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17 juillet 2012 2 17 /07 /juillet /2012 13:26

 

" S’il y a bien une chose dont nous autres, français, pouvons nous enorgueillir sans donner plus de crédit à notre réputation d’arrogance, c’est bien notre culture. De notre patrimoine architectural à notre littérature, de la musique au théâtre, de la peinture à nos innombrables spécialités culinaires, nous sommes assis sur un trésor séculaire d’une richesse et d’une variété qui, je crois, n’a été égalé par aucune autre nation. Dans le monde entier, pour autant que je puisse en juger, nous continuons à véhiculer ces siècles de tradition et de génie créatif comme une image de marque de notre pays ; hier, à la cours de Frédéric II de Prusse, on parlait français et on réservait l’allemand aux chiens ; aujourd’hui, de New York à Tokyo, parler la langue de Molière reste encore infiniment hype.

Il a fallu attendre 1959 pour que le Général de Gaulle ait cette idée saugrenue que de créer un ministère de la culture, comme si notre pays souffrait de graves carences en la matière. Pour être tout à fait honnête, il faut dire que telle n’était pas l’idée du grand Charles ; il pensait juste que confier ce ministère des affaires culturelles à Malraux donnerait « du relief » au votre gouvernement de Michel Debré. De ce point de vue, il faut lui reconnaitre d’avoir été visionnaire ; c’est en effet à peu près tout ce que les titulaires successifs du poste – je pense notamment à l’inénarrable Jack Lang – laisseront derrière eux : du relief et quelques ardoises bien salées.

« Aussi magnifique que puisse vous sembler une stratégie, disait Sir Churchill, vous devriez à l’occasion en considérer les résultats. » De fait, alors que notre culture a rayonné sur le monde pendant des siècles sans qu’aucun ministère ne soit chargé de cette lourde tâche, le moins que l’on puisse dire c’est que, depuis 1959, les résultats ne sont pas particulièrement probants. Une anecdote amusante, reportée il y a quelques années par France Inter (c’est dire !), rappelait que c’est aux velléités gouvernementales d’imposer des quotas de chansons en langue française à la radio que nous devions l’explosion du rap hexagonal ; je n’ai rien contre le rap mais je suis à peu près certain que ce n’était pas précisément l’objectif de la manœuvre. Ils voulaient du Johnny et du Cabrel, ils ont eu du « Wesh, wesh, cousin »… Avouez que ça ne manque pas de sel.

Mais il y a pire encore : vous l’aurez peut-être noté aussi, au grand dam d’une immense majorité de nos intellectuels autoproclamés, le pays qui a le mieux développé et exporté sa culture au cours des dernières décennies reste sans conteste les États-Unis d’Amérique. Eh bien figurez-vous qu’au pays d’oncle Sam, il n’y a pas la queue d’un radis de ministère de la culture et encore moins de politique culturelle ! "

extrait d'un article de Georges Kaplan, à lire ici

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