Les Exercices spirituels de saint Ignace, école de vie sociale et politique, c’est le titre d’un ouvrage de 118 pages que viennent de publier aux Editions Traditions Monastiques, Philippe Maxence, Michel de Penfentenyo et dom Michel-Marie Caillaud. Le titre peut surprendre. Comment des exercices spirituels peuvent-ils être « école de vie sociale et politique » ?
Philippe Maxence répond dans le premier chapitre de l’ouvrage par un rappel des fonctions propres du laïcat chrétien : « Il n’appartient pas aux pasteurs de l’Eglise d’intervenir directement dans la construction politique et dans l’organisation de la vie sociale. Cette tâche fait partie de la vocation des fidèles laïcs » [Catéchisme de l’Eglise catholique, § 2442.].
Il faut donc parler sans crainte des mots, d’une mission politique des laïcs. Une telle mission fait bien partie de la Nouvelle Évangélisation à laquelle nous convoque Jean-Paul II.
Cependant, l’action pour une pareille mission nécessite une préparation, un entraînement, une ascèse de la volonté et de l’intelligence, une humilité de l’esprit et du cœur et une connaissance claire des fins poursuivies… Préalable indispensable à toute action, un tel travail exige une véritable réforme spirituelle, morale et intellectuelle.
Une spiritualité au service du combat temporel
Les Exercices spirituels de saint Ignace offrent, à cet égard, avec une concision et une méthodologie toute moderne, le moyen de la réforme spirituelle. Condensés en cinq jours, ils ont pour vocation de former des chrétiens ancrés dans une forte vie spirituelle qui leur fournit le fondement pour une action réellement efficace. Ce fondement n’est autre que Jésus-Christ et son Eglise. Avant d’entreprendre une ré-évangélisation de la société, il faut en effet que le chrétien se laisse ré-évangéliser lui-même ou, pour reprendre les termes mêmes de saint Ignace, qu’il ordonne sa vie « sans se décider en raison de quelque attachement qui serait désordonné ».
Une telle évangélisation de soi-même passe par sa propre réforme intellectuelle afin que la volonté soit conduite par une raison clarifiée. D’où l’insistance du Saint-Père sur l’absolue nécessité de la formation doctrinale qui « se révèle de nos jours de plus en plus urgente du fait non seulement du dynamisme naturel d’approfondissement de la foi, mais aussi de la nécessité de rendre raison de l’espérance » (Christifideles Laïci, n° 60).
La formation doctrinale sera toujours à perfectionner et devra déboucher sur la connaissance d’une véritable méthodologie de l’action civique catholique fondée sur les réseaux naturels et sur une amitié organisée, moteur d’une formation à plusieurs.
Pour mener à bien cette tâche, ils nous faudra perfectionner de plus en plus une vie surnaturelle elle-même bien organisée, ce qui implique, en pratique, le recours à des retraites régulièrement renouvelées.
« L’appel à la sainteté ne peut être entendu et suivi que dans le silence de l’adoration (…) Dans la pratique cela suppose une grande fidélité à (…) l’adoration eucharistique, aux retraites et aux exercices spirituels »[Jean-Paul II, Exhortation apostolique sur la vie consacrée, n° 38.]. « Il n’y a pas d’humanité nouvelle s’il n’y a pas d’abord des hommes nouveaux de la nouveauté du baptême et de la vie selon l’Evangile » [Jean-Paul II aux responsables des Mouvements laïcs, en France, 1980.].
Un signe : les Jésuites dans la ligne de mire de la Révolution
Dans la seconde partie de l’ouvrage, Michel de Penfentenyo nous fait découvrir le rôle des Exercices de saint Ignace à travers l’histoire des convulsions révolutionnaires en Europe, et surtout leur rôle décisif dans les tâches de reconstruction des mentalités et des institutions sociales et politiques après que les fureurs anti-chrétiennes se soient calmées. Ce film historique montre les raisons de l’espérance chrétienne à ceux qui seraient tentés par le découragement politique.
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