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5 juin 2018 2 05 /06 /juin /2018 10:10

 

reçu d'EVR.

On ne répétera jamais assez que l’arrivée massive d’immigrés dans nos pays européens est un fléau moral et politique sans précédent .Toute personne amoureuse de notre civilisation ne peut y être indifférente et doit réagir face aux propos de doux naïfs et rêveurs qui, sous couvert d’ouverture, ne veulent pas voir la réalité . Le professeur agrégé de philosophie, Thibaud Collin, s’en prend au dernier livre-plaidoyer pour les migrants de Mgr de Sinety (Il faut que des voix s'élèvent, Flammarion) :

 

« La fraternité est d'abord une rencontre. Grâce aux réfugiés, migrants, exilés, les Français ont une occasion exceptionnelle de redécouvrir la générosité et l'enthousiasme qui fait naître le service de l'autre. » Peut-on, après avoir refermé son petit livre, remercier Mgr Benoist de Sinety, vicaire général du diocèse de Paris, d'avoir été l'occasion de prises de conscience sur ce sujet complexe et sensible nommé trop simplement « les migrants » ? Il n'y a guère de sujets qui engendrent plus de passions et de polémiques dans notre pays. Il n'y a guère de sujets qui concentrent plus d'enjeux moraux, politiques, religieux, économiques et civilisationnels. Malheureusement, tous ceux qui aimeraient, grâce à cette lecture, mieux appréhender ces enjeux resteront sur leur faim. En 130 pages. Mgr de Sinety fait part de son indignation quant à la manière dont les migrants sont traités dans notre pays. On n'a pas à juger une telle indignation qui comme tout effet est par essence indiscutable. On peut cependant juger ce qu'elle engendre ; en l'occurrence ici un texte d'une indigence intellectuelle inquiétante. En effet il est manifeste que Mgr de Sinety éprouve une authentique compassion pour toutes ces personnes, certes irréductibles à toutes les catégories administratives et médiatiques. Comme toute personne, elles ont droit au respect de leur dignité. Mais est-ce à dire que la compassion doit devenir l'unique principe du jugement pratique ? Est-ce à dire que la dignité est un absolu relativisant toute différence de traitement ? (…) Or lorsqu'un affect envahit la raison et finit par la saturer, on tombe dans le moralisme. Tel est le cas ici. L'exercice du jugement pratique est comme court-circuité. Toutes les médiations de l'ordre humain sont écrasées dans une approche incantatoire qui cherche principalement à culpabiliser le lecteur de ne pas être à la hauteur des défis migratoires actuels.

On croit lire du Sartre accusant nombre de ses compatriotes d'être des « salauds ». II n'est pas impossible qu'à travers cet exercice cathartique l'auteur cherche lui-même à se libérer de ses « lourds remords ». Comme s'il s'agissait de se faire pardonner (par qui ?) une existence trop heureuse. (…)

Le livre de Mgr de Sinety manifeste inconsciemment et paradoxalement un mépris de classe. Il a une approche de la question des migrants qui s'enracine dans le traitement médiatique des récentes migrations depuis 2015, en faisant abstraction de sa profondeur historique et de son caractère civilisationnels et religieux. Ainsi l'islam n'est jamais nommé ni même évoqué en 130 pages. La situation de « la France périphérique », « l'insécurité culturelle », réalités courageusement analysées par des sociologues pourtant plutôt classés « à gauche », ne sont l'objet d'aucune discussion. On a l'impression que Mgr de Sinety voit les choses de Paris intra muros et se demande comment faire pour aider les migrants qu'il voit à la télévision mais qu'il croise aussi peut-être au coin de la rue. Ainsi raconte-t-il que des paroissiens de Saint-Germain-des-Prés ont décidé, au terme d'une réunion où il les a interpellés, de baisser le loyer de leur chambre de bonne. Bienheureuses personnes capables d'un tel geste. Il considère que nous sommes des nantis, des enfants gâtés, etc. Mais qui est ce « nous » ? II nomme certes quelques-unes des difficultés que connaît notre pays mais quand on les compare à la misère de l'Afrique, finalement de quoi se plaint-on ?

Ce livre repose sur une confusion entre les préceptes moraux négatifs (« tu ne commettras pas d 'adultère ») et les préceptes moraux positifs (« honore ton père et ta mère »).

Alors que les premiers doivent être toujours respectés quelles que soient les circonstances (aucune circonstance ne rend vertueux un adultère), les seconds sont à réaliser selon l'exercice de la vertu de prudence. Ainsi je ne peux déduire automatiquement du commandement les modalités de la prise en charge de mes parents âgés.

Mgr de Sinety aborde la question des migrants comme étant l'objet d'un impératif absolu abstraction faite de toutes circonstances. (…) Son exhortation (…) ne fera que conforter les belles âmes « droitdelhommistes » dans leur aveuglement et confirmera le jugement de tous ceux qui pensent que les clercs qui abordent aujourd'hui de tels sujets sont de doux rêveurs idéalistes. (…). Mgr de Sinety en assumant sa position comme relevant de « l’éthique de la conviction » offre un boulevard à ceux qui assument « une éthique de responsabilité ». Dualité éthique mortifère, car ce dont on a besoin c'est bien de jugements prudentiels posés au service du bien commun national et international.

dans L’Homme Nouveau du 26 mai 2018

 

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commentaires

L
D'accord avec Thibaut Collin, tous les évêques sont de doux rêveurs et sont en train de tisser la corde qui nous pendra tous!
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