30.07.2007
Il est mort hier à l'âge de 79 ans :
Certains acteurs sont bons dans le sombre, moins dans le comique, mais on leur fait jouer dix films comiques pour un film sombre. C’était le cas de Bourvil. Et de Michel Serrault. Il révéla cet aspect dans Garde à vue (1981) ; jusque là il l’avait tenu caché. Par pudeur ? Sans doute. Il appelait son travail : « Mes conneries »… Interrogé sur la vieillesse de Jean-Paul II, il avait répondu : « La plupart des mecs, aujourd’hui, vont se reposer à 55 ans… Lui, il tient debout… Moi c’est pareil. Tant que je pourrai faire mes conneries, je les ferai. » Il faut dire que Serrault était papiste. En novembre 1996, pour le cinquantenaire du sacerdoce de Karol Wojtyla, l’acteur français était dans la foule de la place Saint-Pierre et il expliquait aux journalistes : « Je suis catholique pratiquant, je suis venu fêter l’anniversaire de l’ordination du pape… »
« Serrault, un vieux monsieur franchouillard et très catholique », grinçaient des chroniqueurs. Ils n’imaginaient pas que le catholicisme puisse être autre chose que ridicule (« con-con et catho », comme dit Libération). C’était confondre l’acteur et ses personnages : Serrault jouait souvent les pépés hargneux mais il n’avait pas l’esprit à ça, et il ne confondait pas religion et routine. « Je suis préoccupé par le don de soi aux autres, tout le reste est bagatelle...» Ce n’était pas un casanier. Il avait la fibre catho-planétaire. D’ailleurs les plus traditionalistes ne l’aimaient pas : ils l’accusaient de répondre « huma-nisme » quand on l’interrogeait sur la foi. Là aussi, c’était par pudeur. Mais pas seulement. Depuis trente ans, les anti-Vatican II répètent que la foi et l’humanisme sont antinomiques ; ils commettent là une formidable erreur : en 2007 on constate que le matérialisme mercantile occidental est tout entier un anti-humanisme, et que les humanistes et les hommes de foi sont objectivement dans le même camp. C’est l’avenir. La réponse de Serrault était donc pertinente. Ce vieux monsieur était en avance sur le siècle. Patrice de Plunkett http://plunkett.hautetfort.com/archive/2007/07/30/michel-serrault-un-acteur-catholique.html