseillé de réanimer une vieille cause déjà gagnée, de réengager un combat dont la victoire est acquise, plutôt que de se mesurer à un sujet qui risquerait de mettre en échec : il ne s’agirait pas que la confrontation soit difficile et l’issue incertaine. Ainsi, coupant l’herbe sous le pied de La République En Marche, La France Insoumise a-t-elle fait voter le 24 novembre dernier à l’Assemblée Nationale qu’il soit inscrit dans la Constitution : « La loi garantit l’effectivité et l’égal accès au droit à l’interruption volontaire de grossesse. »
Mais au-delà des manœuvres et du calendrier politique, les enjeux sont plus vastes, et le geste interroge. Pourquoi l’avortement aurait-il besoin du marbre de la Constitution ? Sa légalisation – et plus généralement sa grande acceptation sociale – seraient-elles si fragiles qu’il faille leur prêter un peu de la force d’une Constitution pour qu’elles ne s’effritent pas ? La réponse pourrait bien être : oui. Oui, et c’est bien le cœur du sujet. Oui, mais pas pour les raisons invoquées par les Insoumis – ces quelques irréductibles opposants à l’IVG qui ne rendent pas les armes, qui résistent encore et toujours à l’opinion majoritaire ; oui pour une raison bien plus intrinsèque : il est dans la nature même de l’avortement légalisé de susciter un débat qui ne pourra jamais être déclaré clos. En soumettant cette loi, Mathilde Panot et ses soutiens viennent demander à la Constitution de prêter à l’avortement les attributs qui lui manquent structurellement. Ils veulent lui conférer un caractère permanent justement parce qu’il ne souffre en réalité aucune légitimité définitive ; ils veulent l’élever au sommet de notre édifice juridique justement parce qu’ils ne sont pas assez certains qu’il ait sa place dans aucune loi ; ils veulent le parer de toute l’autorité constitutionnelle parce que rien ne s’impose avec évidence quand on touche à pareille matière ; ils veulent mettre fin à toute délibération contradictoire parce que leur certitude pourrait être inquiétée par les questions qu’il soulève inévitablement.

Ce qu’est l’embryon ?
Pour le dire plus simplement, ils veulent instaurer des certitudes pour ne pas affronter un mystère qui s’épaissit à mesure que nous nous en approchons : celui de la nature de l’embryon. Car il en va des premiers instants de la vie d’un homme comme pour toute la suite de son existence, elle surgit à pas feutrés dans le brouillard dont parlait Kundera : « l’homme est celui qui avance dans le brouillard. »

La suite ...

Partager cet article
Repost0

commentaires